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jeudi, 07 janvier 2010

Thiberville : un modèle pour l'Eglise !

 

Chronique d'une  jacquerie

Mgr Nourrichard s'oppose à Summorum Pontificum

 

Mgr Nourrichard.jpg



Mgr Nourrichard le 3 janvier 2010 à Thiberville


30 décembre 2009


Monsieur l'abbé Michel.jpgOn apprend par Le Forum Catholique que Mgr Nourrichard, évêque d'Evreux, viendra à Thiberville (Eure) pour annoncer la révocation du curé, l'abbé Francis Michel.

Cet abbé, très apprécié de ses paroissiens, célèbre depuis des années, le dimanche matin, la forme ordinaire du rite romain, orienté vers l'Orient et en grégorien. Le dimanche aprèss-midi, il célèbre, dans une église toujours remplie, la forme extraordinaire du rite romain.

Sa révocation, longtemps désirée par l'évêque d'Evreux, est perçu comme une volonté de ne pas appliquer le Motu Proprio Summorum Pontificum.

Un comité de soutien à l'abbé Michel déclare :

"Le diocèse d’Évreux est l’un des plus sinistrés de France. Après Mgr Gaillot et Mgr David, Mgr Nourrichard gère la faillite d’une terre jadis chrétienne, où les églises se ferment les unes après les autres, les catéchismes sont désertés, les vocations découragées, les finances asséchées.

Dans ce désert, un prêtre, l’abbé Francis Michel, maintient la plus vivante des paroisses, Thiberville. Il se trouve que ce curé, qui n’est pas issu du monde traditionaliste mais qui est profondément traditionnel, c'est-à-dire catholique, a appliqué par anticipation le Motu Proprio Summorum Pontificum du pape Benoît XVI, depuis de longues années. Chez lui sont célébrées des messes dans la forme dite aujourd’hui « extraordinaire » et des messes dans la forme « ordinaire », mais de manière conforme aux vœux de Benoît XVI et « tournées » vers le Seigneur. Le résultat ? Thiberville et les 14 clochers que dessert l’abbé Michel forment l’ensemble catholique le plus vivant et le plus missionnaire – le seul encore vivant – du diocèse d’Évreux : église de Thiberville comble à toutes les messes, desserte « tournante » des autres églises, catéchismes, participation active des fidèles, foule d’enfants de chœur, confréries, toutes les églises magnifiquement restaurées, enterrements célébrés par le curé lui-même, etc. Ces paroisses où la communion de tous les catholiques est vécue de manière exemplaire est un modèle d’application de la volonté du Pape.

 

L'abbé Francis Michel

Au-delà de toutes les autres raisons avancées, c’est pour cela que l’évêque voudrait faire disparaître le culte à Thiberville. L’idéologie de « l’esprit du Concile », avec 40 ans de retard, doit s’y appliquer. Après bien des épisodes, Mgr Nourrichard va tenter d’enterrer cette expérience : dimanche prochain, le 3 janvier, il se rendra à Thiberville avec ses collaborateurs et, lors de la messe de 10h, il annoncera avec « douleur » sa décision sans appel : la paroisse de Thiberville n’aura plus de curé propre qui est « révoqué » et la paroisse sera jointe à un « ensemble paroissial », celui de Bernay. La mort du catholicisme paroissial plutôt que le recul de l’idéologie.

A Thiberville et dans tout le canton, c’est la consternation. D’abord parce qu’on y aime beaucoup l’abbé Michel et ensuite parce que l’évêque ne le remplacera pas. Tous les élus locaux de la région et tous les paroissiens seront présents pour dire leur soutien à ce prêtre très populaire, qui a pu commettre des maladresses mais dont le tort principal, pour son évêque, est d’être trop « papiste ».

Le dimanche 3 janvier, la protestation catholique du Peuple de Dieu se fera dans le plus grand calme pour demander qu’à Thiberville la volonté du Pape soit appliquée."

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L'intérieur de l'église


Dimanche 3 janvier 2010

 

Abbé Michel.jpgTout le monde avait aujourd’hui les yeux fixés sur ce cas exemplaire d’une communauté paroissiale paysanne locale qui veut appliquer les décisions du pape et que l’évêque veut faire mourir.
Le spectacle a dépassé ce que l'on pouvait imaginer : une communauté unanime qui crie (physiquement) sa colère contre sa condamnation à mort par le "pasteur", évêque du lieu.
Mgr Nourrichard, évêque d’Évreux, l’un des prélats les plus progressistes de France, est donc arrivé ce matin à Thiberville à 9h 30, avec son vicaire-général, curé de Bernay, le P. Vivien, pour annoncer la révocation du curé trop papiste à son goût. Il s’est engouffré dans l’église et s'est d'abord terré dans la sacristie. Tous les paroissiens locaux de l'abbé Michel étaient là. L’église était archicomble, nef, chœur, chaire même, une partie des paroissiens n’ayant d'ailleurs pas pu entrer. Au premier rang, étaient présents le maire et conseiller général avec tout le conseil municipal, dans le chœur la confrérie des charitons en grande tenue.
L'abbé Michel sort alors de la sacristie pour les derniers préparatifs de la messe de l'évêque : il est accueilli par une ovation interminable, comme lorsque le Pape entre dans Saint-Pierre de Rome.
Puis entre l’évêque d’Évreux. Il est tellement troublé par l’ambiance houleuse qu’il explique, par un lapsus malheureux qu’il est venu à Thiverville célébrer « la Toussaint ». Hilarité générale. Ensuite, lorsqu'il veut annoncer la révocation injuste de l’abbé Michel la pieuse jacquerie, semblable à celles qu'ont subies certains prêtres constitutionnels de la Révolution s'est amplifiée au maximum (on a vu une paroissienne jeter des cierges du haut de la chaire). En quelque sorte, une "préparation liturgique pénitentielle" improvisée.
L'évêque continue alors la messe. Les parents se lèvent et vont chercher leurs enfants servants de messe. Les élus locaux se lèvent et sortent. L'évêque, qui ne sait plus où il en est, apostrophe l'assistance, intimant à ceux qui ne sont pas d'accord l'ordre de sortir. Ce que tout le monde fait, sauf 21 personnes, dont 3 seulement de Thiberville.
Dans et hors de l’église, l’évêque d’Évreux a pu mesurer la colère du Peuple de Dieu, chacun, les plus vieux n'étant pas les moins engagés, s’approchant de lui pour lui dire ses quatre vérités et lui conseillant de réviser son catéchisme. A quoi il oppose un mépris total pour ces bouseux normands qui n’ont décidément rien compris au Concile.
L’abbé Michel a alors annoncé qu’il allait célébrer une messe à Bournainville-Favrolles, à 11H 15. Les élus et les paroissiens l’ont suivi en si grande foule que l’église n’a pas pu contenir tout le monde. Messe « réforme de la réforme » face à Dieu. L’évêque en état de rage froide a poursuivi sa victime, mais n'a pu pénétrer dans la nef. Pendant ce temps, l’abbé Michel annonçait qu’il restait curé du lieu, ce qu’une décision romaine ne manquera certainement pas de confirmer dès qu’un recours sera porté contre le décret de l’évêque.
Dernier acte de la pièce du jour, ce soir, à 17h, à Thiberville, où l’abbé Michel célèbrera, comme tous les dimanches, une messe de forme extraordinaire. L’évêque, qui ne désarme pas, a annoncé qu’il serait là…
Le tout devant la télévision et les journalistes locaux. Des journalistes parisiens présents, que l'on ne peut taxer de traditionalisme, étaient particulièrement stupéfaits et concluaient que l'évêque qui s'était montré totalement incapable de gérer une situation qu'il avait provoquée, devait logiquement démissionner.

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Paris-Normandie 30 décembre 2009

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L'Eveil Normand 30 décembre 2009


Voici le lien du diocèse ou vous pourrez vous exprimez librement auprès de Mgr Nourrichard :

http://evreux.catholique.fr/

Voici le lien du blog  pour soutenir l'abbé Michel:

Soutien à Monsieur l'abbé Michel

 

On peut adresser des lettres de soutien à :

Monsieur l'Abbé Francis MICHEL
Curé de Thiberville
Presbytère
27230 THIBERVILLE

Homélie et sermon  de Monsieur l'Abbé Michel

 

Pour faire cette note nous avons visité:

Le Forum Catholique

Unavoce.fr

Schola Sainte Cécile.com

Mgr Nourrichard, un evêque au service de qui ???

Café Royal

E-deo

Chretiente.info

Les manants du Roi

Paix Liturgique

Summorum Pontificum

Riposte Catholique

Forum de la Famille Catholique

TradiNews

Notre-Dame des Neiges

Motuproprio.fr

 

 

Réactions

MetaBlog

Paix Liturgique

lundi, 07 décembre 2009

Paroles d'évêque : le vent de l'est décoiffe

A lire, à relire, à conserver et à ressortir : les occasions seront nombreuses!

Je me permets de demander à nos lecteurs des pays de l'est une traduction de l'intégralité de cette homélie :

Jj "L’Église catholique a son mot à dire avant les élections présidentielles du 27 décembre. L’évêque Jezerinac a appelé les électeurs-fidèles à choisir un candidat qui soit bon patriote, attaché à la « défense de la vie » et à la « morale naturelle », opposé au travail le dimanche... Selon lui, toutes les critiques envers l’Église sont des séquelles de la « dictature communiste ».

« L’Eglise ne se taira jamais ! Elle s’exprimera toujours, dans les bons comme dans les mauvais moments et elle est prête pour cela, s’il le faut, à supporter la torture ! » Tel est le message lancé aux fidèles par Mgr Juraj Jezerinac, évêque ordinaire aux armées, lors de sa dernière homélie, à Karlovac, en l’église saint Franjo Ksaverski. Le prêche était lourd de critiques à peine voilées envers l’actuel Président Stipe Mesić.

L’évêque a clairement indiqué que l’Eglise catholique désirait aider les fidèles à choisir le candidat pour lequel voter lors des élections présidentielles. L’Église peut donner aux croyants des directions basées sur les principes évangéliques, tout en les incitant à participer aux élections - car « plus tard, ils n’auront pas le droit de critiquer ».

Les conseils prodigués par Mgr Juraj Jezerinac sont les suivants.

Être Président suppose de s’engager à défendre les valeurs de notre nation et de se prononcer en faveur d’une transmission de ces valeurs. Le Président ne peut pas être l’élu de quelques uns, il ne peut pas remettre en question l’intégrité territoriale du pays ni, qu’à Dieu ne plaise, faire des concessions sur la souveraineté nationale.

Il doit protéger les principes chrétiens de la loi naturelle de défense et de protection de la vie humaine, de la conception jusqu’à la mort, de la dignité du couple au sein de la famille.

Il doit se prononcera pour en faveur de la liberté de choisir son éducation religieuse, pour la vérité à propos de la guerre patriotique (le conflit de 1992-1995, NdT), il doit s’opposer au travail du dimanche et de ne pas penser d’abord à soi mais avant tout au bien général".

 


Source

Le Salon Beige

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lundi, 16 novembre 2009

VIVE LE MARIAGE

Abolition du PACS.jpg

 


ABOLITION DU PACS

 

MAINTENANT

 

 

 

Le PaCS a dix ans.

Parce que :

- le PaCS institutionnalise la précarité. Comme disait Napoléon à qui nous devons le Code civil : « Les concubins ignorent la loi, la loi les ignore ». Pour bénéficier des avantages du mariage, les concubins n’ont qu’à se marier. Mais le mariage a un prix : l’engagement public. L’Etat, pour une société plus stable, moins précaire, moins cruelle avec les plus faibles, a le devoir d’encourager cet engagement, donc le mariage. Favoriser le Bien commun, c’est « ne pas remplacer la famille par d’autres institutions ou d’autres formes d’unions ». Les hommes et les femmes de bonne volonté doivent agir ensemble en « [célébrant] la beauté et la fécondité de la famille, fondée sur le mariage, sa vocation exaltante et son rôle indispensable au sein de la société » (Benoît XVI). Au lieu de cela, l’Assemblée nationale et le Sénat, très majoritairement composés d’hommes, ont mis en place le PaCS il y a maintenant dix ans. Véritable régression, il permet, entre autres, la répudiation de la femme par l’homme. Source de précarité pour l’enfant, le PaCS est une régression pour notre société.

- le PaCS menace le mariage. Il a été signé 145 000 PaCS en 2008 contre 101 000 en 2007 et 22 000 en 2000. En 2008, justement, 273 500 mariages ont été célébrés en France. Un chiffre en baisse depuis 2000 (305 000 mariages). On le constate, le PaCS entre homme et femme est en train de concurrencer le mariage. De le rattraper et même de le dépasser : alors qu’en 2007 on comptait 443 Pacs pour 732 mariages dans le XIe arrdt de Paris, en octobre 2009, le nombre de Pacs a depassé pour le moment le nombre de mariages: 583 Pactes pour 521 mariages. Or :

* le mariage assure la pérennité de notre société et l’union de l’homme et de la femme ne relève pas de la seule sphère privée. Elle a précisément une fonction publique parce que c’est en son sein que naissent les enfants. Or, selon le mot d’Ernest Renan, « aucune civilisation n’a été bâtie par des personnes seules, nées de parents inconnus et mortes célibataires sans enfants ».

* le mariage assure la protection des membres de la famille, notamment de la femme et des enfants.

- le PaCS a été mis en place pour satisfaire les revendications des lobbies homosexuels qui prétendent parler au nom de tous les homosexuels. Il est une première étape vers le « mariage » homosexuel. Le père du PaCS, le député Patrick Bloche ou la présidente de la Commission des lois à l’Assemblée nationale de l’époque, Catherine Tasca, ne l’ont jamais caché.

On n’a même jamais autant parlé de « mariage » homosexuel que depuis le vote des lois sur le PaCS du 15 juin 1999 et du 23 juin 2006. C’est d’ailleurs à l’occasion des 10 ans du PaCS que le maire de Montpellier, Hélène Mandroux-Colas, a lancé un « appel des maires en faveur de l’ouverture du mariage aux couples homosexuels »

La droite en 1999 ne s’y était pas trompée. Elle avait massivement voté contre le projet de loi socialiste instituant le PaCS. Elle était à l’époque dans l’opposition.

Elle est aujourd’hui au pouvoir.

Entre temps, le PaCS a prouvé qu’il était synonyme de plus de précarité.

Nous demandons l’abolition d’une atteinte insupportable au droit à la pérennité et à la stabilité des familles.

Nous demandons l’abolition d’une atteinte en puissance au droit de l’Enfant à avoir un Papa et une Maman.

Nous demandons l’abolition du PaCS.

Maintenant.

 

 

 

 

 

 

 

18:38 Publié dans Famille, Polémique, Réflexion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pacs, actualité, société, famille, député | |  Imprimer | |  del.icio.us | Digg! Digg |  Facebook | | | | Pin it! |

dimanche, 18 octobre 2009

Affaire Mitterand: analyse d’une désinformation exemplaire

 

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Au-delà de l’événement médiatique, ce qu’il est convenu d’appeler “l’affaire Mitterrand” constitue un exemple particulièrement révélateur de la mise en œuvre de toutes les techniques de manipulation de l’opinion.
Le Salon Beige

 

Les traits tirés, les yeux cernés, l’air lugubre d’un représentant en marbre funéraire, tel est apparu le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, lors du journal télévisé de TF1 présenté par Laurence Ferrari le 8 octobre dernier. Quelques jours auparavant, il était le participant souriant aux côtés de Jack Lang de la Techno Parade, ayant quitté avec un brin de nostalgie la direction de la prestigieuse villa Médicis à Rome. La roche tarpéienne est si proche du Capitole !

Que s’est-il passé ? La révélation au grand public d’un ouvrage, en bonne part autobiographique, écrit par Frédéric Mitterrand et publié en 2005 : La mauvaise vie. S’en est suivie une opération de désinformation et de manipulation qui mérite de rester dans les annales. Quels sont les faits ?

Les faits

L’ouvrage de Frédéric Mitterrand qui avait bénéficié, à l’époque, d’une large couverture médiatique contient le passage suivant : « J’ai pris le pli de payer pour des garçons (…) Évidemment, j’ai lu ce qu’on a pu écrire sur le commerce des garçons d’ici. (…) Je sais ce qu’il y a de vrai. La misère ambiante, le maquereautage généralisé, les montagnes de dollars que ça rapporte quand les gosses n’en retirent que des miettes, la drogue qui fait des ravages, les maladies, les détails sordides de tout ce trafic. Mais cela ne m’empêche pas d’y retourner. Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m’excitent énormément (…) On pourrait juger qu’un tel spectacle, abominable d’un point de vue moral, est aussi d’une vulgarité repoussante. Mais il me plaît au-delà du raisonnable (…) La profusion de garçons très attrayants, et immédiatement disponibles, me met dans un état de désir que je n’ai plus besoin de réfréner ou d’occulter. L’argent et le sexe, je suis au cœur de mon système ; celui qui fonctionne enfin car je sais qu’on ne me refusera pas ».
Le 23 juin 2009, Frédéric Mitterrand est nommé ministre de la Culture du gouvernement Fillon.
Le 27 septembre, Frédéric Mitterrand déclare « absolument épouvantable » l’arrestation en Suisse du cinéaste Roman Polanski « pour une histoire ancienne qui n’a pas de sens ». L’histoire en question étant le viol d’une fillette de 13 ans, trente ans auparavant…
Le lundi 5 octobre, sur France 2, invitée de l’émission Mots croisés pour un débat sur la récidive des criminels sexuels, Marine Le Pen lit des extraits de La mauvaise vie, dans lesquels le ministre décrit ses relations tarifées avec des garçons en Thaïlande (cf supra). L’affaire devient publique. Elle mérite analyse.

Analyse

A la nomination de Frédéric Mitterrand comme ministre de la Culture en juin 2009, aucun journaliste de la presse institutionnelle ne s’était ému du paragraphe incriminé de l’ouvrage du nouveau ministre. Présent, dès le 25 juin, rappelait cependant Les Nuits fauves de Frédéric Mitterrand et citait le fameux texte. C’est donc une information dont disposait toute la presse et, en premier lieu, le Président de la République et le Premier ministre. Dans un entretien au Nouvel Observateur, le 2 juillet, Nicolas Sarkozy qualifiait d’ailleurs de «courageux et talentueux», le livre de Frédéric Mitterrand et celui-ci a pu affirmer le 5 octobre : « Monsieur Fillon a dit qu’il avait commencé à m’apprécier après avoir lu mon livre ».
Est cependant alors mise en œuvre la méthode de manipulation la plus efficace du terrorisme intellectuel : le silence. Le désinformateur dissimule ce qui ne plaît pas. Mais l’affaire devenue publique, le silence devient impossible. Est alors utilisée immédiatement la minimisation qui permet au dialecticien de réduire l’impact des éléments à charge. Ainsi, lors de l’émission du 5 octobre et l’assaut de Marine Le Pen citant les aveux de Frédéric Mitterrand, l’animateur Yves Calvi, évoque des “phantasmes” (ce qui est moins grave que des faits), cela sans l’ombre d’une argumentation puis… passe à autre chose.
Cependant, c’est dans l’émission télévisée du 8 octobre que Frédéric Mitterrand, interrogé par Laurence Ferrari, se livre, avec talent, à un feu d’artifice utilisant quasiment toutes les méthodes de manipulation de l’opinion :
– l’unanimité : « Une vie qui ressemble à la mienne mais aussi à celle de beaucoup d’autres gens » dit-il. Le message est limpide : ce que je décris est banal, partagé par beaucoup de gens, il n’y a vraiment pas lieu de s’en offusquer. L’objectif est que les contradicteurs se sentent isolés car minoritaires.
– la récupération : « On ne fait pas de la bonne littérature avec de bons sentiments ». La sentence, qui se veut définitive, induit l’auditeur à penser que Frédéric Mitterrand est en butte à l’hostilité des pouvoirs établis comme le furent en leur temps Villon, Baudelaire, Musset, Gide… De même, en affirmant qu’ « il ne faudrait pas revenir à l’âge de pierre et confondre homosexualité et pédophilie », la récupération historique vise à disqualifier, au nom du progrès, tous ceux qui refusent les deux comportements ou créent un lien entre eux.
– la contre-vérité non vérifiable : « Vous reconnaissez quelqu’un qui est un boxeur de 40 ans » affirme Frédéric Mitterrand sous la pression de Laurence Ferrari qui veut connaître l’âge des partenaires tarifés du ministre. Certes, mais cette affirmation est-elle conciliable avec les termes de garçon (utilisé 3 fois) et de gosse (1 fois) employés dans le récit ? La journaliste prudente ? complice ? impressionnée ? incompétente ? ne pose pas la question. « J’ai eu des relations avec des garçons » avoue ensuite Frédéric Mitterrand. Qui parle de « garçons » pour désigner des hommes de 40 ans ? Personne ! De plus, si nous revenons au texte de La mauvaise vie, « éphèbe » d’après le Petit Robert désigne : « Un jeune garçon arrivé à l’âge de la puberté ». Seule une investigation sur place permettrait de connaître l’âge exact des partenaires du ministre : voilà certainement un bon moyen de pression du gouvernement thaïlandais sur la France.

Le tranfert d’émotion

– le transfert d’émotion : « Je suis ému. Je pense à mon honneur, à ma famille, à mes enfants, à ma mère». Il s’agit de faire pitié.

La question de Laurence Ferrari aurait pu être : «Pensiez-vous à votre honneur, à votre famille, à vos enfants et à votre mère dans les bordels de Thaïlande » ?

Le transfert d’émotion est une figure de dialectique particulièrement efficace, dont l’impact est renforcé par l’image.

– l’implication : « Que celui qui n’a pas commis ce genre d’erreurs me jette la première pierre… Quel est celui qui n’aurait pas commis ce genre d’erreur au moins une fois dans sa vie ? »

Si la référence évangélique –admirable figure de récupération historique assimilant le ministre à la femme adultère à qui le Christ pardonne ses péchés– incite au pardon, le pari est audacieux. Dans quel univers Frédéric Mitterrand vit-il pour croire que tout le monde a eu recours au moins une fois dans sa vie à des relations homosexuelles tarifées ? Cette figure de l’implication est réutilisée dans la suite de l’intervention :

« Il (Nicolas Sarkozy) m’a confirmé sa confiance, comme François Fillon ». Il s’agit de faire conforter son message par une personne qui fait autorité sur le téléspectateur, en l’occurrence le Président de la République et le Premier ministre.

– le grossissement : Frédéric Mitterrand dénonce « le torrent de mensonges et d’amalgames ». En regard de ce qui a été publié au lendemain de certains jeux de mots de Jean-Marie Le Pen, il s’agit de biens modestes ruisseaux. Ce qui devient important, ce ne sont plus les faits mais la prétendue campagne de déstabilisation.

Orchestration des soutiens

L’émission achevée, d’autres acteurs vont intervenir afin qu’une orchestration habile permette de faire croire que les soutiens au ministre se multiplient et que la droite fait bloc, nonobstant les explications un peu gênées de MM. Copé, Mariton ou Poisson qui redoutent l’impact électoral des déclarations ministérielles.
Christophe Barbier, de L’Express, dans la plus pure tradition de la novlangue chère à Orwell, crée le néologisme de “fachosphère” pour désigner les sites Internet non contrôlés par la grosse presse qui diffusent la vidéo du 5 octobre. Dénoncer les propos du ministre c’est se faire complice du fascisme, un des “mythes incapacitants” les plus efficaces de ces dernières décennies. Dans la même veine, le secrétaire général de l’UMP, le franc-maçon Xavier Bertrand, s’empressera de dire que tout cela lui rappelle « les heures les plus sombres de notre histoire ». Malheureusement pour eux, il se trouve que les propos du ministre sont susceptibles de poursuites pénales dans le cadre de la législation française, dont la dimension fascisante reste à démontrer.
Ainsi, l’article 225-12-1 du Code Pénal énonce :
« Le fait de solliciter, d’accepter ou d’obtenir, en échange d’une rémunération ou d’une promesse de rémunération, des relations de nature sexuelle de la part d’un mineur qui se livre à la prostitution, y compris de façon occasionnelle, est puni de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Est puni des mêmes peines le fait de solliciter, d’accepter ou d’obtenir, en échange d’une rémunération ou d’une promesse de rémunération, des relations sexuelles de la part d’une personne qui se livre à la prostitution, y compris de façon occasionnelle, lorsque cette personne présente une particulière vulnérabilité, apparente ou connue de son auteur, due à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse. »
De même l’article 225-12-3 : « Dans le cas où les délits prévus par les articles 225-12-1 et 225-12-2 sont commis à l’étranger par un Français ou par une personne résidant habituellement sur le territoire français, la loi française est applicable par dérogation au deuxième alinéa de l’article 113-6 et les dispositions de la seconde phrase de l’article 113-8 ne sont pas applicables ».

Plein d’imagination, Frédéric Mitterrand conceptualise une nouvelle figure de dialectique : la victimisation. Le Quotidien de La Réunion ayant, le 8 octobre, reproduit le fac-similé d’une lettre dans laquelle le ministre, alors directeur de la Villa Médicis, apportait au printemps dernier un témoignage de moralité à deux hommes jugés pour viol collectif sur une fille de 16 ans, le neveu du président défunt déclare : « Si je m’appelais Tartempion, je ne subirais pas les mêmes indignités ». Osons ajouter qu’il ne serait peut-être pas ministre s’il s’appelait Tartempion. Cette figure de victimisation repose bien souvent aujourd’hui, avec une terrible efficacité, sur l’appartenance ethnique. Critiquer la politique étrangère de Bernard Kouchner ne peut être teinté que d’antisémitisme. De l’amoureux éconduit, « c’est parce que je suis noir que tu ne veux pas coucher avec moi », au voleur arrêté en flagrant délit « c’est parce que je suis arabe que vous m’arrêtez », la ficelle est grosse mais solide.

Les armes contre la désinformation

A la lumière de ces faits, on peut se demander si Internet et la blogosphère ne sont pas les armes fatales contre la désinformation et la dictature de la pensée unique. La question avait déjà été posée lors de l’échec du référendum du 29 mai 2005 sur la constitution européenne, la grande presse, très majoritairement favorable au Oui, s’interrogeant sur le rôle d’Internet, très actif dans la promotion du Non. Les vidéos choc : Sarkozy et son «casse-toi pauv’con», Hortefeux et « quand il y en a un ça va. C’est quand il y en a beaucoup que c’est un problème », ont été vues par des centaines de milliers voire des millions d’internautes. Internet permet de passer outre aux oukases du politiquement correct mais de façon anarchique et irresponsable. En effet, le meilleur, qui est la liberté de faire connaître des faits occultés par le pouvoir politique, côtoie le pire : la disparition de toute vie privée. Plus aucun d’entre nous n’est à l’abri du risque de retrouver ses propos sur Internet pour peu qu’ils aient été prononcés à portée d’un téléphone portable. L’épisode Hortefeux est symptomatique à cet égard : les propos sont certes grotesques mais la recherche systématique et irresponsable de tout ce qui peut susciter de l’audimat ou enflammer la blogosphère ne l’est pas moins.
Marine Le Pen a justement demandé comment on pouvait sévir contre les délinquants sexuels alors qu’au plus haut niveau de l’Etat des pratiques condamnables étaient reconnues comme acceptables sinon honorables. Le système, qui a fait de la licence sans frein un de ses mythes fondateurs, se défend.
Qui osera interroger Frédéric Mitterrand sur ce sujet lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée ? Le Figaro osera-t-il demander à ses lecteurs si Frédéric Mitterrand doit démissionner ?
Il n’est pas sans intérêt de noter que sous l’angle politique, dans l’interview déjà cité au Nouvel Observateur, Nicolas Sarkozy avait déclaré : « Quant à l’ouverture, Frédéric Mitterrand la caractérise magnifiquement ». Avis aux amateurs, ces considérations ne devant pas trop gêner Jack Lang…
Quel que soit l’avenir, chacun pourra relire, le discours de Nicolas Sarkozy le 29 avril 2007 au Palais omnisports de Paris-Bercy :« Je veux tourner la page de Mai 68 une bonne fois pour toutes. Mais il ne faut pas faire semblant… Je propose aux Français de renouer en politique avec la morale. »
Tout commentaire serait superflu…

Jean-Pierre Maugendre
A paraître dans le n°109 de La Renaissance catholique

14:39 Publié dans Réflexion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : affaire mitterand, frédéric mitterand, tourisme sexuel, famille | |  Imprimer | |  del.icio.us | Digg! Digg |  Facebook | | | | Pin it! |

jeudi, 10 septembre 2009

A propos du livre de Gérard Leclerc, Rome et les lefebvristes

 

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par le Père Michel Gitton



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Qui oserait aujourd’hui, dans nos paroisses,
malgré les appels à la « nouvelle évangélisation »,
proclamer que
la vérité confiée par le Christ à l’Eglise est nécessaire pour le salut ?



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Mgr Marcel Lefebvre

29 novembre 1905 - 25 mars 1991

 

 

 



arton3396-1e2f5.pngLe livre que notre ami Gérard Leclerc vient de consacrer à Mgr Lefebvre arrive au bon moment. L’attention Gerard_Leclerc.jpgportée au fondateur de la dissidence d’Ecône s’est trouvée soudain relancée par la levée de l’excommunication encourue en 1988 par les quatre évêques ordonnés alors par lui sans mandat pontifical, mesure qui a eu les conséquences médiatiques que l’on sait. Plus récemment, la mise en place par le Pape de la commission chargée de l’examen des questions doctrinales posées par la Fraternité Saint Pie X, dans le cadre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a prouvé que l’on ne s’en tenait pas à des mesures de courtoisie. De façon générale, ce livre rejoint les interrogations de nombreux catholiques, qui, après avoir cru que le schisme lefebvriste était une affaire réglée et qu’il s’agissait d’un quarteron de soldats perdus que l’histoire allait balayer, se sont rendus compte qu’il y a avait là une interpellation persistante que l’on ne pouvait négliger.

 

 

Il faut dire que c’est un livre courageux, qui n’a pas peur de sortir des chemins battus et qui renonce aux schémas manichéens trop  souvent employés de part et d’autre. Il y a un réel effort pour présenter la stature humaine de l’évêque missionnaire hors pair que fut Marcel Lefebvre. Il y a aussi une tentative - à laquelle on ne peut qu’applaudir - pour sortir le débat des questions politiques et le poser à son vrai niveau, c’est-à-dire au plan doctrinal. Gérard Leclerc s’interroge sur les bases intellectuelles du fondateur d’Ecône qu’il trouve, sans surprise, dans la néo-scolastique enseignée à Rome dans les années 20, telle qu’elle a pu être synthétisée par le cardinal Billot.

150px-Saint_thomas_d_aquin.jpgC’est malheureusement là que je reste gêné par l’excessive assurance de l’auteur. Pour lui, il est si clair que le courant de la « Nouvelle Théologie », illustré par une pléiade de grands esprits comme les RR PP Daniélou, de Lubac, Bouyer, etc., a définitivement surclassé la théologie romaine sur laquelle s’appuyait Marcel Lefebvre que la cause est entendue et que celui-ci qui n’en a pas démordu est évidemment hors jeu pour toute discussion sérieuse. Je ne suis pas le dernier à reconnaître ma dette vis-à-vis du courant en question et j’ai personnellement peu de sympathie pour le néo-thomisme de ces années-là, mais il faut rester juste et ne pas commettre en sens contraire l’erreur que nous reprochons à nos partenaires : la scolastique a marqué l’enseignement de l’Eglise pendant toute la période qui précède le Concile, c’était l’horizon intellectuel de la plupart des Pères, elle a donné un  Maritain et d'autres penseurs non négligeables.

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Jacques Maritain
18 novembre 1882- 28 avril 1973

 

Ses insuffisances et ses raideurs n’empêchent pas qu’elle a porté certains aspects du dogme avec lequel l’approche plus existentielle et historique des théologiens de Fourvière a eu parfois un peu de mal. Le moment n’est-il pas venu précisément de réévaluer positivement tout ce qui nous vient de cet héritage et de tenter une honnête confrontation avec les acquis (qui me semblent pour ma part incontestables) des travaux fondés sur le renouveau biblique et patristique de l’après-guerre ?

 

concile-ii.jpgPour ceux qui, comme moi, ont cherché durant toutes ces années à rester fidèles au Pape et aux évêques, qui ont assimilé sans complexe Vatican II, qui ont vécu avec la Réforme liturgique, même si c’est parfois avec un peu de mal, les circonstances actuelles obligent à une sérieuse réflexion, nous pourrions avoir l’impression que le sol nous manque sous les pieds et que l’Eglise va nous donner tort. L’occasion est bonne sans doute pour réfléchir sur ce qui a réellement changé dans ces dernières années et nous demander où nous en sommes. Pourquoi ne peut-on plus aborder la question de l’intégrisme comme nous l’aurions fait il y a vingt ans ou même dix, quand, face à la critique progressiste encore dominante dans bien des milieux, il semblait important de maintenir une ligne « centriste », qui renvoyait dos-à-dos   Hans Küng portrait.jpget les amis de Mgr Lefebvre, leur trouvant de surcroît des ressemblances cachées (1) ?

Il semblerait que plusieurs des appuis de la position que je viens de caractériser se soient révélés à l’usage plus fragiles que nous ne pouvions le croire. Nous étions déjà sensibles aux faiblesses du triomphalisme post-conciliaire, qui à l’époque régnait encore dans bien des milieux d’Eglise (« les fruits merveilleux du concile »…), nous savions que, si Vatican II avait fait beaucoup de choses importantes, il n’avait pas rempli nos églises, ni ramené à la foi les masses déchristianisées, pas même séduit les intellectuels dans le vent. Nous savions déjà que la route serait longue avant de tirer de cet événement tous les fruits de renouveau dont il était porteur. Mais nous faisions confiance à un certain style, qui était en gros celui de Jean-Paul II. Il consistait à pratiquer ce qu’on a parfois appelé pas très gentiment le « grand écart » : fidélité à l’intérieur et ouverture à l’extérieur, réaffirmer, par exemple, que seul le catholicisme est la vraie religion (Dominus Jesus) et se retrouver à Assise pour prier en compagnie de tous les chefs religieux de l’humanité. Ce jeu assez exaltant de prendre au vol la modernité, de réinvestir ses concepts (comme les droits de l’homme) au nom du Christ et de l’Evangile, d’être sensible aux revendications des femmes sans les admettre au sacerdoce mais en définissant positivement leur rôle, tout cela nous a nourris et il n’y a vraiment pas lieu de le regretter.

Seulement ce jeu d’équilibre pénétrait difficilement dans la conscience des catholiques de base, nous le savons peut-être mieux aujourd’hui. A la mort de Jean-Paul II, une religieuse interviewée et sollicitée de donner son témoignage avait dit tout naturellement : « Jean-Paul II nous a appris que ce qui était important, ce n’était pas la différence de nos croyances, mais le fait de bien s’entendre avec les hommes de toutes les religions ». Avait-elle compris le message ? Ce n’est pas sûr. Mais combien ont été comme elle ?  Qui oserait aujourd’hui, dans nos paroisses, malgré les appels à la « nouvelle évangélisation » proclamer que la vérité confiée par le Christ à l’Eglise est nécessaire pour le salut ?

 

 

Journée Mondiale de la jeunesse

Paris

1997

090704170234854_10_001_apx_470_.jpgLa ligne suivie dans ces années-là passait aussi par cette conviction que le renouveau, qui avait tardé, qui avait été compromis par les folies de l’après 68, allait enfin se manifester. Les nouvelles communautés, les nouveaux ordres religieux, nés après la crise, forts d’une ferveur toute neuve et d’une audace sans complexe, allaient relever les ruines de l’ordre ancien. Une partie du tissu ecclésial allait vers la mort, une autre vers la vie. Les JMJ nous administraient tous les deux ou trois ans la preuve d’un succès croissant auprès des jeunes du monde entier. Certes il y avait des prophètes de malheur pour dire dès ces années-là que le phénomène n’était pas si clair qu’il paraissait et pour dénoncer le « rêve de Compostelle » (2), rêve d’une reconquête de l’Europe et du monde par une religion épurée et retrempée dans ses sources évangéliques. Mais on y croyait.

Ce n’est pas forcément qu’on n’y croit plus, mais on sait que, là encore, le résultat n’est pas à portée de main. Beaucoup de communautés nouvelles, sans perdre leur bel enthousiasme, ont connu des crises plus ou moins profondes, elles ont dû apprendre la patience des réformes institutionnelles, les redéploiements douloureux, et la nécessité de mieux se former. Les JMJ sont maintenant un rite qui se continue et qui fait du bien, mais l’appel prophétique n’est peut-être plus tout à fait là. Dans les séminaires des pays d’Europe occidentale, la reprise tarde à se manifester, c’est le moins qu’on puisse dire.

Pendant ce temps, il faut bien se rendre à l’évidence que l’aile « traditionaliste », dans sa forme « ralliée », comme dans sa forme dure, continue de marquer des points. Que ce soit au plan des vocations religieuses et sacerdotales, au plan de l’éducation et de la vitalité des communautés, on ne peut plus soutenir qu’il s’agit là de quelques attardés en voie de disparition. Certes, il ne faut pas s’illusionner, là non plus tout n’est pas rose, la solidité affichée cache bien des faiblesses, mais on ne saurait quand même nier que la transmission de la foi aux jeunes générations y a souvent mieux réussi qu’ailleurs, malgré les trésors de pédagogie déployés dans les parcours de la catéchèse officielle.

 

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Nous voilà donc ramenés à l’humilité et c’est mieux ainsi. Cela nous permet peut-être d’entendre ce qu’ont à nous dire les disciples de Marcel Lefebvre, malgré le côté désagréable et souvent exagéré de leurs critiques. Au fond, ils nous alertent sur les faiblesses possibles de ce que nous croyions définitivement admis et que nous tenons toujours pour des progrès indiscutables : la valeur de la réforme liturgique, le dialogue interreligieux, la collégialité épiscopale, une vision dynamique de la tradition de l’Eglise. Il ne s’agit pas de brader tout cela dans un nouvel opportunisme aussi idiot que le précédent, mais la moindre chose est d’accueillir les questions, de reconnaître que tout n’a pas fonctionné parfaitement jusqu’ici chez nous et qu’il y a peut-être lieu de revoir sur certains points notre copie, surtout d’approfondir ce que nous avions trop vite conclu. Nos amis peuvent nous y aider, comme nous pouvons les aider à sortir de certains blocages, qui ne peuvent mener qu’à des impasses.

Car eux aussi doivent reconnaître que les choses ne se sont pas passées comme ils l’attendaient. L’« apostasiede l’Eglise » devait aboutir àminicouvpoursite2.jpg une crise apocalyptique, où Dieu reconnaîtrait les siens dans le naufrage général. Or, sans qu’ils osent toujours se l’avouer, ils voient bien que l’Eglise de Jean-Paul II et de Benoît XVI continue à vivre et à rayonner, le Veau d’or n’est pas installé dans le sanctuaire, la foi est enseignée  et les sacrements dispensés, peut-être pas tout à fait comme ils le souhaiteraient, mais il est quand même difficile de nier la continuité. Alors que faire ? Tenir indéfiniment dans cette position paradoxale d’être catholiques sans Rome, ou saisir la main tendue ? Il ne s’agit pas ici de politique, mais d’abord de la vérité. N’empêche qu’on se prend à rêver de la force qui serait celle d’une Eglise ayant  réussi à résorber un schisme et qui parviendrait à atteler à la tâche de l’évangélisation les combattants pugnaces de la « messe de toujours » et les enfants de la génération Jean-Paul II !

 

 

 

 

 

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Notes

 

(1) Le P. Louis Bouyer voyait la racine commune du traditionalisme catholique et du progressisme dans la théologie romantique du début du 19e siècle et spécialement chez Félicité de Lamennais (1782-1854).

(2) Le rêve de Compostelle. Vers la restauration d’une Europe chrétienne ? Sous la direction de René Luneau, avec la collaboration de Paul Ladrière, Paris Centurion 1989.

 

 

 

 

 

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Les chemins de Compostelle

 

 

Source

France Catholique


 

Souscription

Souscrivez au nouveau livre de Gérard Leclerc

 

 

13:54 Publié dans Réflexion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : catholicisme, catholique, religion, réflexion | |  Imprimer | |  del.icio.us | Digg! Digg |  Facebook | | | | Pin it! |