lundi, 01 mars 2010
Vénération de la Sainte Couronne d'épines
Philippe de Champaigne (1602-1674)
Ecce Homo
Magny-les-Hameaux
musée des Granges de Port-Royal Photo RMN
©Hervé Lewandowski
Vénération de la Couronne d’épines
Les reliques de la Passion présentées à Notre-Dame de Paris sont constituées par un morceau de la Croix conservée à Rome et ramené par Sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, un clou de la Passion et la Sainte Couronne d’épines.
Parmi ces reliques, la Sainte Couronne est, sans doute, la plus précieuse et la plus vénérée. Son authenticité ne peut être rigoureusement attestée malgré toutes les études et recherches historiques et scientifiques effectuées. Mais une chose est sûre : elle est porteuse de plus de seize siècles de prière fervente de la Chrétienté.
Saint Jean rapporte que les soldats romains, dans la nuit du Jeudi au Vendredi Saint, se moquèrent du Christ et de sa Royauté en le coiffant d’une couronne garnie d’épines (Jean 19, 12).
La couronne déposée à la cathédrale de Paris est un cercle de joncs réunis en faisceaux et retenus par des fils d’or. C’est sur ce cercle tressé, d’un diamètre de 21 centimètres, que se trouvaient les épines. Ces dernières ont été dispersées au cours des siècles par les dons effectués soit par les empereurs de Byzance, soit par les rois de France. On en compte 70, de même nature, qui s’en affirment originaires.
L’allusion faite à la Couronne d’épines et aux instruments de la Passion du Christ pendant les premiers siècles est déjà mentionnée dans les récits de pèlerins se rendant à Jérusalem au IVe siècle. En 409, Saint Paulin de Nole la mentionne parmi les reliques de la basilique du mont Sion à Jérusalem. En 570, Antoine le Martyr la trouve exposée à la vénération des fidèles dans la Basilique de Sion. Vers 575, Cassiodore, dans son Commentaire du Psaume LXXV, s’écrie : À Jérusalem est la Colonne, là est la Couronne d’épines ! En 870, c’estencore à Jérusalem que Bernard le Moine la signalera.
Entre les VIIe et Xe siècles, les reliques seront progressivement transférées à Constantinople dans la chapelle des empereurs byzantins, en particulier pour les mettre à l’abri de pillages semblables à ceux subis par le Saint Sépulcre, lors des invasions perses. En 1238, Byzance est gouvernée par Baudouin de Courtenay, un empereur latin. En grande difficulté financière, il décide de mettre les reliques en gage auprès de banquiers vénitiens pour en obtenir des crédits.
Saint Louis portant la Sainte Couronne à Notre-Dame de Parisle 19 août 1239
- Gravure XIXe
Saint Louis, roi de France, intervient alors et dédommage les vénitiens. Le 10 août 1239, le roi suivi d’un brillant cortège, accueille vingt-deux reliques à Villeneuve-l’Archevêque. Le 19 août 1239, la procession arrive à Paris ; le roi délaisse alors ses atours royaux, endosse une simple tunique et, pieds nus, aidé de son frère, porte la Sainte Couronne jusqu’à Notre-Dame de Paris avant de déposer l’ensemble des reliques dans la chapelle du palais. Pour les conserver, il édifie un reliquaire à leur mesure : la Sainte Chapelle.
Durant la révolution française, les reliques seront déposées à la Bibliothèque Nationale. Suite au Concordat de 1801, elles seront remises à l’archevêque de Paris qui les affectera au trésor de la Cathédrale le 10 août 1806 où elles se trouvent toujours aujourd’hui.
- Procession des Reliques lors d’une vénération
- © Godong
-
- Source
- Notre-Dame de Paris
Depuis lors, ces reliques sont confiées aux chanoines du Chapitre de la Basilique Métropolitaine chargés de leurs vénérations et placées sous la garde statutaire des Chevaliers du Saint-Sépulcre de Jérusalem.
Napoléon Ier et Napoléon III ont offert chacun un reliquaire que l’on peut voir au Trésor de Notre-Dame.
L’année 2007 aura également mis ces précieuses reliques au centre des relations œcuméniques entre catholiques et orthodoxes : Sa Sainteté Bartholoméos Ier, patriarche œcuménique et archevêque de Constantinople puis Sa Sainteté le Patriarche Alexis II de Moscou et de toutes les Russies sont venus tour à tour vénérer les reliques.
La vénération de ces reliques présentées aux fidèles a lieu chaque premier vendredi du mois à 15h00, chaque vendredi de carême à 15h00 et le Vendredi Saint de 10h00 à 17h00.
Par cette pratique, les croyants s’unissent à la contemplation du Mystère Pascal qui est à la source de la foi en tant qu’expression d’un amour sans limites du Christ envers les hommes et de sa solidarité avec leurs souffrances.
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samedi, 30 janvier 2010
Vatican II: un débat à ouvrir
Mgr Brunero Gherardini, prêtre du diocèse de Prato (Italie), est au service du Saint-Siège depuis 1965, notamment comme professeur d’ecclésiologie et d’œcuménisme à l’Université pontificale du Latran jusqu’en 1995. Il est l’auteur d’une centaine d’ouvrages et de plusieurs centaines d’articles de revue, sur trois cercles de recherche concentriques : la Réforme du XVIe siècle, l’ecclésiologie, la mariologie. Mgr Gherardini est actuellement chanoine de l’Archi-basilique Vaticane et directeur de la revue internationale de théologie « Divinitas »
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jeudi, 24 décembre 2009
Bonne et Sainte Nuit de Noël
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lundi, 07 décembre 2009
Paroles d'évêque : le vent de l'est décoiffe
A lire, à relire, à conserver et à ressortir : les occasions seront nombreuses!
Je me permets de demander à nos lecteurs des pays de l'est une traduction de l'intégralité de cette homélie :
"L’Église catholique a son mot à dire avant les élections présidentielles du 27 décembre. L’évêque Jezerinac a appelé les électeurs-fidèles à choisir un candidat qui soit bon patriote, attaché à la « défense de la vie » et à la « morale naturelle », opposé au travail le dimanche... Selon lui, toutes les critiques envers l’Église sont des séquelles de la « dictature communiste ».
« L’Eglise ne se taira jamais ! Elle s’exprimera toujours, dans les bons comme dans les mauvais moments et elle est prête pour cela, s’il le faut, à supporter la torture ! » Tel est le message lancé aux fidèles par Mgr Juraj Jezerinac, évêque ordinaire aux armées, lors de sa dernière homélie, à Karlovac, en l’église saint Franjo Ksaverski. Le prêche était lourd de critiques à peine voilées envers l’actuel Président Stipe Mesić.
L’évêque a clairement indiqué que l’Eglise catholique désirait aider les fidèles à choisir le candidat pour lequel voter lors des élections présidentielles. L’Église peut donner aux croyants des directions basées sur les principes évangéliques, tout en les incitant à participer aux élections - car « plus tard, ils n’auront pas le droit de critiquer ».
Les conseils prodigués par Mgr Juraj Jezerinac sont les suivants.
Être Président suppose de s’engager à défendre les valeurs de notre nation et de se prononcer en faveur d’une transmission de ces valeurs. Le Président ne peut pas être l’élu de quelques uns, il ne peut pas remettre en question l’intégrité territoriale du pays ni, qu’à Dieu ne plaise, faire des concessions sur la souveraineté nationale.
Il doit protéger les principes chrétiens de la loi naturelle de défense et de protection de la vie humaine, de la conception jusqu’à la mort, de la dignité du couple au sein de la famille.
Il doit se prononcera pour en faveur de la liberté de choisir son éducation religieuse, pour la vérité à propos de la guerre patriotique (le conflit de 1992-1995, NdT), il doit s’opposer au travail du dimanche et de ne pas penser d’abord à soi mais avant tout au bien général".
Source
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jeudi, 10 septembre 2009
A propos du livre de Gérard Leclerc, Rome et les lefebvristes
par le Père Michel Gitton
Mgr Marcel Lefebvre
29 novembre 1905 - 25 mars 1991
Il faut dire que c’est un livre courageux, qui n’a pas peur de sortir des chemins battus et qui renonce aux schémas manichéens trop souvent employés de part et d’autre. Il y a un réel effort pour présenter la stature humaine de l’évêque missionnaire hors pair que fut Marcel Lefebvre. Il y a aussi une tentative - à laquelle on ne peut qu’applaudir - pour sortir le débat des questions politiques et le poser à son vrai niveau, c’est-à-dire au plan doctrinal. Gérard Leclerc s’interroge sur les bases intellectuelles du fondateur d’Ecône qu’il trouve, sans surprise, dans la néo-scolastique enseignée à Rome dans les années 20, telle qu’elle a pu être synthétisée par le cardinal Billot.
C’est malheureusement là que je reste gêné par l’excessive assurance de l’auteur. Pour lui, il est si clair que le courant de la « Nouvelle Théologie », illustré par une pléiade de grands esprits comme les RR PP Daniélou, de Lubac, Bouyer, etc., a définitivement surclassé la théologie romaine sur laquelle s’appuyait Marcel Lefebvre que la cause est entendue et que celui-ci qui n’en a pas démordu est évidemment hors jeu pour toute discussion sérieuse. Je ne suis pas le dernier à reconnaître ma dette vis-à-vis du courant en question et j’ai personnellement peu de sympathie pour le néo-thomisme de ces années-là, mais il faut rester juste et ne pas commettre en sens contraire l’erreur que nous reprochons à nos partenaires : la scolastique a marqué l’enseignement de l’Eglise pendant toute la période qui précède le Concile, c’était l’horizon intellectuel de la plupart des Pères, elle a donné un Maritain et d'autres penseurs non négligeables.
Ses insuffisances et ses raideurs n’empêchent pas qu’elle a porté certains aspects du dogme avec lequel l’approche plus existentielle et historique des théologiens de Fourvière a eu parfois un peu de mal. Le moment n’est-il pas venu précisément de réévaluer positivement tout ce qui nous vient de cet héritage et de tenter une honnête confrontation avec les acquis (qui me semblent pour ma part incontestables) des travaux fondés sur le renouveau biblique et patristique de l’après-guerre ?
Pour ceux qui, comme moi, ont cherché durant toutes ces années à rester fidèles au Pape et aux évêques, qui ont assimilé sans complexe Vatican II, qui ont vécu avec la Réforme liturgique, même si c’est parfois avec un peu de mal, les circonstances actuelles obligent à une sérieuse réflexion, nous pourrions avoir l’impression que le sol nous manque sous les pieds et que l’Eglise va nous donner tort. L’occasion est bonne sans doute pour réfléchir sur ce qui a réellement changé dans ces dernières années et nous demander où nous en sommes. Pourquoi ne peut-on plus aborder la question de l’intégrisme comme nous l’aurions fait il y a vingt ans ou même dix, quand, face à la critique progressiste encore dominante dans bien des milieux, il semblait important de maintenir une ligne « centriste », qui renvoyait dos-à-dos Hans Küng et les amis de Mgr Lefebvre, leur trouvant de surcroît des ressemblances cachées (1) ?
Il semblerait que plusieurs des appuis de la position que je viens de caractériser se soient révélés à l’usage plus fragiles que nous ne pouvions le croire. Nous étions déjà sensibles aux faiblesses du triomphalisme post-conciliaire, qui à l’époque régnait encore dans bien des milieux d’Eglise (« les fruits merveilleux du concile »…), nous savions que, si Vatican II avait fait beaucoup de choses importantes, il n’avait pas rempli nos églises, ni ramené à la foi les masses déchristianisées, pas même séduit les intellectuels dans le vent. Nous savions déjà que la route serait longue avant de tirer de cet événement tous les fruits de renouveau dont il était porteur. Mais nous faisions confiance à un certain style, qui était en gros celui de Jean-Paul II. Il consistait à pratiquer ce qu’on a parfois appelé pas très gentiment le « grand écart » : fidélité à l’intérieur et ouverture à l’extérieur, réaffirmer, par exemple, que seul le catholicisme est la vraie religion (Dominus Jesus) et se retrouver à Assise pour prier en compagnie de tous les chefs religieux de l’humanité. Ce jeu assez exaltant de prendre au vol la modernité, de réinvestir ses concepts (comme les droits de l’homme) au nom du Christ et de l’Evangile, d’être sensible aux revendications des femmes sans les admettre au sacerdoce mais en définissant positivement leur rôle, tout cela nous a nourris et il n’y a vraiment pas lieu de le regretter.
Seulement ce jeu d’équilibre pénétrait difficilement dans la conscience des catholiques de base, nous le savons peut-être mieux aujourd’hui. A la mort de Jean-Paul II, une religieuse interviewée et sollicitée de donner son témoignage avait dit tout naturellement : « Jean-Paul II nous a appris que ce qui était important, ce n’était pas la différence de nos croyances, mais le fait de bien s’entendre avec les hommes de toutes les religions ». Avait-elle compris le message ? Ce n’est pas sûr. Mais combien ont été comme elle ? Qui oserait aujourd’hui, dans nos paroisses, malgré les appels à la « nouvelle évangélisation » proclamer que la vérité confiée par le Christ à l’Eglise est nécessaire pour le salut ?
Journée Mondiale de la jeunesse
Paris
1997
La ligne suivie dans ces années-là passait aussi par cette conviction que le renouveau, qui avait tardé, qui avait été compromis par les folies de l’après 68, allait enfin se manifester. Les nouvelles communautés, les nouveaux ordres religieux, nés après la crise, forts d’une ferveur toute neuve et d’une audace sans complexe, allaient relever les ruines de l’ordre ancien. Une partie du tissu ecclésial allait vers la mort, une autre vers la vie. Les JMJ nous administraient tous les deux ou trois ans la preuve d’un succès croissant auprès des jeunes du monde entier. Certes il y avait des prophètes de malheur pour dire dès ces années-là que le phénomène n’était pas si clair qu’il paraissait et pour dénoncer le « rêve de Compostelle » (2), rêve d’une reconquête de l’Europe et du monde par une religion épurée et retrempée dans ses sources évangéliques. Mais on y croyait.
Ce n’est pas forcément qu’on n’y croit plus, mais on sait que, là encore, le résultat n’est pas à portée de main. Beaucoup de communautés nouvelles, sans perdre leur bel enthousiasme, ont connu des crises plus ou moins profondes, elles ont dû apprendre la patience des réformes institutionnelles, les redéploiements douloureux, et la nécessité de mieux se former. Les JMJ sont maintenant un rite qui se continue et qui fait du bien, mais l’appel prophétique n’est peut-être plus tout à fait là. Dans les séminaires des pays d’Europe occidentale, la reprise tarde à se manifester, c’est le moins qu’on puisse dire.
Pendant ce temps, il faut bien se rendre à l’évidence que l’aile « traditionaliste », dans sa forme « ralliée », comme dans sa forme dure, continue de marquer des points. Que ce soit au plan des vocations religieuses et sacerdotales, au plan de l’éducation et de la vitalité des communautés, on ne peut plus soutenir qu’il s’agit là de quelques attardés en voie de disparition. Certes, il ne faut pas s’illusionner, là non plus tout n’est pas rose, la solidité affichée cache bien des faiblesses, mais on ne saurait quand même nier que la transmission de la foi aux jeunes générations y a souvent mieux réussi qu’ailleurs, malgré les trésors de pédagogie déployés dans les parcours de la catéchèse officielle.
Nous voilà donc ramenés à l’humilité et c’est mieux ainsi. Cela nous permet peut-être d’entendre ce qu’ont à nous dire les disciples de Marcel Lefebvre, malgré le côté désagréable et souvent exagéré de leurs critiques. Au fond, ils nous alertent sur les faiblesses possibles de ce que nous croyions définitivement admis et que nous tenons toujours pour des progrès indiscutables : la valeur de la réforme liturgique, le dialogue interreligieux, la collégialité épiscopale, une vision dynamique de la tradition de l’Eglise. Il ne s’agit pas de brader tout cela dans un nouvel opportunisme aussi idiot que le précédent, mais la moindre chose est d’accueillir les questions, de reconnaître que tout n’a pas fonctionné parfaitement jusqu’ici chez nous et qu’il y a peut-être lieu de revoir sur certains points notre copie, surtout d’approfondir ce que nous avions trop vite conclu. Nos amis peuvent nous y aider, comme nous pouvons les aider à sortir de certains blocages, qui ne peuvent mener qu’à des impasses.
Car eux aussi doivent reconnaître que les choses ne se sont pas passées comme ils l’attendaient. L’« apostasiede l’Eglise » devait aboutir à une crise apocalyptique, où Dieu reconnaîtrait les siens dans le naufrage général. Or, sans qu’ils osent toujours se l’avouer, ils voient bien que l’Eglise de Jean-Paul II et de Benoît XVI continue à vivre et à rayonner, le Veau d’or n’est pas installé dans le sanctuaire, la foi est enseignée et les sacrements dispensés, peut-être pas tout à fait comme ils le souhaiteraient, mais il est quand même difficile de nier la continuité. Alors que faire ? Tenir indéfiniment dans cette position paradoxale d’être catholiques sans Rome, ou saisir la main tendue ? Il ne s’agit pas ici de politique, mais d’abord de la vérité. N’empêche qu’on se prend à rêver de la force qui serait celle d’une Eglise ayant réussi à résorber un schisme et qui parviendrait à atteler à la tâche de l’évangélisation les combattants pugnaces de la « messe de toujours » et les enfants de la génération Jean-Paul II !
Notes
(1) Le P. Louis Bouyer voyait la racine commune du traditionalisme catholique et du progressisme dans la théologie romantique du début du 19e siècle et spécialement chez Félicité de Lamennais (1782-1854).
(2) Le rêve de Compostelle. Vers la restauration d’une Europe chrétienne ? Sous la direction de René Luneau, avec la collaboration de Paul Ladrière, Paris Centurion 1989.
Source
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