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dimanche, 25 mai 2008

À celle qui est Marie, modèle de toutes les mères

 
 
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Parce qu'aussi elle est infiniment mère
 
 
 
 
 
 
 
 
Il y a des jours où les patrons et les saints ne suffisent pas.
Alors il faut prendre son courage à deux mains.
Et s'adresser directement à celle qui est au-dessus de tout.
Être hardi. Une fois.
S'adresser hardiment à celle qui est infiniment belle.
Parce qu'aussi elle est infiniment bonne.
À celle qui intercède.
La seule qui puisse parler de l'autorité d'une mère.
S'adresser hardiment à celle qui est infiniment pure.
Parce qu'aussi elle est infiniment douce.

[...]

À celle qui est infiniment riche.
Parce qu'aussi elle est infiniment pauvre.
À celle qui est infiniment haute.
Parce qu'aussi elle est infiniment descendante.
À celle qui est infiniment grande.
Parce qu'aussi elle est infiniment petite.
Infiniment humble.
Une jeune mère.
À celle qui est infiniment jeune.
Parce qu'aussi elle est infiniment mère.

[...]

À celle qui est infiniment joyeuse.
Parce qu'aussi elle est infiniment douloureuse.

[...]

À celle qui est infiniment touchante.
Parce qu'aussi elle est infiniment touchée.
À celle qui est toute Grandeur et toute Foi.
Parce qu'aussi elle est toute Charité.

[...]

À celle qui est Marie.
Parce qu'elle est pleine de grâce.
À celle qui est pleine de grâce.
Parce qu'elle est avec nous.
À celle qui est avec nous.
Parce que le Seigneur est avec elle.

 

 

 

Charles Péguy


Le Porche du Mystère de la Deuxième Vertu

 

extraits

 

 

 

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Illustration 

 

 

Francisco de Zurbarán

La Vierge avec l'Enfant-Christ

 

 

 

 

10:24 Publié dans Fête | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, religion, art, fête des mères | |  Imprimer | |  del.icio.us | Digg! Digg |  Facebook | | | | Pin it! |

dimanche, 18 mai 2008

Très Sainte Trinité

 

 

 

 

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“Plus une vérité est haute, plus elle est pratique”
 
(Père Sertillanges)

 

 

 

 

 

En dehors des mystiques et des saints, il n’y a sans doute pas beaucoup de chrétiens qui fassent du mystère de la Sainte Trinité l’objet d’une méditation habituelle. Il est même à craindre que ce mystère n’apparaisse à un grand nombre trop lointain pour avoir quelque impact sur leur vie.

“Pourquoi chercher à scruter l’incompréhensible ? se diront certains.
Ne vaut-il pas mieux en faire abstraction et ne pas compliquer inutilement notre idée de Dieu ?”

En réalité, il n’y a pas de pleine connaissance de Dieu en dehors de la révélation de ce mystère.
Le Dieu Créateur est la Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
L’esprit humain ne trouve son accomplissement que dans le dépassement de lui-même.
S’il importe à l’homme de savoir ce que Dieu a fait pour lui, il lui est non moins nécessaire de connaître ce que Dieu est en Lui-même, de pénétrer dans son intimité.

 

La Trinité, source de tous les autres mystères

 

 

Certes, le mystère de la Trinité ne peut être compris, c’est-à-dire "saisi parfaitement" (le fini ne peut embrasser l’infini).

Ce mystère est pourtant celui qui explique tout : nous sommes là à la source de tous les autres mystères.
Les interventions de Dieu dans le monde, la Création, l’Incarnation, la Rédemption, ne s’éclairent en définitive qu’à la lumière du mystère de l’intériorité divine, de la Vie Trinitaire qui est échange éternel d’amour entre trois Personnes, car c’est dans l’Amour qui les unit qu’il faut chercher le pourquoi de tout ce que Dieu a accompli en dehors de Lui-même.

La vie de Jésus serait incompréhensible sans la Trinité des Personnes en Dieu.
Ici-bas, Jésus était en effet en relation ininterrompue avec son Père sous la mouvance continuelle de l’Esprit-Saint.

 

Fondement du Credo

 

 

Le mystère de la Trinité est vraiment “le point d’équilibre de toute notre foi” (Cardinal Garrone).
Notre Credo tout entier est un commentaire de ce mystère.
La foi de l’Eglise n’a pu se résumer autrement que dans la structure trinitaire du Credo.
Aucune des vérités de la foi ne peut être correctement formulée si la Trinité n’y apparaît en filigrane.

L’Eglise est toute pénétrée par la conscience et la fréquentation des trois Personnes divines. Elle apparaît comme

 

“un peuple qui tire son unité du Père et du Fils et du Saint-Esprit” (Lumen Gentium 4. 16).

 

Notre foi serait donc bien pauvre si nous mettions de côté le mystère de la Trinité ou si nous n’y voyions qu’une simple formule venant embrouiller sans raison notre foi en un seul Dieu.

 

La révélation de la Trinité au coeur même de notre foi

 

 

Bien au contraire, la révélation de la Trinité l’enrichit et la précise.
Elle est ainsi au coeur même de tout ce que, en tant que Chrétiens, nous croyons.
En nous disant Qui Il est, Dieu a découvert à nos yeux éblouis les profondeurs de sa vie d’amour.
Le plus profond des mystères est celui qui nous donne de Dieu l’idée la plus parfaite et la plus efficace.

Certes, il n’y a pas dans l’Ecriture d’explication notionnelle du mystère. La formule :

“Un seul Dieu, une nature unique en trois Personnes distinctes” ne se trouve pas dans l’Evangile.

Mais en empruntant à la philosophie, au cours du IV° siècle, les mots de “nature” et de “personne” pour préciser la règle de foi face aux confusions ou négations de l’hérésie, l’Eglise n’a fait qu’expliciter et formuler ce que le Christ avait révélé et ce qui a été réellement cru - spontanément et avant toute réflexion - par les premiers chrétiens.

Si l’Eglise n’a cessé de défendre cette foi comme un trésor, si elle a combattu pour que cette foi ne soit pas dénaturée par des raisonnements sans contrôle ou des expressions maladroites, si, à travers des luttes parfois terribles, elle l’a enveloppée dans des formulations qui la mettent à l’abri des erreurs toujours possibles, c’est qu’elle a conscience que la vérité est donnée pour la vie.

En la défendant jalousement, l’Eglise sait qu’il importe plus encore de vivre ce mystère que de l’énoncer correctement.

 

Vivre de ce mystère...

 

 

Il nous fait surtout en effet fréquenter les trois Personnes, converser avec elles, rester en communion avec elles.

Car le Dieu-Trinité veut entrer en relation avec nous, établir en nous sa demeure (Jn 14, 23), répandre en nous sa vie en attendant de nous donner part à son bonheur pour l’éternité.

Nous sommes faits pour la Trinité.
C’est là notre demeure éternelle, notre vraie famille, “notre nid” comme disait Marie de l’Incarnation.

Jésus, Fils de Dieu, nous fait connaître le Père. Qui me voit, voit le Père, nous dit-il en saint Jean.
Si nous aimons Jésus, son Père et Lui viennent à nous.
Une vie d’intimité avec eux peut et doit ainsi s’instaurer dans l’Esprit-Saint, car ce n’est que dans l’Esprit du Christ que nous pouvons nous adresser à Dieu comme à un Père.
C’est l’Esprit-Saint qui nous introduit dans l’infini circuit d’amour qui unit les trois Personnes divines.

 

Dans la lumière du mystère de la Trinité, tout s’éclaire : non seulement ce que nous devons croire, mais aussi ce que nous devons faire.

 

“Plus une vérité est haute, plus elle est pratique” (Père Sertillanges).
 


Le mystère de la Trinité nous présente le fondement dernier et la loi unique de toute la vie chrétienne : la divine charité, l’agapè (mot grec qui signifie charité, amour divin)

Les relations divines sont le suprême exemplaire des relations humaines.

Les trois Personnes sont constituées par leurs relations mêmes : face à ce mystère, la loi d’amour, en laquelle se résume toute la morale, n’est plus pour le chrétien un règlement imposé du dehors, mais une exigence profonde de son être de grâce.

Comme chacune des Personnes divines, chaque personne humaine affirme sa personnalité

“par sa capacité de décision libre, mais cette liberté n’est rien d’autre que la condition de la charité”, la base même d’un don (Mgr Garrone).

Que de progrès nous avons à faire pour vivre notre vie chrétienne dans cette communion d’amour avec les trois Personnes !

Une communion d’amour dont on peut pressentir à quelle générosité elle nous conduira au service de nos frères.

 

Deux moyens

 

 

Pour avancer dans cette fréquentation et cette intimité, nous avons les exemples et la prière de ceux qui y sont parvenus avant nous : les saints. Ils ont vécu, eux, de cette vie trinitaire sans laquelle il n’y a ni prière authentique ni véritable apostolat.

 

Nous pouvons aussi nous modeler sur la prière liturgique qui ne sépare jamais les trois Personnes.
Ne manquons pas en particulier de célébrer la Trinité à la fin de chaque psaumeou de chaque prière. comme l’Eglise en a pris l’habitude dès le IV° siècle, avec le

 

Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, comme il était au commencement,
maintenant et toujours, dans tous les siècles des siècles. Amen
.

 

Ignorer ou méconnaître le mystère de la Trinité, ce serait ignorer ou méconnaître notre foi.
Et plus notre foi s’approfondira, plus ce mystère s’imposera à notre pensée et à notre coeur.

 
 
 
 
 
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Elisabeth de la Trinité
 
 
 

"O mon Dieu, Trinité que j'adore, aidez-moi à m'oublier entièrement pour m'établir en Vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l'éternité ! Que rien ne puisse troubler ma paix ni me faire sortir de Vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m'emporte plus loin dans la profondeur de votre Mystère. Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos ; que je ne Vous y laisse jamais seul, mais que je sois là toute entière, toute éveillée en ma foi, toute adorante, toute livrée à votre action créatrice. J ésus O mon Christ aimé, crucifié par amour, je voudrais être une épouse pour votre coeur, je voudrais Vous couvrir de gloire, je voudra si Vous aimer... jusqu'à en mourir ! Mais je sens mon impuissance et je Vous demande de me revêtir de Vous-même, d'identifier mon âme à tous les les mouvements de votre Ame, de me submerger, de m'envahir, de Vous substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu'un rayonnement de votre Vie. Venez en moi comme Adorateur, comme Réparateur, et comme Sauveur. O Verbe éternel, Parole de mon Dieu, je veux passer ma vie à Vous écouter, je veux me faire toute enseignable afin d'apprendre tout de Vous ; puis, à travers toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances, je veux Vous fixer toujours, et demeurer sous votre grande lumière. O mon Astre aimé, fascinez-moi pour que je ne puisse plus sortir de votre rayonnement. Sainte Trinité, O Feu consumant, Esprit d'Amour, survenez en moi afin qu'il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe ; que je lui sois une humanité de surcroît, en laquelle Il renouvelle tout son Mystère. Et vous, ô Père, penchez-vous vers votre pauvre petite créature, ne voyez en elle que le Bien-Aimé en lequel Vous avez mis toutes vos complaisances.
O mes Trois, mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie, Immensité où je me perds, je me livre à Vous comme une proie ; ensevelissez-Vous en moi, pour que je m'ensevelisse en Vous, en attendant d'aller contempler en votre lumière l'abîme de vos grandeurs. "

 

 

 

 

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Source

 

Prier en famille 

 

Illustration 

La Trinité

1427

Masaccio 

 

 

 

dimanche, 11 mai 2008

Pentecôte, l’Esprit commun du Père et du Fils

 

 

 

 

 

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 Dans l’ancien tes­­tament, les Juges comme Samson (Jg 13, 5), les Prophètes comme Samuel (1 S 1, 11) ou les Rois comme David (1 S 16, 13), étaient investis de la force de l’Esprit pour une mission particulière et temporaire. Cette force divine les rendait capables d’actions exceptionnelles pour rappeler au peuple élu sa vocation à participer à la sainteté de Dieu.

Dans le cas de Jésus, « qui a été conçu du Saint-Esprit », il s’agit de la force de Dieu révélée en la personne même du Fils. Durant son ministère, Jésus manifeste la puissance de l’Esprit. Dans l’Esprit, il affronte le diable (Mt 4, 1) et guérit les possédés (12, 28). Dans l’Esprit, il apporte aux pauvres la bonne nouvelle du salut (Lc 4, 18). Dans l’Esprit, Jésus tressaille de joie et bénit le Père  : « En ce moment même, Jésus tressaillit de joie par le Saint-Esprit, et il dit  : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi » (Lc 10, 21).

Dans chacune de ces situations, Jésus ne vit pas de l’Esprit comme d’une force extérieure qui l’envahirait du dehors. Si c’était le cas, son mystère de Fils de Dieu ne serait plus l’objet de notre foi en sa divinité. Le Christ ne serait qu’un homme hors du commun, doté certes d’une grande envergure morale et philanthropique, mais il ne serait pas « de même nature que le Père ».

 

Une création nouvelle

 

« L’Esprit Saint viendra sur toi », annonce Gabriel à Marie (Lc 1, 35). Cette parole de l’Ange renvoie aux ori­gines de la création, lorsque « l’esprit de Dieu planait sur les eaux » (Gn 1, 1).

Dans l’Ancien Testament, le fait qu’un juge, un prophète ou un roi soit doté d’une personnalité nouvelle en vue d’une mission particulière, se fonde sur le fait que de l’Esprit vient toute transformation. C’est lui qui change le chaos en cosmos. C’est lui qui du néant tire l’être. Que l’Esprit Saint vienne sur Marie indique qu’une création nouvelle est à l’œuvre, un nouveau commencement, celui d’une humanité sauvée, définitivement établie dans l’alliance divine.

Le « oui » de Marie est la réponse faite en notre nom à tous. Le salut n’est pas le résultat de nos forces. Par Marie, l’humanité accepte ce salut comme un don gratuit mais qui ne peut être reçu sans la foi ni l’obéissance. Le fait que Jésus soit « né de la Vierge Marie » exprime à la fois la gratuité de l’amour de Dieu et le consentement des hommes à cette gratuité. En Jésus, Dieu apporte à l’humanité un commencement nouveau qui ne provient pas de la somme des efforts humains mais d’un don d’en haut. Ce que le Fils a de plus intime avec le Père, il nous le donne en assumant notre humanité du sein virginal d’une femme. Il est essentiel que notre foi repose sur la puissance de l’Esprit agissant au milieu de nous comme il a agi avec puissance dans le sein de Marie.

 

Esprit de la promesse

 

 

Au moment de passer de ce monde à son Père, Jésus promet l’Esprit Saint à ses apôtres. Il l’appelle le Paraclet, mot que l’on traduit par « avocat », « soutien ».

Ici-bas, l’Esprit Saint rend témoignage à Jésus (cf. Jn 15, 26). Il est son « Défenseur » et actualise sa présence. Durant sa mission sur terre, les paroles et les miracles de Jésus ne se distinguent guère de la mission de l’Esprit Saint. Aussi, pour que ce dernier soit répandu et reconnu par les croyants, il faut que Jésus s’en aille  : « Si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous » (Jn 16, 7). Cette remarque de Jésus ne signifie pas qu’il existe une concurrence entre lui et l’Esprit. Simplement, Jésus laisse entendre qu’après la Pentecôte, la communauté des croyants reconnaîtra la mission particulière de l’Esprit dans l’histoire du salut.

Si le don de l’Esprit Saint est manifesté à la Pentecôte, cinquante jours après Pâques, il a déjà été donné sur la Croix  : « Jésus remit l’esprit » (Jn 19, 30). Lorsque meurt un homme, si célèbre qu’il ait été, la puissance de son esprit s’arrête avec lui. Ses œuvres font désormais partie du passé. De nouvelles générations en hériteront ou les rejetteront. En tout cas, cet homme ne peut plus rien sur elles. Jésus, en remettant l’esprit, en fait le don à l’Église et la fonde. En elle, l’Esprit agit et est présent dans les sacrements qu’elle a mission de donner au nom du Fils. « L’Esprit Saint prépare l’Église à rencontrer son Seigneur  ; il rappelle et manifeste le Christ à la foi de l’assemblée  ; il rend présent et actualise le mystère du Christ par sa puissance transformante  ; enfin, l’Esprit de communion unit l’Église à la vie et à la mission du Christ » (CEC 1092).

Tel est l’accomplissement de la promesse de Jésus à propos de la venue de l’Esprit Saint  : « Il vous enseignera tout » (Jn 16, 13). Peut-être aurions-nous préféré en­tendre  : « Vous le sentirez ». Mais rien de cela. L’Esprit offre mieux que des sensations fortes à ses disciples  : il révèle le sens des gestes et des paroles de Jésus dont il est inséparable. Il leur donne d’affronter l’esprit du monde et d’être témoins de l’Évangile.

Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne que l’Esprit Saint donne au disciple de comprendre la Parole de Dieu (§ 111). Il le dispose à l’accueillir dans la foi (§§ 91, 93, 108) et à grandir en elle (§§ 94, 158).

Par le baptême, les disciples de toutes les générations reçoivent l’Esprit de Jésus et demeurent unis dans la foi autour de lui pour évangéliser en son Nom.

« L’Esprit de Dieu habite en vous » (1 Co 3, 16)

Le baptisé n’est pas essentiellement un être d’activité, mais d’intériorité. Il est temple avant d’être porte-parole. La mission est donc une intériorisation progressive, une découverte grandissante de la présence de l’Esprit en nous. Le Veni Sancte Spiritus chanté le jour de la Pentecôte nomme le Saint-Esprit « Hôte très doux de notre âme ». C’est dire qu’il est présent au plus intime de notre être, ce que l’Écriture appelle le « cœur ». C’est là qu’il agit.

Voilà pourquoi parler de l’Esprit Saint dans la vie de Jésus engage à un apprentissage de la prière. Ce point est d’autant plus important que celui qui a mission de transmettre la foi est souvent tenté de négliger l’importance de se poser lui-même devant Dieu. Or, il lui est indispensable de savoir tout laisser un instant pour se mettre en sa présence afin d’être éclairé par sa lumière. Dans le domaine de la transmission de la foi, seul l’Esprit Saint peut éclairer le disciple et susciter les fruits inattendus.

 

Père Ludovic Lécuru

 

 

 

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Source 

 

 Ce texte est extrait du livre Le Credo, que le Père Ludovic Lécuru a publié aux éditions de l’Emmanuel  : pp. 63-69.

France Catholique 

 

Illustration 

 

Mikhail Vrubel
Pentecôte. Detail 2
1884
Fresque
Eglise St. Cyril, Kiev, Ukraine.

 

09:43 Publié dans Fête | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christ, eglise, famille, education, société, france | |  Imprimer | |  del.icio.us | Digg! Digg |  Facebook | | | | Pin it! |

lundi, 31 mars 2008

Bienheureuse celle qui a cru...

 
 
 
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Aussitôt après le récit de l'Annonciation, l'evangéliste Luc nous conduit, sur les pas de la Vierge de Nazareth, vers «une ville de Juda» (Lc 1, 39). D'après les érudits, cette ville devrait être l'Ain-Karim d'aujourd'hui, située dans les montagnes, non loin de Jérusalem. Marie y alla «en hâte» pour rendre visite à Elisabeth, sa parente. Sa visite se trouve motivée par le fait qu'à l'Annonciation Gabriel avait nommé Elisabeth d'une manière remarquable, elle qui, à un âge avancé, grâce à la puissance de Dieu, avait conçu un fils de son époux Zacharie: «Elisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu'on appelait la stérile; car rien n'est impossible à Dieu» (Lc 1, 36-37). Le messager divin s'était référé à ce qui était advenu en Elisabeth pour répondre à la question de Marie: «Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme?» (Lc 1, 34). Oui, cela adviendra justement par la «puissance du Très-Haut», comme et plus encore que dans le cas d'Elisabeth.

Marie, poussée par la charité, se rend donc dans la maison de sa parente. A son entrée, Elisabeth répond à sa salutation et, sentant l'enfant tressaillir en son sein, «remplie d'Esprit Saint», à son tour salue Marie à haute voix: «Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein!» (cf . Lc 1, 40-42 ). Cette exclamation ou cette acclamation d'Elisabeth devait entrer dans l'Ave Maria, à la suite du salut de l'ange, et devenir ainsi une des prières les plus fréquentes de l'Eglise. Mais les paroles d'Elisabeth sont encore plus significatives dans la question qui suit: «Comment m'est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur?» (Lc 1, 43). Elisabeth rend témoignage à Marie: elle reconnaît et elle proclame que devant elle se tient la Mère du Seigneur, la Mère du Messie. Le fils qu'Elisabeth porte en elle prend part, lui aussi, à ce témoignage: «L'enfant a tressailli d'allégresse en mon sein» (Lc 1, 44). Cet enfant sera Jean-Baptiste qui, au Jourdain, montrera en Jésus le Messie.

Dans la salutation d'Elisabeth, tous les mots sont lourds de sens; cependant ce qu'elle dit à la fin semble d'une importance primordiale «Bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur!» (Lc 1, 45) . On peut rapprocher ces mots du titre «pleine de grâce» dans la salutation de l'ange. Dans l'un et l'autre de ces textes se révèle un contenu mariologique essentiel c'est-à-dire la vérité sur Marie dont la présence dans le mystère du Christ est devenue effective parce qu'elle «a cru». La plénitude de grâce, annoncée par l'ange, signifie le don de Dieu lui-même; la foi de Marie, proclamée par Elisabeth lors de la Visitation, montre comment la Vierge de Nazareth a répondu à ce don.

13. Comme l'enseigne le Concile, «à Dieu qui révèle est due "l'obéissance de la foi" (Rm 16, 26; cf. Rm 1, 5; 2 Co 10, 5-6), par laquelle l'homme s'en remet tout entier et librement à Dieu» . Cette définition de la foi trouve en Marie une réalisation parfaite. Le moment «décisif» fut l'Annonciation, et les paroles mêmes d'Elisabeth: «Bienheureuse celle qui a cru» se rapportent en premier lieu à ce moment précis .

A l'Annonciation en effet, Marie, s'est remise à Dieu entièrement en manifestant «l'obéissance de la foi» à celui qui lui parlait par son messager, et en lui rendant «un complet hommage d'intelligence et de volonté» . Elle a donc répondu de tout son «moi» humain, féminin, et cette réponse de la foi comportait une coopération parfaite avec «la grâce prévenante et secourable de Dieu» et une disponibilité parfaite à l'action de l'Esprit Saint qui «ne cesse, par ses dons, de rendre la foi plus parfaite» .

Annoncée à Marie par l'ange, la parole du Dieu vivant la concernait elle-même: «Voici que tu concevras en ton sein et enfanteras un fils» (Lc 1, 31). En accueillant cette annonce, Marie allait devenir la «Mère du Seigneur» et le mystère divin de l'Incarnation s'accomplirait en elle: «Le Père des miséricordes a voulu que l'Incarnation fût précédée par une acceptation de la part de cette Mère prédestinée» . Et Marie donne ce consentement après avoir entendu toutes les paroles du messager. Elle dit: «Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole!» (Lc 1, 38). Ce fiat de Marie -«qu'il m'advienne»- a déterminé, du côté humain, l'accomplissement du mystère divin. Il y a une pleine harmonie avec les paroles du Fils qui, suivant la Lettre aux Hébreux, dit au Père en entrant dans le monde: «Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation, mais tu m'as façonné un corps... Voici, je viens... pour faire, ô Dieu, ta volonté» (He 10, 5-7). Le mystère de l'Incarnation s'est accompli lorsque Marie a prononcé son fiat: «Qu'il m'advienne selon ta parole!» rendant possible, pour ce qui la concernait dans le plan divin, la réalisation du dessein de son Fils.

Marie a prononcé ce fiat dans la foi. Par la foi, elle s'est remise à Dieu sans réserve et «elle se livra elle-même intégralement, comme la servante du Seigneur, à la personne et à l'œuvre de son Fils» . Et ce Fils, comme l'enseignent les Pères, elle l'a conçu en son esprit avant de le concevoir en son sein, précisément par la foi! C'est donc à juste titre qu'Elisabeth loue Marie «Bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur!». Ces paroles ont déjà été réalisées: Marie de Nazareth se présente sur le seuil de la maison d'Elisabeth et de Zacharie comme la mère du Fils de Dieu. Telle est l'heureuse découverte d'Elisabeth: «La mère de mon Seigneur vient à moi!».

14. Par conséquent, on peut aussi comparer la foi de Marie à celle d'Abraham que l'Apôtre appelle «notre père dans la foi» (cf. Rm 4, 12). Dans l'économie du salut révélée par Dieu, la foi d'Abraham représente le commencement de l'Ancienne Alliance; la foi de Marie à l'Annonciation inaugure la Nouvelle Alliance. Comme Abraham, «espérant contre toute espérance, crut et devint ainsi père d'une multitude de peuples» (cf. Rm 4, 18), de même Marie, au moment de l'Annonciation, après avoir dit sa condition de vierge («Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme?»), crut que par la puissance du Très-Haut, par l'Esprit Saint, elle allait devenir la Mère du Fils de Dieu suivant la révélation de l'ange: «L'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu» (Lc 1, 35).

Cependant les paroles d'Elisabeth: «Bienheureuse celle qui a cru» ne se rapportent pas seulement à ce moment précis de l'Annonciation Assurément, cela représente le point culminant de la foi de Marie dans son attente du Christ, mais c'est aussi le point de départ, le commencement de tout son «itinéraire vers Dieu», de tout son cheminement dans la foi. Et sur cette route, d'une manière éminente et véritablement héroïque - et même avec un héroïsme dans la foi toujours plus grand-s'accomplira l'«obéissance» à la parole de la révélation divine, telle qu'elle l'avait professée. Et cette «obéissance de la foi» chez Marie au cours de tout son itinéraire aura des analogies étonnantes avec la foi d'Abraham. Comme le patriarche du Peuple de Dieu, Marie de même, «espérant contre toute espérance, crut» tout au long de l'itinéraire de son fiat filial et maternel. Au cours de certaines étapes de cette route spécialement, la bénédiction accordée à «cellé qui a cru» sera manifestée avec une particuliere évidence. Croire veut dire «se livrer» à la verite même de la parole du Dieu vivant, en sachant et en reconnaissant humblement «combien sont insondables ses décrets et incompréhensibles ses voies» (Rm 11, 33). Marie qui par la volonté éternelle du Très-Haut, s'est trouvée, peut-on dire, au centre même de ces «voies incompréhensibles» et de ces «décrets insondables» de Dieu, s'y conforme dans l'obscurité de la foi, acceptant pleinement, le cœur ouvert tout ce qui est prévu dans le plan divin.

15. Quand Marie, à l'Annonciation, entend parler du Fils dont elle doit devenir mère et qu'elle «appellera du nom de Jésus» ( = Sauveur), il lui est aussi donné de savoir que «le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père», qu'il «régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin» (Lc 1, 32-33). C'est dans cette direction que s'orientait toute l'espérance d'Israël. Le Messie promis doit être «grand», le messager céleste annonce aussi qu'il «sera grand» -grand par le nom de Fils du Très-Haut ou parce qu'il reçoit l'héritage de David. Il doit donc être roi, il doit régner «sur la maison de Jacob». Marie a grandi au milieu de cette attente de son peuple: pouvait-elle saisir, au moment de l'Annonciation, quelle signification primordiale avaient les paroles de l'ange ? Et comment doit-on comprendre ce «règne» qui «n'aura pas de fin»?

Même si, à cet instant, elle s'est sentie dans la foi mère du «Messie-roi», elle a cependant répondu: «Je suis la servante du Seigneur, qu'il m'advienne selon ta parole» (Lc 1, 38). Dès ce premier moment, Marie a professé avant tout son «obéissance de la foi», elle s'en remet au sens que donnait aux paroles de l'Annonciation celui dont elles provenaient: Dieu lui-même.

16. Toujours sur cette route de l'«obéissance de la foi», Marie entend peu après d'autres paroles, celles que prononce Syméon au temple de Jérusalem. On était déjà au quarantième jour après la naissance de Jésus, lorsque, suivant la prescription de la Loi de Moïse, Marie et Joseph «emmenèrent l'enfant à Jérusalem pour le présenter au Seigneur» (Lc 2, 22). La naissance avait eu lieu dans des conditions de pauvreté extrême. Luc nous apprend en effet que lorsque Marie se rendit à Bethléem avec Joseph à l'occasion du recensement de la population ordonné par les autorités romaines, n'ayant pas trouvé de «place à l'auberge», elle enfanta son Fils dans une étable et «le coucha dans une crèche» (cf. Lc 2, 7).

Un homme juste et craignant Dieu, du nom de Syméon, apparaît en ce commencement de «l'itinéraire» de la foi de Marie. Ses paroles, suggérées par l'Esprit Saint (cf Lc 2, 25-27), confirment la vérité de l'Annonciation. En effet, nous lisons qu'il «reçut dans ses bras» l'enfant qui- suivant la consigne de l'ange- «fut appelé du nom de Jésus» (cf. Lc 2, 21). Le discours de Syméon est accordé au sens de ce nom qui veut dire Sauveur: «Dieu est le salut». S'adressant au Seigneur, il s'exprime ainsi: «Mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël» (Lc 2, 30-32). Au même moment, Syméon s'adresse aussi à Marie en disant: «Vois! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël; il doit être un signe en butte à la contradiction -afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs»; et il ajoute en s'adressant directement à Marie: «Et toi-même, une épée te transpercera l'âme!» (Lc 2, 34-35). Les paroles de Syméon mettent dans une nouvelle lumière l'annonce que Marie a entendue de l'ange: Jésus est le Sauveur, il est «lumière pour éclairer» les hommes. N'est-ce pas cela qui a été manifesté, en quelque sorte, la nuit de Noël, quand les bergers sont venus à l'étable (cf. Lc 2, 8-20)? N'est-ce pas cela qui devait être manifesté davantage encore lorsque vinrent des Mages d'Orient (cf. Mt 2, 1-12)? Cependant, dès le début de sa vie, le Fils de Marie, et sa Mère avec lui, éprouveront aussi en eux-mêmes la vérité des autres paroles de Syméon: «Un signe en butte à la contradiction» (Lc 2, 34). Ce que dit Syméon apparaît comme une seconde annonce faite à Marie, car il lui montre la dimension historique concrète dans laquelle son Fils accomplira sa mission: dans l'incompréhension et dans la souffrance. Si, d'une part, une telle annonce confirme sa foi dans l'accomplissement des promesses divines du salut, d'autre part, elle lui révèle aussi qu'elle devra vivre l'obéissance de la foi dans la souffrance aux côtés du Sauveur souffrant, et que sa maternité sera obscure et douloureuse. Et de fait, après la visite des Mages, après leur hommage («se prosternant, ils lui rendirent hommage»), après l'offrande des présents (cf. Mt 2, 11), Marie avec l'enfant dut fuir en Egypte sous la protection attentive de Joseph, parce que «Hérode recherchait l'enfant pour le faire périr» (cf. Mt 2, 13). Et ils devront rester en Egypte jusqu'à la mort d'Hérode (cf. Mt 2, 15).

17. Après la mort d'Hérode, quand la sainte Famille retourne à Nazareth, commence la longue période de la vie cachée. «Celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur» (Lc 1, 45) vit chaque jour le sens de ces paroles. Le Fils qu'elle a appelé du nom de Jésus est quotidiennement auprès d'elle; donc, à son contact, elle utilise certainement ce nom qui, d'ailleurs, ne pouvait provoquer aucune surprise car il était en usage en Israël depuis longtemps. Toutefois, Marie sait que celui qui porte le nom de Jésus a été appelé par l'ange «Fils du Très-Haut» (cf. Lc 1, 32). Marie sait qu'elle l'a conçu et enfanté «sans connaître d'homme», par l'Esprit Saint, avec la puissance du Très-Haut qui l'a prise sous son ombre (cf. Lc 1, 35), de même qu'au temps de Moïse et des Pères la nuée voilait la présence de Dieu (cf. Ex 24, 16; 40, 34-35; 1 R 8, 10-12). Marie sait donc que le Fils qu'elle a enfanté dans sa virginité est précisément ce «Saint», «le Fils de Dieu» dont l'ange lui a parlé.

Pendant les années de la vie cachée de Jésus dans la maison de Nazareth, la vie de Marie, elle aussi, est «cachée avec le Christ en Dieu» (cf Col 3, 3) dans la foi. En effet, la foi est un contact avec le mystère de Dieu. Constamment, quotidiennement, Marie est en contact avec le mystère ineffable de Dieu fait homme, mystère qui dépasse tout ce qui a été révélé dans l'Ancienne Alliance. Dès le moment de l'Annonciation, l'esprit de la Vierge-Mère a été introduit dans la «nouveauté» radicale de la révélation que Dieu fait de lui-même, et elle a pris conscience du mystère. Elle est la première de ces «petits» dont Jésus dira un jour: «Père, ... tu as caché cela aux sages et aux intelligents et tu l'as révélé aux tout-petits» (Mt 11, 25). En effet, «nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père» (Mt 11, 27). Comment Marie peut-elle donc «connaître le Fils»? Elle ne le connaît certes pas comme le Père; et pourtant elle est la première de ceux auxquels le Père «a voulu le révéler» (cf. Mt 11, 26-27; 1 Co 2, 11). Néanmoins si, dès le moment de l'Annonciation, le Fils, lui dont seul le Père connaît la vérité entière, lui a été révélé comme celui que le Père engendre dans l'éternel «aujourd'hui» (cf. Ps 2, 7), Marie, sa Mère, est au contact de la vérité de son Fils seulement dans la foi et par la foi! Elle est donc bienheureuse parce qu'elle «a cru» et parce qu'elle croit chaque jour, à travers toutes les épreuves et les difficultés de la période de l'enfance de Jésus, puis au cours des années de la vie cachée à Nazareth où il «leur était soumis» (Lc 2, 51): soumis à Marie, et à Joseph également, parce que ce dernier lui tenait lieu de père devant les hommes; c'est pourquoi le Fils de Marie était considéré par les gens comme «le fils du charpentier» (Mt 13, 55).

Ainsi la Mère de ce Fils, gardant la mémoire de ce qui a été dit à l'Annonciation et au cours des événements suivants, porte en elle la «nouveauté» radicale de la foi, le commencement de la Nouvelle Alliance. C'est là le commencement de l'Evangile, c'est-à-dire de la bonne nouvelle, de la joyeuse nouvelle. Il n'est cependant pas difficile d'observer en ce commencement une certaine peine du cœur, rejoignant une sorte de «nuit de la foi» - pour reprendre l'expression de saint Jean de la Croix-, comme un «voile» à travers lequel il faut approcher l'Invisible et vivre dans l'intimité du mystère . C'est de cette manière, en effet, que Marie, pendant de nombreuses années, demeura dans l'intimité du mystère de son Fils et avança dans son itinéraire de foi, au fur et à mesure que Jésus «croissait en sagesse ... et en grâce devant Dieu et devant les hommes» (Lc 2, 52). La prédilection que Dieu avait pour lui se manifestait toujours plus aux yeux des hommes. La première des créatures humaines admises à la découverte du Christ fut Marie qui vivait avec Joseph dans la même maison à Nazareth.

Toutefois, après que Jésus, agé de douze ans, eut été retrouvé dans le temple, et que, à la question de sa mère: «Pourquoi nous as-tu fait cela?», il eut répondu: «Ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père?», l'évangéliste ajoute: «Mais eux (Joseph et Marie) ne comprirent pas la parole qu'il venait de leur dire» (Lc 2, 48-50). Jésus avait donc conscience de ce que «seul le Père connaît le Fils» (cf. Mt 11, 27), à tel point que même celle à qui avait été révélé plus profondément le mystère de sa filiation divine, sa Mère, ne vivait dans l'intimité de ce mystère que par la foi! Se trouvant aux côtés de son Fils, sous le même toit, et «gardant fidèlement l'union avec son Fils», elle «avançait dans son pèlerinage de foi», comme le souligne le Concile . Et il en fut de même au cours de la vie publique du Christ (cf. Mc 3, 21-35), de sorte que, de jour en jour, s'accomplissait en elle la bénédiction prononcée par Elisabeth à la Visitation: «Bienheureuse celle qui a cru».

18. Cette bénédiction atteint la plénitude de son sens lorsque Marie se tient au pied de la Croix de son Fils (cf. Jn 19, 25). Le Concile déclare que cela se produisit «non sans un dessein divin»: «Souffrant cruellement avec son Fils unique, associée d'un coeur maternel à son sacrifice, donnant à l'immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour», Marie «garda fidèlement l'union avec son Fils jusqu'à la Croix» : l'union par la foi, par la foi même avec laquelle elle avait accueilli la révélation de l'ange au moment de l'Annonciation. Elle s'était alors entendu dire aussi: «Il sera grand... Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin» (Lc 1, 32-33).

Et maintenant, debout au pied de la Croix, Marie est témoin, humainement parlant, d'un total démenti de ces paroles. Son Fils agonise sur ce bois comme un condamné. «Objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur..., méprisé, nous n'en faisions aucun cas», il était comme détruit (cf. Is 53, 3-5). Comme elle est grande, comme elle est alors héroïque l'obéissance de la foi dont Marie fait preuve face aux «décrets insondables» de Dieu! Comme elle «se livre à Dieu» sans réserve, dans «un complet hommage d'intelligence et de volonté» à celui dont «les voies sont incompréhensibles» (cf. Rm 11, 33)! Et aussi comme est puissante l'action de la grâce dans son âme, comme est pénétrante l'influence de l'Esprit Saint, de sa lumière et de sa puissance!

Par une telle foi, Marie est unie parfaitement au Christ dans son dépouillement. En effet, «le Christ Jésus, ... de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes»: sur le Golgotha justement, «il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix!» (cf. Ph 2, 5-8). Au pied de la Croix, Marie participe par la foi au mystère bouleversant de ce dépouillement. C'est là, sans doute, la «kénose» de la foi la plus profonde dans l'histoire de l'humanité. Par la foi, la Mère participe à la mort de son Fils, à sa mort rédemptrice; mais, à la différence de celle des disciples qui s'enfuyaient, sa foi était beaucoup plus éclairée. Par la Croix, Jésus a définitivement confirmé sur le Golgotha qu'il était le «signe en butte à la contradiction» prédit par Syméon. En même temps s'accomplissaient là les paroles qu'il avait adressées à Marie: «Et toi-même, une épée te transpercera l'âme» .

19. Oui vraiment, «bienheureuse celle qui a cru»! Ici, au pied de la Croix, ces paroles qu'Elisabeth avait prononcées après l'Annonciation semblent retentir avec une éloquence suprême et leur force devient profondément pénétrante. Depuis la Croix, pour ainsi dire du cœur même du mystère de la Rédemption, le rayonnement de cette bénédiction de la foi s'étend et sa perspective s'élargit. Elle rejaillit «jusqu'au commencement» et, comme participation au sacrifice du Christ, nouvel Adam, elle devient, en un sens, la contrepartie de la désobéissance et de l'incrédulité comprises dans le péché des premiers parents. C'est ce qu'enseignent les Pères de l'Eglise et, en particulier, saint Irénée cité par la Constitution Lumen gentium: «Le nœud de la désobéissance d'Eve a été dénoué par l'obéissance de Marie, car ce que la vierge Eve avait lié par son incrédulité, la Vierge Marie l'a délié par sa foi» . A la lumière de cette comparaison avec Eve , les Pères -comme le rappelle aussi le Concile- donnent à Marie le titre de «Mère des vivants» et ils disent souvent: «Par Eve la mort, par Marie la vie» .

C'est donc à juste titre que nous pouvons trouver dans la parole «Bienheureuse celle qui a cru» en quelque sorte une clé qui nous fait accéder à la réalité intime de Marie, de celle que l'ange a saluée comme «pleine de grâce». Si elle a été éternellement présente dans le mystère du Christ parce que «pleine de grâce», par la foi elle y participa dans toute l'ampleur de son itinéraire terrestre: «elle avanca dans son pèlerinage de foi» et, en même temps, de manière discrète mais directe et efficace, elle rendait présent aux hommes le mystère du Christ. Et elle continue encore à le faire. Par le mystère du Christ, elle est aussi présente parmi les hommes. Ainsi, par le mystère du Fils, s'éclaire également le mystère de la Mère.

 
 
 
 
Redemptoris Mater
 
Ioannes Paulus. II 
 
 
 
 
 
 
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 Monteverdi
 
 
Vespro della Beata Vergine: Magnificat  
 
 
 
 
 

 
 

Source

 

Vatican 

 

 

Illustration

 


L’Annonciation

Ensemble, Roger de la Pasture ?

(Tournai, 199/1400 – Bruxelles, 1464)
( Bois H. 0,86 ; L. 0,93 m ) Paris, musée du Louvre, Inv. 1982.
Photographie en lumière directe.

© C2RMF, Odile Guillon

 
 
 

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dimanche, 23 mars 2008

Dimanche de Pâques - Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ

 

 

 
 
 
 
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Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc 16,1-7. Lorsque le sabbat fut passé, Marie la Magdaléenne, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates afin d'aller l'embaumer. Et, le premier jour de la semaine, de grand matin, elles vinrent au sépulcre, le soleil venant de se lever. Elles se disaient entre elles : " Qui nous roulera la pierre de l'entrée du sépulcre? " Elles regardèrent et observèrent que la pierre avait été roulée de côté; or elle était fort grande. Entrant dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis à droite, vêtu d'une robe blanche, et elles furent saisies de frayeur. Mais il leur dit : " N'ayez pas de frayeur ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié : il est ressuscité, il n'est pont ici. Voici la place où on l'avait déposé. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il vous précède en Galilée; c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit. "

 

 

 

 

 

 

 

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Illustration

 Rembrandt

1635-39

Oil on canvas

Bayerische Staatsgemaldesammlungen

Munich