vendredi, 30 mai 2008
Fête du Sacré-Coeur de Jésus
Acte d' Offrande au Coeur Sacré de Jésus-Christ du Bienheureux Claude La Colombière
Source
Lettre de Benoît XVI pour la fête du Coeur Sacré de Jésus
18:40 Publié dans Fête | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : internet, ivg, avortement, blabla de filles, vive la vie | | Imprimer | | del.icio.us | Digg | Facebook | | |
lundi, 26 mai 2008
Extraits de " la lettre à nos frères prêtres " par Monsieur l'abbé Grégoire Celier
Voici une excellente synthèse réalisée par
Monsieur l’abbé Grégoire Cellier
qui nous fait comprendre l’histoire et la nature de
la messe « Traditionnelle »
dont notre
Saint Père le Pape Benoît XVI
a rappelé la richesse dans son
motu proprio Summorum pontificum du 7 juillet 2007
Les Sacramentaires
Parmi les Sacramentaires qui nous sont parvenus, on distingue en particulier le Sacramentaire léonien (Ve siècle), le Sacramentaire gélasien (VIe siècle) et le Sacramentaire grégorien (VII-VIIIe siècles). Le pape Adrien Ier (772-795) envoya un exemplaire de ce dernier à Charlemagne, sur sa demande, comme modèle liturgique face à la prolifération des liturgies gallicanes. Ce manuscrit fut copié à de nombreuses reprises mais, comme il ne comportait pas certaines messes que l’on avait coutume de célébrer en Gaule, ces dernières furent ajoutées et firent bientôt corps avec la liturgie romaine primitive. Ce livre romain retouché devint le Sacramentaire officiel de l’empire carolingien et, chose curieuse, finit par revenir à Rome et par y supplanter le Sacramentaire grégorien.
Le Missel plénier
Vers le Xe siècle, par suite de la multiplication des messes, on commença donc à grouper en un seul livre tous les recueils se rapportant à la messe : ce furent les Missels pléniers qui, au cours des XIIIe et XIVe siècles, se multiplièrent. Parmi ceux-ci, il faut signaler le Missel de la Curie romaine qui, au XIIIe siècle, précisa le cérémonial (notamment pour tenir compte des séjours du pape hors de Rome) et accepta un grand nombre de messes pour les fêtes. Ce Missel fut adopté par les Franciscains (puis par les Augustins, les Servites, etc.), et répandu par eux dans toute la chrétienté latine.
« C’est à Milan en 1474, que fut imprimé pour la première fois l’Ordo missalis secundum consuettudinem Romane curie. Après cette édition princeps, il y en eut beaucoup d’autres » (Aimé-Georges Martimort, L’Église en prière, Desclée, 1961, p. 304). Mais ce Missel n’était pas le seul à avoir cours : de nombreux autres Missels existaient, avec une large variété d’usages et de fêtes. Par ailleurs, sous des influences diverses (mauvaises copies, dévotions locales pas toujours éclairées, mais aussi flou doctrinal, notamment dans la période préparatoire au protestantisme), des altérations plus ou moins graves se produisaient.
« Oh ! si vous aviez vu, je ne veux pas dire la laideur, mais la diversité des cérémonies de la messe, il y a quarante ans, elles vous auraient fait honte ; il me semble qu’il n’y avait rien de plus laid au monde, que les diverses manières dont on la célébrait : aucuns commençaient la messe par le Pater noster : d’autres prenaient la chasuble entre leurs mains et disaient l’Introibo, et puis ils mettaient sur eux cette chasuble. J’étais une fois à Saint-Germain-en-Laye, où je remarquai sept ou huit prêtres qui dirent tous le messe différemment : l’un faisait d’une façon, l’autre d’une autre : c’était une variété digne de larmes. Or sus, Dieu soit béni de ce qu’il plaît à sa divine bonté remédier peut à peu à ce grand désordre ! » La nécessité d’une réforme rétablissant intégrité doctrinale et unité liturgique se faisait ainsi cruellement sentir.
Nécessité d’une réforme
Le but de saint Pie V n’était pas de créer de toutes pièces une nouvelle liturgie, mais de ramener le Missel à son état traditionnel avec pour base le Missel de la Curie romaine, en tenant compte cependant des éventuels changements exigés par les circonstances. Comme le note dans ses souvenirs (Ma Vie, Fayard, 1998, p.133) celui qui était encore le cardinal Ratzinger, « Pie V s’était contenté de réviser le Missel romain en usage à l’époque, comme cela se faisait normalement dans une histoire qui évolue. […] Il s’agissait d’un processus continu de croissance et d’épurement, sans rupture. Pie V n’a jamais créé de Missel. Il n’a fait que réviser le Missel, phase d’une longue évolution ».
Il s’agissait donc de ramener à leur meilleur état les textes reçus, de préciser les règles de la célébration, enfin de doter l‘Église d’un Missel pratique, indiscutable, et conforme en tous points au bréviaire révisé qui venait lui aussi d’être promulgué (1568) à la suite du concile, dans le même esprit de continuité.
Retour à la tradition liturgique
Le Missel que promulgua saint Pie V, tout en conservant les éléments traditionnels et la distribution du Missel de la Curie romaine, supprima donc la plupart des innovations récentes et assura l’unité des rites dans la célébration de la messe. Les rubriques s’inspiraient de celles mises au propre et systématisées en 1502 par Jean Burchard, maître des cérémonies pontificales.
Comme le résume le père Irénée-Henri Dalmais : « En 1570, était [publié] le Missel, substantiellement conforme à celui en usage depuis le XIIIe siècle, et quelque peu modifié par Clément V au début du XIVe siècle. Les principales innovations de saint Pie V consistèrent à fixer les rubriques, rédigées au début du XVIe siècle par le cérémoniaire pontifical Jean Burchard, et à rendre obligatoire la lecture du prologue de l’Évangile de saint Jean à la fin de la messe » (Initiation à la liturgie, Desclée De Brouwer, 1958, p.188).
« Je voudrais faire une brève remarque, déclare-t-il, sur la querelle à propos de la liturgie dite tridentine. Il n’existe pas de liturgie tridentine et jusqu’en 1965 ce mot n’aurait rien dit à personne. Le concile de Trente n’a pas « fait » de liturgie. Et il n’y a pas non plus, au sens strict, de Missel de saint Pie V. Le Missel qui est paru en 1570 sur l’ordre de Pie V ne se différenciait qu’en peu de chose de la première édition imprimée du Missel romain parue juste cent ans auparavant. Dans la réforme de Pie V, il s’agissait au fond uniquement d’éliminer les proliférations du Moyen Âge tardif, ainsi que les fautes qui s’étaient introduites au moment de recopier et d’imprimer : ceci afin de prescrire pour toute l’Église le Missel de la ville de Rome qui n’avait pratiquement pas été atteint par ces événements » (Josef Ratzinger, L’Eucharistie – Pain nouveau pour un monde rompu, Fayard, 1981, p. 166-167).
Une norme universitaire
C’était le cas pour les anciens Ordres religieux qui avaient gardé leur liturgie propre : Cisterciens, Chartreux, Prémontrés, Dominicains, Carmes, etc. C’était aussi le cas pour certains diocèses comme Trèves, Cologne, Liège, Braga, Lyon, Milan et quelques chapelles à Tolède (rite mozarabe), etc. Mais seuls ces trois derniers lieux conservèrent leur liturgie propre, les autres renonçant spontanément au droit que la Bulle Quo primum leur reconnaissait.
Succès du Missel de 1570
Dans la suite, les papes promulguèrent des messes nouvelles correspondant aux grandes dévotions (Sacré-Cœur, Immaculée Conception, Assomption, etc.) et aux nouveaux saints. Quelques papes (par exemple, Urbain VIII ou saint Pie X) introduisirent des changements minimes dans quelques rubriques, soit pour harmoniser avec des changements intervenus par ailleurs, soit pour clarifier un point peu clair, mai ce ne furent jais que d’infimes retouches.
Pie XII révisa en 1950 et 1956 les rites de la Semaine sainte, que les malheurs des temps avaient obscurcis, réforme que l’évolution des règles du jeûne comme de l’heure de la célébration de la messe (messes du soir) rendait désormais possible. Il créa une commission de révision des rubriques du Missel, mais il mourut avant que celle-ci n’achève son travail.
Ce fut Jean XXIII qui, en 1960, à la suite de ce travail voulu par Pie XII, promulgua un « Code des rubriques » plus simple d’utilisation. Le Missel de 1962 se réfère aujourd’hui à cette réforme.
« Quand on se trouve en présence d’un texte si essentiel et d’une si haute antiquité, il paraît souhaitable de garder, aussi longtemps qu’il est possible, les formules mêmes que l’usage d’innombrables générations chrétiennes a sanctifiées. C’est là une considération d’un tel poids que même un réformateur aussi individualiste que Luther, à ses heures, pouvait l’être, l’a fort bien sentie et exprimée » (Louis Bouyer, « Que vont devenir les rites sacrés ? », La Vie spirituelle 521, novembre 1965, p. 539).
« Une règle de prière qui a inspiré pendant dix-neuf siècles la règle de vie doit-elle, pour des motifs aussi honorables qu’on voudra, se modeler à son tour sur une nouvelle façon de sentir et de vivre le christianisme ? » (Henry Bars, « Désacralisation de la liturgie ? », Nova et Vetera 1, janvier 1967, p. 33).
« Le caractère conservateur de la liturgie lui permet de préserver et de transmettre intactes des valeurs dont une époque peut avoir oublié l’importance mais que l’époque suivante est heureuse de retrouver intactes et préservées, pour en vivre de nouveau. Où serions-nous si le conservatisme liturgique n’avait pas résisté au goût du Moyen Âge finissant pour les dévotions sensibles, aux impératifs individualistes, raisonnables et moralisants du XVIIIe siècle, à la critique du XIXe siècle, aux philosophies subjectivistes de l’époque moderniste ? Grâce à la liturgie, tout nous a été gardé et transmis. Ah ! Ne nous exposons pas à encourir, dans soixante ans, le reproche d’avoir dilapidé l’héritage sacré de la communion catholique telle qu’elle se déploie dans le lent déroulement du temps. Gardons la conscience salubre de ne porter nous-mêmes qu’un moment d’affleurement à l’actualité d’une réalité qui nous dépasse à tous égards » (Yves Congar, « Autorité, initiative, coresponsabilité », La Maison Dieu 97, 1er trim. 1969, p. 55).
Ce texte de l’abbé Grégoire Celier est extrait de « la lettre à nos frères prêtres » de Mars 2008 - Numéro 37 .
Pour plus de renseignements et pour vous abonner à cette publication : LNFP - 2245 avenue des Platanes 31380 Gragnague - tél : 05 61 74 27 93. Abonnement : 8 € par an (4 € pour les prêtres).
- Célébrées depuis plus de 1000 ans de manière quasi identique, elle constitue un trésor de doctrine et de spiritualité qui a nourri des milliers de millions de saints, prêtres et fidèles.
- Tout cela confirme que notre attachement à cette forme liturgique antique et vénérable, pour certains incompréhensible, n’est ni stupide ni ridicule mais plein de bon sens ! Cela explique également pourquoi cette forme liturgique suscite de très nombreuses conversions et vocations sacerdotales et religieuses ainsi qu'un enthousiasme chez les petits de tous âges et les grands humbles de cœur.
Présidente du mouvement pour la Paix Liturgique et la Réconciliation dans l’Église
Ce texte de l’abbé Grégoire Celier est extrait de « la lettre à nos frères prêtres » de Mars 2008 - Numéro 37 .
Pour plus de renseignements et pour vous abonner à cette publication :
LNFP - 2245 avenue des Platanes
31380 Gragnague
Tél : 05 61 74 27 93
Abonnement : 8 € par an (4 € pour les prêtres)
Source
Illustration
Le cardinal Ratzinger
célèbre la sainte messe selon le rite de saint Pie V
au séminaire de la fraternité sacerdotale Saint Pierre.
Wigratzbad. Bavière.
Avril 1990
18:52 Publié dans Le sens de la messe traditionnelle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : travail, chômage, retraite, santé, économie, esclavage, lire | | Imprimer | | del.icio.us | Digg | Facebook | | |
dimanche, 25 mai 2008
À celle qui est Marie, modèle de toutes les mères
Alors il faut prendre son courage à deux mains.
Et s'adresser directement à celle qui est au-dessus de tout.
Être hardi. Une fois.
S'adresser hardiment à celle qui est infiniment belle.
Parce qu'aussi elle est infiniment bonne.
À celle qui intercède.
La seule qui puisse parler de l'autorité d'une mère.
S'adresser hardiment à celle qui est infiniment pure.
Parce qu'aussi elle est infiniment douce.
[...]
À celle qui est infiniment riche.
Parce qu'aussi elle est infiniment pauvre.
À celle qui est infiniment haute.
Parce qu'aussi elle est infiniment descendante.
À celle qui est infiniment grande.
Parce qu'aussi elle est infiniment petite.
Infiniment humble.
Une jeune mère.
À celle qui est infiniment jeune.
Parce qu'aussi elle est infiniment mère.
[...]
À celle qui est infiniment joyeuse.
Parce qu'aussi elle est infiniment douloureuse.
[...]
À celle qui est infiniment touchante.
Parce qu'aussi elle est infiniment touchée.
À celle qui est toute Grandeur et toute Foi.
Parce qu'aussi elle est toute Charité.
[...]
À celle qui est Marie.
Parce qu'elle est pleine de grâce.
À celle qui est pleine de grâce.
Parce qu'elle est avec nous.
À celle qui est avec nous.
Parce que le Seigneur est avec elle.
Charles Péguy
Le Porche du Mystère de la Deuxième Vertu
extraits
Illustration
Francisco de Zurbarán
La Vierge avec l'Enfant-Christ
10:24 Publié dans Fête | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, religion, art, fête des mères | | Imprimer | | del.icio.us | Digg | Facebook | | |
jeudi, 22 mai 2008
Saint Bruno
L'archevêque chassé
L'archevêque de Reims, Gervais, meurt en 1067 et est remplacé par un homme sans scrupules, Manassès de Gournay. Celui-ci est plus préoccupé par les biens matériels que par sa charge d'archevêque. Voulant avoir, malgré tout, l'estime du clergé, il nomme Bruno chancelier de la cathédrale et directeur de toutes les écoles de Reims. L'attitude de Manassès devient de plus en plus insupportable, à tel point qu'un concile réuni à Lyon en février 1080, prononce sa déposition. Cette sentence est confirmée par le pape Grégoire VII qui ordonne au clergé de Reims de chasser l'indigne archevêque et d'en élire un nouveau à sa place.
De nombreuses personnes pensent alors à l'intègre Bruno pour remplacer Manassès de Gournay sur le siège archiépiscopal de Reims. Mais celui-ci a d'autres projets en tête, ayant formé le dessein de se retirer dans la prière avec quelques amis. Il refuse donc le siège qui avait été naguère celui de saint Rémi met de l'ordre dans ses affaires et donne tous ses biens aux pauvres. En 1083, avec deux amis, il se rend en Bourgogne , où saint Robert de Molesmes lui ayant remit un ermitage, il s'y retire un moment. C'est là qu'il se sent attiré par une vie d'ermite propice à la recherche de Dieu.
Le fondateur de l'ermitage de Chartreuse
Saint Hugues de Châteauneuf, l'évêque de Grenoble lui suggère de s'installer dans la solitude sauvage du Massif de Chartreuse où il resta 6 ans.
Bientôt s'y élève un monastère dont les moines vivent isolés dans des demeures individuelles, y menant une existence austère et laborieuse, ne se réunissant que pour l'office. Ils n'ont pas l'intention de former un ordre.
En 1091, Bruno est appelé à Rome par le pape Urbain II, un de ses anciens élèves de Reims, qui sollicite ses conseils sur les réformes à entreprendre dans l'Eglise. Mais Bruno ne pense qu'à reprendre sa vie d'ermite. En 1092, il part en Calabre où il fonde d'autres ermitages et se retire dans l'un d'eux, Santa Maria del Bosco, secondé par son bras droit Lanuin et avec l'accord du comte Roger 1er de Sicile qui fait don de terres à la nouvelle fondation calabraise.
La rencontre miraculeuse de Roger en train de chasser et de Bruno en prière est une légende tardive. De même, le diplôme de fondation octroyé par Roger est un faux selon une majorité d'historiens. A l'ermitage de Sainte-Marie est bientôt associé, un monastère de vie cénobitique.
Bruno meurt au monastère de Santo Stefano del Bosco neuf ans plus tard, le 6 octobre 1101.
Dès les dernières décennies du XIe siècle, l'ensemble du complexe monastique passe à l'ordre de Cîteaux, puis tombe en décadence. Il faut attendre le début du XVIe siècle pour que les chartreux viennent relever les lieux et fonder la chartreuse de Santo Stefano del Bosco. Avant cette date, le site de Calabre n'entretient aucun lien institutionnel avec les monastères brunoniens de Calabre.
L'ordre cartusien s'est édifié à partir de son exemple et des Coutumes consignées par le prieur Guignes, cinquième successeur de Bruno à la Grande-Chartreuse, vers 1125.
Canonisation
Le fondateur des Chartreux n'a jamais été ni canonisé, ni béatifié. Au début du XVIe siècle, à l'occasion de l'installation des Chartreux sur le site de l'ermitage de Calabre où Bruno était mort, l'Ordre obtint oralement du pape l'autorisation de célébrer le culte de son fondateur, dont les restes venaient d'être retrouvés dans l'église de l'ermitage.
Aucune bulle ou document pontifical conservé ne vient attester cette autorisation annoncée à l'Ordre par le Révérend Père Dom François Dupuis, auteur d'une vie de saint Bruno. L'approbation tacite de l'Eglise, puis son inscription au calendrier liturgique universel, à l'occasion des réformes du concile de Trente, en constitue une confirmation équivalente. C'est pourquoi les canonistes parlent à son sujet de "canonisation équipollente".
Source
Wikipédia
Saint Bruno
12:14 Publié dans Histoire, Saint | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture, politique, famille, éducation, vive le vie, femme | | Imprimer | | del.icio.us | Digg | Facebook | | |
mardi, 20 mai 2008
Olivier Messiaen
Par
membre du Chœur grégorien de Paris
fondateur d’une schola grégorienne à Montevideo
Après la guerre, la famille Messiaen passa une année à Nantes, puis s’installa définitivement à Paris, où Pierre Messiaen devint professeur au lycée Charlemagne. Ainsi, à 11 ans, Olivier put-il suivre les cours donnés au Conservatoire par Maurice Emmanuel, Jean Gallon, Marcel Dupré et Paul Dukas…
En 1930, lorsqu’il quitta le Conservatoire muni de cinq premiers prix, sa personnalité musicale était déjà affirmée. Il voulut alors approfondir la rythmique hindoue, la métrique grecque, le chant grégorien et le chant des oiseaux, en qui il reconnaissait ses plus grands maîtres. « Leur virtuosité sans égale, disait-il, m’a imposé la recherche de doigtés extraordinaires. » Les œuvres de Messiaen connaissaient déjà une large diffusion, surtout depuis la création, en 1931, d’une pièce pour orchestre : « Les Offrandes oubliées ». La même année mourut Charles Quef, l’organiste de l’église parisienne de la Trinité. Sur la recommandation de Marcel Dupré, Messiaen fut nommé pour lui succéder dans une charge qu’il assumera 61 ans, selon la meilleure tradition organistique française. « Le Banquet céleste », « L’Ascension », « La Nativité du Seigneur » seront les œuvres les plus importantes, à l’époque, écrites pour l’instrument-roi par le compositeur qui désirait développer une musique sincère, et rendre ainsi à l’art « ses valeurs humanistes », face à la frivolité de ce temps-là. C’était l’esprit de la « Jeune France », un groupe dont firent partie André Jolivet, Jean-Yves Daniel-Lesur et Yves Baudrier, et auquel il restera toujours fidèle. En 1940, l’artiste devient soldat. Fait prisonnier à Verdun, il subit une longue captivité en Allemagne, au Stalag VIII-A. Il y fit la connaissance d’un violoniste, d’un clarinettiste et d’un violoncelliste. C’est pour eux qu’il composa le « Quatuor pour la fin du Temps », exécuté pour la première fois (lui-même étant au piano) dans le froid intense de l’hiver de 1941, devant ses compagnons de Stalag et leurs gardiens !
Le titre de ce chef-d’œuvre était le reflet de l’état d’esprit du compositeur durant sa captivité, mais il renvoyait aussi à son langage musical, à son esthétique, à sa conception du rythme. Il utilise en effet des « modes à transpositions limitées » et des rythmes spéciaux. Plus tard, dans les « Quatre études de rythme » (1950), il proposera une structuration du discours musical avec ses modes de valeurs et d’intensités, proches du sérialisme et avec des « neumes rythmiques » qui ramènent d’une certaine manière à la musique amesurée des Grecs ou au chant grégorien qu’il appréciait tant. « Très franchement, disait-il, je pense qu’il n’y a qu’une seule musique liturgique valable : le plain-chant. On n’a jamais fait mieux, et on ne fera jamais mieux ! » Il ajoutait : « C’est le plus beau trésor que nous possédions en France. » Ce n’est donc pas un hasard si, en 1974, des étudiants passionnés de grégorien ont fondé – avec les encouragements des moines de Solesmes - le Chœur Grégorien de Paris dont la réputation devait s’imposer.
Ses recherches et ses importantes publications techniques ont été entretenues par une intense activité d’enseignant : depuis 1936 à l’École Normale de Musique de Paris et à la Schola Cantorum, de 1942 et jusqu’en 1978 au Conservatoire de Paris. Il eut comme élèves Pierre Boulez, Karlheinz Stockhausen, Iannis Xénakis, George Benjamin, Pierre-Laurent Aimard, etc. Il est presque impossible de définir la musique d’Olivier Messiaen. Néanmoins, on peut s’arrêter à quelques caractéristiques de sa vaste production. Ainsi, le rythme et le chant des oiseaux mentionnés ci-dessus, la couleur, l’organisation des sons et surtout la foi chrétienne qui donne à sa musique un trait absolument personnel.
La couleur, c’est-à-dire le timbre des instruments, était pour lui le cœur de la musique. À cet égard, les œuvres les plus représentatives sont « Couleurs de la Cité céleste » (1963), « Chronochromie » (1960) et « Des canyons aux étoiles » (1974) composé à la suite d’une visite au Bryce Canyon de l’Utah (États-Unis). Ainsi Messiaen aime la couleur, la couleur qui traverse les vitraux. Les « sons-couleurs » structurent sa musique et lui donnent une dimension visuelle. Mais on ne soulignera jamais assez le caractère spirituel de la musique de Messiaen, qui fut si attaché à la foi authentique et aux choses du Ciel. Il écrivait « des œuvres religieuses qui sont des actes de foi » et conçues « pour chanter les mystères de la foi ». Tels sont le « spectacle » « Saint François d’Assise », commandé par l’Opéra de Paris et créé en 1983, ou bien la somptueuse cathédrale qu’est « La Transfiguration de Notre-Seigneur Jésus-Christ » (1969), pour sept solistes, un chœur de 100 voix, un orchestre de 109 musiciens. Épris de toutes les civilisations, qu’elles soient de l’Inde, du Japon ou de Java, il les intégra sans effort à ses créations. Épris du chant des oiseaux qu’il enregistrait et transcrivait avec soin, il en fit le « Catalogue des Oiseaux » (1958). Épris des étoiles et des mystères divins, il voulut susciter comme un « arc-en-ciel théologique », où il tendait à exprimer la vérité et la beauté de la foi. On ne peut nier que « L’Ascension » (1933), notamment la quatrième de ces « Méditations symphoniques », fait, pour ainsi dire, contempler le Christ alors qu’il monte vers son Père, entouré d’éclat. En 1989, à l’occasion de la remise du Prix international Paul VI, le Cardinal Lustiger lui disait : « Vous, musicien d’Église, vous êtes le seul parmi les musiciens contemporains dont l’œuvre est jouée de dimanche à dimanche. » Ce prix exprimait la reconnaissance de l’Église. Sa mort survint peu après, en 1992, laissant à l’oreille et au cœur de bien des gens une chose rare pour un compositeur contemporain : la présence d’un trésor d’une portée universelle.
21:23 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, peinture, livre, écriture, techno, rock | | Imprimer | | del.icio.us | Digg | Facebook | | |