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lundi, 02 février 2009

Signez la lettre de soutien au pape !

 

 

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L’appel de simples fidèles catholiques

 

 

 

 

 

 

Cette lettre réunit des fidèles catholiques, toutes tendances confondues, qui souhaitent soutenir le pape dans son geste courageux. Les animateurs de ce site vous assurent de l’entière confidentialité qui sera garantie aux noms des signataires dont la liste sera uniquement remise au Saint-Siège.

 

SOUTIEN  à BENOîT XVI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

20:31 Publié dans Benoît XVI, Message | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, société, france, religion, spiritualité | |  Imprimer | |  del.icio.us | Digg! Digg |  Facebook | | | | Pin it! |

mardi, 30 septembre 2008

Interview du frère de Benoît XVI

Exclusif : Georg Ratzinger - le frère du pape - parle.

 

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Miguel Garroté – Je publie ci-dessous quelques extraits que j’ai sélectionnés dans une longue interview menée par Andrea Tornielli pour  ilgiornale avec Georg Ratzinger, le frère de Benoît XVI. La clarté, tant des questions posées par Andrea Tornielli et que des réponses données par Georg Ratzinger contribuent - selon moi - au débat permanent sur l’Eglise. Je me souviens avoir lu et entendu Caroline Glick, du Jerusalem Post et François Célier, pasteur protestant faire l’éloge de Benoît XVI. Cela ne m’a pas laissé indifférent. Sur la question spécifique de l’amitié judéo-chrétienne, j’ai quant à moi écrit le 15 septembre dernier un article intitulé Benoît XVI et le Judaïsme, article publié sur leblogdrzz, monde-info, juif.org et israel-infos.net. Aujourd’hui, je soumets l’interview ci-dessous, illustrée par mes soins, à votre bienveillant esprit critique.

Andrea Tornielli pour ilgiornale - Pouvez-vous nous dire quelque chose sur votre vie familiale et sur vos parents ?

 

Georg Ratzinger - « Nous étions une famille très unie. Notre père était commissaire de police, il provenait d'une vieille famille d'agriculteurs de la Basse Bavière. Ma mère était fille d'artisans, et avant de se marier, elle avait travaillé comme cuisinière. Lorsque c'était possible nous, les enfants, nous allions à la messe chaque jour. On prenait le petit déjeuner à la maison. Ensuite on se voyait de nouveau à déjeuner. Selon la tradition bavaroise nous mangions d'abord une soupe et ensuite le plat principal. L'après-midi nous vaquions à nos occupations, et ensuite avec mon frère nous allions nous promener en ville. Ensuite on dînait ensemble. À l'époque il n'y avait ni radio ni télévision, et le soir notre père jouait de la cithare et chantait des chansons. Ensuite on allait tout de suite au lit ».

 

 





Interview du frère de Benoît XVI

 

 

Quelle opinion avait votre père du nazisme ?

 

« Dès le début, il a été un farouche opposant du nazisme. Il a vite compris que le national-socialisme serait une catastrophe et qu'il n'était pas seulement un grand ennemi de l'Église mais plus généralement de toute foi et de toute vie humaine ».

 

Vous et Joseph, avez-vous été obligés de vous engager dans les Hitlerjugend, la Jeunesse hitlérienne ?

 

« L'État avait décidé que tous les garçons des écoles, selon leur âge, devaient s'inscrire à des groupes de jeunes déterminés. Lorsque cela devint obligatoire, nous fûmes inscrits en bloc. Il n'y avait pas de liberté de choix et ne pas se présenter aurait certainement eu des conséquences fâcheuses. Mon frère, cependant, ne fréquentait pas ces rassemblements et il ne se présentait pas aux appels. Ce qui impliqua un dommage économique pour ma famille puisqu'elle ne bénéficia plus de l'escompte sur les taxes scolaires ».

 

Est-il vrai qu'un membre de votre famille finit tué dans l'Aktion T4, le projet nazi d'euthanasie ?

 

« C'était notre cousin, le fils d'une soeur de ma mère. C'était un enfant beau et gai, mais il souffrait de troubles mentaux. Il n'était pas en mesure de dialoguer correctement ou de participer aux conversations. Je ne peux rien dire de plus précis sur sa maladie. Ce n'est que beaucoup plus tard que nous découvrîmes que les nazis étaient venus le chercher chez lui, et qu'il avait été tué dans un camp d'extermination ». 



Le séminaire de Traunstein

Interview du frère de Benoît XVI

 

 

 

En 1935 vous êtes entrés au séminaire diocésain de Traunstein. Joseph a écrit dans son autobiographie : « Je suivis ses traces ». Comment naquit la vocation de Joseph ?

« Mon frère et moi, nous étions tous les deux enfants de choeur, et nous servions la messe. Ce fut très vite clair, d'abord pour moi et ensuite pour lui, que notre vie serait au service de l'Église ».

 

Comment la seconde guerre mondiale a-t-elle pesé sur votre vie et sur la vie de votre frère ?

 

« La guerre nous a éprouvés profondément, même lorsque nous étions à maison : la nourriture suffisait à peine. Nous avions un billet pour l'approvisionnement mensuel en nourriture, avec lequel on pouvait acheter seulement certains types d'aliments comme le sucre, le beurre, la matière grasse et un peu de viande. Le soir il fallait obscurcir les fenêtres pour ne pas laisser sortir la lumière et ne pas se faire voir des avions des alliés. J'ai été appelé d'abord au service du travail et ensuite au service militaire. Mon frère a été appelé quelque temps après moi. Nous avions des objectifs et des idéaux qui étaient opposés à ceux d'Hitler, mais nous étions soldats malgré tout. Il nous tardait qu'arrive le jour où la guerre serait finie ».

 







Interview du frère de Benoît XVI

 

 

 

Joseph Ratzinger, que ce soit comme cardinal, ou comme Pape, a parlé des racines communes qui lient hébraïsme et christianisme. Aviez-vous des contacts avec des juifs dans votre famille ?

 

« C'est une donnée théologique que les juifs sont le peuple choisi par Dieu et que de ce peuple naquit Jésus, engendré par la Vierge Marie. Mais je dois admettre qu'à l'époque nous savions qu'il existait des juifs seulement par l'enseignement de la religion. Dans notre région, il n'y en avait pas, c'est la raison pour laquelle nous n'avions ni contact ni expérience vécue avec eux. Nous ne savions rien non plus des pogroms contre les juifs et des injustices commises dans leurs relations avec les nazis. Nous étions dans l'ignorance de tout ».

 

Votre frère, au temps de Concile, fut défini comme un « teenager de la théologie », un théologien de la mouvance progressiste, et il était le conseiller du cardinal Frings. Quels souvenirs avez-vous de ces évènements ?

 

« Je ne sais pas qui a forgé l'expression « teenager de la théologie » en se référant à mon frère. Dans cette période je n'étais pas à Rome: je n'y suis allé qu'une fois, avec Joseph et plusieurs professeurs allemands qui remplissaient un rôle d'experts au concile. Il était clair qu'il y avait la nécessité d'une ouverture, d'un développement théologique. Mon frère a contribué à la réalisation de tout cela, avec toute son intensité spirituelle et je crois qu'une partie du mérite de l'introduction de quelques idées nouvelles, qui étaient partie intégrante de nos convictions et de notre foi catholique, doit lui être attribuée ».

A l'époque post-conciliaire, le professeur Ratzinger s'est retrouvé à Tübingen, dans une faculté théologique transformée en « centre idéologique » du marxisme. Votre frère a-t-il changé au cours de ces années ?

 

« Non, il n'a pas changé. Les jeunes, en Allemagne vivaient un état de trouble. La poussée vers le changement qui avait eu lieu dans le Concile, se manifestait avec plus de force parmi les laïques. Les jeunes allemands et des autres pays vivaient dans un climat instable, sans contrôle. L'idée dominante était que tout devait changer, il fallait introduire des nouveautés: mon frère approuvait celles qui étaient bonnes mais il rejetait celles qui étaient inconciliables avec la foi. L'idée que le Concile ne devait apporter que la nouveauté n'était pas correcte, puisque le but était celui de présenter d'une manière adaptée aux temps la foi catholique de toujours ».






Interview du frère de Benoît XVI

 

 

 

De qui s'inspirait votre frère quand il était professeur ?

« Dans ses cours, il s'inspirait de quelques théologiens français, il avait comme modèles surtout Henri de Lubac et le théologien suisse Hans Urs von Balthasar. Au centre de son travail, il y avait la Sainte Écriture et les écrits des pères de l'Église. Pendant ses études universitaires il avait cherché à redécouvrir ce patrimoine, à le faire sortir de l'oubli et à le raviver ».

 

Quelle signification a la liturgie pour les frères Ratzinger ?

 

« La liturgie, la messe, représente le coeur de notre foi et de notre action, elle est la rencontre personnelle avec Dieu. Ceci naturellement est à la première place. Nous ne pourrions pas imaginer un jour sans la messe, sans la liturgie, ce serait un jour pauvre, privé de l'essentiel… ».

Pourquoi Benoît XVI a-t-il voulu libéraliser l'ancienne liturgie pré-conciliaire avec le Motu Proprio « Summorum Pontificum » ?

« À l'époque de la réforme liturgique, le changement se produisit rapidement et il ne fut pas facile pour tous à accepter. D'un jour à l'autre l'ancienne liturgie fut remplacée par la nouvelle, à laquelle nous sommes maintenant attachés et avec laquelle nous célébrons la messe avec une participation intérieure pleine de joie. Il y eut, cependant, certains dans l'Église qui n'acceptèrent pas complètement ce « saut », puisque la perte de l'ancienne liturgie les avait privés de quelque chose et avait bouleversé leur foi. Pour ne pas laisser ces personnes seules, pour les réintégrer pleinement dans la communauté ecclésiale, mon frère a décidé de libérer l'ancienne liturgie pré-conciliaire».

 

 






Interview du frère de Benoît XVI

 

 

 

Pouvez-vous nous raconter comment vous avez passé ensemble, cette année, les vacances d'été à Bressanone (photo). On dit que vous vous promeniez ensemble et qu'on vous voyait souvent sourire ?

 

« Nous avons passé beaucoup de périodes de congé à Bressanone et avons vécu dans le séminaire, celui-là même où nous avons été cette année. Les autres fois, cependant, nous pouvions sortir, nous promener tranquillement en ville et visiter les églises. A présent que mon frère est le Pape tout cela n'est plus possible. Ainsi nous avons dû rester à l'intérieur et faire les promenades dans le jardin du séminaire. Ces promenades ont été belles malgré tout, même si j'ai des problèmes à me promener. J'ai des gros problèmes avec la vue et avec les jambes ».

 

Votre frère s'est-il habitué à être le Pape ?

 

« Oui, il s'est habitué rapidement à sa nouvelle condition. Il doit simplement accepter ce nouvel ordre des choses. Il le vit comme la volonté de Dieu et s'engage avec toutes ses capacités ».

 

Les mots que Benoît XVI répète le plus souvent sont « joie », « amour » et « beauté ». Ils contrastent avec l'image du « panzerkardinal » avec lequel il a été décrit pendant des années ?

 

« Oui, je pense que cette image le décrit mal et ne correspond pas à la réalité. Il n'a jamais été un homme brusque, avec l'intention d'offenser les autres. Il a eu toujours beaucoup de respect de l'opinion d'autrui. Souvent les media créent des images fausses des gens ».

 

Interview menée par Andrea Tornielli pour  ilgiornale

 

 

 

 

 

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dimanche, 14 septembre 2008

Angelus avec Benoit XVI depuis Lourdes




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Chers Pèlerins, Chers frères et sœurs !

Chaque jour, la prière de l’Angelus nous offre la possibilité de méditer quelques instants, au plein milieu de nos activités, sur le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu. A midi, alors que les premières heures du jour commencent déjà à faire peser sur nous leur poids de fatigue, notre disponibilité et notre générosité sont renouvelées par la contemplation du ‘oui’ de Marie. Ce ‘oui’ limpide et sans réserve s'enracine dans le mystère de la liberté de Marie, liberté pleine et entière devant Dieu, dégagée de toute complicité avec le péché, grâce au privilège de son Immaculée Conception.

Ce privilège concédé à Marie, qui la distingue de notre condition commune, ne l'éloigne pas, mais au contraire la rapproche de nous. Alors que le péché divise, nous éloigne les uns des autres, la pureté de Marie la rend infiniment proche de nos cœurs, attentive à chacun de nous et désireuse de notre vrai bien. Vous le voyez ici à Lourdes, comme dans tous les sanctuaires mariaux, des foules immenses accourent aux pieds de Marie pour lui confier ce que chacun a de plus intime, ce qui lui tient particulièrement à cœur. Ce que, par gêne ou par pudeur, beaucoup n'osent parfois pas confier même à leurs proches, ils le confient à Celle qui est la toute pure, à son Cœur immaculé : avec simplicité, sans fard, en vérité. Devant Marie, en vertu même de sa pureté, l'homme n'hésite pas à se montrer dans sa faiblesse, à livrer ses questions et ses doutes, à formuler ses espérances et ses désirs les plus secrets. L'amour maternel de la Vierge Marie désarme tout orgueil ; il rend l'homme capable de se regarder tel qu'il est et il lui inspire le désir de se convertir pour rendre gloire à Dieu.

Marie nous montre ainsi la juste manière d'avancer vers le Seigneur. Elle nous apprend à nous approcher de lui dans la vérité et la simplicité. Grâce à elle, nous découvrons que la foi chrétienne n'est pas un poids, mais elle est comme une aile qui nous permet de voler plus haut pour nous réfugier entre les bras de Dieu.

La vie et la foi du peuple des croyants manifestent que la grâce de l'Immaculée Conception faite à Marie n'est pas seulement une grâce personnelle, mais elle est pour tous. Elle est une grâce faite au peuple de Dieu tout entier. En Marie, l'Église peut déjà contempler ce qu'elle est appelée à devenir. Chaque croyant peut dès à présent contempler l'accomplissement parfait de sa propre vocation. Puisse chacun de nous demeurer toujours dans l'action de grâce pour ce que le Seigneur a voulu révéler de son plan de salut à travers le mystère de Marie. Mystère dans lequel nous sommes impliqués de la plus belle des manières, puisque du haut de la Croix, que nous fêtons et que nous exaltons aujourd'hui, il nous est révélé, de la bouche même de Jésus, que sa Mère est notre mère. En tant que fils et filles de Marie, nous profitons de toutes les grâces qui lui ont été faites, et la dignité incomparable que lui procure sa Conception Immaculée rejaillit sur nous, ses enfants.

Ici, tout près de la grotte, et en communion particulière avec tous les pèlerins présents dans les sanctuaires mariaux et avec tous les malades de corps et d'âme qui cherchent réconfort, nous bénissons le Seigneur pour la présence de Marie au milieu de son peuple et nous adressons avec foi notre prière :

« Sainte Marie, toi qui t'es montrée ici, il y a cent cinquante ans, à la jeune Bernadette, tu `es la vraie fontaine d'espérance' (Dante, Le Paradis, XXXIII,12).

Pèlerins confiants, nous venons, de tous les horizons, encore une fois puiser la foi et le réconfort, la joie et l'amour, la sécurité et la paix, à la source de ton Cœur immaculé. ‘Monstra Te esse Matrem’. Montre-toi comme une Mère pour tous, ô Marie ! Et donne-nous le Christ, l'Espérance du monde ! Amen ».

 

 

Source

 

Le Salon beige

 

 

 

 

 

 

 

 

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MESSE DE LA CROIX GLORIEUSE

 

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Actuellement à l'antenne de KTOTV

 

 

LOURDES

 

 

 

 

 

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samedi, 13 septembre 2008

Discours du pape Benoît XVI au collège des Bernardins à l'occasion de sa rencontre avec le monde de la culture

 

 

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Paris, le vendredi 12 septembre






Monsieur le Cardinal,
Madame le Ministre de la Culture,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Chancelier de l’Institut,
Chers amis,

 


Merci, Monsieur le Cardinal, pour vos aimables paroles. Nous nous trouvons dans un lieu historique, lieu édifié par les fils de saint Bernard de Clairvaux et que votre prédécesseur, le regretté Cardinal Jean-Marie Lustiger, a voulu comme un centre de dialogue de la Sagesse chrétienne avec les courants culturels intellectuels et artistiques de votre société. Je salue particulièrement Madame le Ministre de la Culture qui représente le gouvernement, ainsi que Messieurs Giscard d’Estaing et Chirac. J’adresse également mes salutations aux ministres présents, aux représentants de l’Unesco, à Monsieur le Maire de Paris et à toutes les autorités. Je ne veux pas oublier mes collègues de l’Institut de France qui savent ma considération et je désire remercier le Prince de Broglie de ses paroles cordiales. Nous nous reverrons demain matin. Je remercie les délégués de la communauté musulmane française d’avoir accepté de participer à cette rencontre ; je leur adresse mes vœux les meilleurs en ce temps du ramadan. Mes salutations chaleureuses vont maintenant tout naturellement vers l’ensemble du monde multiforme de la culture que vous représentez si dignement, chers invités.


J’aimerais vous parler ce soir des origines de la théologie occidentale et des racines de la culture européenne. J’ai mentionné en ouverture que le lieu où nous nous trouvons était emblématique. Il est lié à la culture monastique. De jeunes moines ont ici vécu pour s’initier profondément à leur vocation et pour bien vivre leur mission. Ce lieu évoque-t-il pour nous encore quelque chose ou n’y rencontrons-nous qu’un monde désormais révolu ? Pour pouvoir répondre, nous devons réfléchir un instant sur la nature même du monachisme occidental. De quoi s’agissait-il alors ? En considérant les fruits historiques du monachisme, nous pouvons dire qu’au cours de la grande fracture culturelle, provoquée par la migration des peuples et par la formation des nouveaux ordres étatiques, les monastères furent des espaces où survécurent les trésors de l’antique culture et où, en puisant à ces derniers, se forma petit à petit une culture nouvelle. Comment cela s’est-il passé ? Quelle était la motivation des personnes qui se réunissaient en ces lieux ? Quelles étaient leurs désirs ? Comment ont-elles vécu ?
Avant toute chose, il faut reconnaître avec beaucoup de réalisme que leur volonté n’était pas de créer une culture nouvelle ni de conserver une culture du passé. Leur motivation était beaucoup plus simple. Leur objectif était de chercher Dieu, quaerere Deum. Au milieu de la confusion de ces temps où rien ne semblait résister, les moines désiraient la chose la plus importante : s’appliquer à trouver ce qui a de la valeur et demeure toujours, trouver la Vie elle-même. Ils étaient à la recherche de Dieu. Des choses secondaires, ils voulaient passer aux réalités essentielles, à ce qui, seul, est vraiment important et sûr. On dit que leur être était tendu vers l’« eschatologie ». Mais cela ne doit pas être compris au sens chronologique du terme – comme s’ils vivaient les yeux tournés vers la fin du monde ou vers leur propre mort – mais au sens existentiel : derrière le provisoire, ils cherchaient le définitif. Quaerere Deum : comme ils étaient chrétiens, il ne s’agissait pas d’une aventure dans un désert sans chemin, d’une recherche dans l’obscurité absolue. Dieu lui-même a placé des bornes milliaires, mieux, il a aplani la voie, et leur tâche consistait à la trouver et à la suivre. Cette voie était sa Parole qui, dans les livres des Saintes Écritures, était offerte aux hommes. La recherche de Dieu requiert donc, intrinsèquement, une culture de la parole, ou, comme le disait Dom Jean Leclercq (1) : eschatologie et grammaire sont dans le monachisme occidental indissociables l’une de l’autre (cf. L’Amour des lettres et le désir de Dieu, p.14). Le désir de Dieu comprend l’amour des lettres, l’amour de la parole, son exploration dans toutes ses dimensions. Puisque dans la parole biblique Dieu est en chemin vers nous et nous vers Lui, ils devaient apprendre à pénétrer le secret de la langue, à la comprendre dans sa structure et dans ses usages. Ainsi, en raison même de la recherche de Dieu, les sciences profanes, qui nous indiquent les chemins vers la langue, devenaient importantes. La bibliothèque faisait, à ce titre, partie intégrante du monastère tout comme l’école. Ces deux lieux ouvraient concrètement un chemin vers la parole. Saint Benoît appelle le monastère une dominici servitii schola, une école du service du Seigneur. L’école et la bibliothèque assuraient la formation de la raison et l’eruditio, sur la base de laquelle l’homme apprend à percevoir, au milieu des paroles, la Parole.


Pour avoir une vision d’ensemble de cette culture de la parole liée à la recherche de Dieu, nous devons faire un pas supplémentaire. La Parole qui ouvre le chemin de la recherche de Dieu et qui est elle-même ce chemin est une Parole qui donne naissance à une communauté. Elle remue certes jusqu’au fond d’elle-même chaque personne en particulier (cf. Ac 2, 37). Grégoire le Grand décrit cela comme une douleur forte et inattendue qui secoue notre âme somnolente et nous réveille pour nous rendre attentifs à Dieu (cf. Leclercq, ibid., p. 35). Mais elle nous rend aussi attentifs les uns aux autres. La Parole ne conduit pas uniquement sur la voie d’une mystique individuelle, mais elle nous introduit dans la communauté de tous ceux qui cheminent dans la foi. C’est pourquoi il faut non seulement réfléchir sur la Parole, mais également la lire de façon juste. Tout comme à l’école rabbinique, chez les moines, la lecture accomplie par l’un d’eux est également un acte corporel. « Le plus souvent, quand legere et lectio sont employés sans spécification, ils désignent une activité qui, comme le chant et l’écriture, occupe tout le corps et tout l’esprit », dit à ce propos Dom Leclercq (ibid., p. 21).


Il y a encore un autre pas à faire. La Parole de Dieu elle-même nous introduit dans un dialogue avec Lui. Le Dieu qui parle dans la Bible nous enseigne comment nous pouvons Lui parler. En particulier, dans le Livre des Psaumes, il nous donne les mots avec lesquels nous pouvons nous adresser à Lui. Dans ce dialogue, nous Lui présentons notre vie, avec ses hauts et ses bas, et nous la transformons en un mouvement vers Lui. Les Psaumes contiennent en plusieurs endroits des instructions sur la façon dont ils doivent être chantés et accompagnés par des instruments musicaux. Pour prier sur la base de la Parole de Dieu, la seule labialisation ne suffit pas, la musique est nécessaire. Deux chants de la liturgie chrétienne dérivent de textes bibliques qui les placent sur les lèvres des Anges : le Gloria qui est chanté une première fois par les Anges à la naissance de Jésus, et le Sanctus qui, selon Isaïe 6, est l’acclamation des Séraphins qui se tiennent dans la proximité immédiate de Dieu. Sous ce jour, la Liturgie chrétienne est une invitation à chanter avec les anges et à donner à la parole sa plus haute fonction. À ce sujet, écoutons encore une fois Jean Leclercq : « Les moines devaient trouver des accents qui traduisent le consentement de l’homme racheté aux mystères qu’il célèbre : les quelques chapiteaux de Cluny qui nous aient été conservés montrent les symboles christologiques des divers tons du chant » (cf. ibid., p. 229).
Pour saint Benoît, la règle déterminante de la prière et du chant des moines est la parole du Psaume : Coram angelis psallam Tibi, Domine – en présence des anges, je veux te chanter, Seigneur (cf. 138, 1). Se trouve ici exprimée la conscience de chanter, dans la prière communautaire, en présence de toute la cour céleste, et donc d’être soumis à la mesure suprême : prier et chanter pour s’unir à la musique des esprits sublimes qui étaient considérés comme les auteurs de l’harmonie du cosmos, de la musique des sphères. Les moines, par leurs prières et leurs chants, doivent correspondre à la grandeur de la Parole qui leur est confiée, à son impératif de réelle beauté. De cette exigence capitale de parler avec Dieu et de Le chanter avec les mots qu’Il a Lui-même donnés est née la grande musique occidentale. Ce n’était pas là l’œuvre d’une « créativité » personnelle où l’individu, prenant comme critère essentiel la représentation de son propre moi, s’érige un monument à lui-même. Il s’agissait plutôt de reconnaître attentivement avec les « oreilles du cœur » les lois constitutives de l’harmonie musicale de la création, les formes essentielles de la musique émise par le Créateur dans le monde et en l’homme, et d’inventer une musique digne de Dieu qui soit, en même temps, authentiquement digne de l’homme et qui proclame hautement cette dignité.
Enfin, pour s’efforcer de saisir cette culture monastique occidentale de la parole, qui s’est développée à partir de la quête intérieure de Dieu, il faut au moins faire une brève allusion à la particularité du Livre ou des Livres par lesquels cette Parole est parvenue jusqu’aux moines. Vue sous un aspect purement historique ou littéraire, la Bible n’est pas un simple livre, mais un recueil de textes littéraires dont la rédaction s’étend sur plus d’un millénaire et dont les différents livres ne sont pas facilement repérables comme constituant un corpus unifié. Au contraire, des tensions visibles existent entre eux. C’est déjà le cas dans la Bible d’Israël, que nous, chrétiens, appelons l’Ancien Testament. Ça l’est plus encore quand nous, chrétiens, lions le Nouveau Testament et ses écrits à la Bible d’Israël en l’interprétant comme chemin vers le Christ. Avec raison, dans le Nouveau Testament, la Bible n’est pas de façon habituelle appelée « l’Écriture » mais « les Écritures » qui, cependant, seront ensuite considérées dans leur ensemble comme l’unique Parole de Dieu qui nous est adressée. Ce pluriel souligne déjà clairement que la Parole de Dieu nous parvient seulement à travers la parole humaine, à travers des paroles humaines, c’est-à-dire que Dieu nous parle seulement dans l’humanité des hommes, et à travers leurs paroles et leur histoire. Cela signifie, ensuite, que l’aspect divin de la Parole et des paroles n’est pas immédiatement perceptible. Pour le dire de façon moderne : l’unité des livres bibliques et le caractère divin de leurs paroles ne sont pas saisissables d’un point de vue purement historique. L’élément historique se présente dans le multiple et l’humain. Ce qui explique la formulation d’un distique médiéval qui, à première vue, apparaît déconcertant : Littera gesta docet – quid credas allegoria… (cf. Augustin de Dacie, Rotulus pugillaris, I). La lettre enseigne les faits ; l’allégorie ce qu’il faut croire, c’est-à-dire l’interprétation christologique et pneumatique.


Nous pouvons exprimer tout cela d’une manière plus simple : l’Écriture a besoin de l’interprétation, et elle a besoin de la communauté où elle s’est formée et où elle est vécue. En elle seulement, elle a son unité et, en elle, se révèle le sens qui unifie le tout. Dit sous une autre forme : il existe des dimensions du sens de la Parole et des paroles qui se découvrent uniquement dans la communion vécue de cette Parole qui crée l’histoire. À travers la perception croissante de la pluralité de ses sens, la Parole n’est pas dévalorisée, mais elle apparaît, au contraire, dans toute sa grandeur et sa dignité. C’est pourquoi le Catéchisme de l’Église catholique peut affirmer avec raison que le christianisme n’est pas au sens classique seulement une religion du livre (cf. n. 108). Le christianisme perçoit dans les paroles la Parole, le Logos lui-même, qui déploie son mystère à travers cette multiplicité. Cette structure particulière de la Bible est un défi toujours nouveau posé à chaque génération. Selon sa nature, elle exclut tout ce qu’on appelle aujourd’hui « fondamentalisme ». La Parole de Dieu, en effet, n’est jamais simplement présente dans la seule littéralité du texte. Pour l’atteindre, il faut un dépassement et un processus de compréhension qui se laisse guider par le mouvement intérieur de l’ensemble des textes et, à partir de là, doit devenir également un processus vital. Ce n’est que dans l’unité dynamique de leur ensemble que les nombreux livres ne forment qu’un Livre. La Parole de Dieu et Son action dans le monde se révèlent dans la parole et dans l’histoire humaines.


Le caractère crucial de ce thème est éclairé par les écrits de saint Paul. Il a exprimé de manière radicale ce que signifient le dépassement de la lettre et sa compréhension holistique, dans la phrase : « La lettre tue, mais l’Esprit donne la vie » (2 Co 3, 6). Et encore : « Là où est l’Esprit…, là est la liberté » (2 Co 3, 17). Toutefois, la grandeur et l’ampleur de cette perception de la Parole biblique ne peut se comprendre que si l’on écoute saint Paul jusqu’au bout, en apprenant que cet Esprit libérateur a un nom et que, de ce fait, la liberté a une mesure intérieure : « Le Seigneur, c’est l’Esprit, et là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté » (2 Co 3, 17). L’Esprit qui rend libre ne se laisse pas réduire à l’idée ou à la vision personnelle de celui qui interprète. L’Esprit est Christ, et le Christ est le Seigneur qui nous montre le chemin. Avec cette parole sur l’Esprit et sur la liberté, un vaste horizon s’ouvre, mais en même temps, une limite claire est mise à l’arbitraire et à la subjectivité, limite qui oblige fortement l’individu tout comme la communauté et noue un lien supérieur à celui de la lettre du texte : le lien de l’intelligence et de l’amour. Cette tension entre le lien et la liberté, qui va bien au-delà du problème littéraire de l’interprétation de l’Écriture, a déterminé aussi la pensée et l’œuvre du monachisme et a profondément modelé la culture occidentale. Cette tension se présente à nouveau à notre génération comme un défi face aux deux pôles que sont, d’un côté, l’arbitraire subjectif, de l’autre, le fanatisme fondamentaliste. Si la culture européenne d’aujourd’hui comprenait désormais la liberté comme l’absence totale de liens, cela serait fatal et favoriserait inévitablement le fanatisme et l’arbitraire. L’absence de liens et l’arbitraire ne sont pas la liberté, mais sa destruction.
En considérant « l’école du service du Seigneur » – comme Benoît appelait le monachisme –, nous avons jusque-là porté notre attention prioritairement sur son orientation vers la parole, vers l’« ora ». Et, de fait, c’est à partir de là que se détermine l’ensemble de la vie monastique. Mais notre réflexion resterait incomplète si nous ne fixions pas aussi notre regard, au moins brièvement, sur la deuxième composante du monachisme, désignée par le terme « labora ». Dans le monde grec, le travail physique était considéré comme l’œuvre des esclaves. Le sage, l’homme vraiment libre, se consacrait uniquement aux choses de l’esprit ; il abandonnait le travail physique, considéré comme une réalité inférieure, à ces hommes qui n’étaient pas supposés atteindre cette existence supérieure, celle de l’esprit. La tradition juive était très différente : tous les grands rabbins exerçaient parallèlement un métier artisanal. Paul, comme rabbi puis comme héraut de l’Évangile aux Gentils, était un fabricant de tentes et il gagnait sa vie par le travail de ses mains. Il n’était pas une exception, mais il se situait dans la tradition commune du rabbinisme. Le monachisme chrétien a accueilli cette tradition : le travail manuel en est un élément constitutif. Dans sa Regula, Benoît ne parle pas au sens strict de l’école, même si l’enseignement et l’apprentissage – comme nous l’avons vu – étaient acquis dans les faits ; en revanche, il parle explicitement du travail (cf. chap. 48). Augustin avait fait de même en consacrant au travail des moines un livre particulier. Les chrétiens, s’inscrivant dans la tradition pratiquée depuis longtemps par le judaïsme, devaient, en outre, se sentir interpellés par la parole de Jésus dans l’Évangile de Jean, où il défendait son action le jour du shabbat : « Mon Père (…) est toujours à l’œuvre, et moi aussi je suis à l’œuvre » (5, 17). Le monde gréco-romain ne connaissait aucun Dieu Créateur. La divinité suprême selon leur vision ne pouvait pas, pour ainsi dire, se salir les mains par la création de la matière. L’« ordonnancement » du monde était le fait du démiurge, une divinité subordonnée. Le Dieu de la Bible est bien différent : Lui, l’Un, le Dieu vivant et vrai, est également le Créateur. Dieu travaille, Il continue d’œuvrer dans et sur l’histoire des hommes. Et dans le Christ, Il entre comme Personne dans l’enfantement laborieux de l’histoire. « Mon Père est toujours à l’œuvre et moi aussi je suis à l’œuvre. » Dieu Lui-même est le Créateur du monde, et la création n’est pas encore achevée. Dieu travaille ! C’est ainsi que le travail des hommes devait apparaître comme une expression particulière de leur ressemblance avec Dieu qui rend l’homme participant à l’œuvre créatrice de Dieu dans le monde. Sans cette culture du travail qui, avec la culture de la parole, constitue le monachisme, le développement de l’Europe, son ethos et sa conception du monde sont impensables. L’originalité de cet ethos devrait cependant faire comprendre que le travail et la détermination de l’histoire par l’homme sont une collaboration avec le Créateur, qui ont en Lui leur mesure. Là où cette mesure vient à manquer et là où l’homme s’élève lui-même au rang de créateur déiforme, la transformation du monde peut facilement aboutir à sa destruction.


Nous sommes partis de l’observation que, dans l’effondrement de l’ordre ancien et des antiques certitudes, l’attitude de fond des moines était le quaerere Deum – se mettre à la recherche de Dieu. C’est là, pourrions-nous dire, l’attitude vraiment philosophique : regarder au-delà des réalités pénultièmes et se mettre à la recherche des réalités ultimes qui sont vraies. Celui qui devenait moine s’engageait sur un chemin élevé et long, il était néanmoins déjà en possession de la direction : la Parole de la Bible dans laquelle il écoutait Dieu parler. Dès lors, il devait s’efforcer de Le comprendre pour pouvoir aller à Lui. Ainsi, le cheminement des moines, tout en restant impossible à évaluer dans sa progression, s’effectuait au cœur de la Parole reçue. La quête des moines comprend déjà en soi, dans une certaine mesure, sa résolution. Pour que cette recherche soit possible, il est nécessaire qu’il existe dans un premier temps un mouvement intérieur qui suscite non seulement la volonté de chercher, mais qui rende aussi crédible le fait que dans cette Parole se trouve un chemin de vie, un chemin de vie sur lequel Dieu va à la rencontre de l’homme pour lui permettre de venir à Sa rencontre. En d’autres termes, l’annonce de la Parole est nécessaire. Elle s’adresse à l’homme et forge en lui une conviction qui peut devenir vie. Afin que s’ouvre un chemin au cœur de la parole biblique en tant que Parole de Dieu, cette même Parole doit d’abord être annoncée ouvertement. L’expression classique de la nécessité pour la foi chrétienne de se rendre communicable aux autres se résume dans une phrase de la Première Lettre de Pierre, que la théologie médiévale regardait comme le fondement biblique du travail des théologiens : « Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte (logos) de l’espérance qui est en vous » (3, 15). (Logos doit devenir apo-logie, la Parole doit devenir réponse). De fait, les chrétiens de l’Église naissante ne considéraient pas leur annonce missionnaire comme une propagande qui devait servir à augmenter l’importance de leur groupe, mais comme une nécessité intrinsèque qui dérivait de la nature de leur foi. Le Dieu en qui ils croyaient était le Dieu de tous, le Dieu Un et Vrai qui s’était fait connaître au cours de l’histoire d’Israël et, finalement, à travers son Fils, apportant ainsi la réponse qui concernait tous les hommes et que, au plus profond d’eux-mêmes, tous attendent. L’universalité de Dieu et l’universalité de la raison ouverte à Lui constituaient pour eux la motivation et, à la fois, le devoir de l’annonce. Pour eux, la foi ne dépendait pas des habitudes culturelles, qui sont diverses selon les peuples, mais relevait du domaine de la vérité qui concerne, de manière égale, tous les hommes.
Le schéma fondamental de l’annonce chrétienne ad extra – aux hommes qui, par leurs questionnements, sont en recherche – se dessine dans le discours de saint Paul à l’Aréopage. N’oublions pas qu’à cette époque, l’Aréopage n’était pas une sorte d’académie où les esprits les plus savants se rencontraient pour discuter sur les sujets les plus élevés, mais un tribunal qui était compétent en matière de religion et qui devait s’opposer à l’intrusion de religions étrangères. C’est précisément ce dont on accuse Paul : « On dirait un prêcheur de divinités étrangères » (Ac 17, 18). Ce à quoi Paul réplique : « J’ai trouvé chez vous un autel portant cette inscription : “Au dieu inconnu”. Or, ce que vous vénérez sans le connaître, je viens vous l’annoncer » (cf. 17, 23). Paul n’annonce pas des dieux inconnus. Il annonce Celui que les hommes ignorent et pourtant connaissent : l’Inconnu-Connu. C’est Celui qu’ils cherchent, et dont, au fond, ils ont connaissance et qui est cependant l’Inconnu et l’Inconnaissable. Au plus profond, la pensée et le sentiment humains savent de quelque manière que Dieu doit exister et qu’à l’origine de toutes choses, il doit y avoir non pas l’irrationalité, mais la Raison créatrice, non pas le hasard aveugle, mais la liberté. Toutefois, bien que tous les hommes le sachent d’une certaine façon – comme Paul le souligne dans la Lettre aux Romains (1, 21) – cette connaissance demeure ambiguë : un Dieu seulement pensé et élaboré par l’esprit humain n’est pas le vrai Dieu. Si Lui ne se montre pas, quoi que nous fassions, nous ne parvenons pas pleinement jusqu’à Lui. La nouveauté de l’annonce chrétienne c’est la possibilité de dire maintenant à tous les peuples : Il s’est montré, Lui personnellement. Et à présent, le chemin qui mène à Lui est ouvert. La nouveauté de l’annonce chrétienne réside en un fait : Dieu s’est révélé. Ce n’est pas un fait nu mais un fait qui, lui-même, est Logos – présence de la Raison éternelle dans notre chair. Verbum caro factum est (Jn 1, 14) : il en est vraiment ainsi en réalité, à présent, le Logos est là, le Logos est présent au milieu de nous. C’est un fait rationnel. Cependant, l’humilité de la raison sera toujours nécessaire pour pouvoir l’accueillir. Il faut l’humilité de l’homme pour répondre à l’humilité de Dieu.


Sous de nombreux aspects, la situation actuelle est différente de celle que Paul a rencontrée à Athènes, mais, tout en étant différente, elle est aussi, en de nombreux points, très analogue. Nos villes ne sont plus remplies d’autels et d’images représentant de multiples divinités. Pour beaucoup, Dieu est vraiment devenu le grand Inconnu. Malgré tout, comme jadis où derrière les nombreuses représentations des dieux était cachée et présente la question du Dieu inconnu, de même, aujourd’hui, l’actuelle absence de Dieu est aussi tacitement hantée par la question qui Le concerne. Quaerere Deum – chercher Dieu et se laisser trouver par Lui : cela n’est pas moins nécessaire aujourd’hui que par le passé. Une culture purement positiviste, qui renverrait dans le domaine subjectif, comme non scientifique, la question concernant Dieu, serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses possibilités les plus élevées et donc un échec de l’humanisme, dont les conséquences ne pourraient être que graves. Ce qui a fondé la culture de l’Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à L’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable.
Merci beaucoup.

 

 

 

 

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Propos du Pape dans l'avion au sujet du Motu Proprio

 

Que dites-vous à ceux qui, en France, craignent que le Motu proprio ‘Summorum pontificum’ marque un retour en arrière sur les grandes intuitions du Concile Vatican II ?


" C’est une peur infondée parce que ce Motu proprio est simplement un acte de tolérance, dans un but pastoral pour des personnes qui ont été formées dans cette liturgie, l’aiment, la connaissent, et veulent vivre avec cette liturgie. C’est un petit groupe parce que cela suppose une formation en latin, une formation dans une certaine culture. Mais il me semble que c’est exigence normale de la foi et de pastorale pour un évêque de notre Eglise d’avoir de l’amour et de la tolérance pour ces personnes et de leur permettre de vivre avec cette liturgie. Il n’y a aucune opposition entre la liturgie renouvelée par le Concile Vatican II et cette liturgie. Chaque jour (du Concile, ndlr), les pères conciliaires ont célébré la messe selon l’ancien rite et, en même temps, ils ont conçu un développement naturel pour la liturgie dans tout ce siècle car la liturgie est une réalité vivante qui se développe et conserve dans son développement son identité. Il y a donc certainement des accents différents, mais quand même une identité fondamentale qui exclue une contradiction, une opposition entre la liturgie renouvelée et la liturgie précédente. Je pense quand même qu’il y a une possibilité d’un enrichissement des deux parties. D’un côté les amis de l’ancienne liturgie peuvent et doivent connaître les nouveaux saints, les nouvelles préfaces de la liturgie, etc… d’autre part, la liturgie nouvelle souligne plus la participation commune mais, toujours, n’est pas seulement l’assemblée d’une seule communauté mais un acte de l’Eglise universelle, en communion avec tous les croyants de tous les temps, et un acte d’adoration. Dans ce sens, il me semble qu’il y a un enrichissement réciproque et il est clair que la liturgie renouvelée est la liturgie ordinaire de notre temps".



 

 

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Dossier

Un pape, un blog

Discours du Pape aux vêpres de Notre-Dame devant le clergé et les consacrés

Discours du Pape à l'Elysée

 


Vidéo I

Vidéo II

 

 

 

Commentaires

 


I La Croix.fr

II Odon Valet : Un discours qui ne fera pas date

 

Pour Odon Vallet, spécialiste français des religions, "ce discours extrêmement complexe ne comporte aucune provocation, ni sur le thème de la laïcité, ni sur celui de la liturgie. Il n'est pas destiné à faire date dans la pensée du pape, mais, en revanche, il fera date dans l'histoire du centre des Bernardins [...]." Selon l'historien, ce discours appelle trois remarques : "Primo, il concerne la culture européenne et le monachisme occidental communautaire et, donc, semble exclure le monachisme oriental qui est un monachisme d'ermite dans le désert. Il s'agit d'une référence au monachisme de Saint-Benoît, père de l'Europe. Le problème est de savoir dans quelle mesure cette tradition de Saint-Benoît, éminemment respectable, peut résumer à elle seule le développement de la culture chrétienne. Secundo, le pape évoque les anges qui chantent. Combien de chrétiens croient encore aujourd'hui que les anges et les séraphins auraient des cordes vocales pour se faire entendre ? Donner une voix humaine aux anges semble être une interprétation dépassée de la Bible. Tertio, le pape rejette à la fois une lecture littérale de la Bible et ce qu'il appelle une lecture arbitraire. Comment respecter la liberté des théologiens sans mettre en cause l'unité de l'Eglise ? C'est l'éternel problème de l'interprétation de la Bible." Enfin, pour le spécialiste, le risque serait de donner à ce discours "une portée plus générale et d'exclure toute autre pensée chrétienne que celle des moines de Saint-Bernard."

Paru dans l'édition du Dauphiné Libéré 38H du 13/09/2008 (91115)

 

 

 

 

 

23:17 Publié dans Benoît XVI | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : famille, france, musique, peinture, sarkosy | |  Imprimer | |  del.icio.us | Digg! Digg |  Facebook | | | | Pin it! |