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dimanche, 06 avril 2008

Dimanche du Bon Pasteur

 

 

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 Misericordia Domini plena est terra, alleluja :
 
verbo Domini caeli firmati sunt, alleluja, alleluja.
 
(Psaume 32, 5-6)

La terre est remplie de la Miséricorde du Seigneur, alléluia ;
 
par le Verbe du Seigneur, les cieux ont été affermis. Alléluia, alléluia.

 
 
Exsultate, justi, in Domino : rectos decet collaudatio. Gloria Patri. (Ps)

Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur ; c’est aux cœurs droits qu’Il sied de chanter ses louanges. Gloire au Père.

 

 

 

 

 

Le bon pasteur doit d’abord connaître ses brebis et se faire connaître d’elles, créer les relations qui établissent l’accord et la mutuelle pénétration ; la connaissance qui en procède est un amour, et elle n’est une connaissance que parce qu’elle est un amour. La voix qu’entendent les brebis quand le berger les appelle nommément est une voix qui part du cœur et qui va au cœur ; c’est pourquoi elles répondent. Elles savent que celui qui les appelle veut leur bien ; elles le savent parce qu’il a l’habitude de le leur procurer ; elles ont l’expérience de sa bonté pour elles ; et le son qu’elles entendent, quand sa voix retentit, est lié à cette expérience. Intérieurement, elles voient une porte qui s’ouvre, une silhouette humaine qui se dresse devant elles, le mouvement calme, lent, adapté à leur pas, qui les conduit et qui s’arrête dans les bons pâturages, l’herbe épaisse, tendre, qui leur offre sa substance vivifiante, tout leur corps refait, leurs forces reconstituées, se développant, leur sécurité assurée, et le soir le même mouvement, la même ombre, la même porte et le repos dans la bergerie.


Elles savent que s’il les approche c’est pour les caresser ou les panser, que sa vie leur appartient, qu’il ne veut que le déploiement de la leur : « Pour qu’elles aient la vie, et une vie abondante. »

Le bon pasteur, dans ces cas ordinaires, les garde la nuit du voleur en les ramenant à la bergerie close et gardée, dont il est la porte, dont le portier le représente et tient la place, - et le jour du loup en se tenant en avant, en les tenant groupées et en les défendant activement s’il y a lieu.

« Ego sum pastor bonus. » Jésus est le bon Pasteur ; il ne s’oppose pas seulement aux ennemis qui veulent tuer et perdre les brebis ; il les garde des pasteurs qui ne sont que mercenaires et qui ne songent qu’à eux-mêmes. Pour ceux-là, l’intérêt des brebis ne compte pas, mais le leur. Ils les conduisent volontiers aux pâturages ; il les gardent s’il n’y a pas de danger ; mais ils ne s’exposent pas pour elles. Ils les connaissent, mais ils ne les aiment pas ; ils ne sont pas pasteurs ; ils ne sont pas bons pasteurs.

Le trait distinctif qui marque le bon pasteur, qui le fait reconnaître entre tous, c’est l’amour jusqu’au don de soi : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. »

Ce trait dérive de la connaissance très spéciale qui le caractérise, et il la produit. Il connaît parce qu’il aime, dans la mesure où il aime, et il aime parce qu’il connaît. L’esprit qui l’anime est un amour qui donne à la connaissance de pénétrer son objet, et à l’objet de reproduire cet amour et cette connaissance. C’est pourquoi le bon pasteur marche en tête du troupeau. Il se montre et il indique le chemin en le faisant le premier. Les brebis n’ont qu’à suivre, à faire ce qu’il fait, à se rendre où il veut.

Le rapport est donc un rapport mutuel : « Cognosco meas, et cognoscunt me meae. Je les connais et elles me connaissent. » Il y a deux termes : « me », « meae », mais il n’y a qu’une seule connaissance qui part du pasteur et va aux brebis, qui se communique de celui-là à celles-ci, qui les anime du même mouvement, qui fait que le troupeau et le pasteur ne font qu’un.

Cette unité ne fait elle-même que reproduire une unité plus vaste, dans laquelle elle s’insère comme pour la prolonger et compléter. C’est l’unité que Jésus chante et prêche et révèle en tous ses entretiens, qui en fait la trame, et qui est le fond de son Evangile : c’est sa propre unité avec son Père.

Les rapports entre le bon pasteur et ses brebis sont constitués sur ce modèle. Le bon pasteur connaît ses brebis comme son Père le connaît, et ses brebis doivent le connaître comme il connaît son Père : c’est donc une connaissance qui communique une forme et qui assimile. Les brebis doivent être l’expression du Verbe, comme le Verbe exprime le Père. Le Verbe doit se prononcer en elles, et elles doivent répéter ce mot, réfléchir ses traits.

Le Verbe incarné donne sa vie pour elles, parce qu’il voit le Père donner lui-même sa vie qui est son Fils… et les brebis à leur tour doivent se donner à lui comme il se donne à elles : Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme mon Père me connaît et que je connais mon Père, et je donne ma vie pour mes brebis. »

 

 

 

Dom Augustin Guillerand

 

 

 

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 Source


 Salve Regina

 

 Illustration

 

 Décor de mosaïque du mausolée de Galla Placidia (le Bon Pasteur)

Ravenne 

Ecole du Louvre: site iconographique 

 

 

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samedi, 22 mars 2008

Samedi Saint

 
 
 
 
 
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"On me compte parmi les morts qui descendent à la fosse.
Je suis un homme sans force, couché parmi les morts.
On m'a mis dans la fosse profonde,
dans les ténèbres, dans l'abime."
 
 
( Psaume 87 ; Office des Ténèbres du Samedi Saint )
 
 
 
 
 
 
 
Commentaire de Dom Gueranger sur l'office du jour 
 
 

La nuit a passé sur le sépulcre où repose le corps de l'Homme-Dieu. Mais si la mort triomphe au fond de cette grotte silencieuse, si elle tient dans ses liens celui qui donne la vie à tous les êtres, son triomphe sera court. Les soldats ont beau veiller à l'entrée du tombeau, ils ne retiendront pas le divin captif, quand il prendra son essor. Les saints Anges adorent, dans un respect profond, le corps inanimé de celui dont le sang va « pacifier le ciel et la terre ». Ce corps séparé de l'âme pour un court intervalle est demeuré uni au Verbe divin ; l'âme qui a cessé un moment de l'animer, n'a point non plus perdu son union avec la personne du Fils de Dieu. La divinité reste unie même au sang épanché sur le Calvaire, et qui doit rentrer dans les veines de l'Homme-Dieu, au moment de sa prochaine résurrection.


Nous aussi, approchons de ce tombeau, et vénérons à notre tour la froide dépouille du Fils de Dieu. Nous comprenons maintenant les effets du péché. « C'est par le péché que la mort est entrée dans le monde et qu'elle a passé dans tous les hommes. » Jésus, « qui n'a point connu le péché», a cependant permis à la mort d'étendre jusque sur lui son empire, afin d'en diminuer pour nous les horreurs et de nous rendre, en ressuscitant, cette immortalité que le péché nous avait ravie. Adorons dans toute notre reconnaissance ce dernier anéantissement du Fils de Dieu. Il avait daigné, dans son incarnation, prendre « la forme d'esclave » ; en ce moment, il est descendu plus bas encore. Le voilà sans vie et glacé dans un tombeau ! Si ce spectacle nous révèle l'affreux pouvoir de la mort, il nous montre bien plus encore l'immense et incompréhensible amour de Dieu pour l'homme. Cet amour n'a reculé devant aucun excès; et nous pouvons dire que si le Fils de Dieu s'est abaissé outre mesure, nous avons été d'autant plus glorifiés par ses abaissements. Qu'elle nous soit donc chère cette tombe sacrée qui doit nous enfanter à la vie; et après avoir rendu grâces au Fils de Dieu de ce qu'il a daigné mourir pour nous sur la Croix, remercions-le aussi d'avoir accepté pour nous l'humiliation du sépulcre.


Descendons maintenant dans Jérusalem, et visitons humblement la Mère des douleurs. La nuit aussi a passé sur son cœur affligé ; et les scènes lamentables de la journée n'ont cessé d'assiéger sa mémoire. Le fils de sa tendresse a été foulé sous les pieds des hommes, elle a vu couler son sang par torrents; et maintenant il est dans le tombeau, comme le dernier des mortels ! Que de larmes a versées déjà la fille de David durant ces longues heures ; et son fils ne lui est pas rendu encore ! Près d'elle, Madeleine, toute brisée des secousses qu'elle a ressenties dans les rues de Jérusalem et sur le Calvaire, éclate en sanglots, muette de douleur. Elle aspire au lever du jour suivant pour retourner au tombeau, et revoir les restes de son cher maître. Les autres femmes, moins aimées que Madeleine, mais cependant chères à Jésus, elles qui ont bravé les Juifs et les soldats pour l'assister jusqu'à la fin, entourent avec discrétion l'inconsolable mère, et songent aussi à soulager leur propre douleur, en allant avec Madeleine lorsque le Sabbat sera écoulé, de poser dans le sépulcre le tribut de leur amour et de leurs parfums.


Jean, le fils d'adoption, le bien-aimé de Jésus, pleure sur le Fils et sur la mère. D'autres apôtres, des disciples, Joseph d'Arimathie, Nicodème, visitent tour à tour cette maison de deuil. Pierre, dans l'humilité de son repentir, n'a pas craint de reparaître aux regards de la Mère de miséricorde. On s'entretient à voix basse du supplice de Jésus, de l'ingratitude de Jérusalem. La sainte Eglise, dans l'Office de cette nuit, nous suggère quelques traits des entretiens de ces hommes qu'une si terrible catastrophe a ébranlés jusqu'au fond de l'âme. « C'est donc ainsi, disent-ils, que meurt le juste, et personne ne s'en émeut! Il a disparu devant l'iniquité; semblable à l'agneau, il n'a pas ouvert la bouche; il a été enlevé au milieu des angoisses ; mais son souvenir est un souvenir de paix


Ainsi parlent ces hommes fidèles, pendant que les femmes, en proie à leur douleur, songent aux soins des funérailles. La sainteté, la bonté, la puissance, les douleurs et la mort de Jésus, tout est présent à leur pensée ; mais sa résurrection qu'il a annoncée et qui ne doit pas tarder, ne leur revient pas en souvenir. Marie seule vit dans cette attente certaine. L'Esprit-Saint dit de la femme forte : « Durant la nuit, sa lampe ne s'éteint jamais» ; cette parole s'accomplit aujourd'hui en la Mère de Jésus. Son cœur ne succombe pas, parce qu'elle sait que bientôt la tombe doit rendre son fils à la vie. La foi de la résurrection du Sauveur, cette foi sans laquelle, comme dit l'Apôtre, notre religion serait vaine, est, pour ainsi dire, concentrée dans l’âme de Marie. La Mère de la Sagesse conserve ce dépôt précieux; et de même qu'elle a tenu dans ses chastes flancs celui que le ciel et la terre ne peuvent contenir, ainsi aujourd'hui, par sa croyance ferme et constante aux paroles de son fils, elle résume en elle-même toute l'Eglise. Sublime journée du Samedi qui, au milieu de toutes ses tristesses, vient encore ajouter aux grandeurs de Marie ! La sainte Eglise en garde à jamais le souvenir; et c'est pour cela que, désirant consacrer à sa grande Reine un jour spécial chaque semaine, elle lui a dédie pour toujours le Samedi.
Mais l'heure est venue de se rendre à la maison de Dieu. Les cloches ne retentiront pas encore ; mais les mystères de la sainte Liturgie qui doivent remplir cette matinée n'en appellent pas moins les fidèles aux plus touchantes émotions. Conservons le souvenir de celles que nous venons de ressentir au sépulcre et aux pieds de la Mère des douleurs, et disposons nos âmes aux saintes jouissances que la foi nous prépare.

 

 

 

 

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Illustration 

 Hans Holbein dit le jeune,
Le Christ mort, 1521,
Bâle, Kunstmuseum, Öffentliche Kunstsammlung.

 

 

 

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08:24 Publié dans Fête, Méditation | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : mode, histoire, municipales, aujourd-hui-autrement, sida, cinéma | |  Imprimer | |  del.icio.us | Digg! Digg |  Facebook | | | | Pin it! |

vendredi, 21 mars 2008

Vendredi Saint

 
 
 
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Passion et Mort de Notre Seigneur
 
Lamentations sur la mort de Jésus 
 
 
 
 Saint Bernard
 
 
 
 
1. Qui me consolera, Seigneur Jésus-Christ, de vous avoir vu suspendu à la croix, couvert de plaies, pâle comme un cadavre, sans avoir éprouvé de compassion pour vos souffrances, sans avoir rendu à votre mort le devoir que je devais, sans avoir adouci de mes larmes au moins les meurtrissures de vos plaies? Comment m'avez-vous quitté sans me saluer, lorsque, éclatant de beauté dans votre tunique, roi de gloire, vous êtes rentré dans les hauteurs des cieux? Mon âme refuse absolument toute consolation? Malheureux que je suis, moi l'un des tristes fils d'Ève éloignés de Dieu ! que fera, Seigneur très-haut, cet exilé dans une contrée si lointaine? Malheur à moi, Seigneur, malheur à mon âme, vous son consolateur, vous êtes parti sans me saluer! Que dirai-je, que ferai-je, où irai-je , où vous chercherai-je, mon Seigneur? Où vous trouverai-je ? qui interrogerai-je ? Qui annoncera à mon bien-aimé que je languis d'amour? Mon âme a refusé d'être consolée, si je ne portais ma pensée sur vous, ô ma sainte douceur, et sur le baiser que donne votre bouche. O bon Jésus, vous n'avez pas eu horreur d'une bête cruelle. Vous avez doucement appliqué votre bouche qui ne connut jamais la ruse, sur une bouche pleine de méchanceté. Qui entendrait dire sans gémir comment à cette heure, des homicides portèrent les mains sur vous, et liant vos mains innocentes, ô bon Jésus, vous traînèrent à la boucherie comme un malfaiteur, vous agneau plein de mansuétudes, qui gardiez le silence? même alors, le miel de votre douceur ne cessa point, ô Christ, de couler sur vos ennemis, car vous guérites en la touchant l'oreille de votre ennemi qu'un de vos disciples avait mutilée.

2. Examine, ô mon âme, quel est ce personnage qui porte comme l'image d'un roi et qui est néanmoins rempli de confusion, comme le plus vil des esclaves. Il porte la couronne, mais cette couronne est un supplice; par mille épines elle a blessé sa tête éclatante de beauté. Il est revêtu de la pourpre royale, mais cette pourpre sert à le faire mépriser bien plutôt qu'à le faire honorer. Il porte le sceptre à la main, mais on en frappe son chef vénérable, on l'adore en fléchissant les genoux devant lui, et on le proclame roi, et, soudain, on déchire par d'affreuses injures son aimable visage. On l'ébranle à coups de poings, et on souille son cou sacré. Il est contraint de fléchir sous le poids de sa croix, et il reçoit ordre de porter sa propre ignominie. O mon âme, fonds-toi au feu de la compassion sur les douleurs de cet aimable jeune homme que tu vois livré avec une si grande douceur à des tourments si horribles. Quel est-il ce personnage à qui le ciel et la terre montrent de la sympathie? Connais-le, mon âme. C'est le plus beau des enfants des hommes, et le plus beau des anges si nombreux, il est devenu le plus laid des enfants des hommes. « Parce que nous l'avons vu le dernier des hommes, n'ayant ni éclat ni beauté (Isa. LIII. 3). » Regardez, Seigneur, Père saint, voici la voix du sang de Jésus-Christ, mon frère, qui crie vers vous de la terre, c'est-à-dire de la croix. Regardez votre tendre Fils ayant tout le corps. étendu sur ce gibet. Contemplez ses mains innocentes, dégoûtant de, sang, et pardonnez-moi les. iniquités que .mes mains ont commises. Considérez le côté de votre fils, ouvert par une lance, et renouvelez-moi par la fontaine sacrée que j'en crois être sortie. Voyez ses pieds immaculés, percés de deux clous et « perfectionnez ma marche dans la voie de vos commandements (Psal. XVI, 5). » Sa poitrine découverte est blanche; son côté ensanglanté, rougit; faites attention à la peine que souffre l'Homme-Dieu, et relevez de sa misère l'homme déchu. J'ai envoyé votre Fils pour être médiateur entre mon Dieu et moi, je l'ai envoyé comme mon intercesseur; par son entremise j'espère le pardon. Mon iniquité mérite une grande vengeance, mais la bonté de mon Créateur demande bien davantage le pardon et la paix. Autant Dieu l'emporte sur l'homme, autant ma malice le cède à sa bonté. Nous avons pour avocat le Seigneur Jésus-Christ: pour juge nous n'avons pas un homme cruel, un tyran redoutable, mais un tendre maître qui sait bien compatir à nos infirmités. Je sais que s'il n'était point votre Fils coéternel, ô Père saint, l'homme pécheur ne pourrait point ouvrir ses lèvres souillées, pour vous parler. Ce qui nous a donné la hardiesse de vous adresser la parole, c'est le Christ Dieu, notre prêtre qui intercède pour nous dans les cieux. J'ai confiance à un tel avocat, j'espère en sa miséricorde.

3. O Père très-aimé, quand vous verrai-je ? Quand paraîtrai je en votre présence ? Quand serai-je rassasié par la vue de votre beauté ? Quand contemplerai-je votre visage désirable, que les anges brûlent de regarder, qui remplit de joie toutes les âmes, qu'invoquent tous les riches du peuple, qu'on a souillé de crachats, frappé à coups de poings, voilé en signe de dérision, sans craindre de déchirer de coups horribles, cette .chair virginale ? Très-cher jeune homme, qu'avez-vous fait pour être tourmenté de la sorte ? C'est moi qui suis la cause de votre douleur, l'auteur de ce que l'on vous impute, et l'occasion du courroux qui s'élève contre vous, 0 amour merveilleusement ardent, déposant, pour ainsi dire, toute hauteur, affaiblissant la force, anéantissant la majesté. Pourquoi tout cela ? Pour faire d'une pauvre prostituée, une épouse sans rides et sans taches. Cette épouse, c'est l'âme humaine qui a commis la fornication avec beaucoup de dieux, parce qu'avec ses amants, elle se roulait dans la prostitution aux pieds de tout arbre couvert de feuilles verdoyantes. O prostituée! Que rendrai-je au Seigneur, pour tout ce qu'il a fait, pour moi! Malheur à l'âme qui ne vous chérit pas, qui ne vous aime pas ! Si elle chérit le monde, si elle obéit au péché, elle n'est jamais en repos, jamais en sécurité. Je vous en conjure, que sans vous rien ne me soit doux, rien ne me plaise; qu'en dehors de vous, il n'y ait rien de beau, rien de précieux qui m'attire; que tout me soit vil hormis vous; que tout ce qui s'oppose à vous me soit ennuyeux, et que votre bon plaisir soit toujours mon perpétuel désir. Je me fatigue de me réjouir sans vous, mon charme est de me réjouir et de pleurer avec vous et d'être troublé pour vous. Que votre nom soit ma force et votre souvenir ma consolation. Si mes péchés vous éloignent, si mes crimes vous chassent, votre bonté ne me repousse pas. O bon Jésus ! Votre souvenir est plus doux que le miel : penser à vous est plus doux que toute nourriture; parler de vous est une satisfaction parfaite ; vous connaître, une consolation achevée. S'attacher à vous, c'est la vie éternelle, et se séparer de vous, la mort perpétuelle. O que vous êtes élevé et humble de coeur. Faites-moi goûter, par l'amour, ce que je goûte par la connaissance; mon âme languit de la faim de votre amour, ranimez-la, que votre dilection la rassasie, que votre amour l'engraisse et la remplisse. Quel motif, autre que l'absence de Jésus-Christ, peut fréquemment faire couler mes larmes ? O bon Jésus ! s'il est si doux de pleurer à cause de vous, qu'il est agréable de se réjouir à cause de vous. J'ai connu que vous êtes tendre par nature, doux et humble de coeur, agréable à voir, et oint de l'huile de la joie, plus que tous vos compagnons. Qui ne veut pas les parfums que vous répandez, ô Christ, est mort ou corrompu. L'humanité de Jésus-Christ est toute la douceur de la terre, et son âme est tout le bonheur du paradis.

4. Avec quelle tendresse, Seigneur Jésus-Christ, vous vous êtes entretenu avec les humains : avec quelle force vous avez souffert, de la part des hommes, des traitements si indignes et si cruels. Et vous, Seigneur, vous avez souffert pour des coupables, vous êtes mort pour nos péchés, vous qui êtes venu vivifier gratuitement ceux qui étaient morts, faire vos frères de ceux qui étaient esclaves, vos cohéritiers des captifs, des rois de ceux qui étaient exilés. Mais, ô bon Jésus, qu'avez-vous produit qui puisse être plus grand et nous cause une joie plus grande, que l'excès de dévouement par lequel vous opériez le salut au milieu de notre terre, attachant nos péchés à la croix, condamnant le démon et sauvant des malheureux. Il était vraiment digne et juste que vos pleurs coulassent, et nous avons le même motif de pleurer aujourd'hui sur les enfants d'Adam. Car Dieu pleura, afin que sa passion suffit à la rédemption de tous les hommes, comme elle a servi à la rédemption d'un petit nombre. O doux Seigneur, vous offrez vos mains et vos pieds pour qu'on les perce, afin d'en faire sortir le trésor qui s'y trouve renfermé, pour qu'il demeure une source abondante de salut pour nous. O que grande est l'amertume de nos péchés! Malheur à moi ! à cause d'eux, il a fallu que le Seigneur fût blessé. Assurément, ô tendre Jésus, s'il n'avait pas occasionné une mort éternelle, il n'aurait nullement été nécessaire que vous subissiez la mort pour me faire vivre. Mais que ferai-je? Voici que vous mourez, vous, le fils du Très-Haut, pour que j'aie la vie. Et d'où vous vient une pitié si grande, une charité si immense ? Et que vous rendrai-je pour une telle mort qui m'a donné la vie ? Vous paraissez aimer davantage ma vie que votre âme, puisque vous l'avez livrée entre les mains de mes ennemis, pour me rendre l'existence, m'arracher à mes cruels ennemis, et me délivrer de la mort. Et qui suis-je moi, pour le salut de qui vous avez fait tant de choses, vous vous êtes anéanti si profondément, que vous avez chéri avec une ardeur si vive, et pour l'amour de qui vous avez pris le chair, avez souffert et êtes mort, et de la mort de la croix ? Malheur à moi, pécheur, à cause de mes iniquités ! O larmes, où vous êtes-vous cachées, où se trouve votre source ? Mouillez mes paupières, arrosez mes joues, couvrez mon visage. Malheureux ! toute créature souffre avec le Christ et se trouble à sa mort ; seul, mon coeur infortuné ne compatit pas aux angoisses de son Créateur qui meurt pour lui. Il vaudrait mieux que je ne fusse pas né que de voir mon cœur rester insensible à cette mort. O Seigneur, que vous vous êtes humilié! mais vous qui avez tant aimé mon âme, par votre mort, délivrez-moi de mes iniquités, et par votre passion faites cesser mon impiété. Par ces liens, qui ont si fortement serré vos mains, déliez les liens de mon iniquité. Que votre passion sainte et cruelle délivre de la mort éternelle mon âme qui vous est si chère. Ainsi-soit-il.
 
 
 
 
 
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 Illustration
 
Greco 
 
Le Christ portant sa Croix

Musée du Prado, Madrid

 

 

 

 

07:00 Publié dans Fête, Méditation | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voiron, tibet, jean verdon, mode, chine, euthanasie | |  Imprimer | |  del.icio.us | Digg! Digg |  Facebook | | | | Pin it! |