Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 21 novembre 2008

De l'aide pour CHRÉTIENTÉ.INFO

 

 

Vitrail_Cathédrale_Chartres_2007.JPG

 

 

 

 

Chers amis,

L’année dernière, nous avons fait appel à votre aide, et vous nous avez permis de lancer dès cet été le forum motuproprio.fr, avec le succès que l’on sait.

Aujourd’hui, nous venons, un an après, solliciter votre aide.

Trois projets immédiats :

1./ héberger nos serveurs sur une machine plus puissante, contrôlée directement par nous-mêmes...

2./ héberger sur notre propre serveur toutes les vidéos de CATHOLIQUE.TV, ainsi... nous pourrons diffuser toutes les vidéos catholiques que nous souhaitons.

3./ lancer un nouveau site... mais... chuuut... gardons le secret pour une meilleure surprise dans les semaines à venir !

Pour réussir ces trois projets, nous nous sommes fixés un objectif concret, que vous allez nous aider à atteindre : rassembler 9.000 EUROS en 9 JOURS.

Nous vous demandons donc à tous de faire un effort exceptionnel en ce début d’année.

Pour faire un don en ligne, du montant que vous souhaitez, cliquez ici :

http://tinyurl.com/2pe7kf

En 4 ans, nous avons lancé CHRETIENTE.INFO, CATHOLIQUE.TV et MOTUPROPRIO.FR et nos futurs sites sont déjà en projet... et en cours de développement.

Nous savons que vous pouvez nous aider à atteindre notre objectif.

Merci de ce que vous pourrez faire.

En union de prière.

 

 

D. Florent

 

 

Source

CHRETIENTE INFO

 

 

 

 

20:59 Publié dans Message | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, catholique, christianisme, église, foi | |  Imprimer | |  del.icio.us | Digg! Digg |  Facebook | | | | Pin it! |

jeudi, 25 septembre 2008

Les effets en France du Motu Proprio " Summorum pontificum" de Benoit XVI

 

 

 

qc85q16c.jpg


GRANDE RENCONTRE LITURGIQUE A VERSAILLES

le dimanche 28 septembre

2008 de 14h30 à 17h30

au Palais des congrès de Versailles

avec des interventions de nombreuses personnalités : religieux, journalistes, laïcs, universitaires sur le thème

 

Bilan et perspectives un an après sa mise en application

 

 

Parmi les nombreux intervenants, s'exprimeront notamment :

Le Père Michel Lelong, Père Blanc


Le Père Yvon Aybram, curé de la paroisse de Saint Cloud (diocèse de Nanterre) et vicaire épiscopal en charge de l'application du Motu proprio dans le diocèse de Nanterre


Monsieur l'Abbé Claude Barthe, écrivain et liturgiste


Monsieur l'Abbé Dominique Schubert, curé de Saint-Germain l'Auxerrois (diocèse de Paris)


Monsieur Philippe Maxence, rédacteur en chef de l'Homme Nouveau


Monsieur Daniel Hamiche, journaliste


Monsieur Luc Perrin,
Professeur à la faculté d'Histoire de Strasbourg, spécialiste de l'Histoire de l'Eglise

Ainsi que des fidèles laïcs de différents diocèses.



Venez nombreux - entrée gratuite - garderie assurée

 

 

CE QUE NOUS SOMMES

 

 

Des Fidèles catholiques, indépendants de toute communauté religieuse ou de toute association, nous demandons tout simplement l'application "large et généreuse" voulue par le Saint Père du Motu proprio dans nos paroisses.

Nous souhaitons que tous les fidèles des diocèses français puissent avoir accès aux trésors liturgiques de la forme extraordinaire du rite romain dans leurs paroisses.

Nous prions et agissons dans le respect de nos pasteurs afin que soit enfin rétablie toujours plus largement l'unité entre tous les catholiques.

C'est pourquoi, à l'initiative de groupes de demandeurs des Yvelines rejoints par d'autres demandeurs de la France entière nous avons décidé d'organiser cette rencontre afin de nous connaître et de nous enrichir mutuellement.

 

NOUS AVONS BESOIN DE VOUS !



Priez pour nos pasteurs, pour notre projet et pour l'unité des catholiques de France

Faites circuler largement cette information autour de vous

Vous pouvez aussi nous adressez-nous vos dons à l'ordre de

"Motu Proprio"

à envoyer à

"Motu proprio" 25 rue neuve Notre Dame, 78000 Versailles

(reçu fiscal sur demande).



POUR NOUS CONTACTER



Pour en savoir plus , nous aider ou nous rejoindre vous pouvez contactez notre "regroupement" des 23 groupes de familles qui demandent l'application du Motu proprio dans leurs paroisses des des Yvelines et de l'ensemble des demandes de France associées à cette démarche

Claire Le Roux : 06.71.09.58.52

Louis de Lestang
: 06.85.40.34.45

Mél : cmp78@laposte.net

 

 

 

1451523582.2.jpg

 

Source

Photo

 

 

 

 

jeudi, 17 juillet 2008

François d’Assise un homme de paix formé par la liturgie

L’histoire de François d’Assise, comme celle de tous les hommes, restera en un certain sens un mystère. Ce qui n’empêche pas de continuer à l’approfondir grâce aussi aux connaissances acquises jusqu’ici. C’est dans cette perspective que l’on est en train de reconnaître le rôle important, pour ne pas dire fondamental, de la liturgie dans la vie du saint

par Pietro Messa

 

1131613134281.jpg

 

  1. François annonce le pardon d’Assise

 

 

 

 

La considération de l’importance de la liturgie dans la vie de François

peut aider à mieux comprendre son rapport avec l’Église […].

La prière et la méditation de textes antérieurs à lui, expressions

de la vie et de la sainteté de l’Église tout au long des siècles,

devinrent pour François le lieu de communion avec l’histoire du salut


 

 

On ne peut pas ne pas reconnaître qu’en un certain sens François d’Assise, comparé à d’autres saints, a connu un sort enviable: déclaré en 1992 par le Time magazine l’un des hommes les plus représentatifs du second millénaire, étudié par des centres de recherche universitaires laïques et religieux, il a fait l’objet d’innombrables publications scientifiques, d’ouvrages de divulgation, différents films lui ont été consacrés et il a été reconnu comme une référence idéale par des personnes de cultures et de religions diverses. S’ajoute à tout cela le choix qu’a fait Jean Paul II d’Assise, la ville de saint François, pour la journée historique du 27 octobre 1986 qui a donné naissance à ce que l’on appelle l’”esprit d’Assise”, à savoir un mouvement interreligieux en faveur de la paix; le Souverain Pontife y est encore retourné les 9 et 10 janvier 1993 et, malgré les nombreuses réserves et perplexités qui se sont exprimées au sujet de l’opportunité de cette visite, le 24 janvier 2002, c’est-à-dire après les attentats terroristes du 11 septembre 2001.


      Un saint François très en honneur donc, et même si le jour de sa fête, le 4 octobre, n’est pas devenu en Italie une fête nationale, son nom est de toute façon synonyme de dialogue interculturel et interreligieux. Tout le monde sait toutefois que le succès glisse facilement dans l’outrance et le saint d’Assise n’échappe pas à la règle.
Les études franciscaines ont passé au crible les sources concernant son expérience chrétienne et d’innombrables chercheurs continuent à approfondir l’étude de ces sources pour y découvrir le visage de ce saint, au-delà de toute image hagiographique ou de toute manipulation idéologique. On a approfondi sa formation culturelle et spirituelle dans laquelle on a reconnu les strates suivantes: la culture du fils du marchand, une idéologie chevaleresque qui faisait de lui idéologiquement un chevalier, la culture courtoise qui subsista en lui après sa conversion, l’élément évangélique et même la réminiscence des vies anciennes des Pères du déserti. Après ces innombrables études, qui ont commencé avec Paul Sabatier, il semble qu’il n’y ait désormais plus rien à approfondir au sujet du frère François d’Assise, le fils du marchand Pietro di Bernardone. Mais en fait l’image la plus répandue de saint François non seulement semble outrée mais elle donne parfois l’impression d’avoir été amputée de quelque chose d’important, quand elle n’est pas victime de quelque opération idéologique au service d’autres fins. Certainement, l’histoire de François d’Assise, comme celle de tous les hommes, restera en un certain sens un mystère. Ce qui n’empêche pas de continuer à l’approfondir grâce aussi aux connaissances acquisesjusqu’ici. C’est dans cette perspective que l’on est en train de reconnaître le rôle important, pour ne pas dire fondamental, de la liturgie dans la vie du saint.
     

 

      1. UNE PÉRIODE DE RÉFORME LITURGIQUE
 
 
 
 
 
      L’époque à laquelle vécut saint François est une époque de grands changements et de grandes transformations culturelles: le développement des communes, la naissance des universités, l’incitation aux échanges commerciaux, l’apparition de nouvelles exigences religieuses qui débouchaient souvent sur l’hérésie mais aussi sur des mouvements inspirés par l’esprit de pauvreté. Tous ces aspects sont généralement pris en considération par les chercheurs les plus avisés, lorsqu’ils décrivent le cadre historique de l’histoire de François d’Assise. Mais la considération que ces années furent l’un des moments névralgiques de l’histoire de la liturgie a été presque totalement négligée. Si l’on prend en effet n’importe quel livre d’histoire de la liturgie, on peut constater qu’Innocent III commença une réforme de la liturgie de la Curie romaine dont les résultats se diffusèrent partout par l’intermédiaire, justement, des Frères mineurs, au point que cette réforme est encore aujourd’hui l’élément caractéristique de la liturgie latine de rite romain.
      Au début du XIIIe siècle existaient fondamentalement à Rome quatre types de liturgie: celle de la Curie romaine, qui résidait au Palais du Latran, celle de la basilique Saint-Jean toute proche, celle de la basilique Saint-Pierre et celle dite de l’Urbe c’est-à-dire de la ville de Rome. Innocent III, dans son programme de réforme, qui trouva sa meilleure expression au moment du Concile Latran IV de 1215, n’exclut pas la liturgie. L’un des fruits les plus prestigieux de la réforme de la liturgie fut le bréviaire. En rapprochant, intégrant, adaptant à la vie de la Curie romaine, dont les déplacements étaient fréquents, des textes qui étaient précédemment distribués dans des livres différents, Innocent III fournit un instrument maniable à ceux qui étaient souvent en voyage. Ce bréviaire, en raison précisément de sa commodité, fut aussi rapidement adopté par certains diocèses dont celui d’Assise. De la sorte, François et la communauté des Frères Mineurs eurent accès à un livre liturgique qui se révéla rapidement conforme à leurs exigences de personnes itinérantes qui vivaient en “étrangers et pèlerins”ii. Ainsi les Frères Mineurs adoptèrent-ils pour eux-mêmes la prière liturgique et spécifiquement celle de la Curie romaine, c’est-à-dire celle du Souverain Pontife.

 

 

 
2. CE N’ÉTAIT PAS SEULEMENT UNE QUESTION DE PRIÈRE
 
 

      Il n’était pas indifférent d’adopter tel ou tel livre liturgique. C’est ce qu’avait déjà compris le pape Grégoire VII qui redoutait toute disparité liturgique parce que, dans certains cas, celle-ci conduisait à une disparité non seulement juridictionnelle mais aussi doctrinale, autrement dit à l’hérésie. Adopter, par exemple, le bréviaire de la Curie romaine réformé par Innocent III signifiait accueillir toute une tradition précédente; la disposition dans cet ouvrage des différentes fêtes, le choix de certaines lectures, l’assemblage de passages de la Bible pour former des antiennes, versets et répons, la présence d’innombrables lectures issues des Pères de l’Église ou des anciens martyrologes étaient fondamentalement le résultat de la réflexion ecclésiale et de l’expérience monastique de tout le millénaire précédent. Ainsi donc, en adoptant le bréviaire, François et la communauté des Frères Mineurs s’insérèrent dans une histoire qui les avait précédés et qui avait été transmise au long des siècles. Cela ne signifie pas qu’ils se sentirent prisonniers de cette tradition ou qu’ils agirent comme s’ils l’étaient: en effet, comme le note une source, François ne manqua pas d’affirmer sa particularité en repoussant certains modèles précédents.
      Toujours est-il que, comme le montrent les innombrables réminiscences liturgiques présentes dans les écrits de François, les Frères Mineurs s’insérèrent, en accueillant la prière du bréviaire, dans la tradition spirituelle et théologique qui avait mûri au long des siècles dans l’Église. Ces réminiscences, que l’on appelle en langage technique cas d’”intertextualité et d’interdiscursivité” – c’est-à-dire des citations à proprement parler ou des renvois conceptuels – sont souvent la transmission de textes patristiques intériorisés par le saint. Si cela peut surprendre, surtout au regard d’une certaine historiographie qui a présenté François d’Assise comme le Saint du seul Évangile – presque une sorte de précurseur de la réforme protestante –, le fait que souvent la Bible et donc l’Évangile soient présents dans ses écrits par l’intermédiaire de la liturgie est encore plus riche de conséquences. Cela, naturellement, conduit à revoir certaines descriptions de l’expérience spirituelle de François, dans lesquelles le saint est représenté comme un homme qui a eu un rapport immédiat, sans médiation, avec l’Écriture. Ce qui apparaît, au contraire, à une étude plus approfondie, c’est que saint François a connu l’Écriture à travers la liturgie, c’est-à-dire par la médiation de l’Église. Et la liturgie est elle-même une explication de l’Écriture, autrement dit une exégèse: en effet, le seul fait qu’une lecture ait été attribuée à une fête plutôt qu’à une autre indique déjà la clef de lecture et donc de compréhension d’un passage déterminé. Ainsi, le fait d’avoir placé dans le Commun de la Vierge Marie la lecture du chapitre 11 d’Isaïe, dans lequel il est question du rameau qui sort de la souche de Jessé, est déjà, en soi, une perspective mariale donnée à ce passage-là. Perspective notablement renforcée si, ensuite, on remplace le mot virga, c’est-à-dire rameau, par virgo, c’est-à-dire Vierge, comme cela a été fait dans le bréviaire qui a appartenu à saint François d’Assise: «La Vierge sortira de la souche de Jessé, et de sa racine une fleur montera, sur lui se reposera l’esprit de Yahvé»iii.

 

 

 

1131613134312.jpg
 
 
2. François se rend à la Portioncule
 

 

 

 
 
 3. LE TÉMOIGNAGE
      DU
BREVIARIUM SANCTI FRANCISCI
 
 

      On trouve un témoignage de l’importance de la liturgie dans la communauté des Frères Mineurs et dans l’histoire de François d’Assise non seulement dans la Règle des Frères Mineurs confirmée par le pape Honorius III en 1223 mais surtout dans un manuscrit conservé parmi les reliques du protomonastère Sainte-Claire, près de la basilique du même nom, à Assise. Comme en témoigne un ajout autographe de frère Léon, l’un des compagnons et témoins du Saint, ce manuscrit fut utilisé par saint François lui-même. «Le bienheureux François procura ce bréviaire à frère Ange et à frère Léon, ses compagnons, car, au moment où il était en bonne santé, il voulait toujours dire l’Office, comme le comporte la Règle; et quand il fut malade, au contraire, comme il ne pouvait pas le réciter, il voulait l’écouter; et cela, il continua à le faire tant qu’il vécut»iv.
      Le manuscrit, appelé Breviarium sancti Francisci, se compose essentiellement d’un bréviaire, du psautier et de l’évangéliaire; la première partie, la plus consistante, est constituée du bréviaire de la Curie romaine réformé par Innocent III. L’ancienneté du texte, qui fait de lui un témoin privilégié de cette réforme et donc de l’histoire des livres liturgiques en général, est confirmée par la présence, surtout dans les solennités mariales ou de saints liés au ministère pontifical, comme Pierre, Paul et Grégoire le Grand, de lectures tirées des sermons du même Innocent III; ces lectures, après la mort de ce Pape en 1216, furent rendues facultatives par son successeur, Honorius III, et disparurent immédiatement du bréviairev. Le Bréviaire de saint François est le seul véritable bréviaire qui contienne l’intégralité de ces lectures. Ce manuscrit fut utilisé par saint François et il contribua certainement à former en lui une culture théologique, aussi rudimentaire fût-elle, qui lui permit d’exprimer sa spiritualité et sa pensée dans des écrits, dont trois sont encore en notre possession sous leur forme autographevi.
      Il faut donc, étant donné le rôle qu’a joué la liturgie dans la formation culturelle et spirituelle de François, attribuer à celle-ci la place qui lui revient quand on cherche à comprendre le message du saint d’Assise. Ainsi, ce dont il faut tenir compte lorsque l’on veut approfondir un thème particulier de sa pensée, c’est surtout du contenu du manuscrit; le rôle que joue la Vierge Marie, par exemple, dans la pensée de saint François deviendra plus intelligible si on lit ses écrits en tenant compte de l’Office de la Bienheureuse Vierge et des quatre fêtes mariales contenues dans le bréviaire dont nous avons parlé, à savoir la Présentation de Jésus au Temple, le 2 février; l’Annonciation, le 25 mars; l’Assomption et son octave, du 15 au 22 août; et la Naissance de Marie, le 8 septembre. Même si les deux premières fêtes, soit la Présentation au Temple et l’Annonciation, célèbrent deux mystères de la vie de Jésus-Christ, elles avaient déjà acquis depuis des siècles une forte connotation mariale. C’est si vrai que la première reçoit le nom dans le Breviarium de fête de la Purification de la Vierge Marievii.

 L’importance du Breviarium sancti Francisci fut reconnue et témoignée par ce même frère Léon qui le donna à l’abbesse Benedetta du monastère Santa Chiara à Assise pour qu’elle le conserve comme un témoin privilégié de la sainteté de François. Cependant, avant de le remettre, il marqua dans le calendrier des jours anniversaires de différents défunts, parmi lesquels figuraient Innocent III et Grégoire IX. Pendant quelques années encore, le bréviaire du Saint fut utilisé comme livre liturgique, après quoi il fut définitivement déposé parmi les reliques du monastère où on peut encore l’admirer aujourd’hui. C’est précisément l’importance qu’il revêt qui valut à sa couverture d’être décorée au XVIIe siècle de deux ornementations d’argent représentant saint François et sainte Claire.
     
     
 
4. FRANÇOIS ET L’ÉGLISE
 
 
      L’un des sujets les plus débattus dans l’historiographie franciscaine est le rapport de François avec l’Église. Certains historiens ont parlé de François comme d’une sorte de révolutionnaire mais il y en a d’autres qui, ne pouvant contredire les sources, ont cherché la raison de son obéissance à la hiérarchie dans le choix qu’il a fait de vivre la vie de frère mineur. Dans une interprétation comme dans l’autre, son attitude est toujours considérée d’un point de vue que nous pourrions qualifier de détaché, extrinsèque. La considération de l’importance de la liturgie dans la vie de François peut aider à mieux comprendre son rapport avec l’Église: il vécut, et certainement pas de façon passive, l’insertion dans une histoire qui le précédait et qui s’était exprimée, entre autres, à travers des formules liturgiques précises. La prière et la méditation de textes antérieurs à lui, expressions de la vie et de la sainteté de l’Église tout au long des siècles, devinrent pour François le lieu de communion avec l’histoire du salut. C’est la raison pour laquelle il se montra très déterminé contre ceux qui ne voulaient pas réciter l’Office, comme en témoigne ce qu’il écrit dans son testament: «Et bien que je sois simple et faible, je veux toujours avoir un clerc qui me récite l’Office comme le prescrit la Règle. Et que tous les autres frères soient tenus à obéir ainsi à leurs gardiens et à dire l’Office selon la Règle. Et si se trouvent des frères qui ne disent pas l’Office selon la Règle, et qui veuillent y introduire des transformations ou qui ne soient pas catholiques, que tous les frères, où qu’ils soient, soient tenus par obéissance, où qu’ils aient trouvé l’un de ceux-ci, à le faire comparaître devant le custode le plus proche du lieu où ils l’auront trouvé. Et que le custode soit fermement tenu par obéissance à le garder sévèrement, comme un homme en prison, jour et nuit, de sorte qu’il ne puisse lui être ôté des mains jusqu’à ce qu’il le remette personnellement dans les mains de son ministre. Et que le ministre soit fermement tenu, par obéissance, à l’envoyer par le moyen de ces frères qui le gardent jour et nuit comme un homme emprisonné, jusqu’à ce qu’on le présente devant le Seigneur d’Ostie, qui est le seigneur, le protecteur et le correcteur de toute la fraternité»viii. Cette suite d’opérations qui se termine par la remise au “Seigneur d’Ostie”, c’est-à-dire à celui qui était appelé le cardinal protecteur de l’Ordre des Frères Mineurs a été considérée comme l’une des “duretés” du frère François, laquelle contraste beaucoup avec l’image irénique que l’on a de lui; et cette dureté s’exerce contre ceux qui ne récitent pas le bréviaire. Cela est dû au fait que cette prière précise, et donc son refus, étaient directement liés à l’orthodoxie ou la non-orthodoxie de la personne et de la communauté.
     
Le principe lex orandi, lex credendi, lex vivendi, auquel saint François, comme nous pouvons le constater,  s’est conformé dans sa vie est aussi considéré par ce dernier, même si ce n’est pas de façon explicite, comme l’un des points de référence de son expérience chrétienne. La modalité selon laquelle François a prié, à savoir la récitation du bréviaire, dont il a voulu qu’elle fût aussi celle de la communauté des frères Mineurs, est l’expression de sa foi – celle de l’Église représentée par le Souverain Pontife – qui s’est exprimée dans son expérience concrète. Ainsi donc, si l’on veut comprendre pleinement l’expérience du saint d’Assise et sa prédication de paix – avec la signification que celle-ci a eue tout au long de l’histoire et surtout grâce au pontificat de Jean Paul II –, il n’est pas possible de négliger la foi qu’il a exprimée à travers la prière, la prière liturgique surtout, et la récitation du bréviaire.                                          

     

 

 

Souvent la Bible et donc l’Évangile sont présents dans ses écrits

par l’intermédiaire de la liturgie […]. Ce qui apparaît,

au contraire, à une étude plus approfondie, c’est que saint François a connu l’Écriture

à travers la liturgie, c’est-à-dire par la médiation de l’Église

 

 

SFpriantcrane.jpg

 3

 


     
     
     
 
      Note


      1  J. Dalarun, Francesco: un passaggio. Donna e donne negli scritti e nelle leggende di Francesco d’Assisi, postface de G. Miccoli, Rome 1994.
      2 P. Messa, Un testimone dell’evoluzione liturgica della fraternitas francescana primitiva: il Breviarium sancti Francisci, in Revirescunt Chartae, codices documenta textus: miscellanea in honorem fr. Caesaris Cenci, OFM, ed. A. Cacciotti-P. Sella, vol. I, Romae 2002, p. 5-141.
      3 P. Messa, L’Officium mortuorum e l’Officium beate Marie virginis dans le Breviarium sancti Francisci, in Franciscana. Bollettino della Società internazionale di studi francescani, 4 (2002), p. 111-149.
      4 Frère Léon d’Assise, Nota al Breviario di san Francesco, in Fonti Francescane, édité par Ernesto Caroli, Padoue 2004, p. 2696.
      5 P. Messa, I sermoni di Innocenzo III nel Breviarium sancti Francisci, in Archivum Franciscanum Historicum, 95 (2002), p. 249-265.
      6 P. Messa, Le fonti patristiche negli scritti di Francesco di Assisi, préface de G. Miccoli, Assise 1999.
      7 P. Messa, Le feste mariane nel Breviarium sancti Francisci, in L’Immacolata Concezione. Il contributo dei francescani. Actes du Congrès de mariologie franciscaine du 150e anniversaire de la proclamation dogmatique (Sainte-Marie-des-Anges, Assise, 4-8 décembre 2003), Cité du Vatican 2005.
      8 Francesco d’Assisi, Testamento, 29-33, in Fonti Francescane, op. cit., pp. 125-126.

 

 

 

 
 

 

Source

30 JOURS 

 

Illustrations

 

1 - 2 Images du retable Le pardon d’Assise du Prêtre Ilario da Viterbo, 1393,

conservée dans l’abside de la Portioncule, Basilique Sainte-Marie-des-Angesß, Assise

 

3. Zurbaran 

 

 

 

 

21:43 Publié dans Réflexion, Saint | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, foi, messe, eglise, catholique, catholicisme | |  Imprimer | |  del.icio.us | Digg! Digg |  Facebook | | | | Pin it! |

dimanche, 15 juin 2008

Saint Joseph, l'ombre du Père !

 
 
 
 
Georges de La Tour - Saint Joseph charpentier.jpg
 
 
 
 
 
 
 
"Le Seigneur a réuni en Joseph,
comme dans un soleil,
tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur."

Saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l'Eglise (329-390)
 
 
 
 
 
 
 

Saint Joseph, l'ombre du Père ! celui sur qui l'ombre du Père tombait épaisse et profonde, saint Joseph, l'homme du silence, celui de qui la parole approche à peine ! l'Evangile ne dit de lui que quelques mots : « C'était un homme juste ! » l'Evangile, si sobre de paroles, devient encore plus sobre quand il s'agit de saint Joseph. On dirait que cet homme, enveloppé de silence, inspire le silence. Le silence de saint Joseph fait le silence autour de saint Joseph. Le silence est sa louange, son génie, son atmosphère. Là où il est, le silence règne. Quand l'aigle plane, disent certains voyageurs, le pèlerin altéré devine une source à l'endroit où tombe son ombre dans le désert. Le pèlerin creuse, l'eau jaillit. L'aigle avait parlé son langage, il avait plané. Mais la chose belle avait été une chose utile ; et celui qui avait soif, comprenant le langage de l'aigle, avait fouillé le sable et trouvé l'eau.

Quoi qu'il en soit de cette magnifique légende et de sa vérité naturelle que je n'ose garantir, elle est féconde en symboles superbes. Quand l'ombre de saint Joseph tombe quelque part, le silence n'est pas loin. Il faut creuser le sable, qui dans sa signification symbolique représente la nature humaine ; il faut creuser le sable, et vous verrez jaillir l'eau. L'eau, ce sera, si vous voulez, ce silence profond, où toutes les paroles sont contenues, ce silence vivifiant, rafraîchissant, apaisant, désaltérant, le silence substantiel ; là où est tombée l'ombre de saint Joseph, la substance du silence jaillit, profonde et pure, de la nature humaine creusée.

Pas une parole de lui dans l'Ecriture ! Mardochée, qui fit fleurir Esther à son ombre, est un de ses précurseurs. Abraham, père d'Isaac, représenta aussi le père putatif de Jésus. Joseph, fils de Jacob, fut son image la plus expressive. Le premier Joseph garda en Egypte le pain naturel. Le second Joseph garda en Egypte le pain surnaturel. Tous deux furent les hommes du mystère ; et le rêve leur dit ses secrets. Tous deux furent instruits en rêve, tous deux devinèrent les choses cachées. Penchés sur l'abîme, leurs yeux voyaient à travers les ténèbres. Voyageurs nocturnes, ils découvraient leurs routes à travers les mystères de l'ombre. Le premier Joseph vit le soleil et la lune prosternés devant lui. Le second Joseph commanda à Marie et à Jésus ; Marie et Jésus obéissaient.

Dans quel abîme intérieur devait résider l'homme qui sentait Jésus et Marie lui obéir, l'homme à qui de tels mystères étaient familiers et à qui le silence révélait la profondeur du secret dont il était gardien. Quand il taillait ses morceaux de bois, quand il voyait l'Enfant travailler sous ses ordres, ses sentiments, creusés par cette situation inouïe, se livraient au silence qui les creusait encore ; et du fond de la profondeur où il vivait avec son travail, il avait la force de ne pas dire aux hommes : le Fils de Dieu est ici.

Son silence ressemble à un hommage rendu à l'inexprimable. C'était l'abdication de la Parole devant l'Insondable et devant l'Immense. Cependant l'Evangile, qui dit si peu de mots, a les siècles pour commentateurs ; je pourrais dire qu'il a les siècles pour commentaires. Les siècles creusent ses paroles et font jaillir du caillou l'étincelle vivante. Les siècles sont chargés d'amener à la lumière les choses du secret. Saint Joseph a été longtemps ignoré. Mais voici quelque chose d'étrange : chaque siècle a deux faces, la face chrétienne et la face antichrétienne ; la face chrétienne s'oppose en général à la face antichrétienne par un contraste direct et frappant. Le XVIII° siècle, le siècle du rire, de la frivolité, de la légèreté, du luxe, posséda Benoît-Joseph Labre... Le XIX° siècle est par-dessus tout, dans tous les sens du mot, le siècle de la Parole. Bonne ou mauvaise, la Parole remplit notre air. Une des choses qui nous caractérisent, c'est le tapage. Rien n'est bruyant comme l'homme moderne : il aime le bruit, il veut en faire autour des autres, il veut surtout que les autres en fassent autour de lui. Le bruit est sa passion, sa vie, son atmosphère ; la publicité remplace pour lui mille autres passions qui meurent étouffées sous cette passion dominante, à moins qu'elles ne vivent d'elle et ne s'alimentent de sa lumière pour éclater plus violemment. Le XIX° siècle parle, pleure, crie, se vante et se désespère.

Il fait étalage de tout. Lui qui déteste la confession secrète, il éclate à chaque instant en confessions publiques. II vocifère, il exagère, il rugit. Eh bien ! ce sera ce siècle, ce siècle du vacarme, qui verra s'élever et grandir dans le ciel de l'Eglise la gloire de saint Joseph. Saint Joseph vient d'être choisi officiellement pour patron de l'Eglise pendant le bruit de l'orage. II est plus connu, plus prié, plus honoré qu'autrefois.
Au milieu du tonnerre et des éclairs, la révélation de son silence se produit insensiblement.

 

Ernest Hello

Physionomie des saints

Paris, Victor Palmé, 1875, ch.X, pp.139 sq. : « Saint Joseph. »

 

 

 

 

 

 

 

chapellesaintroch_croix.jpg

 

 

Source 

Chemin d'amour vers le père 

 

Illustration 

Georges de La Tour

Saint Joseph charpentier

 

 

  

 

14:50 Publié dans Fête | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, foi, religion, fête des pères, actualité | |  Imprimer | |  del.icio.us | Digg! Digg |  Facebook | | | | Pin it! |

mercredi, 14 mai 2008

Le Motu Proprio de Benoît XVI, une grande richesse spirituelle pour l'Église

 
 
 
 
 

 

 

 

Le cardinal Dario Castrillon Hoyos

 

 

 

Le 13 mai 2008  - (E.S.M.)- Le cardinal Dario Castrillon Hoyos qui est à la tête de la Commission pontificale « Ecclesia Dei » explique en quoi le Motu Proprio de Benoît XVI est une grande richesse spirituelle pour toute l'Église, et la façon de résoudre les problèmes qui sont apparus jusqu’ici.

 

Le Motu Proprio de Benoît XVI

 est une grande richesse spirituelle

pour toute l'Église

 

 

Dario Castrillon Hoyos : Tradition sans contestation

par Vittoria Prisciandaro
 
 
 
 
 
 
Le cardinal Dario Castrillon Hoyos qui est à la tête de la Commission pontificale « Ecclesia Dei » explique en quoi le Motu Proprio de Benoît XVI est une grande richesse spirituelle pour toute l'Église, et la façon de résoudre les problèmes qui sont apparus jusqu’ici.

Son Éminence est satisfaite. Le téléphone du bureau du rez-de-chaussée, dans le palais de l'ex Saint Office, connaît une nouvelle vie, et sur les tables s’accumule une correspondance venue du monde entier. Après la promulgation du Motu proprio, la Commission pontificale « Ecclesia Dei » est en effet devenue un maillon important dans l'organigramme du Vatican. « À présent, j'ai deux fois plus de travail que dans la Congrégation du clergé », confie le cardinal Dario Castrillon Hoyos, colombien, 79 ans, chaleureux partisan de la réintégration des Lefebvristes et, depuis l’an 2000, président de la Commission. Créée pour gérer les rapports avec la Fraternité Saint Pie X et avec les groupes qui gravitent dans la galaxie traditionaliste, « Ecclesia Dei » est aujourd'hui devenue un interlocuteur incontournable des diocèses et des paroisses pour les controverses relatives à l'application du rite extraordinaire.

Éminence, quelques mois après la promulgation du Motu proprio, quel bilan en faites-vous ?

« Avec le Motu proprio, le Pape a voulu offrir à tous une nouvelle occasion de profiter de l'énorme richesse spirituelle, religieuse et culturelle présente dans la liturgie de rite grégorien. Le Motu proprio a été conçu comme un trésor offert à tous, et non fondamentalement pour répondre aux lamentations ou aux demandes de qui que ce soit. Un bon nombre de personnes qui n’étaient pas initialement impliquées dans cette forme extraordinaire du rite romain ont maintenant pour lui une grande estime. Parmi les fidèles, je distinguerais trois groupes : ceux qui ont un lien quasi organique avec la Fraternité Saint Pie X ; ceux de la Fraternité Saint-Pierre ; et enfin ceux du groupe le plus important et le plus nombreux, formé de personnes éprises de culture religieuse de tous les temps et qui, aujourd'hui, découvrent l'intensité spirituelle du rite ancien, dont de nombreux jeunes. Au cours de ces mois-ci sont nées de nouvelles associations de personnes appartenant à ce dernier groupe ».

À propos de la richesse, certains spécialistes de la liturgie soulignent le fait que le rite extraordinaire n'offre pas la richesse biblique introduite par la novus ordo…


« Ils n'ont pas lu le Motu proprio, parce que le Pape affirme que les deux formes doivent s’enrichir mutuellement. Et il est évident que cette richesse liturgique ne va pas être gaspillée. Dans le novus ordo, en quelques années, on lit pratiquement toute la Bible, et c’est là une richesse qui ne s'oppose pas au rite extraordinaire, mais s’y intègre ».

Une autre objection porte sur le risque que des célébrations séparées et différentes créent des communautés séparées…

« C’est une multiplicité enrichissante ; c'est un surcroît de liberté culturelle que le Pape introduit sous une forme audacieuse. Du reste, dans les paroisses, il y a beaucoup de différences dans les célébrations, et je ne veux pas parler des abus, parce que ce ne sont pas les abus qui constituent la raison principale du Motu proprio ».

Votre secrétaire, monseigneur Camille Perl, a annoncé qu'il y aurait un document d'éclaircissement sur le Motu proprio. Quand sera-t-il publié ?

« C’est le cardinal Bertone qui l’a annoncé, et il a le droit de le faire. Mais moi qui suis un serviteur du Pape, je ne l'annoncerai que quand le Pape me dira de le faire. Notre Commission a indiqué au Souverain Pontife que de nombreuses demandes  arrivent de chaque partie du monde, dont un très grand nombre sont justifiées, mais dont certaines sont basées sur un manque de connaissance. Le Saint-Père, et seulement lui, dira s'il convient de publier un tel document et quand ».

Quelles sont les demandes qui vous sont parvenues et lesquelles mériteraient une réponse ?

« La première concerne le latin, parce que - disent les auteurs de ce type de demande - célébrer dans une langue qu’on ne connaît n’est pas pratique. Malheureusement les séminaristes, et même certains prêtres, ne l'ont pas étudié et il leur est donc difficile de célébrer sous la forme extraordinaire. Pour ce faire, ils devraient au moins connaître le canon de la Messe – la partie de la consécration. Nous autres d‘« Ecclesia Dei », nous nous équipons et nous préparons des rencontres, des cours et une communication informatique en vue d’une connaissance approfondie de la liturgie antérieure. Plusieurs cours déjà sont en activité en France, en Allemagne, au Brésil, en Amérique centrale et aux États-Unis. À Tolède, en Espagne, par exemple, nous sommes en train d’évaluer s'il convient de créer un séminaire supplémentaire pour la préparation au rite extraordinaire ou de donner des cours spéciaux dans le séminaire du diocèse. En général on remarque dans le monde académique un certain intérêt pour un retour au latin. Il a été triste au cours de ces années de constater l'abandon non seulement de la langue, mais même de certains contenus théologiques liés à la précision sémantique de la langue latine ».

« S'il manque de prêtres dans un diocèse et que seuls trois ou quatre fidèles demandent le rite extraordinaire, le bon sens dit qu’il est difficile de satisfaire cette demande. Cependant, puisque l'intention, la mens du Pape est de concéder ce trésor pour le bien de l'Église, le mieux pour les endroits où il n’y a pas de prêtres, serait d’offrir une célébration selon le rite extraordinaire dans une des Messes dominicales paroissiales. Ce serait une Messe pour tous ; tous, même les jeunes générations, profiteraient de la richesse du rite extraordinaire, par exemple de ces instants de contemplation qui, dans le novus ordo, ont disparu ».

Donc vous dites que, s'il n'y a pas de groupe consistant et stable, à l'avenir, il est question de proposer une des Messes dominicales selon le rite extraordinaire ?


« Je dirais que oui. D’ailleurs cette possibilité avait déjà été approuvée à l'unanimité en 1986 par une commission cardinalice à laquelle participait le cardinal Ratzinger lui-même (mais elle n'était pas devenue opérationnelle). Je serais sûr que cela serait faisable maintenant. ».
 
 
Un autre point à éclaircir est la définition d’un « groupe stable et consistant ». Que veut dire cela exactement ?

« C’est une question de bon sens : pourquoi faire un problème si les personnes qui demandent le rite viennent de paroisses différentes ? Si elles se réunissent et, ensemble, demandent une Messe, elles deviennent un groupe stable, même si elles ne se connaissaient pas au départ. Même le nombre est une question de bonne volonté. Dans certaines paroisses, en particulier à la campagne, les jours ouvrables, les personnes qui participent à la Messe ordinaire sont trois ou quatre et le même cas se produit dans de nombreuses maisons religieuses. Si ces trois personnes demandent la Messe ancienne, faut-il, d’un point de vue pastoral, la leur refuser ? ».

Donc le futur document devrait être plus accueillant aux demandes émanant de petits groupes ?

« Oui, mais il faut le voir non pas comme quelque chose qui va à l’encontre des autres, de la majorité, mais qui vise à leur enrichissement et toujours en évitant toute forme d’antagonisme ».

Il y a ensuite le problème des sacrements : je pense au rite de l’Ordination ou à celui de l’Onction des malades, pour lesquels on se réfère à des codes de droit canonique différents et on emploie des formules différentes…

« A première vue, il y a certainement quelques problèmes par rapport à l'Ordination, à l’Onction des malades et même aux divergences de calendrier. En ce qui concerne l'Ordination, dans la forme ancienne, il y avait la tonsure, les ordres mineurs et le sous-diaconat. Cette forme est encore en service et continuera à l'être dans les Institutions liées de façon stable au rite ancien, comme la Fraternité Saint-Pierre, la Fraternité Saint Pie X et d’autres Institutions. Pour l’Onction, avant même le Motu proprio, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi avait déjà indiqué qu'il n'y a pas de conflit entre les deux formules, et que la formule nouvelle comme l'ancienne sont valides, et elle a dit la même chose au sujet des autres sacrements dont les formules diffèrent. En ce qui concerne les calendriers qui ne coïncident pas toujours, il y a effectivement des problèmes comme dans les cas des fêtes patronales d'une paroisse, des sanctuaires, des congrégations et des instituts religieux, etc. On usera de prudence et de bon sens pour réaliser les accommodements nécessaires. La Commission pontificale « Ecclesia Dei » » s’en occupe aussi.

Quels sont les délais prévus pour la réconciliation avec la Fraternité Saint Pie X ?


« Il y a des signes positifs ; il y a un dialogue non interrompu. Il y a quelques jours à peine, j’ai écrit une nouvelle lettre à monseigneur Fellay, le supérieur de la Fraternité, en réponse à sa lettre précédente. Outre les rencontres et la correspondance, nous nous parlons au téléphone. Je considère viable une réconciliation avec la Fraternité Saint Pie X parce que, comme nous l'avons souvent dit à «Ecclesia Dei », il ne s'agit pas d'un vrai schisme mais d'une situation anormale apparue après l'« action schismatique » de monseigneur Lefebvre avec l'attribution de l'épiscopat sans mandat pontifical, à l’encontre de la volonté exprimée par le Pape. Dans mon cœur, j'ai une grande confiance que le Saint-Père réussira à retisser les liens de l'Église avec l’accès de ces frères à la pleine communion. Il restera toujours quelques différences, comme nous en avons toujours eu dans l'histoire de l'Église ».

Mais avec les Lefevbristes il y a aussi un problème d'acceptation du dialogue œcuménique…

« Oui, en effet, il y des difficultés relatives à l'interprétation des témoins du Concile à ce sujet et à certaines pratiques concrètes œcuméniques, mais aucun évêque de la Fraternité Saint Pie X ne dira qu'il ne faut pas chercher l'unité des chrétiens ».

Après le Motu proprio, certains membres de la Fraternité Saint Pie X sont-ils de nouveaux en communion avec l'Église de Rome ?

« Oui, et d’autres souhaitent le faire aussi. Mais j'ai l'espoir que le groupe entier vienne ; je ne voudrais pas qu'il se divise. Cependant si une personne vient et dit qu'elle veut être rapidement en unité avec le Pape, nous devons l’accepter. Le Motu proprio a aussi suscité le rapprochement d’autres personnes. Par exemple, le 28 mars, j'ai reçu la lettre d'un évêque non catholique qui a décidé d'entrer dans l'Église catholique avec d’autres évêques et des prêtres qui célèbrent la Messe tridentine ».

Les nouveaux pouvoirs d'« Ecclesia Dei » n'entrent-ils pas en conflit avec le ministère des évêques ?


« Le Pape Benoît XVI
, qui possède l'autorité sur toute l'Église, sur chacun des fidèles et des évêques, a établi les nouvelles règles dans le Motu proprio, et la Commission pontificale n’est qu’un moyen à la disposition du Vicaire du Christ pour faire appliquer sa décision. « Ecclesia Dei » est attentive à l'application du Motu proprio en fraternelle harmonie, en compréhension et en collaboration avec les évêques. Il faut éviter les attitudes de divergence avec les pasteurs de la part de personnes, de groupes ou d’institutions à cause du Motu proprio. Les pasteurs, dans l’obéissance au Pape, auront certainement de la compréhension pour les fidèles qui ont un amour particulier envers la tradition liturgique. Avec les évêques qui se sont mis en contact avec nous, j’ai toujours eu de la compréhension ».

Dans l'introduction à la réimpression du Compendium de Liturgie pratique de Trimeloni, vous écrivez que le Pape se sert de la Commission pontificale « Ecclesia Dei » pour que, dans la diversité des formes cultuelles, puisse briller la richesse des trésors de la foi et de la spiritualité de l’Épouse du Christ. En quoi consiste la différence entre la liturgie de Jean XXIII et celle, réformée, de Paul VI?

« Le Pape Jean XXIII a incorporé la liturgie dans son désir de dialogue entre l'Église et la culture contemporaine. Paul VI a donné un caractère organique aux réformes nées de ce désir. L'Esprit Saint, qui accompagne l'Église en permanence, inspire les changements nécessaires à tout moment de l'histoire, sans rupture violente du processus de perfectionnement qu'il a lui-même inspiré au cours de l’histoire. Benoît XVI, avec ce Motu proprio, unit les richesses des deux stades du processus, en dissipant le malaise de ceux qui ont cru qu’il y avait eu dans le domaine liturgique une rupture inacceptable ».

Après la reformulation de la prière du Vendredi Saint, il a été dit qu'on faisait un retour de 40 ans en arrière dans le dialogue entre juifs et chrétiens. S’attendait-on à ces critiques ?

« N'est-il pas une bonne chose de prier pour nos frères, fils d'Abraham comme nous ? Abraham est le père de la foi, mais il s’inscrit dans une chaîne de salvification dans laquelle on attend le Messie. Et le Messie est arrivé. Dans les Actes des Apôtres nous lisons que 5000 juifs se sont convertis en un jour. Je ne conteste pas la prière du novus ordo, mais je considère comme parfaite celle, actuelle, du rite extraordinaire. Et je prie volontiers pour la conversion de mes nombreux amis juifs, parce que je crois vraiment que Jésus est le Fils de Dieu et le Sauveur de tous ».


 

 

 

 

 

1802489797.2.png
 
 
 
 
 

 Source

 

Eucharistie Miséricordieuse