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dimanche, 04 avril 2010

Benoît XVI: Joyeuses et Saintes Fêtes de Pâques !


 

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Sainte Fête de Pâques!

 

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LE CHRIST EST RESSUSCITÉ !

 

 

 

Homélie pour la fête de Pâques

 

Prononcée par Saint Grégoire le Grand, Père et Docteur de l'Eglise

64 ème succésseur de Pierre (567 - 604)

devant le peuple dans la basilique de la bienheureuse Vierge Marie, le saint jour de Pâques (15 avril 591)

 

 

 

 

 

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Saint Grégoire innove en cette Homélie : pour la première fois, il improvise sans texte préalablement dicté. Pensant que sa parole directe aura plus d’impact sur la foule, il se lance avec confiance, malgré son peu de force physique, car il sait que Dieu l’aidera. Son plan est simple, et il le reprendra très souvent dans le cycle pascal. Il commente d’abord le texte de l’évangile du jour, en soulignant son sens allégorique, puis il s’attache à la méditation du mystère célébré. I- (1-5) Le prédicateur insiste sur la joie pascale, marquée par le vêtement blanc de l’ange qui apparaît aux saintes femmes. Notre fête est aussi la fête des anges : en nous ramenant au Ciel, elle a complété leur nombre. N’ayez pas peur, dit l’ange : si Dieu est effrayant pour les pécheurs, il est doux pour les justes. Les femmes venues au tombeau sont envoyées prévenir Pierre, et Grégoire donne la raison de cette mention expresse de Pierre. Les apôtres reverront Jésus en Galilée : ce nom de lieu est riche d’indications spirituelles, que le pape souligne. II- (6-7) Il parle ensuite du mystère de la résurrection de la chair, que le Seigneur a voulu nous révéler en sa Résurrection. L’orateur explique pourquoi il nous est désormais impossible de douter, et montre comment Samson, qui s’échappa de Gaza avec les portes de la ville sur son dos, est une figure très parlante du Christ ressuscitant. Aimons donc cette fête qui nous ouvre l’accès du Ciel, conclut le saint, et hâtons-nous vers la Patrie.

 

 

 

 

 

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En ce temps-là, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates afin d’aller embaumer Jésus. Et le premier jour de la semaine, de grand matin, elles vinrent au tombeau, le soleil étant déjà levé. Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre qui ferme la porte du tombeau ? » Et levant les yeux, elles aperçurent que la pierre avait été roulée de côté. Or elle était fort grande. Entrant alors dans le tombeau, elles virent un jeune homme assis à droite, vêtu d’une robe blanche, et elles en furent saisies de frayeur. Il leur dit : « Ne vous effrayez pas. Vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié ; il est ressuscité, il n’est pas ici. Voici le lieu où on l’avait mis. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée. C’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit. »

Dans nombre de mes commentaires d’Evangile, frères très chers, j’ai pris l’habitude de vous parler à l’aide d’un texte dicté [à l’avance] ; mais quand le piètre état de mon estomac m’empêche de lire moi-même ce que j’ai dicté, j’en vois certains d’entre vous qui écoutent moins volontiers. Je veux donc me forcer à déroger à cette habitude, et vous commenter le passage du Saint Evangile lu au cours de la messe en m’entretenant directement avec vous au lieu de passer par un texte dicté. Puisse notre parole être reçue comme elle vient, car le ton d’un entretien direct réveille mieux les cœurs assoupis que celui d’un sermon lu : il les secoue, pour ainsi dire, d’une main pleine de sollicitude, afin de les tirer du sommeil.

Il est vrai que je vois mal comment je vais pouvoir suffire à cette tâche ; mais si mes forces me trahissent du fait de mon incapacité physique, ma charité leur portera secours. En effet, je sais qui a dit : « Ouvre ta bouche, et je la remplirai. » (Ps 81, 11). Appliquons-nous donc à vouloir cette bonne œuvre, et l’aide de Dieu saura la mener à son achèvement. L’importance même de cette solennité de la Résurrection du Seigneur nous donne l’audace de parler, car il serait vraiment indigne que le jour même où la chair de son Créateur a ressuscité, notre langue de chair taise les louanges qu’elle doit rendre.

 

2. Vous l’avez entendu, frères très chers : les saintes femmes qui avaient suivi le Seigneur sont venues au tombeau avec des aromates, et entraînées par leur dévouement, elles continuent à servir, même après sa mort, celui qu’elles ont aimé pendant sa vie. Leur conduite n’est-elle pas le signe de ce qui doit s’accomplir dans la sainte Eglise ? Car nous devons écouter le récit de leurs actions en méditant sur ce qu’il nous faut faire, à notre tour, pour les imiter. Nous aussi, donc, qui croyons en celui qui est mort, si nous sommes remplis d’un parfum de vertus et que nous cherchions le Seigneur accompagnés d’une réputation de bonnes œuvres, c’est comme si nous nous rendions à son tombeau avec des aromates.

Ces femmes venues avec leurs aromates voient des anges, car les âmes qui, mues par de saints désirs, marchent vers le Seigneur avec les parfums de leurs vertus voient les habitants de la cité d’en haut. Il nous faut remarquer ce que signifie le fait qu’elles voient l’ange assis à droite. Que symbolise la gauche [1], sinon la vie présente, et la droite, sinon la vie éternelle ? C’est pourquoi il est écrit dans le Cantique des Cantiques : « Son bras gauche est sous ma tête, et sa droite m’étreint. » (Ct 2, 6). Puisque notre Rédempteur s’était affranchi de la corruption de la vie présente, il était normal que l’ange venu annoncer sa vie éternelle fût assis à droite. Il est apparu vêtu d’une robe blanche, parce qu’il annonçait les joies de notre fête. L’éclat de son vêtement est le signe de la splendeur de notre solennité. Devons-nous l’appeler notre solennité ou la sienne ? Mais pour parler plus exactement, appellons-la à la fois la sienne et la nôtre. La Résurrection de notre Rédempteur fut bien notre fête, parce qu’elle nous a ramenés à l’immortalité ; elle fut aussi la fête des anges, puisqu’en nous faisant revenir au Ciel, elle a complété leur nombre. Un ange est donc apparu en vêtements blancs en ce jour qui est en même temps sa fête et notre fête, car tandis que la Résurrection du Seigneur nous ramène au Ciel, elle répare les pertes subies par la patrie céleste.

 

3. Ecoutons ce que l’ange dit aux femmes quand elles arrivent : « Ne vous effrayez pas. » C’est comme s’il disait clairement : « Ils peuvent bien craindre, ceux qui n’aiment pas la venue des habitants de la cité d’en haut ; ils peuvent bien trembler, ceux qu’étouffent les désirs de la chair et qui désespèrent d’arriver à se joindre à leur société. Mais vous, pourquoi trembler ? Vous voyez là ceux qui habitent la même cité que vous. » C’est pourquoi Matthieu décrit ainsi l’apparition de l’ange : « Son aspect ressemblait à l’éclair, et ses vêtements étaient blancs comme la neige. » (Mt 28, 3). L’éclair évoque l’effroi et la crainte, mais la blancheur de la neige, une douceur caressante. Or le Dieu tout-puissant est à la fois effrayant pour les pécheurs et doux pour les justes ; c’est donc bien à propos que l’ange, témoin de la Résurrection, s’est montré avec un visage pareil à l’éclair et un habit tout blanc, afin que son apparence même terrifiât les réprouvés et rassurât les saints. La même raison explique que le peuple marchant dans le désert ait été précédé la nuit par une colonne de feu, et le jour par une colonne de nuée (cf. Ex 13, 21-22). Car le feu provoque l’effroi, mais la nuée est douce à regarder. Le jour, c’est la vie du juste ; la nuit, la vie du pécheur. Aussi Paul déclare-t-il à des pécheurs convertis : « Vous étiez autrefois ténèbres, mais vous êtes à présent lumière dans le Seigneur. » (Ep 5, 8). La colonne s’est donc manifestée le jour sous forme de nuée, et la nuit sous forme de feu, parce que le Dieu tout-puissant apparaît à la fois doux pour les justes et effrayant pour les méchants ; lorsqu’il vient pour juger, il rassure les premiers par la douceur de sa mansuétude, tandis qu’il terrifie les seconds par la rigueur de sa justice.

 

4. Ecoutons maintenant ce que l’ange ajoute : « Vous cherchez Jésus de Nazareth. » Le mot « Jésus » se rend en latin par salutaris, « celui qui sauve », c’est-à-dire « le Sauveur ». Beaucoup, à cette époque, pouvaient porter le nom de Jésus, non pourtant en son sens profond, mais comme simple prénom. C’est pourquoi l’ange ajoute son lieu d’origine pour préciser de quel Jésus il s’agit : « de Nazareth » ; et il indique aussitôt sa caractéristique : « qui a été crucifié ». Il poursuit alors : « Il est ressuscité, il n’est pas ici. » L’expression « Il n’est pas ici » s’entend de sa présence corporelle, car il n’est aucun lieu où il ne soit par sa présence de majesté.

« Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée. » Il faut nous demander pourquoi, après avoir mentionné les disciples, l’ange désigne encore Pierre par son nom. Mais si l’ange n’avait pas cité le nom de celui qui avait renié son Maître, il n’aurait pas osé venir parmi les disciples. On l’a donc appelé par son nom, de peur qu’il ne désespérât du fait de son reniement. Nous devons ici considérer pour quelle raison le Dieu tout-puissant a permis que celui qu’il avait décidé de mettre à la tête de toute l’Eglise tremblât à la voix d’une servante et reniât son Dieu. Nous savons que ce fut par une disposition de la grande bonté de Dieu, pour que celui qui devait être le Pasteur de l’Eglise apprît par sa propre faute comment il devrait avoir pitié des autres. Dieu révéla Pierre à lui-même avant de le mettre à la tête des autres, afin que l’expérience de sa propre faiblesse lui fît connaître avec quelle miséricorde il devrait supporter les faiblesses d’autrui.

 

5. C’est bien à propos qu’il est dit de notre Rédempteur : « Il vous précède en Galilée. C’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit. » Galilée signifie en effet « passage achevé ». Oui, il était désormais passé, notre Rédempteur, de la Passion à la Résurrection, de la mort à la vie, du supplice à la gloire, de l’état corruptible à l’incorruptibilité. Et c’est en Galilée, après la Résurrection, que ses disciples le virent tout d’abord, parce que nous ne verrons plus tard avec joie la gloire de sa Résurrection que si nous passons maintenant de nos vices aux sommets de la vertu. Ainsi, celui qui se fait annoncer au tombeau apparaît ensuite au « passage » [en Galilée], puisque celui qu’on connaît en mortifiant sa chair, on le voit au moment du passage de l’âme [dans l’autre monde]. Voilà, frères très chers, que nous n’avons fait que parcourir le commentaire de l’évangile lu en ce jour de fête si solennel, mais nous serions heureux de vous dire encore quelque chose de plus particulier au sujet de la fête elle-même.

 

6. Des deux vies qui existaient, nous en connaissions une et ignorions l’autre. L’une est une vie mortelle, l’autre une vie immortelle ; l’une est corruptible, l’autre incorruptible ; l’une appartient à la mort, l’autre à la résurrection. Voici pourtant que vint le Médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ fait homme (cf. 1 Tm 2, 5), qui assuma la première et nous révéla la seconde. Il mena l’une jusqu’au bout en mourant, et nous révéla l’autre en ressuscitant. La vie mortelle, nous la connaissons ; si donc il nous avait promis la résurrection de la chair sans nous la faire voir, qui aurait cru en ses promesses ? C’est pourquoi, s’étant fait homme, il apparut dans la chair, daigna mourir de son plein gré, ressuscita par sa propre puissance et révéla à travers son exemple ce qu’il nous promettait comme récompense.

Mais quelqu’un dira peut-être : « Lui, c’est de plein droit qu’il est ressuscité : il ne pouvait être retenu par la mort, puisqu’il était Dieu. » Aussi notre Rédempteur ne s’est-il pas contenté de l’exemple de sa Résurrection pour instruire notre ignorance et fortifier notre faiblesse. Seul à mourir, en ce temps-là, il ne fut pourtant pas seul à ressusciter. Il est écrit en effet : « Les corps de beaucoup des saints qui dormaient là ressuscitèrent. » (Mt 27, 52). Tous les arguments de l’incrédulité se trouvent ainsi éliminés. Pour écarter l’objection qu’un homme ne saurait espérer pour lui ce que l’Homme-Dieu nous a montré en sa chair, voici que nous apprenons qu’avec Dieu, des hommes aussi ressuscitèrent, dont nous ne doutons pas qu’ils étaient de simples hommes. Si nous sommes les membres de notre Rédempteur, soyons donc assurés de voir se réaliser en nous ce qui apparaît avec évidence en notre chef. Et si nous nous sentons très misérables, les derniers des membres du Christ, nous devons espérer [quand même] voir s’accomplir en nous ce que nous avons appris au sujet de ses membres plus éminents.

 

7. Mais voilà que me revient à la mémoire l’insulte que les Juifs lançaient au Fils de Dieu crucifié : « S’il est le roi d’Israël, qu’il descende de sa croix, et nous croirons en lui. » (Mt 27, 42). S’il était alors descendu de la croix, cédant ainsi à ceux qui l’insultaient, il ne nous aurait pas montré la force de la patience ; mais il a préféré attendre un peu, supporter les injures, accepter qu’on se moque de lui, garder patience, et remettre à plus tard le moment de donner sujet à l’admiration ; et lui qui ne voulut pas descendre de la croix, il s’est relevé du tombeau. Se relever du tombeau, c’était plus que descendre de la croix ; détruire la mort en ressuscitant, c’était plus que garder sa vie en descendant [de la croix]. Cependant, quand les Juifs constatèrent que malgré leurs insultes, il ne descendait pas de la croix, lorsqu’ils le virent mourir, ils crurent qu’ils l’avaient vaincu et se réjouirent comme s’ils avaient effacé son nom. Mais voilà que cette mort, par laquelle la foule des incroyants pensait avoir effacé son nom, a exalté ce nom dans tout l’univers. Et celui que la foule se réjouissait de voir frappé mortellement, elle déplore qu’il soit mort, parce qu’elle sait que par le supplice, il est parvenu à la gloire.

Tout cela est bien représenté dans le livre des Juges par les actes de Samson (cf. Jg 16, 1-3) : il était entré dans Gaza, la ville des Philistins ; ceux-ci, ayant très vite appris son entrée, bloquèrent aussitôt la ville avec des postes de soldats et envoyèrent des gardes ; déjà, ils se réjouissaient d’avoir capturé Samson le colosse. Mais nous savons ce que fit Samson. Au milieu de la nuit, il enleva les portes de la ville et gagna le sommet d’une montagne. Ce faisant, de qui, frères très chers, de qui Samson était-il la figure, sinon de notre Rédempteur ? Que désigne la ville de Gaza, sinon les enfers ? Et que représentent les Philistins, sinon l’incrédulité des Juifs ? Lorsqu’ils virent le Seigneur mort, et son corps déjà déposé dans le tombeau, ils dépêchèrent aussitôt des gardes, et tout comme s’ils avaient pris Samson dans Gaza, ils se réjouirent d’avoir rendu captif dans la prison des enfers celui qui s’était manifesté comme l’Auteur de la vie. Mais Samson ne s’est pas contenté de sortir au milieu de la nuit, il a aussi enlevé les portes [de la ville] : notre Rédempteur, ressuscitant avant le jour, ne s’est pas non plus contenté de sortir libre des enfers, mais il en a également détruit les portes. Il enleva les portes et gagna le sommet d’une montagne, puisqu’il emporta par sa Résurrection les portes de la prison des enfers et qu’il pénétra par son Ascension dans le Royaume des cieux.

Cette Résurrection, annoncée en figure avant d’être manifestée en acte, aimons-en la gloire, frères très chers, de tout notre esprit, et mourons pour son amour. Voilà qu’à la Résurrection de notre Créateur, nous reconnaissons pour concitoyens les anges, ses serviteurs, qui habitent la même cité que nous. Hâtons-nous donc vers la fête solennelle à laquelle se pressent en foule les habitants de cette cité. Joignons-nous à eux par le désir et la pensée, puisque nous ne le pouvons pas encore par la vision. Passons des vices aux vertus, pour mériter de voir notre Rédempteur en Galilée. Que le Dieu tout-puissant nous aide à désirer la vie, lui qui, pour nous, a livré à la mort son Fils unique, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, étant Dieu, vit et règne avec lui dans l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.

 

  • 2 Saint Augustin fait le même jeu de mots dans son commentaire sur l’Evangile selon saint Jean : Piscis assus, Christus est passus.

  • [1] En latin, sinister (gauche) signifie aussi défavorable, mauvais (d’où le terme français « sinistre »).

 

 

 

 

 

 

 

 

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Catho-Web

 

 

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vendredi, 10 avril 2009

Le Christ en croix

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El Greco

 

 

 

 

 

 

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Chemin de Croix

 

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Voici le magnifique Chemin de Croix, prêché par l'abbé René Sébastien Fournié au Centre Saint Paul l'an dernier. Faites en votre miel en cette Grande Semaine. N'hésitez pas à faire vous même ce Chemin de Croix et à le méditer.

 

 

 

 

 

 

 

1° Station - Jésus condamné à mort.

La condamnation à mort survient après cette nuit pâle de souffrance et de prière vécue par le Christ. Il se tient seul, au centre de la scène, agenouillé sur la terre de ce jardin. Comme toute personne affrontée à la mort, le Christ aussi est tenaillé par l'angoisse. Saint Luc emploie le mot d'« agonie », c'est-à-dire de lutte. La prière de Jésus est dramatique, tendue comme dans un combat, et la sueur mêlée de sang qui coule sur son visage est le signe d'un tourment âpre et dur. Son cri est lancé vers le ciel, vers ce Père qui semble mystérieux et muet : « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe », coupe de souffrance et de mort. Jacob lui aussi, durant une nuit sombre sur les rives d'un affluent du Jourdain, avait rencontré Dieu au travers d'une personne mystérieuse qui « avait lutté avec lui jusqu'au lever de l'aurore ».
Prier au moment de l'épreuve est une expérience qui bouleverse le corps et l'âme. Le Christ lui aussi, dans les ténèbres de ce terrible soir a poussé un grand cri dans les larmes, et a prié en suppliant Dieu de pouvoir le sauver de la mort.
Dans le Christ de Gethsémani aux prises avec l'angoisse, nous nous retrouvons nous-mêmes quand nous traversons la nuit de la souffrance qui déchire, la nuit de la solitude lorsque les amis nous abandonnent, la nuit du silence de Dieu. En lui nous découvrons aussi notre visage, quand il est baigné de larmes et marqué par la désolation.
Regardons ce Saint, ce Juste et ce Véritable qui fut jugé par les pécheurs et mis à mort. Et pourtant, tandis qu'ils Le jugeaient, ils étaient forcés de L'acquitter. Judas, après L'avoir trahi, alla dire aux prêtres : " J'ai péché, car j'ai livré le sang innocent. " Pilate, qui rendit la sentence, dit à son tour : " Je suis innocent du sang de ce juste ", et rejeta le crime sur les Juifs. Le Centurion qui L'avait vu crucifier dit aussi : " En vérité, celui-ci était un juste. "
Ainsi toujours, le Christ est justifié jusque dans ses paroles et il est vainqueur quand il est jugé. Le combat de Jésus n'aboutit pas à la tentation de se laisser vaincre par le désespoir, mais il aboutit à professer sa confiance dans le Père et dans son mystérieux dessein. Ce sont les paroles du « Notre Père » qu'il propose de nouveau en cette heure amère : « Priez pour ne pas entrer en tentation... Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne ! ». Et voici qu'apparaît l'ange de la consolation, du soutien et du réconfort, qui aide Jésus et qui nous aide à continuer jusqu'au bout notre chemin.
Accordez-nous Seigneur la grâce d'être vrai avec nous même, avec vous, et que reconnaissant notre état de pécheur et votre amour infini, nous sachions nous tourner humblement vers vous pour recevoir votre pardon et la force de changer de vie.


2° Station - Jésus reçoit sa Croix.

Le soleil du vendredi saint s'est levé derrière le Mont des Oliviers, après avoir éclairé les vallées du désert de Judas. Les 71 membres du Sanhédrin, la plus haute institution juive, sont réunis autour du Christ. L'audience va s'ouvrir, avec la procédure habituelle des procès en justice : le contrôle d'identité, les chefs d'inculpation, les témoins. Le jugement est de nature religieuse selon les compétences de ce tribunal, comme il apparaît aussi dans les deux questions décisives : « Es-tu le Christ ? ... Es-tu le Fils de Dieu ? ».
La réponse du Christ exprime au début comme un désabusement : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ; et si j'interroge, vous ne répondrez pas ». Il sait que, dans ce simulacre de procès, il y a l'incompréhension, la suspicion et l'équivoque. Il ressent autour de lui la froideur d'un mur de défiance et d'hostilité, encore plus oppressante parce que dressée contre lui par sa propre communauté religieuse et par sa propre nation.
L'accusation, qui conduira à une sentence de mort, à porter la croix, devient une révélation et notre profession de foi dans le Christ, Fils de Dieu. Cet accusé, humilié par une cour orgueilleuse, par une assemblée présomptueuse et par un jugement désormais scellé, rappelle à tous le devoir de rendre témoignage à la vérité, la vérité de la croix, la vérité de notre Rédemption. Un témoignage à faire retentir même quand est forte la tentation de se cacher, de se résigner, de se laisser aller à la dérive de l'opinion dominante.
O Seigneur, Dieu Tout-Puissant, qui portez sans lassitude le poids du monde entier, qui avez porté avec une fatigue accablante le fardeau de tous nos péchés, Vous qui conservez nos corps par votre Providence, soyez aussi le Sauveur de nos âmes par votre précieux sang et donnez-nous d'être des témoins de la Croix.


3° Station - Jésus tombe pour la première fois sous le poids de sa Croix.


Satan tomba du ciel au commencement, par la sentence de Dieu contre lequel il s'était révolté. Plus tard il réussit à associer l'homme à sa rébellion et Dieu vint pour sauver sa créature : pour se faire le Verbe revêtu de chair, fut mis sous le pouvoir du démon, qui jadis frappé par Dieu, frappa à son tour Celui contre Lequel il se rebella : Ce coup fut la cause de la chute de Jésus. A travers cette chute nous pouvons donc y voir l'attaque perfide du diable mais aussi nos propres attaques, nos propres lâchetés et nos trahisons. Tel Judas... Cette trahison et ce baiser sont devenus au cours des siècles le symbole de toutes les infidélités, de toutes les apostasies, de toutes les tromperies. Le Christ rencontre donc une autre épreuve, celle de la trahison qui provoque l'abandon et l'isolement. Ce n'est pas cette solitude qui lui était si chère, telle celle quand il se retirait sur la montagne pour prier, ce n'est pas la solitude intérieure, source de paix et de tranquillité parce que, par elle, se dévoile à nous le mystère de l'âme et de Dieu. Au contraire, il s'agit de cette solitude causée par l'abandon, notre abandon, quand tant de fois nous l'abandonnons, quand tant de fois nous nous détournons de lui et de notre prochain. A chaque fois, nous participons à cette chute du Christ, à chaque fois nous freinons la progression de ce Corps mystique... à chaque fois nous réactualisons cette terrible phrase de Notre-seigneur : « C'est maintenant votre heure, c'est la domination des ténèbres ». Cessons de faire chuter le Christ à travers son corps mystique, cessons de permettre au mal de se développer dans son linceul de violence, d'agression et de brutalité. Relevons-nous avec le divin Seigneur, Lui qui fut toujours certain que le pouvoir des ténèbres - apparemment invincible et jamais rassasié de triomphes - est destiné à être vaincu. À la nuit succède l'aube, à l'obscurité la lumière, à la trahison le repentir, à la chute, la reprise confiante.
Seigneur, c'est pour nous, que vous avez eu ce courage. Et nous qui démissionnons si souvent devant les efforts à faire, devant les plus petits sacrifices ! Apprenez-nous à vous aimer et à nous aimer comme vous nous aimez. Apprenez-nous nous à marcher à votre suite, à nous relever dans les difficultés, les combats, car avec vous il y a le salut des âmes à gagner. Faites nous grandir dans l'amour, ayez pitié de notre faiblesse et venez nous aider à nous relever lorsque nous tombons, que nous soyons des hommes dignes afin d'être de dignes enfants du Père.


4° Station - Jésus rencontre sa Mère.


Toute mère est visage de l'amour, refuge de tendresse, fidélité qui n'abandonne pas, parce qu'une vraie mère aime même quand elle n'est pas aimée. Marie est Mère! Sur le chemin de croix de Jésus, se trouve Marie, sa Mère. Durant la vie publique de son fils, elle avait dû se tenir à l'écart, pour faire place à la nouvelle famille de Jésus, à la famille naissante de ses disciples. Elle avait entendu ses paroles qui peuvent nous paraître dures de la part de son Fils : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? ... Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère. » Et bien on voit à présent qu'elle est la Mère de Jésus, non seulement dans son corps, mais dans son cœur. Avant même de l'avoir conçu dans son corps, elle l'avait conçu dans son cœur, grâce à son obéissance. Et Siméon lui avait prédit « ton cœur sera transpercé par un glaive ». A présent tout devient réalité. Mais dans son cœur, demeure bien vivant la parole que l'ange lui avait dite quand tout avait commencé: « Sois sans crainte, Marie ». Les disciples se sont enfuis, elle, non. Elle reste là, avec son courage de mère, avec sa fidélité de mère, avec sa bonté de mère et avec sa foi, qui résiste dans l'obscurité : « Heureuse celle qui a cru » est-il écrit dans saint Luc ; ainsi que... « Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? ». Oui, à ce moment-là, Il le sait : il trouvera la foi. En cette heure-là, c'est sa grande consolation.
Nous sommes loin de l'attitude de Saint Pierre qui révèle une âme misérable, sa fragilité, son égoïsme, sa peur. Pourtant, quelques heures auparavant, celui-là avait proclamé : « Même si tous viennent à tomber, moi, je ne tomberai pas... Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas ».
Cependant, le rideau ne tombe pas sur cette trahison, un son déchire le silence de Jérusalem mais surtout la conscience de Pierre : c'est le chant d'un coq. À ce moment précis, Jésus sort du tribunal qui l'a condamné. Luc décrit le croisement des regards entre le Christ et Pierre en utilisant un verbe grec qui indique le fait de fixer profondément un visage. Mais, comme le note l'évangéliste, ce n'est pas n'importe quel homme qui en regarde maintenant un autre, c'est « le Seigneur », dont les yeux scrutent le cœur et les reins, c'est-à-dire le secret intime d'une âme.
Et des yeux de l'apôtre coulent les larmes du repentir. Cet événement concentre tant d'histoires d'infidélité et de conversion, de faiblesse et de libération. « J'ai pleuré et j'ai cru ! ».
Seigneur comme notre amour pour vous est loin de ressembler à celui de Marie! Nous qui avons tant peur de souffrir... Notre-Dame, venez nous donner la main, pour nous apprendre à suivre Jésus et à faire la volonté du Père tout au long de notre vie, chaque jour de notre vie.


5° Station - Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa Croix.


Simon fait ce qu'il doit faire, avec certainement beaucoup de répugnance, mais de cette rencontre involontaire est née la foi. Le mystère de Jésus souffrant et muet a touché son cœur. Jésus, dont seul l'amour divin pouvait et peut racheter l'humanité entière, veut que nous partagions sa croix, pour compléter ce qui manque encore à ses souffrances comme dit Saint Paul. Chaque fois qu'avec bonté nous allons à la rencontre de celui qui souffre, de celui qui est persécuté et faible, en partageant sa souffrance, nous aidons Jésus à porter sa propre croix. Ainsi nous obtenons le salut et nous pouvons nous-mêmes coopérer au salut du monde.
Oui Simon tu portes la croix d'un Autre, tu soulèves le bois de souffrance et tu empêches qu'il n'écrase la victime.
Tu nous rappelles que nous ne sommes nous-mêmes que si nous ne pensons pas à nous-mêmes. Saurons-nous reconnaître ces croix des autres à porter avec eux ? Viendrons-nous en aide plus ardemment à notre prochain après ce jour du Vendredi Saint ? Ou mourrons-nous dans notre égoïsme?
Serons-nous l'image de l'indifférence, du manque d'intérêt, du primat de l'opportunisme. L'indifférence est pire que l'immoralité explicite, car elle engendre au moins un sursaut ou une réaction ; l'indifférence en revanche, est pure amoralité ; elle paralyse la conscience, elle éteint le remords et elle émousse l'intelligence. L'indifférence est la mort lente de l'image de Dieu en nous.
Seigneur, regarde comme nous démissionnons rapidement dès que cela devient un peu dur. Vois aussi combien de fois nous « faisons semblant » de porter notre fardeau alors que nous nous arrangeons sinon pour le laisser de côté, du moins pour le traîner derrière nous. Seigneur, agissant ainsi nous sommes loin de ressembler à Simon, et pourtant nous prétendons être tes disciples. Oh Jésus toutes nos croix ne sont que des petits bouts de la tienne et si nous les portons avec toi, c'est surtout toi qui les portes avec nous ! Apprends nous Seigneur à porter nos croix avec toi, que ce soit les nôtres ou celles des autres. Apprends-nous à te suivre ainsi dans l'effort, mais surtout dans l'amour et la confiance.


6° Station - La Face de Jésus est essuyée par Véronique.

« C'est ta face, Seigneur, que je cherche ; ne me cache pas ta face », nous font chanter les psaumes. Véronique ne se laisse ni gagner par la brutalité des soldats, ni immobiliser par la peur des disciples. Elle est l'image de la femme éprise de bonté qui, dans le désarroi et l'obscurité des cœurs, garde le courage de la bonté, et ne permet pas que son cœur s'obscurcisse. « Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu ! » Au début, Véronique voit seulement un visage maltraité et marqué par la souffrance. Mais l'acte d'amour imprime dans son cœur la véritable image de Jésus : sur son visage humain, couvert de sang et de blessures, elle voit le visage de Dieu et de sa bonté, qui nous accompagne aussi dans la souffrance la plus profonde. C'est seulement avec le cœur que nous pouvons voir Jésus. Seul l'amour nous rend capables de voir et nous rend purs. Seul l'amour nous fait reconnaître Dieu, qui est l'amour même.
Seigneur, que notre visage Vous soit agréable, qu'il ne soit pas souillé par le péché, mais lavé et purifié par votre précieux Sang. Aurions-nous eu le courage d'une telle démarche ? Rien n'est moins sûr quand nous regardons toutes nos fuites devant les responsabilités, les risques à prendre. Seigneur aide nous dans notre faiblesse, nos lâchetés, nos compromis et fais nous grandir. Seigneur, que l'exemple de cette femme soit source de grâce en nous et que nous apprenions à avoir le courage de vivre notre foi sous le regard des autres.


7° Station - Jésus tombe une seconde fois.

Satan subit une seconde chute quand Notre-Seigneur vint sur la terre. Il avait depuis longtemps usurpé l'empire du monde entier, et s'en nommait roi. Et il osa enlever dans ses bras le Sauveur très-saint, lui montrer tous les royaumes de la terre et lui faire la promesse blasphématoire de les lui donner, à Lui, son Créateur, s'il voulait l'adorer. Jésus lui répondit : « Retire-toi, Satan ! » ; et Satan tomba du haut de la montagne. Et Jésus rendit témoignage de cette chute en disant : « Je vis Satan tomber du ciel comme l'éclair ». Le Démon se souvenant de cette seconde défaite, frappa le Christ pour la seconde fois.
La tradition établit un parallèle entre la chute du Christ, toute physique, avec celle d'Adam et de l'humanité, morale celle-ci. Au cours de l'histoire, la chute de l'homme prend des formes toujours nouvelles. Dans sa première épître, saint Jean parle d'une triple chute de l'homme : Celle de la chair, celle de l'orgueil et celle des richesses matérielles. Cependant nous pouvons aussi penser à nos détachements de la foi, à nos abandons. N'est-ce pas là ce que produisent les grandes idéologies, comme la banalisation de l'homme qui ne croit plus à rien et qui se laisse simplement aller, construisant ainsi un nouveau paganisme, un paganisme plus mauvais, qui, en voulant mettre définitivement Dieu à part, a fini par se débarrasser de l'homme. L'homme gît ainsi dans la cendre. Le Seigneur porte ce poids, il tombe et il retombe, pour pouvoir venir jusqu'à nous ; il nous regarde afin que notre cœur se réveille ; il retombe pour nous relever.
O mon Dieu, apprenez-nous à souffrir avec Vous, et à ne pas craindre les soufflets que Satan pourrait donner à ceux qui lui résistent.


8° Station - Les femmes de Jérusalem pleurent sur Notre-Seigneur.

Écouter Jésus alors qu'il fait des reproches aux femmes de Jérusalem qui le suivent et qui pleurent sur lui nous surprend puis nous fait réfléchir. Comment comprendre cette attitude du Christ ? S'agit-il de reproches adressés à une piété purement sentimentale et qui n'a rien d'une vraie conversion et d'une foi vécue ? Il ne sert à rien de pleurer sur les souffrances de ce monde avec des paroles et par des sentiments, alors que notre vie continue toujours à être égale à elle-même. C'est pourquoi le Seigneur nous avertit du danger dans lequel nous sommes nous-mêmes. Il nous montre la gravité du péché et la gravité du jugement. Malgré tous nos discours effrayés devant le mal et la souffrance des innocents, ne sommes-nous pas trop enclins à banaliser le mystère du mal ? En définitive, de l'image de Dieu et de Jésus, nous ne retenons peut-être que l'aspect doux et aimable, alors que nous avons évacué tranquillement l'aspect du jugement... Nous nous demandons si Dieu peut encore prendre notre faiblesse au tragique. Car nous ne sommes que des hommes ! Mais en regardant les souffrances du Fils, nous voyons toute la gravité du péché, nous voyons comment il doit être expié jusqu'à la fin pour pouvoir être vaincu. Le mal ne peut pas continuer à être banalisé devant l'image du Seigneur qui souffre. A nous aussi, le Seigneur déclare : Ne pleurez pas sur moi, pleurez sur vous-mêmes ... car si l'on traite ainsi l'arbre vert, que deviendra l'arbre sec ?
Les larmes ne suffisent pas. Les larmes doivent se transformer en amour qui éduque, en force qui guide. Les larmes doivent empêcher d'autres larmes !


9° Station - Jésus tombe pour la troisième fois.

Que peut nous dire la troisième chute de Jésus sous le poids de la croix ? A nouveau comment ne pas penser à la chute de l'homme ? Mais cette fois-ci considérons à ce que le Christ souffre dans son Église Elle-même ? Combien de fois abusons-nous du Saint-Sacrement, de sa présence, dans quel cœur vide et mauvais entre-t-Il souvent ? Combien de fois ne célébrons-nous que nous-mêmes, et ne prenons-nous même pas conscience de sa présence ? Combien de fois sa Parole est-elle déformée et galvaudée ? Quel manque de foi dans de très nombreuses théories, combien de paroles creuses ! Combien d'orgueil et d'autosuffisance ! Que de manques d'attention au sacrement de pénitence, où le Christ nous attend pour nous relever de nos chutes ! Tout cela est présent dans sa passion. La trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le cœur.
Satan fera une troisième et dernière chute à la fin du monde, alors qu'il sera enfermé pour toujours dans la prison éternelle de l'absence de Dieu. Il sait dès le commencement que telle sera sa fin, il n'a nulle espérance ; il est plongé dans le désespoir. Il savait donc bien qu'aucune souffrance infligée au Christ ne servirait pas à le faire échapper à ce sort inévitable. Mais il avait résolu, dans sa haine et son horrible rage, de l'insulter et de le torturer, pendant qu'il était encore son pouvoir. Voilà pourquoi il Le renversa une troisième fois.
Il ne nous reste plus qu'à adresser à Notre Dieu, du plus profond de notre âme, ce cri : Kyrie, eleison.


10° Station - Jésus est dépouillé de ses vêtements.

Le vêtement donne à l'homme sa position sociale, il lui donne sa place dans la société, il le fait être quelqu'un. Être dépouillé en public signifie, pour Jésus, n'être plus personne, n'être rien d'autre qu'un exclu, méprisé de tous. Le moment du dépouillement nous rappelle aussi l'exclusion du paradis : la splendeur de Dieu a disparu en l'homme qui maintenant se trouve là, nu et exposé, dénudé et honteux. De cette manière, Jésus assume encore une fois la situation de l'homme pécheur. Ce Jésus dépouillé nous rappelle le fait que, tous, nous avons perdu notre «premier vêtement», c'est-à-dire la splendeur de Dieu. Sous la croix les soldats tirent au sort pour se partager ses pauvres biens, ses vêtements. Les évangiles rappellent qu'il s'agit là de l'accomplissement des prophéties. Rien n'est pure coïncidence, tout ce qui arrive est contenu dans la Parole de Dieu et voulu par son dessein divin. Le Seigneur fait l'expérience de toutes les stations et de tous les degrés de la perdition humaine, et chacun de ces degrés est, avec toute son amertume, une étape de la Rédemption : c'est ainsi qu'il ramène au bercail la brebis perdue.
En outre, cet habit du Christ était riche de symbole : en effet, saint Jean nous enseignant que sa tunique était toute d'une pièce, on peut y voir une allusion au vêtement du grand prêtre, qui lui aussi était tissé d'une seule pièce. Dès lors, comment ne pas comprendre que Lui, le Crucifié, est le véritable grand prêtre.


11° Station - Jésus est cloué à la Croix.

Les minutes de l'agonie s'écoulent et l'énergie vitale de Jésus s'épuise lentement sur la croix. Pourtant il a encore la force d'accomplir un dernier acte d'amour à l'égard de l'un des deux condamnés à mort qui sont à ses côtés. Entre le Christ et cet homme se déroule un fragile dialogue qui tient en deux phrases essentielles : D'un côté, l'appel du malfaiteur, du bon larron, du converti de la dernière heure : « Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras avec ton Royaume ». La réponse de Jésus est très brève... comme un souffle : « Aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». Ce mot « Paradis » est très rare dans l'Écriture : Il n'apparaît que deux autres fois dans le Nouveau Testament. Il évoque à l'origine un jardin fertile et fleuri : C'est une image évocatrice du Royaume de lumière et de paix que Jésus avait annoncé dans sa prédication et qu'il avait inauguré par ses miracles. C'est le but de notre difficile chemin dans l'histoire, c'est la plénitude de la vie, c'est l'intimité de l'étreinte avec Dieu. C'est le don ultime que le Christ nous fait à travers le sacrifice de sa mort qui s'ouvre sur la gloire de la résurrection.
Le dialogue s'arrête donc là. Mais ces quelques paroles jaillissant péniblement des deux gorges desséchées, se font encore entendre aujourd'hui et elles résonnent toujours comme un signe de confiance et de salut pour celui qui a péché mais qui aussi a cru et espéré, fût-ce à la toute dernière extrémité de sa vie.


12° Station - Jésus meurt sur la Croix.

Au début de ce chemin de croix, nous avons considéré la nuit pâle de Gethsémani. Mais maintenant c'est l'obscurité. Les ténèbres semblent donc vaincre la terre où Dieu meurt. Le Fils de Dieu pour être vraiment homme et notre frère, doit aussi boire le calice de la mort car cette dernière est commune à nous autres, fils d'Adam. Ainsi devient-Il par sa mort, semblable à ses frères. Il devient pleinement l'un de nous, présent avec nous à ce moment terrible. Moment qui se produit certainement en ce moment même pour un homme ou une femme, ici à Paris, dans d'autres villes et lieux de ce monde.
Dans le Christ qui meurt, il y a un Dieu passionné, amoureux de ses créatures au point de mourir librement dans la souffrance. C'est pour cela que le Christ Crucifié est le signe humain universel de la solitude de la mort, de l'injustice et du mal ; mais aussi le signe divin universel d'espérance, de don de soi et de vie.
En effet, même lorsqu'il est là, mourant sur la croix, tandis que son souffle s'éteint, Jésus ne cesse pas d'être le Fils de Dieu. À ce moment-là, toutes les souffrances et toutes les morts sont traversées et prises par la divinité, elles sont irradiées d'éternité, un germe de vie éternelle est déposé en elles, et sur elles brille une étincelle de lumière divine.
« Père, entre tes mains je remets mon esprit... Consummatum est... Tout est accompli... » Le mystère de l'amour de Dieu envers nous est accompli !
La rançon est payée et nous sommes rachetés. Dieu ne voulait pas nous pardonner gratuitement afin de nous montrer combien nous étions chers à ses yeux : Ce que l'on achète a de la valeur. Aussi pour montrer son amour pour nous, Il fixa un prix : La mort de son propre Fils, revêtu de notre nature humaine.


13° Station - Jésus est déposé dans les bras de sa sainte Mère.


Si Marie avait commencé à se détacher de son Fils depuis ses douze ans où Il lui avait dit qu'il avait une autre maison et une autre mission à accomplir, à ce moment précis, son détachement est suprême. C'est une heure de déchirement, celle que connaît toute mère quand elle voit renversée la logique même de la nature selon laquelle ce sont les mères qui doivent mourir avant leurs enfants. Mais saint Jean n'évoque aucune larme sur son visage, aucun cri sur ses lèvres. C'est au contraire un halo de silence.
Ce détachement extrême n'est pas stérile : au contraire il est d'une fécondité inattendue, semblable à une mère qui accouche. En effet, Marie redevient mère. Et de fait l'Evangile reprend le mot de « mère » 5 fois dans ce tragique passage. Marie donc, redevient mère et ses fils seront tous ceux qui, comme « le disciple bien-aimé », se placent sous le manteau de la grâce divine et qui suivent le Christ dans la foi et dans l'amour.
À partir de cet instant, Marie ne sera plus seule, elle deviendra la mère de l'Église, d'un peuple immense, de toute langue, nation et race, qui, tout au long des siècles, se pressera avec elle autour de la croix du Christ, son premier-né.
Jésus est maintenant redevenu votre propriété, ô Vierge-Mère, car le monde et Lui se sont séparés pour toujours. Il vous avait quittée pour faire l'œuvre de son Père, Il l'a terminée et l'a soufferte. Satan et les mauvais hommes n'ont plus maintenant aucun droit sur Lui, trop longtemps Il a été dans leurs mains. Vous avez maintenant droit à Le reprendre, maintenant que le monde a fini de Lui nuire.
Vierge Mère de Dieu, priez pour nous.


14° Station - Jésus est déposé dans le sépulcre.


Le corps crucifié et torturé du Christ est délicatement enveloppé dans le Saint-Suaire par Joseph d'Arimathie et placé dans le sépulcre taillé dans le roc. Durant les heures de silence qui vont suivre, le Christ sera vraiment comme tous les hommes qui entrent dans les entrailles obscures de la mort et de la rigidité cadavérique. Pourtant, dans ce crépuscule du Vendredi saint, il y a comme un frémissement : Saint Luc note que « déjà brillaient les lumières du sabbat » aux fenêtres des maisons de Jérusalem. La veillée que les Juifs vivent dans leurs maisons devient presque le symbole de l'attente des femmes et de Joseph d'Arimathie et des autres disciples. Une attente qui emplit maintenant avec une tonalité nouvelle le cœur de tout croyant qui se trouve devant un tombeau ou qui sent la main glacée de la maladie ou de la mort l'envahir. C'est l'attente d'une aube nouvelle. En cette aurore, sur le chemin qui mène aux tombeaux, l'ange viendra à notre rencontre et il nous dira : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n'est pas ici, il est ressuscité ! ». Et sur le chemin du retour vers nos maisons, c'est le Ressuscité qui s'approchera de nous, marchant avec nous, et qui passera le seuil de la maison pour être l'hôte de notre table.

 

 

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Illustraion

Jérôme Bosch, Le portement de la croix.

 

Source

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