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dimanche, 13 novembre 2016

La force du silence

 

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Après le succès de Dieu ou rien (Fayard, 2015), le cardinal Robert Sarah publie début octobre un nouveau livre avec Nicolas Diat (1).& 8200;Livre magnifique d’une hauteur spirituelle remarquable qui nous fait entrer dans le cœur du mystère de Dieu : le silence, nécessaire pour toute rencontre avec le Seigneur, dans la vie intérieure comme dans la liturgie. Rencontre avec un homme habité par Dieu.


Ce livre que vous proposez aux lecteurs est une véritable méditation spirituelle sur le silence : pourquoi vous êtes-vous lancé dans une réflexion si profonde que l’on n’attend pas habituellement d’un Préfet de la Congrégation pour le Culte divin en charge de dossiers très concrets de la vie de l’Eglise ?

 

 

Lire la suite de l'article ici: LA NEF

lundi, 22 février 2010

MGR RANJITH RESTAURE LA LEX ORANDI DANS SON DIOCÈSE

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Paix liturgique publie  un long passage de la lettre pastorale adressée à tous les prêtres, religieux et fidèles de son diocèse, par Mgr Ranjith, ancien Secrétaire de la Congrégation pour le Culte divin, nommé l'an dernier archevêque de Colombo, à propos des abus liturgiques qui se sont développés dans son diocèse, comme hélas dans tous les diocèses de l'univers.



On remarquera que le nouvel archevêque de Colombo invoque l'autorité de Vatican II (Constitution Sacrosanctum Concilium, 1963), puis qu'il passe à celle d'Ecclesia de Eucharistia (Jean-Paul II, 2003) et de Sacramentum Caritatis (Benoît XVI, 2007), mais qu'il fait l'impasse, comme on dit, sur les documents de la réforme Bugnini elle-même. Sauf pour dire laconiquement : il faut faire comme cela est dit dans les livres.



Ce rappel de l'archevêque de Colombo vient après bien d'autres. Si d'ailleurs, tant de remontrances - malheureusement parfaitement inutiles - ont été énoncées par Rome depuis la promulgation de la réforme liturgique Bugnini, c'est assurément que s'était introduit en elle dès l'origine, comme faisant corps avec elle, un principe de désordre : multiples traductions souvent hasardeuses ; variations innombrables permises dans les gestes et les textes ; éclatement de la prière eucharistique unique qui était la grande caractéristique de la liturgie romaine ; et d'une manière générale indications qui avaient toute les apparences d'une invitation généralisée à la créativité.

 

 

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De sorte que, en matière de réforme liturgique, prescrire de revenir à la "norme", c'est en fait modifier l'essence de la réforme elle-même, qui est a-normative par nature, et c'est ainsi faire avancer un processus inéluctable de révision de cette très étrange réforme liturgique. Qui plus est, les appels romains apparaissent souvent "abstraits", ou pour mieux dire lointains. Avec ce document épiscopal, on passe au "concret", c'est-à-dire à des prescriptions de terrain.

Bien que Mgr Ranjith rappelle des choses souvent répétées depuis la réforme liturgique de Paul VI, ce document humble mais ferme - émanant d'un évêque dont on connaît la proximité avec le pape Benoît XVI - a une très grande importance "politique". Ce texte est promulgué par un évêque, ce qui est rarissime. Il est précis, concret et normatif, ce qui est unique. 

Que se multiplient les appels épiscopaux de ce type, et l'esprit de la réforme de 1970 n'en sortira pas indemne.

Voici la traduction de la première partie de cette circulaire, publiée début octobre 2009. Le texte intégral figure sur le site du diocèse de Colombo.

 

 

 


 

 

A) LE DOCUMENT

Très Révérend Docteur Malcolm Ranjith
Par la grâce de Dieu et la grâce du Saint-Siège

Archevêque de Colombo
7 octobre 2009
À tous les Révérends Pères, Frères, Sœurs, et les fidèles laïcs du diocèse de Colombo


Chers Frères et Sœurs,


Ces derniers temps un certain nombre de mouvements de renouveau catholique et de personnes ont conduit de multiples exercices paraliturgiques en dehors du calendrier paroissial habituel. Tout en appréciant les nombreuses conversions, la valeur de témoignage, l'enthousiasme renouvelé pour la prière, la participation dynamique et la soif de la Parole de Dieu, je suis, en tant qu'évêque diocésain et intendant général des mystères de Dieu dans l'Église locale confiée à mes soins, le modérateur, le promoteur et le gardien de la vie liturgique de l'archidiocèse de Colombo ; à ce titre, je sollicite donc votre bienveillante attention sur les aspects liturgiques et ecclésiologiques liés à cette nouvelle situation et vous prie instamment de respecter les directives énoncées dans la présente circulaire à effet immédiat.



I. L'Eucharistie est la célébration du Mystère pascal par excellence donné à l'Église par Jésus-Christ Lui-même. Jésus-Christ est le commencement de toute liturgie dans l'Église et à ce titre toute liturgie est donc essentiellement d'origine divine. Elle est l'exercice de Sa fonction sacerdotale et par conséquent n'est certainement pas une simple entreprise humaine ou une pieuse innovation. En fait, il est inexact de l'appeler une simple célébration de la vie. Elle est beaucoup plus que cela. Elle est la source et le sommet à partir desquels toutes les grâces divines arrosent l'Église. Ce très sacré mystère a été confié aux Apôtres par le Seigneur, et l'Église en a soigneusement préservé la célébration au cours des siècles, donnant ainsi naissance à une tradition sacrée et une théologie qui ne cèdent pas à l'interprétation individuelle ou privée. Par conséquent, aucun prêtre, qu'il soit diocésain ou religieux, ou invité de l'extérieur de l'archidiocèse voire de l'étranger, n'est autorisé à modifier, ajouter ou retrancher quoi que ce soit dans le rite sacré de la messe. Ceci n'est pas nouveau mais a été établi en 1963 par la Constitution Sacrosanctum Concilium (22.3), la constitution dogmatique sur la sainte liturgie du Concile Vatican II, et a été plus tard réitéré à maintes reprises dans des documents comme Sacramentum Caritatis de Sa Sainteté Benoît XVI et Ecclesia de Eucharistia du Pape Jean-Paul II de vénérée mémoire.



À cet égard, certains éléments devraient être explicitement mentionnés :



1. Les prêtres ne sont pas autorisés à modifier ni à improviser la Prière eucharistique ou d'autres prières immuables de la Messe - même s'il s'agit de donner des précisions sur un élément déjà présent - en chantant des refrains différents ou des explications diverses. Nous devons comprendre que la liturgie de l'Église est étroitement liée à sa foi et à sa tradition : "Lex orandi, lex credendi", la règle de la prière est la règle de la foi ! C'est le Seigneur qui nous a donné la liturgie et personne d'autre ; personne d'autre n'a donc le droit de la changer.



2. Les manifestations du type "Praise and Worship" (littéralement "louange et adoration" mais il s'agit ici d'un courant musical de style gospel, NdT) ne sont pas permises au cours de l'ensemble du rite de la Messe. La musique désordonnée et assourdissante, les claquements de mains, les longues interventions et les gestes qui perturbent la sobriété de la célébration ne sont pas autorisés. Il est très important que nous comprenions la sensibilité culturelle religieuse du peuple sri-lankais. La majorité de nos compatriotes sont bouddhistes et à ce titre habitués à un culte profondément sobre ; pour leur part, ni les musulmans ni les hindous ne créent d'agitation dans leur prière. En outre, il existe dans notre pays une forte opposition envers les sectes fondamentalistes chrétiennes et nous nous battons, en tant que catholiques, pour faire comprendre que les catholiques sont différents de ces sectes. Or, certains de ces soi-disant exercices de louange et d'adoration ressemblent plus à des exercices religieux fondamentalistes qu'au culte catholique romain. Qu'il nous soit permis de respecter notre diversité culturelle et notre sensibilité.



3. La Parole de Dieu prescrite ne peut être changée au hasard et le psaume responsorial doit être chanté et non remplacé par des cantiques de méditation. La dimension contemplative de la Parole de Dieu est d'une importance capitale. Dans certains des services paraliturgiques, les gens ont tendance aujourd'hui à devenir extrêmement verbeux et bavards. Dieu parle, nous devons L'écouter ; et, pour bien écouter, le silence et la méditation sont plus nécessaires que l'exubérance cacophonique.

4. Les prêtres doivent prêcher la Parole de Dieu sur les mystères liturgiques célébrés. Il est strictement interdit aux laïcs de prêcher lors des célébrations liturgiques.

5. La Très Sainte Eucharistie doit être administrée avec le plus grand soin et le plus grand respect, et ce uniquement par ceux qui sont autorisés à le faire. Tous les ministres, habituels comme extraordinaires, doivent être revêtus des ornements liturgiques corrects. Je recommande à tous les fidèles, y compris aux religieux, de communier avec respect, à genoux et sur la langue. La pratique de l'auto-communion est interdite et je demanderais humblement à tout prêtre qui la permettrait de suspendre immédiatement cette pratique.



6. Tous les prêtres sont censés suivre le rite de la Messe tel qu'il est stipulé, afin qu'il n'y ait pas lieu de comparer et d'opposer les messes célébrées par certains prêtres aux autres messes dites par le reste des prêtres.




8. Les bénédictions liturgiques sont réservés uniquement aux ministres de la liturgie, c'est-à-dire : les évêques, les prêtres et les diacres. Tout le monde peut prier pour l'autre. Mais il est instamment recommandé de ne pas utiliser de gestes pouvant porter à l'illusion, à la confusion ou à une mauvaise interprétation.

 

 

 

Suite ICI

 

 

samedi, 19 avril 2008

La messe, c'est l'œuvre de la Rédemption

 

 

 

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Pourquoi les chrétiens attachent-ils autant d'importance à la messe ?

 

 

 

 

La messe, c'est l'œuvre de la Rédemption qui s'accomplit et se répand. Le sacrifice de la Croix est rendu présent par la messe. Elle est la grande action du Christ qui assume tout l'agir humain du chrétien. Mémoire (c'est à dire concentré) de toutes les merveilles de Dieu, comme dit un psaume, la messe rend présente et efficace l'histoire du salut dans la vie des hommes de tous les temps et tous les lieux. Toute la vie chrétienne découle de la messe ou s'oriente vers elle. La messe prolonge l'effusion d'amour que Jésus-Christ a méritée par sa mort le vendredi saint. Assister à la messe, c'est se tenir au pied de la croix, c'est s'unir à l'offrande que Jésus-Christ, toujours vivant, fait à son Père pour nous. C'est pourquoi la messe doit être au cœur de la vie de chaque chrétien.

 

La sainte messe est le sacrifice du Corps et du Sang de Jésus-Christ, offert sur nos autels sous les espèces du pain et du vin en souvenir du sacrifice du Christ.


Catéchisme de saint Pie X

La messe est à la fois et inséparablement le mémorial sacrificiel dans lequel se perpétue le sacrifice de la Croix, et le banquet sacré de la communion au Corps et au Sang du Seigneur.


Catéchisme de l'Eglise Catholique

L'Eglise et le monde ont un grand besoin du culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement de l'amour. Ne refusons pas le temps pour aller Le rencontrer dans l'adoration, dans la contemplation pleine de foi et ouverte à réparer les fautes graves et les délits du monde. Que ne cesse jamais notre adoration …


Jean-Paul II, Dominicae cenae

 

 

 

 

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 SOURCE

 

Paix liturgique 

 

 

 

 

 

vendredi, 11 avril 2008

L’assistance à la Messe, source de sanctification

 
 
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Par le P. Reginald Garrigou-Lagrange, O.P.

Extrait de la Vie Spitituelle n°187, du 1er Avril 1935

 

 

 

La sanctification de notre âme se trouve dans une union chaque jour plus intime avec Dieu, union de foi, de confiance et damour. Dès lors un des plus grands moyens de sanctification est lacte le plus élevé de la vertu de religion et du culte chrétien : la participation au sacrifice de la Messe. Pour toute âme intérieure, la Messe doit être chaque matin comme la source éminente, doù dérivent les grâces dont nous avons besoin dans le cours de la journée, source de lumière et de chaleur, semblable, dans lordre spirituel, à ce quest le lever du soleil dans lordre de la nature. Après la nuit et le som­meil, qui sont comme une image de la mort, le soleil réapparaissant chaque matin rend en quelque sorte la vie à tout ce qui se réveille à la surface de la terre. Si nous connaissions profondément le prix de la messe quo­tidienne, nous verrions quelle est comme un lever de soleil spirituel, pour renouveler, conserver et augmenter en nous la vie de la grâce, qui est la vie éternelle com­mencée. Mais trop souvent lhabitude dassister à la messe, par manque desprit de foi, dégénère en routine, et nous ne recevons plus alors du saint sacrifice tous les fruits que nous devrions en recevoir.

Ce devrait être pourtant l’acte le plus grand de chacune de nos journées, et dans la vie dun chrétien, surtout dun religieux, tous les autres actes quotidiens ne devraient être que l’accompagnement de celui-là, notam­ment toutes les autres prières et les petits sacrifices que nous devons offrir au Seigneur dans la journée.

Rappelons ici :

1° ce qui fait la valeur du sacrifice de la messe,

2° quel est le rapport de ses effets avec nos dis­positions intérieures,

3° comment nous devons nous unir au sacrifice eucharistique.

 


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L’oblation toujours vivante au cœur du christ

 

Lexcellence du sacrifice de la Messe vient, dit le Concile de Trente[1], de ce que cest le même sacrifice en substance que celui de la Croix, parce que cest le mêmeprêtre qui continue actuellement de soffrir par ses ministres, cest la même victime, réellement présente sur lautel, qui est réellement offerte ; seule la manière de loffrir diffère : tandis quil y eut sur la Croix une immolation sanglante, il y a à la Messe une immolation sacramentelle par la séparation, non pas physique, mais sacramentelle du corps et du sang du Sauveur, en vertu de la double consécration. Ainsi le sang de Jésus, sans être physiquement répandu, est sacramentellement répandu[2].

Cette immolation sacramentelle est un signe[3] de loblation intérieure de Jésus, à laquelle nous devons nous unir ; elle est aussi le mémorial de limmolation sanglante du Calvaire. Bien qu’elle soit seulement sacramentelle, cette immolation du Verbe de Dieu fait chair est plus expressive que limmolation sanglante de lagneau pascal et de toutes les victimes de lAncien Testament. Un signe tire en effet sa valeur expressive de la grandeur de la chose signifiée ; le drapeau qui nous rappelle la patrie, fût-il dune étoffe commune, a plus de prix à nos yeux que le fanion particulier dune compagnie ou que linsigne dun officier. De même limmolation sanglante des victimes de lAncien Testament, figure éloignée du sacrifice de la Croix, exprimait seulement les sentiments intérieurs des prêtres et des fidèles de lancienne Loi ; tandis que limmolation sacramentelle du Sauveur sur nos autels exprime surtout l’oblation intérieure toujours vivante au cœur du « Christ qui ne cesse d’intercéder pour nous » (Hébr., VII, 25).

Or cette oblation, qui est comme lâme du sacrifice de la Messe, a une valeur infinie, quelle puise en la personne divine du Verbe fait chair, prêtre principal et victime, dont limmolation continue sous une forme sacramentelle.

Saint Jean Chrysostome écrit : « Lorsque vous voyez à lautel le ministre sacré élevant vers le ciel la sainte hos­tie, nallez pas croire que cet homme soit le prêtre véri­table (principal), mais, élevant vos pensées au-dessus de ce qui frappe les sens, considérez la main de Jésus-Christ invisiblement étendue[4]. » Le prêtre que nous voyons de nos yeux de chair ne peut pénétrer toute la profondeur de ce mystère, mais au-dessus de lui il y a lintelligence et la volonté de Jésus prêtre principal. Si le ministre nest pas toujours ce quil devrait être, le prêtre principal est infiniment saint ; si le ministre, même lorsquil est très bon, peut être légèrement distrait ou occupé des cérémonies extérieures du sacrifice, sans en pénétrer le sens intime, il y a au-dessus de lui quelquun qui nest pas distrait et qui offre à Dieu en pleine connaissance de cause une adoration réparatrice dune valeur infinie, une supplication et une action de grâces dune portée sans limites.

Cette oblation intérieure toujours vivante au cœur du Christ est donc bien pour ainsi dire lâme du sacrifice de la Messe. Elle est la continuation de celle par laquelle Jésus soffrit comme victime en entrant en ce monde et dans tout le cours de son existence terrestre, surtout sur la Croix. Quand le Sauveur était sur la terre, cette oblation était méritoire ; maintenant elle continue sans cette modalité du mérite. Elle continue sous forme dadoration réparatrice et de supplication, pour nous appliquer les mérites passés de la Croix. Même lorsque la dernière Messe sera achevée à la fin du monde, et quil ny aura plus de sacrifice proprement dit, mais sa consommation, loblation intérieure du Christ à son Père durera, non plus sous forme de réparation et de supplication, mais sous forme d’adoration et daction de grâces. Cest ce que nous fait prévoir le Sanctus, Sanctus, Sanctus, qui donne quelque idée du culte des bienheureux dans léternité.

Sil nous était donné de voir immédiatement lamour qui inspire cette oblation intérieure, qui dure sans cesse au cœur du Christ, « toujours vivant pour intercéder pour nous », quelle ne serait pas notre admiration !

La Bienheureuse Angèle de Foligno nous dit[5] : « Jai non pas la pensée vague, mais la certitude absolue que, si une âme voyait et contemplait quelquune des splendeurs intimes du sacrement de lautel, elle prendrait feu, car elle verrait lamour divin. Il me semble que ceux qui offrent le sacrifice, ou qui y prennent part, devraient méditer profondément sur la vérité profonde du mystère trois fois saint, dans la contemplation duquel nous devrions demeurer immobiles et absorbés. »

 


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Les effets du sacrifice de la messe et nos dispositions intérieures

 

Loblation intérieure du Christ Jésus, qui est lAme du sacrifice eucharistique, a les mêmes fins et les mêmes effets que le sacrifice de la Croix, mais il importe de dis­tinguer, parmi ces effets, ceux qui sont relatifs à Dieu et ceux qui nous concernent.

Les effets de la Messe immédiatement relatifs à Dieu, comme ladoration réparatrice et laction de grâces, se produisent toujours infailliblement et pleinement avec leur valeur infinie, même sans notre concours, même si la Messe était célébrée par un ministre indigne, pourvu quelle soit valide. De chaque Messe sélève ainsi vers Dieu une adoration et une action de grâces dune valeur sans limites, à raison de la dignité du Prêtre principal qui offre et du prix de la victime offerte. Cette oblation « plait plus à Dieu que tous les péchés réunis ne lui déplaisent » ; cest là ce qui constitue lessence même du mystère de la Rédemption par manière de satisfaction[6].

Quant aux effets de la Messe, qui sont relatifs à nous, ils ne se répandent que dans la mesure de nos dispositions intérieures.

Cest ainsi que la Messe, comme sacrifice propitiatoire, obtient ex opere operato aux pécheurs qui ny résistent pas, la grâce actuelle qui les porte à se repentir et qui leur inspire daller se confesser de leurs fautes[7]. Les paroles Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, parce nobis Domine, produisent en ceux des pécheurs qui ny mettent pas dobstacle des sentiments de contrition, comme le sacrifice de la Croix les produisit en lâme du bon larron. Il sagit ici surtout des pécheurs qui assistent à la Messe ou de ceux pour qui elle est dite.

Le sacrifice de la Messe, comme satisfactoire, remet aussi infailliblement aux pécheurs repentants une partie au moins de la peine temporelle due au péché, et cela en proportion des dispositions plus ou moins parfaites avec lesquelles ils y assistent. Cest pour cela, dit le Concile de Trente, que le sacrifice eucharistique peut être offert aussi pour la délivrance des âmes du purgatoire[8].

Enfin comme sacrifice impétratoire ou de Supplication, la Messe nous obtient ex opere operato toutes les grâces dont nous avons besoin pour nous sanctifier. Cest la grande prière du Christ toujours vivant qui continue pour nous, accompagnée de la prière de lEglise, Epouse du Sauveur. Leffet de cette double prière est propor­tionné à notre ferveur, et celui qui sy unit de son mieux est sûr dobtenir pour lui et ceux qui lui sont chers, les grâces les plus abondantes.

Selon saint Thomas et beaucoup de théologiens, ces effets de la Messe relatifs à nous ne sont limités que par la mesure de notre ferveur[9]. La raison en est que lin­fluence dune cause universelle nest limitée que par la capacité des sujets qui la reçoivent. Ainsi le soleil éclaire et réchauffe sur une place aussi bien mille personnes quune seule. Or le sacrifice de la Messe, étant substantiellement le même que celui de la Croix, est, par manière de réparation et de prière, une cause universelle de grâces, de lumière, dattrait et de force. Son influence sur nous nest donc limitée que par les dispositions ou la ferveur de ceux qui la reçoivent. Ainsi une seule messe peut être aussi profitable pour un grand nombre de personnes que si elle était offerte pour une seule dentre elles ; tout comme le sacrifice de la Croix ne fut pas moins profitable au bon larron que sil avait été offert pour lui seul. Si le soleil réchauffe aussi bien sur une place mille personnes quune seule, linfluence de cette source de chaleur spirituelle quest la Messe nest certes pas moindre dans son ordre. Plus on y assiste avec foi, confiance, religion et amour, plus grands sont les fruits qu’on en retire.

Tout cela nous montre pourquoi les saints, à la lumière des dons du Saint-Esprit, ont toujours tant apprécié le Sacrifice de la Messe. Certains, quoique infirmes et malades, voulaient se traîner à la messe, parce quelle vaut plus que tous les trésors. Sainte Jeanne dArc, se rendant à Chinon, importunait ses compagnons darmes et obtenait deux, à force dinstances, dassister chaque jour à la messe. Sainte Germaine Cousin était si fortement attirée vers lEglise quand elle entendait la cloche annoncer le saint sacrifice, quelle laissait ses brebis à la garde des anges et courait assister à la messe ;toujours son trou­peau fut bien gardé. Le saint Curé dArs parlait du prix de la Messe avec une telle conviction, quil avait obtenu que tous ou presque tous ses paroissiens y assistassent. Nombre dautres saints versaient des larmes damour ou tombaient en extase pendant le sacrifice eucharistique ; quelques-uns ont vu à la place du célébrant Notre-Seigneur lui-même, le Prêtre principal. Dautres, à lélévation du calice, virent le précieux sang déborder, comme sil allait se répandre sur les bras du prêtre et dans le sanctuaire, et des anges venir avec des coupes dor pour le recueillir, comme pour le porter partout où il y a des hommes à sauver. Saint Philippe de Néri reçut des grâces de ce genre et se cachait pour célébrer, à cause des ravissements qui souvent le saisissaient à lautel.

 

 


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Comment nous unir au sacrifice eucharistique ?

 

On peut appliquer à ce sujet ce que saint Thomas[10] dit de lattention dans la prière vocale : « Elle peut porter, soit sur les mots, pour les bien prononcer, soit sur le sens des mots, soit sur la fin de la prière, cest-à-dire sur Dieu et la chose pour laquelle on prieCette dernière attention, que des simples sans culture peuvent avoir, est quelquefois si grande que lesprit est comme porté en Dieu et oublie tout le reste. »

De même pour bien assister à la messe, avec foi, confiance, vraie piété et amour, on peut la suivre de différentes manières. On peut être attentif aux prières liturgiques, généralement si belles et si pleines donction, délévation et de simplicité. On peut aussi se rappeler la Passion et la Mort du Sauveur, dont la messe est le mémorial, et se considérer comme étant au pied de la Croix avec Marie, Jean, les saintes femmes. On peut encore sappliquer à rendre à Dieu, en union avec Jésus, les quatre devoirs qui sont les fins du Sacrifice : adoration, réparation, demande et action de grâces[11]. Pourvu que lon prie, même en récitant pieusement son chapelet, on assiste fructueusement à la messe. On peut aussi avec grand profit, comme sainte Jeanne de Chantal et beaucoup de saints, y continuer son oraison, surtout si lon est porté à un amour pur et intense, un peu comme saint Jean à la Cène reposant sur le Cœur de Jésus.

Mais de quelque manière quon suive ainsi la Messe, Il Importe dinsister sur une chose importante. Il faut surtout nous unir profondément à l’oblation du Sauveur, prêtre principal : Avec lui, il faut loffrir à son Père, en nous rappelant que cotte oblation plait plus à Dieu que tous les péchés ne lui déplaisent. Il faut nous offrir aussi chaque jour plus profondément, offrir particulièrement les peines et contrariétés que nous avons déjà à porter et celles qui ce présenteront dans la journée.

Cest ainsi quà loffertoire le prêtre dit : « In spiritu humilitatis et in animo contrito suscipiamur a te, Domine : Cest avec un esprit humilié et un cœur contrit que nous vous demandons, Seigneur, de nous recevoir. »

Lauteur de lImitation, I. IV, ch. VIII, insiste à bon droit sur ce point : Le Seigneur y dit : « Comme je me suis offert volontairement à mon Père pour vos péchés, sur la croix, ainsi vous devez tous les jours, dans le sacrifice de la Messe, vous offrir à moi, comme une hostie pure et sainte, du plus profond de votre cœur… Cest vous que je veux et non pas vos donsSi vous demeurez en vous-mêmes, si vous ne vous abandonnez pas sans réserve à ma volonté, votre oblation nest pas entière, nous ne serons pas unis parfaitement. »

Au chapitre suivant, le fidèle répond : « Dans la simplicité de mon cœur, je moffre à vous, mon Dieu, pour vous servir à jamaisRecevez-moi avec loblation sainte de votre précieux CorpsJe vous offre aussi tout ce quil y a de bon en moi, si imparfait que ce soit, pour que vous la rendiez plus digne de vous. Je vous offre encore tous les pieux désirs des âmes fidèles, la prière pour ceux qui me sont chersla supplication pour ceux qui mont offensé ou attristé, pour ceux aussi que jai moi-même affligés, blessés, scandalisés, le sachant ou non, afin que vous nous pardonniez à tous nos offenses mutuelleset faites que nous soyons dignes de jouir ici-bas de vos dons et darriver à léternelle vie. »

La Messe ainsi comprise est une source féconde de sanctification, de grâces toujours nouvelles ; par elle peut se réaliser de mieux en mieux pour nous chaque jour la prière du Sauveur : « Je leur ai donné la lumière que vous mavez donnée, afin quils soient un comme nous sommes un, moi en eux et vous en moi, afin quils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que vous mavez envoyé et que vous les avez aimée comme vous mavez aimé » (Jean, XVII, 23).

La visite au Saint-Sacrement doit nous rappeler la messe du matin, et nous devons penser que dans le Tabernacle, sil ny a pas de sacrifice proprement dit, lequel cesse avec la messe, cependant Jésus réellement présent continue dadorer, de prier et de rendre grâces. Cest à toute heure du jour que nous devrions nous unir à cette oblation du Sauveur. Comme le dit la prière au Cœur Eucharistique : « Il est patient à nous attendre, pressé à nous exaucer ; il est le foyer de grâces toujours nouvelles, le refuge de la vie cachée, le maître des secrets de lunion divine. » Nous devons, près du Tabernacle, « nous taire pour lentendre, et nous quitter pour nous perdre en lui »[12].

 

 

Rome, Angelico.

 

 

Fr. Réginald Garrigou-Lagrange, O.P.



[1] Session XXII, cap. I et II.

[2] De même lhumanité du Sauveur reste numériquement la même, mais depuis sa résurrection elle est impassible, tandis quau­paravant elle était sujette à la douleur et à la mort.

[3] « Sacrificium externum est in genere signi, ut signum interioris sacrificii. »

[4] Homil. LX au peuple dAntioche.

[5] Livre de ses visions et instructions, chap. LXVII.

[6] Cf. S. Thomas, IIIa, q. 48, a. 2 : « Ille proprie satisfacit pro offensa, qui exhibet offenso id quod æque vel magis diligit, quam oderit offensam. »

[7] Cf. Concile de Trente, sess. XXII, c. II : « Hujus quippe obla­tione placatus Dominus, gratiam et donum pœnitentiæ concedens, crimina et peccata etiam ingentia dimittit. »

[8] Ibidem.

[9] Cf. S. Thomas, IIIa, q. 79, a. 5 et a. 7 ad 2um, où il n’y a pas dautre limite indiquée que celle de la mesure de notre dévotion « secundum quantitatem seu modum devotionis eorum » (id est : fidelium). Cajetan, In IIIam, q. 79, a. 5. Jean de Saint-Thomas, In IIIam, disp. 32, a. 3. Gonet, ClypeusDe Eucharistia, disp. II, a. 5. n° 100. Salmanticenses, de Eucharistia, disp. XIII, dub. VI. Nous nous séparons tout à fait de ce qua écrit à ce sujet le P. de la Taille, Esquisse du mystère de la foi, Paris, 1924, p. 22.

[10] IIa IIae, q. 82, a. 13.

[11] La première partie de la messe jusquà loffertoire nous ins­pire des sentiments de pénitence et de contrition (Confiteor, Kyrie eleison), dadoration et de reconnaissance (Gloria in excelsis), de supplication (Collecte), de foi vive (Epitre, Evangile, Credo), pour nous préparer à loffrande de la sainte Victime, suivie de la communion et de laction de grâces.

[12] Nous recommandons, pour lire pendant la visite au Saint­-Sacrement ou pour méditer comme sujet doraison, Les élévations sur la Prière au Cœur Eucharistique de Jésus, qui ont été publiées pour la première fois en 1926, Editions de la Vie Spirituelle.

 

 

 

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 Source

 SALVE REGINA

 

Illustrations 

Fra Angelico

L'institution de l'Eucharistie

vers 1441

Musée San Marco

Florence 

 
 
 

mercredi, 20 février 2008

La messe traditionnelle

 

 

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 clic
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 Un Pèlerin :
 
Mon Père, qu’est-ce que la Messe ?
 

Le Père : Le catéchisme en donne la signification suivante :

 

“ la sainte messe est le sacrifice du Corps et du Sang de Jésus Christ, offert sur nos autels sous les espèces du pain et du vin, en mémoire du sacrifice de la Croix ”

 

Le Pèlerin :

Mais quelle est l’utilité de ce sacrifice ?

 

Le Père : C’est une bien longue histoire : celle de l’homme, créature libre et intelligente, qui, par le péché se rebelle contre son créateur. Comme Dieu est parfait, le plus petit péché, du plus saint des hommes, lui apparaît comme un mal infini.

 

Le Pèlerin :

C’est pour cela, que, pour réparer un mal infini, il faut un acte, lui même parfait et infini ?

 

Le Père : En effet, voici pourquoi Jésus Christ, fait homme, a voulu nous racheter par un sacrifice parfait, celui de la Croix.

 

Le Pèlerin :

Mais qui obligeait Dieu à effectuer cet acte ?

 

Le Père :  Mais personne ! il s’agit d’un acte parfaitement gratuit, émanant d’une personne infiniment aimante !

 

Le Pèlerin :

Parlez moi maintenant de la liturgie de la messe. Elle ressemble si peu au repas de la Cène.

 

Le Père : Au début, en effet, les tous premiers chrétiens se sont assemblés à la fin d’un repas pour la messe. Puis, des abus eurent lieu, et les chefs de l’Eglise, dont St Paul, dûrent réglementer la messe pour lui garder sa piété et le respect dû à Dieu. Ainsi, dès le IIIème siècle, la liturgie que nous connaissons était définie.

 

Le Pèlerin :

Pourquoi dit-on la messe en latin ?

 

Le Père :  Le latin ? Mais c’est notre langue maternelle, tout simplement. L’Eglise romaine est notre mère, elle veut rassembler tous ses enfants dans l’unité d’une même langue, quelle que soit leur nationalité. Le latin est le signe de notre unité. C’est ainsi depuis de nombreux siècles, et cela a été encore rappelé au Concile Vatican II (Constitution sur la liturgie).

 

Le Pèlerin :

Mais qui comprend le latin aujourd’hui ?

 

Le Père :  Et bien … Dieu tout d’abord ! N’est-ce pas l’essentiel, puisque c’est à lui que l’on, s’adresse ? Le missel offre les traductions de toutes les prières de la messe. Le latin a par ailleurs de nombreux autres avantages : une langue différente de nos langues, consacrée par un usage plus que millénaire, n’est-ce pas un langage sacré, plus apte à célébrer le culte divin qu’une langue banalisée par l’usage courant ?

 

Le Pèlerin :

J’ai remarqué aussi que le prêtre nous tourne le dos à l’autel. Quelle en est la raison ?

 

Le Père : C’est tout simple, et c’est très beau. Dès les origines, les chrétiens se sont tournés vers l’Orient pour prier. Ils ont vu, en effet, dans le soleil levant, le symbole du Christ ressuscité, et de son retour à la fin des temps. On a donc naturellement construit les églises de telle manière que les fidèles et le prêtre à l’autel soient tournés vers l’Orient. De cette manière, nous sommes tous tournés vers Dieu.

 

Le Pèlerin :

Et pourquoi communie-t-on à genoux ?

 

Le Père :  Par la communion, nous recevons Dieu en nous. Un être immense, que l’univers ne saurait contenir, plus grand que tous les rois, créateur des galaxies et de l’infiniment petit ! N’est-ce pas la moindre des choses de lui marquer un peut de respect ? C’est pourquoi, seul le prêtre dont les mains ont été consacrées, a le droit de le toucher de ses mains.

 

Le Pèlerin :

Comment suivre la messe dans un missel ?

 

Le Père :  un missel est composé de trois grandes parties :

 

  • Le Temporal : ce sont les textes propres aux dimanches et jours de fête
  • Le Sanctoral : ce sont les textes propres aux autres jours de l’année, chaque jour étant dédié à un saint.
  • Le Commun : ce sont les textes communs à toutes les messes : le Kiriale (Kirie, Gloria, Sanctus et Agnus Dei) et d’autres textes (Credo, Pater et bien sûr le Canon). Pour suivre la messe dans son missel, il faut donc suivre le commun, puis, sauter aux textes du jour lorsqu’il y a lieu (Epître, Evangile, Offertoire …). C’est un exercice un peu difficile au début, mais on prend vite l’habitude !
 
Le Pèlerin :
 
Je sens qu’il me reste beaucoup de rites à découvrir,
beaucoup de mystères à approfondir,
beaucoup de textes à méditer.
Par quoi commencer ?

 

 

Le Père : Eh bien, vivez au rythme de l’Eglise : allez à la messe chaque dimanche, mais aussi en semaine pour apprécier la liturgie de chaque jour. Ménagez vous des instants de silence et de recueillement pour lire votre missel, votre catéchisme. Oui, vivez au rythme de Dieu et de sa belle liturgie traditionnelle !

 
 
 
 
 

 Ordinaire de la messe 1962.doc

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