lundi, 19 octobre 2009
C'est confirmé : l'offre de messes en latin créée la demande
En Italie, 63 % des catholiques pratiquants assisteraient régulièrement (40% toutes les semaines et 23% au moins une fois par mois) à la "messe traditionnelle" (c'est-à-dire la forme extraordinaire du rite romain, la messe Saint-Pie V) s’ils en avaient la possibilité matérielle.
A la suite de nombreuses sollicitations transalpines, « Paix Liturgique » et le très actif blog « Messa in latino » ont commandité un sondage à propos de la réception du Motu Proprio Summorum Pontificum en Italie et de l’attrait des Italiens pour la forme extraordinaire du rite romain.
Cette enquête a été réalisée du 24 au 27 septembre dernier auprès d'un échantillon de 1001 personnes de 15 ans et plus par l'institut Doxa. Institut leader en Italie sur le marché des sondages, membre fondateur du réseau Gallup, Doxa est reconnu pour la rigueur scientifique de son travail.
Paix Liturgique commente :
Ce sondage rappelle également avec force que les fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain sont extrêmement nombreux et ne sauraient se réduire à ceux de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X, par ailleurs très peu implantée en Italie où elle ne compte que 3 prieurés. Cette précision est importante car les évêques tentent régulièrement de limiter le débat liturgique à la FSSPX qui en réalité ne regroupe qu’une minorité – visible et dynamique – des fidèles restés attachés à la forme extraordinaire du rite romain. Voilà encore une illustration de la justesse de vue du Saint Père qui a compris que de très nombreux fidèles de base, restés dans leurs paroisses pour diverses raisons ou ayant fait le choix de ne plus pratiquer, sont restés attachés à l’expression de la foi de leurs pères et ne demandent qu’à pouvoir en jouir à nouveau.
Source
E-DEO
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lundi, 18 mai 2009
Merci!
Nous sommes particulièrement honorés de voir que notre blog a été mis en lien sur le site Una Voce.
Nous les remercions vivement; ceci est un encouragement qui nous va droit au coeur.
"Que m'importe le passé en tant que passé, s'écrie Gustave Thibon, ne voyez-vous pas que, lorsque je pleure sur la rupture d'une tradition, c'est surtout à l'avenir que je pense ? Quand je vois pourrir une racine, j'ai pitié des fleurs qui demain sécheront faute de sève. Telles sont pour nous les raisons de maintenir ardemment les formes les plus sacrées de la liturgie catholique."
Un très beau site web : http://motuproprioenisere.hautetfort.com/
A l'heure où Dieu disparaît de l’horizon des hommes, il nous apparaît plus que jamais indispensable de faire nôtre cet hymne à l'Espérance qu'est "Le porche du mystère de la deuxième vertu" de Charles Péguy.
"L'Espérance voit ce qui n'est pas encore et qui sera.
Elle aime ce qui n'est pas encore et qui sera
.Dans le futur du temps et dans l'éternité."
Nous profitons de ce message pour remercier celles et ceux qui viennent très nombreux visiter notre blog.
En union de prières.
12:46 Publié dans Message | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, tradition, christianisme, catholiscisme | | Imprimer | | del.icio.us | Digg | Facebook | | |
vendredi, 11 avril 2008
L’assistance à la Messe, source de sanctification
Par le P. Reginald Garrigou-Lagrange, O.P.
La sanctification de notre âme se trouve dans une union chaque jour plus intime avec Dieu, union de foi, de confiance et d’amour. Dès lors un des plus grands moyens de sanctification est l’acte le plus élevé de la vertu de religion et du culte chrétien : la participation au sacrifice de la Messe. Pour toute âme intérieure, la Messe doit être chaque matin comme la source éminente, d’où dérivent les grâces dont nous avons besoin dans le cours de la journée, source de lumière et de chaleur, semblable, dans l’ordre spirituel, à ce qu’est le lever du soleil dans l’ordre de la nature. Après la nuit et le sommeil, qui sont comme une image de la mort, le soleil réapparaissant chaque matin rend en quelque sorte la vie à tout ce qui se réveille à la surface de la terre. Si nous connaissions profondément le prix de la messe quotidienne, nous verrions qu’elle est comme un lever de soleil spirituel, pour renouveler, conserver et augmenter en nous la vie de la grâce, qui est la vie éternelle commencée. Mais trop souvent l’habitude d’assister à la messe, par manque d’esprit de foi, dégénère en routine, et nous ne recevons plus alors du saint sacrifice tous les fruits que nous devrions en recevoir.
Ce devrait être pourtant l’acte le plus grand de chacune de nos journées, et dans la vie d’un chrétien, surtout d’un religieux, tous les autres actes quotidiens ne devraient être que l’accompagnement de celui-là, notamment toutes les autres prières et les petits sacrifices que nous devons offrir au Seigneur dans la journée.
Rappelons ici :
1° ce qui fait la valeur du sacrifice de la messe,
2° quel est le rapport de ses effets avec nos dispositions intérieures,
3° comment nous devons nous unir au sacrifice eucharistique.
L’oblation toujours vivante au cœur du christ
L’excellence du sacrifice de la Messe vient, dit le Concile de Trente[1], de ce que c’est le même sacrifice en substance que celui de la Croix, parce que c’est le mêmeprêtre qui continue actuellement de s’offrir par ses ministres, c’est la même victime, réellement présente sur l’autel, qui est réellement offerte ; seule la manière de l’offrir diffère : tandis qu’il y eut sur la Croix une immolation sanglante, il y a à la Messe une immolation sacramentelle par la séparation, non pas physique, mais sacramentelle du corps et du sang du Sauveur, en vertu de la double consécration. Ainsi le sang de Jésus, sans être physiquement répandu, est sacramentellement répandu[2].
Cette immolation sacramentelle est un signe[3] de l’oblation intérieure de Jésus, à laquelle nous devons nous unir ; elle est aussi le mémorial de l’immolation sanglante du Calvaire. Bien qu’elle soit seulement sacramentelle, cette immolation du Verbe de Dieu fait chair est plus expressive que l’immolation sanglante de l’agneau pascal et de toutes les victimes de l’Ancien Testament. Un signe tire en effet sa valeur expressive de la grandeur de la chose signifiée ; le drapeau qui nous rappelle la patrie, fût-il d’une étoffe commune, a plus de prix à nos yeux que le fanion particulier d’une compagnie ou que l’insigne d’un officier. De même l’immolation sanglante des victimes de l’Ancien Testament, figure éloignée du sacrifice de la Croix, exprimait seulement les sentiments intérieurs des prêtres et des fidèles de l’ancienne Loi ; tandis que l’immolation sacramentelle du Sauveur sur nos autels exprime surtout l’oblation intérieure toujours vivante au cœur du « Christ qui ne cesse d’intercéder pour nous » (Hébr., VII, 25).
Or cette oblation, qui est comme l’âme du sacrifice de la Messe, a une valeur infinie, qu’elle puise en la personne divine du Verbe fait chair, prêtre principal et victime, dont l’immolation continue sous une forme sacramentelle.
Saint Jean Chrysostome écrit : « Lorsque vous voyez à l’autel le ministre sacré élevant vers le ciel la sainte hostie, n’allez pas croire que cet homme soit le prêtre véritable (principal), mais, élevant vos pensées au-dessus de ce qui frappe les sens, considérez la main de Jésus-Christ invisiblement étendue[4]. » Le prêtre que nous voyons de nos yeux de chair ne peut pénétrer toute la profondeur de ce mystère, mais au-dessus de lui il y a l’intelligence et la volonté de Jésus prêtre principal. Si le ministre n’est pas toujours ce qu’il devrait être, le prêtre principal est infiniment saint ; si le ministre, même lorsqu’il est très bon, peut être légèrement distrait ou occupé des cérémonies extérieures du sacrifice, sans en pénétrer le sens intime, il y a au-dessus de lui quelqu’un qui n’est pas distrait et qui offre à Dieu en pleine connaissance de cause une adoration réparatrice d’une valeur infinie, une supplication et une action de grâces d’une portée sans limites.
Cette oblation intérieure toujours vivante au cœur du Christ est donc bien pour ainsi dire l’âme du sacrifice de la Messe. Elle est la continuation de celle par laquelle Jésus s’offrit comme victime en entrant en ce monde et dans tout le cours de son existence terrestre, surtout sur la Croix. Quand le Sauveur était sur la terre, cette oblation était méritoire ; maintenant elle continue sans cette modalité du mérite. Elle continue sous forme d’adoration réparatrice et de supplication, pour nous appliquer les mérites passés de la Croix. Même lorsque la dernière Messe sera achevée à la fin du monde, et qu’il n’y aura plus de sacrifice proprement dit, mais sa consommation, l’oblation intérieure du Christ à son Père durera, non plus sous forme de réparation et de supplication, mais sous forme d’adoration et d’action de grâces. C’est ce que nous fait prévoir le Sanctus, Sanctus, Sanctus, qui donne quelque idée du culte des bienheureux dans l’éternité.
S’il nous était donné de voir immédiatement l’amour qui inspire cette oblation intérieure, qui dure sans cesse au cœur du Christ, « toujours vivant pour intercéder pour nous », quelle ne serait pas notre admiration !
La Bienheureuse Angèle de Foligno nous dit[5] : « J’ai non pas la pensée vague, mais la certitude absolue que, si une âme voyait et contemplait quelqu’une des splendeurs intimes du sacrement de l’autel, elle prendrait feu, car elle verrait l’amour divin. Il me semble que ceux qui offrent le sacrifice, ou qui y prennent part, devraient méditer profondément sur la vérité profonde du mystère trois fois saint, dans la contemplation duquel nous devrions demeurer immobiles et absorbés. »
Les effets du sacrifice de la messe et nos dispositions intérieures
L’oblation intérieure du Christ Jésus, qui est l’Ame du sacrifice eucharistique, a les mêmes fins et les mêmes effets que le sacrifice de la Croix, mais il importe de distinguer, parmi ces effets, ceux qui sont relatifs à Dieu et ceux qui nous concernent.
Les effets de la Messe immédiatement relatifs à Dieu, comme l’adoration réparatrice et l’action de grâces, se produisent toujours infailliblement et pleinement avec leur valeur infinie, même sans notre concours, même si la Messe était célébrée par un ministre indigne, pourvu qu’elle soit valide. De chaque Messe s’élève ainsi vers Dieu une adoration et une action de grâces d’une valeur sans limites, à raison de la dignité du Prêtre principal qui offre et du prix de la victime offerte. Cette oblation « plait plus à Dieu que tous les péchés réunis ne lui déplaisent » ; c’est là ce qui constitue l’essence même du mystère de la Rédemption par manière de satisfaction[6].
Quant aux effets de la Messe, qui sont relatifs à nous, ils ne se répandent que dans la mesure de nos dispositions intérieures.
C’est ainsi que la Messe, comme sacrifice propitiatoire, obtient ex opere operato aux pécheurs qui n’y résistent pas, la grâce actuelle qui les porte à se repentir et qui leur inspire d’aller se confesser de leurs fautes[7]. Les paroles Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, parce nobis Domine, produisent en ceux des pécheurs qui n’y mettent pas d’obstacle des sentiments de contrition, comme le sacrifice de la Croix les produisit en l’âme du bon larron. Il s’agit ici surtout des pécheurs qui assistent à la Messe ou de ceux pour qui elle est dite.
Le sacrifice de la Messe, comme satisfactoire, remet aussi infailliblement aux pécheurs repentants une partie au moins de la peine temporelle due au péché, et cela en proportion des dispositions plus ou moins parfaites avec lesquelles ils y assistent. C’est pour cela, dit le Concile de Trente, que le sacrifice eucharistique peut être offert aussi pour la délivrance des âmes du purgatoire[8].
Enfin comme sacrifice impétratoire ou de Supplication, la Messe nous obtient ex opere operato toutes les grâces dont nous avons besoin pour nous sanctifier. C’est la grande prière du Christ toujours vivant qui continue pour nous, accompagnée de la prière de l’Eglise, Epouse du Sauveur. L’effet de cette double prière est proportionné à notre ferveur, et celui qui s’y unit de son mieux est sûr d’obtenir pour lui et ceux qui lui sont chers, les grâces les plus abondantes.
Selon saint Thomas et beaucoup de théologiens, ces effets de la Messe relatifs à nous ne sont limités que par la mesure de notre ferveur[9]. La raison en est que l’influence d’une cause universelle n’est limitée que par la capacité des sujets qui la reçoivent. Ainsi le soleil éclaire et réchauffe sur une place aussi bien mille personnes qu’une seule. Or le sacrifice de la Messe, étant substantiellement le même que celui de la Croix, est, par manière de réparation et de prière, une cause universelle de grâces, de lumière, d’attrait et de force. Son influence sur nous n’est donc limitée que par les dispositions ou la ferveur de ceux qui la reçoivent. Ainsi une seule messe peut être aussi profitable pour un grand nombre de personnes que si elle était offerte pour une seule d’entre elles ; tout comme le sacrifice de la Croix ne fut pas moins profitable au bon larron que s’il avait été offert pour lui seul. Si le soleil réchauffe aussi bien sur une place mille personnes qu’une seule, l’influence de cette source de chaleur spirituelle qu’est la Messe n’est certes pas moindre dans son ordre. Plus on y assiste avec foi, confiance, religion et amour, plus grands sont les fruits qu’on en retire.
Tout cela nous montre pourquoi les saints, à la lumière des dons du Saint-Esprit, ont toujours tant apprécié le Sacrifice de la Messe. Certains, quoique infirmes et malades, voulaient se traîner à la messe, parce qu’elle vaut plus que tous les trésors. Sainte Jeanne d’Arc, se rendant à Chinon, importunait ses compagnons d’armes et obtenait d’eux, à force d’instances, d’assister chaque jour à la messe. Sainte Germaine Cousin était si fortement attirée vers l’Eglise quand elle entendait la cloche annoncer le saint sacrifice, qu’elle laissait ses brebis à la garde des anges et courait assister à la messe ;toujours son troupeau fut bien gardé. Le saint Curé d’Ars parlait du prix de la Messe avec une telle conviction, qu’il avait obtenu que tous ou presque tous ses paroissiens y assistassent. Nombre d’autres saints versaient des larmes d’amour ou tombaient en extase pendant le sacrifice eucharistique ; quelques-uns ont vu à la place du célébrant Notre-Seigneur lui-même, le Prêtre principal. D’autres, à l’élévation du calice, virent le précieux sang déborder, comme s’il allait se répandre sur les bras du prêtre et dans le sanctuaire, et des anges venir avec des coupes d’or pour le recueillir, comme pour le porter partout où il y a des hommes à sauver. Saint Philippe de Néri reçut des grâces de ce genre et se cachait pour célébrer, à cause des ravissements qui souvent le saisissaient à l’autel.
Comment nous unir au sacrifice eucharistique ?
On peut appliquer à ce sujet ce que saint Thomas[10] dit de l’attention dans la prière vocale : « Elle peut porter, soit sur les mots, pour les bien prononcer, soit sur le sens des mots, soit sur la fin de la prière, c’est-à-dire sur Dieu et la chose pour laquelle on prie… Cette dernière attention, que des simples sans culture peuvent avoir, est quelquefois si grande que l’esprit est comme porté en Dieu et oublie tout le reste. »
De même pour bien assister à la messe, avec foi, confiance, vraie piété et amour, on peut la suivre de différentes manières. On peut être attentif aux prières liturgiques, généralement si belles et si pleines d’onction, d’élévation et de simplicité. On peut aussi se rappeler la Passion et la Mort du Sauveur, dont la messe est le mémorial, et se considérer comme étant au pied de la Croix avec Marie, Jean, les saintes femmes. On peut encore s’appliquer à rendre à Dieu, en union avec Jésus, les quatre devoirs qui sont les fins du Sacrifice : adoration, réparation, demande et action de grâces[11]. Pourvu que l’on prie, même en récitant pieusement son chapelet, on assiste fructueusement à la messe. On peut aussi avec grand profit, comme sainte Jeanne de Chantal et beaucoup de saints, y continuer son oraison, surtout si l’on est porté à un amour pur et intense, un peu comme saint Jean à la Cène reposant sur le Cœur de Jésus.
Mais de quelque manière qu’on suive ainsi la Messe, Il Importe d’insister sur une chose importante. Il faut surtout nous unir profondément à l’oblation du Sauveur, prêtre principal : Avec lui, il faut l’offrir à son Père, en nous rappelant que cotte oblation plait plus à Dieu que tous les péchés ne lui déplaisent. Il faut nous offrir aussi chaque jour plus profondément, offrir particulièrement les peines et contrariétés que nous avons déjà à porter et celles qui ce présenteront dans la journée.
C’est ainsi qu’à l’offertoire le prêtre dit : « In spiritu humilitatis et in animo contrito suscipiamur a te, Domine : C’est avec un esprit humilié et un cœur contrit que nous vous demandons, Seigneur, de nous recevoir. »
L’auteur de l’Imitation, I. IV, ch. VIII, insiste à bon droit sur ce point : Le Seigneur y dit : « Comme je me suis offert volontairement à mon Père pour vos péchés, sur la croix…, ainsi vous devez tous les jours, dans le sacrifice de la Messe, vous offrir à moi, comme une hostie pure et sainte, du plus profond de votre cœur… C’est vous que je veux et non pas vos dons… Si vous demeurez en vous-mêmes, si vous ne vous abandonnez pas sans réserve à ma volonté, votre oblation n’est pas entière, nous ne serons pas unis parfaitement. »
Au chapitre suivant, le fidèle répond : « Dans la simplicité de mon cœur, je m’offre à vous, mon Dieu, pour vous servir à jamais… Recevez-moi avec l’oblation sainte de votre précieux Corps… Je vous offre aussi tout ce qu’il y a de bon en moi, si imparfait que ce soit, pour que vous la rendiez plus digne de vous. Je vous offre encore tous les pieux désirs des âmes fidèles, la prière pour ceux qui me sont chers… la supplication pour ceux qui m’ont offensé ou attristé, pour ceux aussi que j’ai moi-même affligés, blessés, scandalisés, le sachant ou non, afin que vous nous pardonniez à tous nos offenses mutuelles…et faites que nous soyons dignes de jouir ici-bas de vos dons et d’arriver à l’éternelle vie. »
La Messe ainsi comprise est une source féconde de sanctification, de grâces toujours nouvelles ; par elle peut se réaliser de mieux en mieux pour nous chaque jour la prière du Sauveur : « Je leur ai donné la lumière que vous m’avez donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et vous en moi, afin qu’ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que vous m’avez envoyé et que vous les avez aimée comme vous m’avez aimé » (Jean, XVII, 23).
La visite au Saint-Sacrement doit nous rappeler la messe du matin, et nous devons penser que dans le Tabernacle, s’il n’y a pas de sacrifice proprement dit, lequel cesse avec la messe, cependant Jésus réellement présent continue d’adorer, de prier et de rendre grâces. C’est à toute heure du jour que nous devrions nous unir à cette oblation du Sauveur. Comme le dit la prière au Cœur Eucharistique : « Il est patient à nous attendre, pressé à nous exaucer ; il est le foyer de grâces toujours nouvelles, le refuge de la vie cachée, le maître des secrets de l’union divine. » Nous devons, près du Tabernacle, « nous taire pour l’entendre, et nous quitter pour nous perdre en lui »[12].
Rome, Angelico.
Fr. Réginald Garrigou-Lagrange, O.P.
[1] Session XXII, cap. I et II.
[2] De même l’humanité du Sauveur reste numériquement la même, mais depuis sa résurrection elle est impassible, tandis qu’auparavant elle était sujette à la douleur et à la mort.
[3] « Sacrificium externum est in genere signi, ut signum interioris sacrificii. »
[4] Homil. LX au peuple d’Antioche.
[5] Livre de ses visions et instructions, chap. LXVII.
[6] Cf. S. Thomas, IIIa, q. 48, a. 2 : « Ille proprie satisfacit pro offensa, qui exhibet offenso id quod æque vel magis diligit, quam oderit offensam. »
[7] Cf. Concile de Trente, sess. XXII, c. II : « Hujus quippe oblatione placatus Dominus, gratiam et donum pœnitentiæ concedens, crimina et peccata etiam ingentia dimittit. »
[8] Ibidem.
[9] Cf. S. Thomas, IIIa, q. 79, a. 5 et a. 7 ad 2um, où il n’y a pas d’autre limite indiquée que celle de la mesure de notre dévotion « secundum quantitatem seu modum devotionis eorum » (id est : fidelium). Cajetan, In IIIam, q. 79, a. 5. Jean de Saint-Thomas, In IIIam, disp. 32, a. 3. Gonet, Clypeus… De Eucharistia, disp. II, a. 5. n° 100. Salmanticenses, de Eucharistia, disp. XIII, dub. VI. Nous nous séparons tout à fait de ce qu’a écrit à ce sujet le P. de la Taille, Esquisse du mystère de la foi, Paris, 1924, p. 22.
[10] IIa IIae, q. 82, a. 13.
[11] La première partie de la messe jusqu’à l’offertoire nous inspire des sentiments de pénitence et de contrition (Confiteor, Kyrie eleison), d’adoration et de reconnaissance (Gloria in excelsis), de supplication (Collecte), de foi vive (Epitre, Evangile, Credo), pour nous préparer à l’offrande de la sainte Victime, suivie de la communion et de l’action de grâces.
[12] Nous recommandons, pour lire pendant la visite au Saint-Sacrement ou pour méditer comme sujet d’oraison, Les élévations sur la Prière au Cœur Eucharistique de Jésus, qui ont été publiées pour la première fois en 1926, Editions de la Vie Spirituelle.
Source
Illustrations
Fra Angelico
L'institution de l'Eucharistie
vers 1441
Musée San Marco
Florence
17:42 Publié dans L’assistance à la Messe, source de sanctification | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, messe, tradition, spiritualité, eglise, catholique | | Imprimer | | del.icio.us | Digg | Facebook | | |
jeudi, 13 mars 2008
L’éducation chrétienne de nos enfants
Dr. Jean-Pierre Dickès
Le médecin apprend que l’homme est constitué du génotype, c’est-à-dire de ce qu’il est ; et du phénotype, c’est-à-dire ce qu’il devient. Ce devenir n’existe que dans le cadre d’une société et par les influences qu’elle donne.
Élever un enfant est donc un tout qui sera donné par le sens chrétien transmis à l’enfant : l’éducation Chrétienne.
Le nouveau-né apprend vite à sourire si on lui sourit, à gazouiller si on lui parle. Il a besoin de tendresse, de patience, pour lui donner à manger, le changer, l’endormir. Puis il établit sa vie de relation. Bien vite il saura ce qu’il n’a pas le droit de faire. Il faut l’encourager et savoir lui dire non, si nécessaire. A partir de quatre ans, il manifeste par la parole ses sentiments, ses affections.
Il devient « intéressant » mais égoïste et égocentrique. Il apprend à être le centre du monde, adulé. Et aussi les caprices. Un cas fréquent est celui de l’anorexique : cet enfant qui par opposition refuse de manger. S’engage alors une sorte de guerre avec les parents. C’est à celui qui ne cédera pas. Le remède est d’ailleurs simple : il consiste à laisser l’enfant dans son caprice et ne pas s’opposer à lui.
Au moment de la pré-adolescence, l’enfant subit une transformation physiologique importante, mais il développe aussi sa sensibilité : c’est le moment des grandes amitiés, le désir de s’affirmer par la force et le cœur.
Puis, avec l’adolescence, le garçon affirme sa force, avec gaucherie parfois. La jeune fille est plus vulnérable par ses retenues, sa recherche de l’amour. Elle devient plus mûre aussi et plus vite que les garçons.
Les différents tempéraments sont depuis longtemps connus des psychologues et des pédiatres : nerveux, bileux ou colériques. Les caractères aussi s’affirment : émotifs, non émotifs, actifs ou au contraire peu entreprenants, passionnés, exubérants, sentimentaux ou nerveux, flegmatiques, extravertis ou introvertis, apathiques, voire amorphes. Toute une panoplie où les couleurs se juxtaposent ou se mélangent plus ou moins sous forme de qualités ou de défauts. C’est dire qu’élever un enfant n’est pas facile sans un minimum de connaissances et de réflexion.
Une grande mission
Or peu de parents, qui par ailleurs se donneront bien du mal pour faire obtenir à leur enfant un examen ou une situation brillante, improvisent littéralement dans la manière d’élever leur enfant. Je me souviens d’un brillant chirurgien qui s’avisa un soir que son enfant marchait d’une drôle de manière. II avait simplement développé un magnifique rachitisme qui lui déformait les jambes en arc de cercle.
Les parents veilleront donc au développement harmonieux du corps de leur enfant. Cela va sans dire, cela va encore mieux en le disant. Nourriture saine et variée : que d’enfants ont de gigantesques caries dentaires à cause du bonbon du soir. Bon air, propreté, sorties, tenue vestimentaire adaptée au climat. repos suffisant, sport, ambiance familiale calme. Tout cela est nécessaire.
Si les parents se battent, les enfants sont énervés. Il en est de même s’ils sont plantés en permanence devant la télévision ou des jeux violents qui déversent l’agressivité à toutes doses.
Il faudra donner aux enfants le goût de l’effort, de l’attention, de l’observation. Une des qualités premières des parents et de savoir écouter. L’âge de quatre ou cinq ans est celui des pourquoi. Demandes parfois insolites auxquelles il est répondu souvent par jeu. Mais plus tard les questions se font pressantes. Et là, les choses se compliquent. La solution simple est de s’en débarrasser notamment en faisant fi de la vérité, en mentant. On sait que tout se joue avant six ans. Et le moindre faux-pas peut avoir des conséquences incalculables.
Il n’est pas possible de toujours répondre « les enfants naissent dans les choux ». La mère tient une place apparemment déterminante dans ce qui doit devenir un dialogue permanent. Car elle est l’âme de la famille.
Le bébé est en général régi par des instincts : il rit ou il pleure, il a faim ou soif, il aime ou n’aime pas. Il convient de lui donner au plus tôt de bonnes habitudes (notamment en matière de régularité de vie (sommeil, repos). Un enfant n’est pas une poupée que l’on prend quand on en a envie.
De toutes ces bonnes habitudes dépendra son éducation sensorielle. L’apprentissage doit être patient et précoce : ranger les jouets, refuser les colères, susciter les initiatives, inciter à la persévérance dans les jeux, développer l’observation (qu’est-ce que cette image représente ?) ; montrer les détails des objets, montrer les différences (notamment entre ce qui tient du monde imaginaire et de la réalité). Apprendre à jouer en société, se faire aider dans les travaux quotidiens.
Combien de mamans servent de bonnes à des adolescents de dix-huit ans ! Le sens de l’effort est souvent long à acquérir, facile à perdre. Veiller au sens de l’obéissance, du dévouement… L’adolescence est une période particulièrement difficile et dépend souvent des bonnes habitudes prises : lever rapide, prière du matin et du soir, refus systématique des mensonges et de la dissimilation.
La nature des relations entre parents et adolescents apparaît comme très différente de ce quelle était jadis. Il n’est pas possible de commander à ses enfants comme on le faisait, il y a cinquante ans.
La communication se basera alors sur l’éducation, l’estime et les capacités des parents vis-à-vis de leurs enfants. Age difficile : ceux-ci font fi de l’expérience des plus âgés, pensants tout connaître. Ils se reposent plus volontiers sur l’amitié et sur les relations avec leurs condisciples. C’est l’âge de la contestation qu’il a fallu prévoir.
Le jeune devient alors volontiers vindicatif. Le garçon fait l’idiot ou l’extravagant. La jeune fille joue la coquette, la charmeuse. La mode actuelle est au satanisme : habits noirs, piercing, tatouages, musique provocante. Céder à une demande des parents devient un déshonneur. Face à une réprimande, on boude, on claque les portes. Certains couvent littéralement leurs affaires personnelles. Pas question de pénétrer dans leur univers (même dans leur chambre). Par ailleurs la société actuelle fait l’objet d’une tolérance coupable vis-à-vis de la petite délinquance. D’où une tendance qui se développe aux petits vols (en attendant les grands), souvent alimentée par un sentiment de jalousie : « Il a ça, pourquoi pas moi ? ». A l’avidité correspond aussi la colère à la suite de reproches. Et bien sûr l’incitation permanente à l’usage de la drogue et aux relations sexuelles précoces et sans contrôle. Il faut vivre avec son temps, répète-t-on.
Une autre des caractéristiques de la société actuelle est qu’elle incite à la paresse. Le minimum d’efforts. On rêvasse, on laisse faire, on se fiche de tout. Désordre permanent de la pensée, du cadre de vie. L’habitude aussi du mensonge.
A tout prendre finalement, ces défauts et les demandes des enfants se retrouvent à des degrés divers lors de l’âge adulte. C’est un chemin normal. Mais vers quel type d’éternité mène t-il ?
Les parents auront donc à cœur de développer les qualités de leurs enfants. Un peu comme le montagnard qui péniblement escalade les escarpements, mais découvre au fur et à mesure un paysage de plus en plus grandiose. Or on ne part pas vers les cimes n’importe comment. Les parents se doivent d’être préparés eux-mêmes. La foi intérieure et extérieure est indispensable et développera l’enthousiasme nécessaire pour prendre en charge l’enfant. Condition primordiale aussi : le couple a lieu d’être stable et uni. Le père et la mère doivent, quel que soit leur âge, regarder dans la même direction et ne pas se regarder l’un l’autre.
Que penser de deux montagnards qui au lieu de regarder par les cimes passeront leur temps à regarder leur matériel, ou les têtes qu’ils ont quand un vent glacé leur balaie le visage ?
L’amour humain doit augmenter la Foi, l’Espérance et la Charité. Faute de quoi il est voué à l’échec et ne pourra être transmis. Rude responsabilité que d’élever un enfant. Il n’est pas toujours facile de savoir écouter, former la sensibilité, réprimer les colères, redresser les tendances à la paresse.
Père Fouettard ou Papa gâteau ? Deux écueils entre lesquels il n’est pas facile de louvoyer. Les parents oublient volontiers qu’ils n’ont pas des enfants pour leur satisfaction égoïste comme s’ils achetaient une belle voiture. Ils doivent savoir leur transmettre l’amour humain reflet de l’amour divin qui,soit les porter à la vie éternelle.
Il faut donc les ouvrir à l’amour du beau qui est la recherche de l’harmonie, l’amour du bien moteur de tout progrès spirituel, l’amour de la vérité qui est source de joie, l’amour de l’idéal nécessaire au vrai Bonheur, l’amour de Dieu reflet de la force et de la sagesse. La formation de l’intelligence nécessite le goût du travail bien fait, le développement du jugement et du raisonnement. L’éclosion de la volonté demande persévérance, obéissance, efforts.
L’homme est avant tout un animal social. Il a besoin de protection. Il n’est pas libre comme le petit poussin qui vient de casser sa coquille et qui peut déjà survivre par lui-même. Mais réciproquement le jeune a des devoirs vis-à-vis de la société. Le boulanger a besoin du médecin, qui a besoin du boucher qui a besoin du prêtre etc. Nous sommes tous dépendants les uns des autres. Les hommes sont inégaux entre eux par naissance. Et cette inégalité est protectrice. Mais un certain nombre de règles sont nécessaires pour vivre en société. Le rôle des parents est d’apprendre le plus vite possible à leurs enfants la politesse, la reconnaissance, l’ordre et la propreté, le sens du service, le goût du sourire. Une des tâches les plus difficiles des parents est celle de l’éveil de la conscience. La connaissance de ce qui est bien ou mal, de ce qui rapproche de Dieu et de ce qui s’en éloigne.
C’est finalement éclairer l’esprit des enfants sur la volonté du Christ et les aider à l’accomplir librement. « Eduquer à la crainte et à l’amour de Dieu ». Voilà qu’il n’est pas facile à une époque où l’on en appelle volontiers à la liberté que doivent exercer les enfants. Ils jugeront par eux-mêmes, dit-on, quand ils seront grands s’ils veulent être baptisés. Que de parents renoncent délibérément ainsi à former religieusement leurs enfants ! Faiblesse gravement coupable que de renoncer à l’éveil de la Foi chez les plus petits, que de les éloigner de toute pratique religieuse au nom de la liberté de conscience, que de renoncer à leur donner des repères dans la vie. Que de cacher le caractère éphémère de la vie sur terre.
Nous sommes des « passants » sur notre planète. De minuscules grains de sables dans l’immensité de l’espace et du temps. Et s’il n’y a pas l’Eternité à venir, quelle signification accorder vraiment à notre passage sur terre ?
Le rôle le plus important des parents est de préparer leurs enfants à la vie éternelle : instruction religieuse, prière du matin, prière du soir, avant les repas, explications des vérités de Foi, parler de l’amour de Dieu qui conduisit au sacrifice de la Croix. Le développement de la piété se fait en famille par la prière, par la messe du dimanche, par le développement de l’amour du prochain, corollaire de l’amour de Dieu.
Cajoler un enfant, avoir de l’amour pour lui, bien sûr. Mais finalement l’amour consiste essentiellement à le faire approcher du Mystère de l’Incarnation et de la Rédemption.
Il n’est pas facile de faire comprendre à un enfant que Dieu a pu envoyer son propre fils mourir sur une croix dans d’atroces souffrances pour racheter le monde. Nous sommes alors dans le domaine de la Foi. Et la Foi est un peu comme une plante qui a besoin pour se développer d’être arrosée, d’avoir des racines plongées dans un terreau nutritif, du soleil pour la réchauffer.
Tout cela est possible. D’abord par l’exemple que montreront les parents eux-mêmes. Puis par les sacrifices qu’ils s’imposeront pour mettre leurs rejetons dans des écoles vraiment catholiques. Le but de tout cela est de mener les enfants à la vie sacramentelle, qui permet de répandre la grâce de Dieu sur les hommes. Sans elle nous ne pouvons rien faire. Vouloir développer une plante dans l’obscurité la plus complète est impossible.
Les sacrements donnent la lumière. Encore faudra-il commencer par le Baptême ce qui de nos jours n’est plus guère évident. Mais ce sera l’instruction religieuse nécessaire des jeunes, faite par les mamans, les catéchistes, les aumôniers des écoles. De même, il faudra apprendre à prier. Et ce dialogue avec Dieu n’est pas toujours facile non plus. Savoir s’adresser à la Sainte Vierge, notamment lors des tentations de la Chair. Dans (Histoire de l’Eglise, la Vierge est toujours présente. Elle peut intervenir entre Dieu et les hommes. Et saint Bernard disait qu’elle répondait toujours à ceux qui l’invoquaient. La maman est celle qui écoute, qui comprend, qui patiente, qui aide, qui transmet. Ce mot de maman est le premier que prononce le petit enfant et souvent le dernier de sa vie humaine.
A l’heure où tant de parents abdiquent, renonçant à prendre leurs responsabilités vis-à-vis de leurs enfants, il est bon de savoir que la Vierge restera toujours là comme ultime recours. Tout simplement parce qu’elle nous a donné l’exemple parfait de l’Amour.
[1] La référence est du code de droit canonique de 1917. Le code de 1983 est moins explicite et traite de cette obligation au n° 793 : « Les parents, ainsi que ceux qui en tiennent lieu, sont astreints par l'obligation et ont le droit d'éduquer leurs enfants ; les parents catholiques ont aussi le devoir et le droit de choisir les moyens et les institutions par lesquels, selon les conditions locales, ils pourront le mieux pourvoir à l'éducation catholique de leurs enfants. » (Note de la rédaction du site Salve Regina)
Source
Salve Regina
Extrait du « Cahier Saint Raphaël » n° 63, juillet 2001 :
Musique de vie, musique de mort. (3, rue Coypel, 78000 Versailles).
[http://site.voila.fr/acim/]
11:41 Publié dans Education chrétienne, Famille, Réflexion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nation, tradition, aujourd-hui-autrement, homosexuel | | Imprimer | | del.icio.us | Digg | Facebook | | |