vendredi, 05 juin 2009
Jésus entra dans la maison
« Approchez-vous de moi, et je m'approcherai de vous »
Tous ceux qui le voient ne sont pas illuminés également par le Christ, mais chacun l'est à la mesure dont il peut recevoir la lumière. Les yeux de notre corps ne sont pas toujours éclairés également par le soleil ; plus on monte en des lieux élevés, plus on contemple de haut son lever, mieux on en perçoit l'éclat et la chaleur. De même notre esprit, plus il montera et s'élèvera près du Christ, plus il s'offrira de près à l'éclat de sa clarté, plus magnifiquement et plus brillamment il sera irradié de sa lumière. Le Seigneur le dit lui-même par le prophète : « Approchez-vous de moi, et je m'approcherai de vous » (Za 1,3)...
Ce n'est donc pas de la même manière que tous nous allons à lui, mais chacun y va « selon ses propres capacités » (Mt 25,15). Ou bien c'est avec les foules que nous allons à lui, et il nous nourrit en paraboles pour que nous ne défaillions pas à jeun sur la route (Mc 8,3). Ou bien nous restons sans cesse à ses pieds, ne nous préoccupant que d'écouter sa parole, sans jamais nous laisser troubler par les multiples soins du service (Lc 10,38s)... ; sans aucun doute, ceux qui s'approchent ainsi de lui reçoivent bien davantage sa lumière.
Mais si, comme les apôtres, sans nous éloigner jamais, nous « demeurons constamment avec lui dans toutes ses épreuves » (Lc 22,28), alors il nous explique en secret ce qu'il avait dit aux foules, et c'est avec plus de clarté encore qu'il nous illumine (Mt 13,11s). Enfin, s'il trouve quelqu'un capable de monter avec lui jusque sur la montagne, comme Pierre, Jacques et Jean, celui-là n'est plus illuminé seulement de la lumière du Christ, mais de la voix du Père lui-même.
Origène (v.185-253), Homélies sur la Genèse 1,7
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vendredi, 29 mai 2009
La vie de l'Eglise dans les Lettres de saint Paul
"n'éteignez pas l'Esprit" (1 Th 5, 19)
L'histoire nous montre que l'on parvient normalement à Jésus à travers l'Eglise! Dans un certain sens, cela se produisit, disions-nous, également pour Paul, qui rencontra l'Eglise avant de rencontrer Jésus. Dans son cas, ce contact fut cependant négatif, il ne provoqua pas l'adhésion, mais une violente répulsion. Pour Paul, l'adhésion à l'Eglise fut due à l'intervention directe du Christ, qui, se révélant à lui sur le chemin de Damas, s'identifia à l'Eglise et lui fit comprendre que persécuter l'Eglise signifiait Le persécuter, Lui, le Seigneur (cf. Ac 9, 5). En effet, le Ressuscité dit à Paul, le persécuteur de l'Eglise: "Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu?" (Ac 9, 4). En persécutant l'Eglise, il persécutait le Christ. Paul se convertit alors, dans le même temps, au Christ et à l'Eglise. On comprend donc pourquoi l'Eglise a été ensuite aussi présente dans les pensées, dans le coeur et dans l'activité de Paul. Elle le fut tout d'abord dans la mesure où il fonda littéralement de nombreuses Eglises dans les diverses villes où il se rendit en tant qu'évangélisateur. Lorsqu'il parle de sa "sollicitude pour toutes les Eglises" (2 Co 11, 28), il pense aux diverses communautés chrétiennes créées tour à tour en Galatie, en Ionie, en Macédoine et en Achaïe. Certaines de ses Eglises furent également source de préoccupations et de déceptions, comme ce fut le cas, par exemple, dans les Eglises de la Galatie, qu'il vit "passer à un autre Evangile" (Ga 1, 6), ce à quoi il s'opposa avec une vive détermination. Il se sentait pourtant lié aux communautés qu'il avait fondées d'une manière non pas froide et bureaucratique, mais intense et passionnée. Ain-si, par exemple, il définit les Philippiens comme "mes frères bien-aimés que je désire tant revoir, vous ma joie et ma récompense" (4, 1). D'autres fois, il compare les diverses Communautés à une lettre de recommandation unique en son genre: "C'est vous-mêmes qui êtes ce document écrit dans nos coeurs, et que tous les hommes peuvent lire et connaître" (2 Co 3, 2). D'autres fois encore, il démontre à leur égard un véritable sentiment non seulement de paternité, mais même de maternité, comme lorsqu'il s'adresse à ses destinataires en les interpellant comme "mes petits enfants, vous que j'enfante à nouveau dans la douleur jusqu'à ce que le Christ ait pris forme chez vous" (Ga 4, 19; cf. 1 Co 4, 14-15; 1 Th 2, 7-8).
Dans ses Lettres, Paul nous illustre également sa doctrine sur l'Eglise en tant que telle. Ainsi, on connaît bien sa définition originale de l'Eglise comme "corps du Christ", que nous ne trouvons pas chez d'autres auteurs chrétiens du I siècle (cf. 1 Co 12, 27; Ep 4, 12; 5, 30; Col 1, 24). Nous trouvons la racine la plus profonde de cette surprenante désignation de l'Eglise dans le Sacrement du corps du Christ. Saint Paul dit: "Parce qu'il n'y a qu'un pain, à plusieurs nous ne sommes qu'un corps" (1 Co 10, 17). Dans l'Eucharistie elle-même, le Christ nous donne son Corps et nous fait devenir son Corps. C'est dans ce sens que saint Paul dit aux Galates: "Vous tous ne faites qu'un dans le Christ Jésus" (Ga 3, 28). A travers tout cela, Paul nous fait comprendre qu'il n'existe pas seulement une appartenance de l'Eglise au Christ, mais également une certaine forme d'égalisation et d'identification de l'Eglise avec le Christ lui-même. C'est donc de là que dérive la grandeur et la noblesse de l'Eglise, c'est-à-dire de nous tous qui en faisons partie: du fait que nous soyons des membres du Christ, presque une extension de sa présence personnelle dans le monde. Et de là découle, naturellement, notre devoir de vivre réellement en conformité avec le Christ. C'est de là que dérivent également les exhortations de Paul à propos des divers charismes qui animent et structurent la communauté chrétienne. On peut tous les reconduire à une source unique, qui est l'Esprit du Père et du Fils, sachant bien que dans l'Eglise il n'y a personne qui en soit dépourvu, car, comme l'écrit l'Apôtre, "chacun reçoit le don de manifester l'Esprit en vue du bien de tous" (1 Co 12, 7). Il est cependant important que tous les charismes coopèrent ensemble pour l'édification de la communauté et ne deviennent pas, en revanche, des motifs de déchirement. A ce propos, Paul se demande de manière rhétorique: "Le Christ est-il donc divisé?" (1 Co 1, 13). Il sait bien et nous enseigne qu'il est nécessaire de "garder l'unité dans l'Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a appelés à une seule espérance, de même il n'y a qu'un seul Corps et un seul Esprit" (Ep 4, 3-4).
Bien évidemment, souligner l'exigence de l'unité ne signifie pas soutenir que l'on doit uniformiser ou niveler la vie ecclésiale selon une unique façon d'agir. Ailleurs, Paul enseigne: "n'éteignez pas l'Esprit" (1 Th 5, 19), c'est-à-dire laisser généreusement place au dynamisme imprévisible des manifestations charismatiques de l'Esprit, qui est une source d'énergie et de vitalité toujours nouvelle. Mais s'il existe un critère auquel Paul tient beaucoup, c'est l'édification mutuelle: "Que tout cela serve à la construction" (1 Co 14, 26). Tout doit concourir à construire de manière ordonnée le tissu ecclésial, non seulement sans interruption, mais également sans fuites, ni déchirures. On trouve ensuite une lettre paulinienne qui va jusqu'à présenter l'Eglise comme l'épouse du Christ (cf. Ep 5, 21-33). Cela reprend une antique métaphore prophétique, qui faisait du peuple d'Israël l'épouse du Dieu de l'alliance (cf. Os 2, 4.21; Is 54, 5-8): cela pour dire à quel point les relations entre le Christ et son Eglise sont intimes, que ce soit dans le sens où celle-ci est l'objet du plus tendre amour de la part de son Seigneur, que dans le sens où l'amour doit être réciproque et, donc, que nous aussi, en tant que membres de l'Eglise, nous devons faire preuve d'une fidélité passionnée à Son égard.
En définitive, c'est donc un rapport de communion qui est en jeu: celui pour ainsi dire vertical entre Jésus Christ et nous tous, mais également celui horizontal, entre tous ceux qui se distinguent dans le monde par le fait qu'ils "invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ" (1 Co 1, 2). Telle est notre définition: nous faisons partie de ceux qui invoquent le nom du Seigneur Jésus Christ. On comprend donc bien à quel point il est souhaitable que se réalise ce que Paul lui-même souhaitait en écrivant aux Corinthiens: "Si au contraire tous prophétisent, et qu'il arrive un incroyant ou un homme qui n'y connaît rien, il se sent dénoncé par tous, jugé par tous, ses pensées secrètes sont mises au grand jour: il tombera la face contre terre pour adorer Dieu, en proclamant: "C'est vrai que Dieu est parmi vous!"" (1 Co 14, 24-25). C'est ainsi que devraient être nos rencontres liturgiques. Un non-chrétien qui entre dans l'une de nos assemblées devrait pouvoir dire à la fin: "Dieu est véritablement avec vous". Prions le Seigneur d'être ainsi, en communion avec le Christ et en communion entre nous".
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 22 novembre 2006
Source
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samedi, 08 mars 2008
Femme et homme, l’humain dans son intégralité...
Anne et Joachim de Giotto
Discours de Benoît XVI
au congrès du 10 février 2008,
organisé par le Conseil pontifical pour les laïcs
à l’occasion du XXe anniversaire de la publication
de
la lettre apostolique de Jean Paul II
clic sur le lien
Chers frères et sœurs,
Je suis très heureux de vous accueillir et de vous saluer, vous qui participez au congrès international sur le thème : « Femme et homme, l’humanum dans son intégralité », organisé à l’occasion du XXe anniversaire de la publication de la Lettre apostolique Mulieris dignitatem. Je salue le cardinal Stanislaw Rylko, président du Conseil pontifical pour les laïcs, et je le remercie de s’être fait l’interprète des sentiments de tous. Je salue le secrétaire, Mgr Josef Clemens, les membres et les collaborateurs du dicastère. Je salue de manière particulière les femmes qui sont ici en majorité, et qui ont enrichi les travaux du congrès de leur expérience et de leurs compétences.
Le thème sur lequel vous réfléchissez est d’une grande actualité : depuis la deuxième moitié du XXe siècle jusqu’à nos jours, le mouvement de valorisation de la femme dans les différentes instances de la vie sociale a suscité d’innombrables réflexions et débats, et a vu se multiplier les initiatives que l’Église catholique a suivies et souvent accompagnées avec un grand intérêt. La relation homme-femme dans leur spécificité, réciprocité et complémentarité respective, constitue sans aucun doute un point central de la « question anthropologique », particulièrement décisive dans la culture contemporaine. De nombreuses interventions et documents pontificaux ont abordé la réalité naissante de la question de la femme. Je me limite à rappeler ceux de mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II qui, en juin 1995, voulut écrire une Lettre aux femmes, et qui le 15 août 1988, il y a exactement vingt ans, publia la Lettre apostolique Mulieris dignitatem. Ce texte sur la vocation et la dignité de la femme, d’une grande richesse théologique, spirituelle et culturelle, a, à son tour, inspiré la Lettre aux évêques de l’Église catholique sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Église et dans le monde, de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Dans Mulieris dignitatem, Jean-Paul II a voulu approfondir les vérités anthropologiques fondamentales de l’homme et de la femme, l’égale dignité et l’unité des deux, la diversité enracinée et profonde entre l’homme et la femme et leur vocation à la réciprocité et à la complémentarité, à la collaboration et à la communion (cf. n. 6). Cette unité-dualité de l’homme et de la femme se base sur le fondement de la dignité de toute personne, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu qui « les créa homme et femme » (cf. Gn 1, 27), évitant aussi bien une uniformité indistincte et une égalité aplatie et appauvrie qu’une différence abyssale et conflictuelle (cf. Jean-Paul II, Lettre aux femmes, 8). Cette unité-dualité porte en elle, inscrite dans les corps et dans les âmes, la relation avec l’autre, l’amour pour l’autre, la communion interpersonnelle qui indique « dans la création de l’homme a été inscrite aussi une certaine ressemblance de la communion divine » (n. 7). Par conséquent, lorsque l’homme et la femme prétendent être autonomes et entièrement autosuffisants, ils risquent de s’enfermer dans une autoréalisation qui considère comme une conquête de liberté le dépassement de tout lien naturel, social ou religieux, mais qui de fait les réduit à une solitude opprimante. Pour favoriser et soutenir la réelle promotion de la femme et de l’homme, on ne peut pas ne pas tenir compte de cette réalité.
Nous avons assurément besoin d’une recherche anthropologique renouvelée qui, sur la base de la grande tradition chrétienne intègre les nouveaux progrès de la science et les données concernant les sensibilités culturelles d’aujourd’hui, contribuant ainsi à approfondir non seulement l’identité féminine mais aussi masculine qui est également souvent l’objet de réflexions partiales et idéologiques. Face à des courants culturels et politiques qui cherchent à éliminer ou au moins à voiler et confondre les différences sexuelles inscrites dans la nature humaine, les considérant une construction culturelle, il est nécessaire de rappeler le dessein de Dieu qui a créé l’être humain homme et femme, avec une unité et dans le même temps une différence originelle et complémentaire. La nature humaine et la dimension culturelle s’intègrent dans un processus ample et complexe qui constitue la formation de l’identité, où les deux dimensions, la dimension féminine et la dimension masculine, correspondent l’une à l’autre et se complètent.
En ouvrant les travaux de la Ve Conférence générale de l’épiscopat latino américain et des Caraïbes, en mai dernier au Brésil, j’ai eu l’occasion de rappeler combien persiste encore une mentalité machiste, qui ignore la nouveauté du christianisme qui reconnaît et proclame l’égale dignité et responsabilité de la femme par rapport à l’homme. Il y a des lieux et des cultures où la femme est discriminée et sous-évaluée pour le seul fait d’être femme, où l’on a même recours à des arguments religieux et à des pressions familiales, sociales et culturelles pour soutenir la disparité des sexes, où sont perpétrés des actes de violence à l’égard de la femme, faisant d’elle un objet de mauvais traitements et d’exploitation dans la publicité et dans l’industrie de la consommation et du divertissement. Face à des phénomènes aussi graves et persistants, l’engagement des chrétiens apparaît encore plus urgent, afin qu’ils deviennent partout les promoteurs d’une culture qui reconnaisse à la femme, dans le droit et dans la réalité des faits, la dignité qui lui revient.
Dieu confie à la femme et à l’homme, selon leurs spécificités, une vocation et une mission particulière dans l’Église et dans le monde. Je pense ici à la famille, communauté d’amour ouverte à la vie, cellule fondamentale de la société. Dans la famille, la femme et l’homme, grâce au don de la maternité et de la paternité, jouent ensemble un rôle irremplaçable à l’égard de la vie. Dès le moment de leur conception, les enfants ont le droit de pouvoir compter sur le père et la mère qui prennent soin d’eux et les accompagnent dans leur croissance. L’Etat, quant à lui, doit soutenir, par des politiques sociales appropriées, tout ce qui promeut la stabilité et l’unité du mariage, la dignité et la responsabilité des conjoints, leur droit et leur devoir irremplaçable d’éducateurs de leurs enfants. Par ailleurs, il est nécessaire que la femme ait également la possibilité de collaborer à la construction de la société, en valorisant son « génie féminin » caractéristique.
Chers frères et soeurs, je vous remercie encore une fois de votre visite et, tout en souhaitant beaucoup de succès aux travaux du congrès, je vous assure de mon souvenir dans la prière, invoquant l’intercession maternelle de Marie, afin qu’elle aide les femmes de notre temps à réaliser leur vocation et leur mission dans la communauté ecclésiale et civile. Avec ces vœux, je vous donne à vous ici présents et à ceux qui vous sont chers, une bénédiction apostolique spéciale.
Benedictus pp. XVI
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