lundi, 22 février 2010
MGR RANJITH RESTAURE LA LEX ORANDI DANS SON DIOCÈSE
Paix liturgique publie un long passage de la lettre pastorale adressée à tous les prêtres, religieux et fidèles de son diocèse, par Mgr Ranjith, ancien Secrétaire de la Congrégation pour le Culte divin, nommé l'an dernier archevêque de Colombo, à propos des abus liturgiques qui se sont développés dans son diocèse, comme hélas dans tous les diocèses de l'univers.
On remarquera que le nouvel archevêque de Colombo invoque l'autorité de Vatican II (Constitution Sacrosanctum Concilium, 1963), puis qu'il passe à celle d'Ecclesia de Eucharistia (Jean-Paul II, 2003) et de Sacramentum Caritatis (Benoît XVI, 2007), mais qu'il fait l'impasse, comme on dit, sur les documents de la réforme Bugnini elle-même. Sauf pour dire laconiquement : il faut faire comme cela est dit dans les livres.
Ce rappel de l'archevêque de Colombo vient après bien d'autres. Si d'ailleurs, tant de remontrances - malheureusement parfaitement inutiles - ont été énoncées par Rome depuis la promulgation de la réforme liturgique Bugnini, c'est assurément que s'était introduit en elle dès l'origine, comme faisant corps avec elle, un principe de désordre : multiples traductions souvent hasardeuses ; variations innombrables permises dans les gestes et les textes ; éclatement de la prière eucharistique unique qui était la grande caractéristique de la liturgie romaine ; et d'une manière générale indications qui avaient toute les apparences d'une invitation généralisée à la créativité.
De sorte que, en matière de réforme liturgique, prescrire de revenir à la "norme", c'est en fait modifier l'essence de la réforme elle-même, qui est a-normative par nature, et c'est ainsi faire avancer un processus inéluctable de révision de cette très étrange réforme liturgique. Qui plus est, les appels romains apparaissent souvent "abstraits", ou pour mieux dire lointains. Avec ce document épiscopal, on passe au "concret", c'est-à-dire à des prescriptions de terrain.
Bien que Mgr Ranjith rappelle des choses souvent répétées depuis la réforme liturgique de Paul VI, ce document humble mais ferme - émanant d'un évêque dont on connaît la proximité avec le pape Benoît XVI - a une très grande importance "politique". Ce texte est promulgué par un évêque, ce qui est rarissime. Il est précis, concret et normatif, ce qui est unique.
Que se multiplient les appels épiscopaux de ce type, et l'esprit de la réforme de 1970 n'en sortira pas indemne.
Voici la traduction de la première partie de cette circulaire, publiée début octobre 2009. Le texte intégral figure sur le site du diocèse de Colombo.
A) LE DOCUMENT
Très Révérend Docteur Malcolm Ranjith
Par la grâce de Dieu et la grâce du Saint-Siège
Archevêque de Colombo
7 octobre 2009
À tous les Révérends Pères, Frères, Sœurs, et les fidèles laïcs du diocèse de Colombo
Chers Frères et Sœurs,
Ces derniers temps un certain nombre de mouvements de renouveau catholique et de personnes ont conduit de multiples exercices paraliturgiques en dehors du calendrier paroissial habituel. Tout en appréciant les nombreuses conversions, la valeur de témoignage, l'enthousiasme renouvelé pour la prière, la participation dynamique et la soif de la Parole de Dieu, je suis, en tant qu'évêque diocésain et intendant général des mystères de Dieu dans l'Église locale confiée à mes soins, le modérateur, le promoteur et le gardien de la vie liturgique de l'archidiocèse de Colombo ; à ce titre, je sollicite donc votre bienveillante attention sur les aspects liturgiques et ecclésiologiques liés à cette nouvelle situation et vous prie instamment de respecter les directives énoncées dans la présente circulaire à effet immédiat.
I. L'Eucharistie est la célébration du Mystère pascal par excellence donné à l'Église par Jésus-Christ Lui-même. Jésus-Christ est le commencement de toute liturgie dans l'Église et à ce titre toute liturgie est donc essentiellement d'origine divine. Elle est l'exercice de Sa fonction sacerdotale et par conséquent n'est certainement pas une simple entreprise humaine ou une pieuse innovation. En fait, il est inexact de l'appeler une simple célébration de la vie. Elle est beaucoup plus que cela. Elle est la source et le sommet à partir desquels toutes les grâces divines arrosent l'Église. Ce très sacré mystère a été confié aux Apôtres par le Seigneur, et l'Église en a soigneusement préservé la célébration au cours des siècles, donnant ainsi naissance à une tradition sacrée et une théologie qui ne cèdent pas à l'interprétation individuelle ou privée. Par conséquent, aucun prêtre, qu'il soit diocésain ou religieux, ou invité de l'extérieur de l'archidiocèse voire de l'étranger, n'est autorisé à modifier, ajouter ou retrancher quoi que ce soit dans le rite sacré de la messe. Ceci n'est pas nouveau mais a été établi en 1963 par la Constitution Sacrosanctum Concilium (22.3), la constitution dogmatique sur la sainte liturgie du Concile Vatican II, et a été plus tard réitéré à maintes reprises dans des documents comme Sacramentum Caritatis de Sa Sainteté Benoît XVI et Ecclesia de Eucharistia du Pape Jean-Paul II de vénérée mémoire.
À cet égard, certains éléments devraient être explicitement mentionnés :
1. Les prêtres ne sont pas autorisés à modifier ni à improviser la Prière eucharistique ou d'autres prières immuables de la Messe - même s'il s'agit de donner des précisions sur un élément déjà présent - en chantant des refrains différents ou des explications diverses. Nous devons comprendre que la liturgie de l'Église est étroitement liée à sa foi et à sa tradition : "Lex orandi, lex credendi", la règle de la prière est la règle de la foi ! C'est le Seigneur qui nous a donné la liturgie et personne d'autre ; personne d'autre n'a donc le droit de la changer.
2. Les manifestations du type "Praise and Worship" (littéralement "louange et adoration" mais il s'agit ici d'un courant musical de style gospel, NdT) ne sont pas permises au cours de l'ensemble du rite de la Messe. La musique désordonnée et assourdissante, les claquements de mains, les longues interventions et les gestes qui perturbent la sobriété de la célébration ne sont pas autorisés. Il est très important que nous comprenions la sensibilité culturelle religieuse du peuple sri-lankais. La majorité de nos compatriotes sont bouddhistes et à ce titre habitués à un culte profondément sobre ; pour leur part, ni les musulmans ni les hindous ne créent d'agitation dans leur prière. En outre, il existe dans notre pays une forte opposition envers les sectes fondamentalistes chrétiennes et nous nous battons, en tant que catholiques, pour faire comprendre que les catholiques sont différents de ces sectes. Or, certains de ces soi-disant exercices de louange et d'adoration ressemblent plus à des exercices religieux fondamentalistes qu'au culte catholique romain. Qu'il nous soit permis de respecter notre diversité culturelle et notre sensibilité.
3. La Parole de Dieu prescrite ne peut être changée au hasard et le psaume responsorial doit être chanté et non remplacé par des cantiques de méditation. La dimension contemplative de la Parole de Dieu est d'une importance capitale. Dans certains des services paraliturgiques, les gens ont tendance aujourd'hui à devenir extrêmement verbeux et bavards. Dieu parle, nous devons L'écouter ; et, pour bien écouter, le silence et la méditation sont plus nécessaires que l'exubérance cacophonique.
4. Les prêtres doivent prêcher la Parole de Dieu sur les mystères liturgiques célébrés. Il est strictement interdit aux laïcs de prêcher lors des célébrations liturgiques.
5. La Très Sainte Eucharistie doit être administrée avec le plus grand soin et le plus grand respect, et ce uniquement par ceux qui sont autorisés à le faire. Tous les ministres, habituels comme extraordinaires, doivent être revêtus des ornements liturgiques corrects. Je recommande à tous les fidèles, y compris aux religieux, de communier avec respect, à genoux et sur la langue. La pratique de l'auto-communion est interdite et je demanderais humblement à tout prêtre qui la permettrait de suspendre immédiatement cette pratique.
6. Tous les prêtres sont censés suivre le rite de la Messe tel qu'il est stipulé, afin qu'il n'y ait pas lieu de comparer et d'opposer les messes célébrées par certains prêtres aux autres messes dites par le reste des prêtres.
8. Les bénédictions liturgiques sont réservés uniquement aux ministres de la liturgie, c'est-à-dire : les évêques, les prêtres et les diacres. Tout le monde peut prier pour l'autre. Mais il est instamment recommandé de ne pas utiliser de gestes pouvant porter à l'illusion, à la confusion ou à une mauvaise interprétation.
Suite ICI
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jeudi, 12 février 2009
Benoît XVI et la Tradition
22:30 Publié dans Benoît XVI, Le sens de la messe traditionnelle, Réflexion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, société, france, religion | | Imprimer | | del.icio.us | Digg | Facebook | | |
lundi, 26 mai 2008
Extraits de " la lettre à nos frères prêtres " par Monsieur l'abbé Grégoire Celier
Voici une excellente synthèse réalisée par
Monsieur l’abbé Grégoire Cellier
qui nous fait comprendre l’histoire et la nature de
la messe « Traditionnelle »
dont notre
Saint Père le Pape Benoît XVI
a rappelé la richesse dans son
motu proprio Summorum pontificum du 7 juillet 2007
Les Sacramentaires
Parmi les Sacramentaires qui nous sont parvenus, on distingue en particulier le Sacramentaire léonien (Ve siècle), le Sacramentaire gélasien (VIe siècle) et le Sacramentaire grégorien (VII-VIIIe siècles). Le pape Adrien Ier (772-795) envoya un exemplaire de ce dernier à Charlemagne, sur sa demande, comme modèle liturgique face à la prolifération des liturgies gallicanes. Ce manuscrit fut copié à de nombreuses reprises mais, comme il ne comportait pas certaines messes que l’on avait coutume de célébrer en Gaule, ces dernières furent ajoutées et firent bientôt corps avec la liturgie romaine primitive. Ce livre romain retouché devint le Sacramentaire officiel de l’empire carolingien et, chose curieuse, finit par revenir à Rome et par y supplanter le Sacramentaire grégorien.
Le Missel plénier
Vers le Xe siècle, par suite de la multiplication des messes, on commença donc à grouper en un seul livre tous les recueils se rapportant à la messe : ce furent les Missels pléniers qui, au cours des XIIIe et XIVe siècles, se multiplièrent. Parmi ceux-ci, il faut signaler le Missel de la Curie romaine qui, au XIIIe siècle, précisa le cérémonial (notamment pour tenir compte des séjours du pape hors de Rome) et accepta un grand nombre de messes pour les fêtes. Ce Missel fut adopté par les Franciscains (puis par les Augustins, les Servites, etc.), et répandu par eux dans toute la chrétienté latine.
« C’est à Milan en 1474, que fut imprimé pour la première fois l’Ordo missalis secundum consuettudinem Romane curie. Après cette édition princeps, il y en eut beaucoup d’autres » (Aimé-Georges Martimort, L’Église en prière, Desclée, 1961, p. 304). Mais ce Missel n’était pas le seul à avoir cours : de nombreux autres Missels existaient, avec une large variété d’usages et de fêtes. Par ailleurs, sous des influences diverses (mauvaises copies, dévotions locales pas toujours éclairées, mais aussi flou doctrinal, notamment dans la période préparatoire au protestantisme), des altérations plus ou moins graves se produisaient.
« Oh ! si vous aviez vu, je ne veux pas dire la laideur, mais la diversité des cérémonies de la messe, il y a quarante ans, elles vous auraient fait honte ; il me semble qu’il n’y avait rien de plus laid au monde, que les diverses manières dont on la célébrait : aucuns commençaient la messe par le Pater noster : d’autres prenaient la chasuble entre leurs mains et disaient l’Introibo, et puis ils mettaient sur eux cette chasuble. J’étais une fois à Saint-Germain-en-Laye, où je remarquai sept ou huit prêtres qui dirent tous le messe différemment : l’un faisait d’une façon, l’autre d’une autre : c’était une variété digne de larmes. Or sus, Dieu soit béni de ce qu’il plaît à sa divine bonté remédier peut à peu à ce grand désordre ! » La nécessité d’une réforme rétablissant intégrité doctrinale et unité liturgique se faisait ainsi cruellement sentir.
Nécessité d’une réforme
Le but de saint Pie V n’était pas de créer de toutes pièces une nouvelle liturgie, mais de ramener le Missel à son état traditionnel avec pour base le Missel de la Curie romaine, en tenant compte cependant des éventuels changements exigés par les circonstances. Comme le note dans ses souvenirs (Ma Vie, Fayard, 1998, p.133) celui qui était encore le cardinal Ratzinger, « Pie V s’était contenté de réviser le Missel romain en usage à l’époque, comme cela se faisait normalement dans une histoire qui évolue. […] Il s’agissait d’un processus continu de croissance et d’épurement, sans rupture. Pie V n’a jamais créé de Missel. Il n’a fait que réviser le Missel, phase d’une longue évolution ».
Il s’agissait donc de ramener à leur meilleur état les textes reçus, de préciser les règles de la célébration, enfin de doter l‘Église d’un Missel pratique, indiscutable, et conforme en tous points au bréviaire révisé qui venait lui aussi d’être promulgué (1568) à la suite du concile, dans le même esprit de continuité.
Retour à la tradition liturgique
Le Missel que promulgua saint Pie V, tout en conservant les éléments traditionnels et la distribution du Missel de la Curie romaine, supprima donc la plupart des innovations récentes et assura l’unité des rites dans la célébration de la messe. Les rubriques s’inspiraient de celles mises au propre et systématisées en 1502 par Jean Burchard, maître des cérémonies pontificales.
Comme le résume le père Irénée-Henri Dalmais : « En 1570, était [publié] le Missel, substantiellement conforme à celui en usage depuis le XIIIe siècle, et quelque peu modifié par Clément V au début du XIVe siècle. Les principales innovations de saint Pie V consistèrent à fixer les rubriques, rédigées au début du XVIe siècle par le cérémoniaire pontifical Jean Burchard, et à rendre obligatoire la lecture du prologue de l’Évangile de saint Jean à la fin de la messe » (Initiation à la liturgie, Desclée De Brouwer, 1958, p.188).
« Je voudrais faire une brève remarque, déclare-t-il, sur la querelle à propos de la liturgie dite tridentine. Il n’existe pas de liturgie tridentine et jusqu’en 1965 ce mot n’aurait rien dit à personne. Le concile de Trente n’a pas « fait » de liturgie. Et il n’y a pas non plus, au sens strict, de Missel de saint Pie V. Le Missel qui est paru en 1570 sur l’ordre de Pie V ne se différenciait qu’en peu de chose de la première édition imprimée du Missel romain parue juste cent ans auparavant. Dans la réforme de Pie V, il s’agissait au fond uniquement d’éliminer les proliférations du Moyen Âge tardif, ainsi que les fautes qui s’étaient introduites au moment de recopier et d’imprimer : ceci afin de prescrire pour toute l’Église le Missel de la ville de Rome qui n’avait pratiquement pas été atteint par ces événements » (Josef Ratzinger, L’Eucharistie – Pain nouveau pour un monde rompu, Fayard, 1981, p. 166-167).
Une norme universitaire
C’était le cas pour les anciens Ordres religieux qui avaient gardé leur liturgie propre : Cisterciens, Chartreux, Prémontrés, Dominicains, Carmes, etc. C’était aussi le cas pour certains diocèses comme Trèves, Cologne, Liège, Braga, Lyon, Milan et quelques chapelles à Tolède (rite mozarabe), etc. Mais seuls ces trois derniers lieux conservèrent leur liturgie propre, les autres renonçant spontanément au droit que la Bulle Quo primum leur reconnaissait.
Succès du Missel de 1570
Dans la suite, les papes promulguèrent des messes nouvelles correspondant aux grandes dévotions (Sacré-Cœur, Immaculée Conception, Assomption, etc.) et aux nouveaux saints. Quelques papes (par exemple, Urbain VIII ou saint Pie X) introduisirent des changements minimes dans quelques rubriques, soit pour harmoniser avec des changements intervenus par ailleurs, soit pour clarifier un point peu clair, mai ce ne furent jais que d’infimes retouches.
Pie XII révisa en 1950 et 1956 les rites de la Semaine sainte, que les malheurs des temps avaient obscurcis, réforme que l’évolution des règles du jeûne comme de l’heure de la célébration de la messe (messes du soir) rendait désormais possible. Il créa une commission de révision des rubriques du Missel, mais il mourut avant que celle-ci n’achève son travail.
Ce fut Jean XXIII qui, en 1960, à la suite de ce travail voulu par Pie XII, promulgua un « Code des rubriques » plus simple d’utilisation. Le Missel de 1962 se réfère aujourd’hui à cette réforme.
« Quand on se trouve en présence d’un texte si essentiel et d’une si haute antiquité, il paraît souhaitable de garder, aussi longtemps qu’il est possible, les formules mêmes que l’usage d’innombrables générations chrétiennes a sanctifiées. C’est là une considération d’un tel poids que même un réformateur aussi individualiste que Luther, à ses heures, pouvait l’être, l’a fort bien sentie et exprimée » (Louis Bouyer, « Que vont devenir les rites sacrés ? », La Vie spirituelle 521, novembre 1965, p. 539).
« Une règle de prière qui a inspiré pendant dix-neuf siècles la règle de vie doit-elle, pour des motifs aussi honorables qu’on voudra, se modeler à son tour sur une nouvelle façon de sentir et de vivre le christianisme ? » (Henry Bars, « Désacralisation de la liturgie ? », Nova et Vetera 1, janvier 1967, p. 33).
« Le caractère conservateur de la liturgie lui permet de préserver et de transmettre intactes des valeurs dont une époque peut avoir oublié l’importance mais que l’époque suivante est heureuse de retrouver intactes et préservées, pour en vivre de nouveau. Où serions-nous si le conservatisme liturgique n’avait pas résisté au goût du Moyen Âge finissant pour les dévotions sensibles, aux impératifs individualistes, raisonnables et moralisants du XVIIIe siècle, à la critique du XIXe siècle, aux philosophies subjectivistes de l’époque moderniste ? Grâce à la liturgie, tout nous a été gardé et transmis. Ah ! Ne nous exposons pas à encourir, dans soixante ans, le reproche d’avoir dilapidé l’héritage sacré de la communion catholique telle qu’elle se déploie dans le lent déroulement du temps. Gardons la conscience salubre de ne porter nous-mêmes qu’un moment d’affleurement à l’actualité d’une réalité qui nous dépasse à tous égards » (Yves Congar, « Autorité, initiative, coresponsabilité », La Maison Dieu 97, 1er trim. 1969, p. 55).
Ce texte de l’abbé Grégoire Celier est extrait de « la lettre à nos frères prêtres » de Mars 2008 - Numéro 37 .
Pour plus de renseignements et pour vous abonner à cette publication : LNFP - 2245 avenue des Platanes 31380 Gragnague - tél : 05 61 74 27 93. Abonnement : 8 € par an (4 € pour les prêtres).
- Célébrées depuis plus de 1000 ans de manière quasi identique, elle constitue un trésor de doctrine et de spiritualité qui a nourri des milliers de millions de saints, prêtres et fidèles.
- Tout cela confirme que notre attachement à cette forme liturgique antique et vénérable, pour certains incompréhensible, n’est ni stupide ni ridicule mais plein de bon sens ! Cela explique également pourquoi cette forme liturgique suscite de très nombreuses conversions et vocations sacerdotales et religieuses ainsi qu'un enthousiasme chez les petits de tous âges et les grands humbles de cœur.
Présidente du mouvement pour la Paix Liturgique et la Réconciliation dans l’Église
Ce texte de l’abbé Grégoire Celier est extrait de « la lettre à nos frères prêtres » de Mars 2008 - Numéro 37 .
Pour plus de renseignements et pour vous abonner à cette publication :
LNFP - 2245 avenue des Platanes
31380 Gragnague
Tél : 05 61 74 27 93
Abonnement : 8 € par an (4 € pour les prêtres)
Source
Illustration
Le cardinal Ratzinger
célèbre la sainte messe selon le rite de saint Pie V
au séminaire de la fraternité sacerdotale Saint Pierre.
Wigratzbad. Bavière.
Avril 1990
18:52 Publié dans Le sens de la messe traditionnelle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : travail, chômage, retraite, santé, économie, esclavage, lire | | Imprimer | | del.icio.us | Digg | Facebook | | |
dimanche, 30 mars 2008
La messe traditionnelle
" Le sacrifice de la Messe est substantiellement le même que le sacrifice de la croix en ce que dans l’un et l’autre, Jésus Christ est à la fois le prêtre et la victime ; il en diffère cependant par la manière dont il est offert. Sur la croix Jésus Christ s’est offert en répandant son sang et en méritant pour nous ; tandis que sur les autels, Il se sacrifie sans effusion de sang et nous applique les fruits de sa Passion et de sa mort. "
St Pie X
Le saint Sacrifice de la messe est donc le renouvellement non sanglant du sacrifice de la croix. Il faut par conséquent que la liturgie exprime cela, il faut qu’en assistant à la messe les fidèles comprennent cela. C’est pour cette raison que la liturgie catholique joint paroles et gestes. Si le prêtre désigne les offrandes par des signes de croix, nous dit saint Thomas d’Aquin, c’est "pour évoquer la Passion du Christ qui a eu la croix pour terme " Somme IIIa pars, Q.85, art.5, ad 3.
La messe dite de saint Pie V en est une excellente expression pour différentes raisons : par son origine, par ce qu’elle dit, et par ce qu’elle montre.
1.
L’origine.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la messe de saint Pie V n’est pas de saint Pie V. Ce pape, dans le prolongement du Concile de Trente, n’a fait que codifier ce qui existait déjà. On peut par exemple noter que l’ensemble du canon remonte au Vème siècle, et qu’il n’a pas été modifié depuis lors (seuls 26 mots ont été changés). Quant au reste de la messe, il existe pratiquement dans la forme sanctionnée par saint Pie V dès le pontificat de saint Grégoire (540-604). Il n’y eut après ce pape que quelques modifications qui ne constituèrent pas de véritables évolutions. On peut cependant noter que l’offertoire n’aura sa forme définitive qu’au XIVème siècle et que le rite vénérable de l’élévation ne se répandit de façon commune qu’après les attaques de Bérenger de Tours (998-1088) contre la présence réelle. Mais comme on peut le remarquer, il s’agit d’enrichissements et non pas d’évolutions.
C’est ce qui fait dire au concile de Trente : " Comme il convient que les choses saintes soient administrées saintement, et comme ce sacrifice est la chose sainte par excellence, afin qu’il fut offert et reçu avec dignité et respect, l’Eglise catholique a institué depuis de longs siècles le saint canon. Il est tellement pur de toute erreur qu’il ne contient rien qui ne respire le parfum de la plus grande sainteté et piété et qui n’élève à Dieu l’âme de ceux qui offrent le sacrifice. En effet il est formé des paroles mêmes du Seigneur, des traditions des apôtres et des pieuses institutions des saints pontifes. " Concile de Trente (Session 22° ch.4)
Enfin les rites qui avaient une existence de plus de 200 ans furent maintenus.
La messe dite de saint Pie V est donc de par son origine l’expression de la piété et de la sainteté de l’Eglise. Par ses saints auteurs la messe traditionnelle est le fruit de la tradition apostolique et de la contemplation du mystère de l’eucharistie par les saints des premiers siècles.
2.
Ce qu’elle dit.
La liturgie catholique nous dit la théologie de la messe, bien sûr il ne faut pas voir dans la messe un cours de théologie, mais la doctrine se trouve exprimée dans les différentes prières. On retrouve ainsi clairement exprimées les quatre fins du saint sacrifice : Adoration, action de grâce, propitiation, demande.
Il est normal que les prières de la messe soient orientées vers l’adoration, parce que l’homme en tant que créature doit d’abord reconnaître sa totale dépendance vis-à-vis de Dieu, et que c’est là la fin première du sacrifice. Ensuite toutes les oraisons sont orientées vers les demandes de grâces ainsi que différentes prières de l’offertoire et du canon, la première étant que Dieu daigne accepter ce sacrifice. Les prières de l’offertoire montrent bien le caractère propitiatoire de l’offrande qui est faite ; Jésus Christ immolé pour nos fautes, afin que la Rédemption s’accomplisse. Le saint sacrifice de la messe en tant que renouvellement non sanglant du saint sacrifice de la croix est orienté vers l’aspect propitiatoire qui est explicité par l’offertoire traditionnel. De plus le prêtre parlant en son nom propre avant d’entrer dans la grande prière eucharistique et sacrificielle implore le pardon de ses fautes, et il insiste opportunément sur le caractère sacrificiel de l’offrande qu’il va faire in persona et virtute Christi. Dom Tirot dans l’histoire des prières d’offertoire dans la liturgie romaine du VII au XVI siècle à la page 135 déclare qu’avec la suppression des prières de l’offertoire dans le missel de 1970 nous subissons une perte inestimable.
Et enfin l’action de grâce. Cette action de grâce se retrouve après la consécration et surtout après la communion. Il est naturel après avoir demandé et reçu de remercier.
3.
Ce qu’elle montre.
La liturgie traditionnelle exprime le mystère de l’eucharistie. Elle exprime le renouvellement non sanglant du sacrifice de la croix. Elle oriente notre âme vers Dieu et témoigne de notre adoration envers sa présence réelle. Tous les gestes toutes les cérémonies sont orientées vers ce but. L’orientation de l’autel, les gestes d’adoration, le mystère et le silence sacré qui entourent la consécration, la langue sacrée, la distinction entre l’action du prêtre et celle des fidèles, les prières de la consécration qui ne sont pas un récit mais une action (en effet à la consécration le ton change : ici le prêtre ne supplie pas, il agit in persona Christi.). Tous ces aspects manifestent bien le caractère sacré de la messe, qui comme le déclarait le pape Jean Paul II dans la lettre aux évêques pour le Jeudi Saint 1980 " n’est pas une ajoute de l’homme à l’action du Christ au cénacle…mais une sacralité institué par Lui (par le Christ) "
Le latin est la langue universelle : " La langue de l’Eglise doit non seulement être universelle mais immuable. Si en effet les vérités de l’Eglise catholique étaient confiées à certaines ou à plusieurs langues humaines changeantes dont aucune ne fait davantage autorité sur une autre, il résulterait une telle variété que le sens de ces vérités ne serait ni suffisamment clair ni suffisamment précis pour tout le monde. " Jean XXIII, Veterum Sapientiae. (Un exemple prouvera ceci : consubstantialem Patri est parfois traduit de même nature que le Père ce qui est une grave déficience par rapport à la précision du latin.)
L’orientation de l’autel est d’une grande importance, l’assemblée se tourne vers Celui auquel le sacrifice est destiné. En mettant l’autel face au peuple, l’assemblée se renferme sur elle-même. De plus l’orientation traditionnelle permet mieux de saisir l’aspect théocentrique de la messe. " Nous nous sommes tellement tournés vers l’assemblée que nous avons oublié de nous tourner ensemble, peuples et ministres, vers Dieu ! Or sans cette orientation essentielle, la célébration n’a plus aucun sens chrétien. " Cardinal Decourtray, 23 AVRIL 1992.
Le silence est quant à lui, l’expression la plus belle de notre adoration envers le Dieu qui descend sur nos autels. Il est de plus très expressif du mystère qui se réalise. Le silence accompagne le mystère : " La virginité de Marie, son enfantement et la mort du Seigneur sont trois mystères éclatants que Dieu opéra dans le silence. " St Ignace d’Antioche, Ephésiens, 19/1. Le silence au moment du canon est ce qui favorise le mieux une participation vraiment profonde, personnelle et intérieure au mystère de l’autel. " La proclamation du canon à haute voix appelle à grands cris des variétés à laquelle la multiplication des prières eucharistiques, si grande soit-elle, ne saurait suffire…La variété elle aussi devient à la longue ennuyeuse " Cardinal Ratzinger, La célébration de la Foi 1984
" La liturgie n’est pas un show, un spectacle qui ait besoin de metteurs en scène géniaux, ni d’acteur de talent. La liturgie ne vit pas de surprises sympathiques, de trouvailles captivantes mais de répétitions solennelles. Elle ne doit pas exprimer l’actualité et ce qu’elle a d’éphémère, mais le mystère du sacré "
Cardinal Ratzinger, Entretien sur la foi
Source
Illustration
Schola Sainte Cécile - Liturgie & musique sacrée traditionnelles
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vendredi, 14 mars 2008
Entretien avec Mgr Ranjith, secrétaire de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements
La Croix : On a le sentiment que, pour Benoît XVI, la liturgie est une priorité.
La Croix : serait-ce que la liturgie est devenue l’objet de polémiques, de débats dans l’Église, voire un facteur de graves divisions ?
La Croix: Avez-vous le sentiment que la réforme conciliaire est allée trop loin ?
La Croix: concrètement, par quoi cela passe-t-il ?
La Croix: faut-il dire à tous ceux qui ont suivi, avec un grand sens de l’obéissance, les réformes post-conciliaires qu’ils se sont trompés ?
Encore une fois, il ne s’agit pas d’être progressiste ou conservateur, mais simplement de permettre à l’homme de prier, d’écouter la voix du Seigneur. Ce qui se passe dans la célébration de la gloire du Seigneur n’est pas une réalité seulement humaine. Si on oublie cet aspect mystique, tout se brouille, et devient confus. Si la liturgie perd sa dimension mystique et céleste, qui, alors, aidera l’homme à se libérer de l’égoïsme et de son propre esclavage ? La liturgie doit avant tout être une voie de libération, en ouvrant l’homme à la dimension de l’infini.
Interview de Mgr Ranjith et de Luc Perrin. |
clic
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Monsieur Luc Perrin
Professeur d'histoire de l'Eglise la faculté théologique de Strasbourg
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