dimanche, 21 mars 2010
Les profanations d'églises catholiques se multiplient.
Protégeons le Corps et le Sang du Christ
Le 12 février 2010, l'église Saint-Michel de Morangis a été cambriolée. La porte de la sacristie a été fracturée. Le tabernacle attaqué au burin a été fracturé. Les ciboires volés. Et le pain eucharistique profané. Ces faits sont malheureusement d'une assez grande banalité puisque sept autres églises ont été ainsi visitées dans le département au printemps dernier.
Ce qui semble extraordinaire, c'est l'interprétation des faits. Incontestablement, il s'agit de cambriolages. Et, en cela, ces agressions sont différentes de celles qui se produisent dans les mosquées, les synagogues et les cimetières quand la volonté de profanation est clairement explicitée, par des graffiti par exemple. Mais, pour autant, quelles que soient les intentions, il y a réellement profanation :
pour nous, catholiques, le pain eucharistique est le corps du Christ. Nous parlons de présence réelle de Celui qui est Dieu. Je conçois que les non-chrétiens ne le sachent pas, même si l'honneur dont nous entourons le pain eucharistique ne peut que signifier l'importance que nous y attachons. Il n'y a rien à nos yeux qui puisse être aussi "sacré" et précieux.
Si je hurle, c'est pour le dire. C'est pour dresser une barrière morale autour de l'Eucharistie pour faire réfléchir à deux fois ceux qui n'y discernent pas Celui que j'y honore : qu'ils sachent que leur geste me blesse au plus profond de moi-même.
Cela dit, et c'est le principal, quelques autres considérations me viennent à l'esprit. En France, les citoyens, quelles que soient leurs convictions, sont souvent très attachés à leur église. Ils savent qu'elle représente une part importante de leur patrimoine. L'Etat et les collectivités publiques - notamment les communes - y sont souvent très attentifs et engagent quelquefois des sommes considérables pour leur conservation. Mais, d'une manière un peu inexplicable, ils sont souvent plus sensibles à l'immobilier qu'au mobilier... et ne donnent pas beaucoup de soin à la sécurité de celui-ci. Or, si la sécurité des biens était mieux assurée, il est certain que le nombre de profanations liées au cambriolage diminuerait.
Autant il n'y a qu'à se louer de la D.R.A.C. et du Conseil général pour le lent travail de diagnostic des propriétés de l'Etat, autant il ne faut pas que ce travail laisse croire que la réflexion sur la sécurité contre le cambriolage est assurée... et justifie une sorte de monopole de la réflexion et de la conservation des antiquités et des objets d'art des archives départementales.
A l'occasion de ces exactions, le Président de la République, le Ministre de l'Intérieur et le vice-président du Conseil général ont manifesté leur sympathie, et il semble que la préfecture ait pris conscience des problèmes posés, en invitant les référents de sécurité de la Police et de la Gendarmerie à effectuer des diagnostics pour les édifices religieux. De plus, elle s'est engagée à assurer une vigilance sur les lieux de culte.
Reste que la communauté chrétienne, elle aussi, doit prendre ses responsabilités.
Et sa première responsabilité est d'honorer l'Eucharistie et de faire connaître le contenu de sa foi. Lors des différents entretiens que j'ai eus à propos de l'agression de Morangis, j'ai été surpris de constater que beaucoup trouvaient déplacée ma manière de parler de profanation, et cela, même parmi les chrétiens. Pourtant, mon dictionnaire Robert donne comme exemple à "profanation" : « profanation de l'hostie ».
Sa deuxième responsabilité consiste paradoxalement à garder ses églises ouvertes le plus possible. Plus elles servent au culte, à l'adoration, au recueillement, plus les églises sont protégées par la présence de ceux qui y prient. Sa troisième responsabilité est évidemment de prendre en charge le plus rapidement possible les mesures simples de dissuasion contre le vol, le plus souvent possible en lien avec les communes et les services de l'Etat. Mais éventuellement seule. Ces mesures vont de la mise en place de systèmes automatiques d'éclairage et de déclenchement de fond musical, de vérification des serrures, de connaissance précise des possesseurs des clefs, de photographies des accessoires liturgiques, des sculptures, du mobilier, de l'imagerie, des vêtements, des bannières, des tableaux, des sonos, des décorations, etc...
La France est un pays où les athées comme les agnostiques sont marqués par la tradition catholique. Qu'on le veuille ou pas, l'Eglise catholique est de "chez nous" et, très légitimement, cela entraîne un respect pour ce qui semble encore venir d'ailleurs. Comment ne pas s'en réjouir ? Cela dit, il ne semble pas que ce soit une raison pour refuser d'avoir mal quand on souffre. Le respect des uns n'exige pas l'absence de respect pour les autres. Et c'est ce respect pour tous que les chrétiens doivent exiger.
Mgr Michel Dubost est évêque d'Evry-Corbeil-Essonnes
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21:05 Publié dans Polémique, Profanations, Réflexion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : profanation, église, actualité, france, violence | | Imprimer | | del.icio.us | Digg | Facebook | | |