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jeudi, 21 février 2008

Mercredi 20 février, une délégation de cinq personnes a rencontré le curé de Voiron pour connaître sa réponse à la demande écrite de célébrer la messe tridentine dans sa paroisse.

Une cinquantaine de fidèles du Voironnais ont appuyé cette demande.

Le Père Goudot a aimablement reçu la délégation mais a répondu qu'étant donné la charge qui pèse sur le petit nombre de prêtres il ne considère pas cette demande comme prioritaire.

La délégation évoqua alors la possibilité que l'équipe pastorale soit renforcée par un prêtre issu d'une communauté tridentine comme celle du "Christ Roi".

Le Père Goudot fit part de ses craintes en faisant allusion aux remous qu'une messe en latin pourrait provoquer chez certains paroissiens marqués par les options pastorales et liturgiques dominantes dans les années 70...

Néanmoins, il transmettra la demande à l'Evêque de Grenoble.

 

 

 

Y.C.
 
 

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mercredi, 20 février 2008

La messe traditionnelle

 

 

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 Un Pèlerin :
 
Mon Père, qu’est-ce que la Messe ?
 

Le Père : Le catéchisme en donne la signification suivante :

 

“ la sainte messe est le sacrifice du Corps et du Sang de Jésus Christ, offert sur nos autels sous les espèces du pain et du vin, en mémoire du sacrifice de la Croix ”

 

Le Pèlerin :

Mais quelle est l’utilité de ce sacrifice ?

 

Le Père : C’est une bien longue histoire : celle de l’homme, créature libre et intelligente, qui, par le péché se rebelle contre son créateur. Comme Dieu est parfait, le plus petit péché, du plus saint des hommes, lui apparaît comme un mal infini.

 

Le Pèlerin :

C’est pour cela, que, pour réparer un mal infini, il faut un acte, lui même parfait et infini ?

 

Le Père : En effet, voici pourquoi Jésus Christ, fait homme, a voulu nous racheter par un sacrifice parfait, celui de la Croix.

 

Le Pèlerin :

Mais qui obligeait Dieu à effectuer cet acte ?

 

Le Père :  Mais personne ! il s’agit d’un acte parfaitement gratuit, émanant d’une personne infiniment aimante !

 

Le Pèlerin :

Parlez moi maintenant de la liturgie de la messe. Elle ressemble si peu au repas de la Cène.

 

Le Père : Au début, en effet, les tous premiers chrétiens se sont assemblés à la fin d’un repas pour la messe. Puis, des abus eurent lieu, et les chefs de l’Eglise, dont St Paul, dûrent réglementer la messe pour lui garder sa piété et le respect dû à Dieu. Ainsi, dès le IIIème siècle, la liturgie que nous connaissons était définie.

 

Le Pèlerin :

Pourquoi dit-on la messe en latin ?

 

Le Père :  Le latin ? Mais c’est notre langue maternelle, tout simplement. L’Eglise romaine est notre mère, elle veut rassembler tous ses enfants dans l’unité d’une même langue, quelle que soit leur nationalité. Le latin est le signe de notre unité. C’est ainsi depuis de nombreux siècles, et cela a été encore rappelé au Concile Vatican II (Constitution sur la liturgie).

 

Le Pèlerin :

Mais qui comprend le latin aujourd’hui ?

 

Le Père :  Et bien … Dieu tout d’abord ! N’est-ce pas l’essentiel, puisque c’est à lui que l’on, s’adresse ? Le missel offre les traductions de toutes les prières de la messe. Le latin a par ailleurs de nombreux autres avantages : une langue différente de nos langues, consacrée par un usage plus que millénaire, n’est-ce pas un langage sacré, plus apte à célébrer le culte divin qu’une langue banalisée par l’usage courant ?

 

Le Pèlerin :

J’ai remarqué aussi que le prêtre nous tourne le dos à l’autel. Quelle en est la raison ?

 

Le Père : C’est tout simple, et c’est très beau. Dès les origines, les chrétiens se sont tournés vers l’Orient pour prier. Ils ont vu, en effet, dans le soleil levant, le symbole du Christ ressuscité, et de son retour à la fin des temps. On a donc naturellement construit les églises de telle manière que les fidèles et le prêtre à l’autel soient tournés vers l’Orient. De cette manière, nous sommes tous tournés vers Dieu.

 

Le Pèlerin :

Et pourquoi communie-t-on à genoux ?

 

Le Père :  Par la communion, nous recevons Dieu en nous. Un être immense, que l’univers ne saurait contenir, plus grand que tous les rois, créateur des galaxies et de l’infiniment petit ! N’est-ce pas la moindre des choses de lui marquer un peut de respect ? C’est pourquoi, seul le prêtre dont les mains ont été consacrées, a le droit de le toucher de ses mains.

 

Le Pèlerin :

Comment suivre la messe dans un missel ?

 

Le Père :  un missel est composé de trois grandes parties :

 

  • Le Temporal : ce sont les textes propres aux dimanches et jours de fête
  • Le Sanctoral : ce sont les textes propres aux autres jours de l’année, chaque jour étant dédié à un saint.
  • Le Commun : ce sont les textes communs à toutes les messes : le Kiriale (Kirie, Gloria, Sanctus et Agnus Dei) et d’autres textes (Credo, Pater et bien sûr le Canon). Pour suivre la messe dans son missel, il faut donc suivre le commun, puis, sauter aux textes du jour lorsqu’il y a lieu (Epître, Evangile, Offertoire …). C’est un exercice un peu difficile au début, mais on prend vite l’habitude !
 
Le Pèlerin :
 
Je sens qu’il me reste beaucoup de rites à découvrir,
beaucoup de mystères à approfondir,
beaucoup de textes à méditer.
Par quoi commencer ?

 

 

Le Père : Eh bien, vivez au rythme de l’Eglise : allez à la messe chaque dimanche, mais aussi en semaine pour apprécier la liturgie de chaque jour. Ménagez vous des instants de silence et de recueillement pour lire votre missel, votre catéchisme. Oui, vivez au rythme de Dieu et de sa belle liturgie traditionnelle !

 
 
 
 
 

 Ordinaire de la messe 1962.doc

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dimanche, 17 février 2008

LA MESSE DE SAINT PIE V

 
 
 
 
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OU LA SAINTE LITURGIE DE L’EGLISE ROMAINE

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"Divine liturgie" au service de la foi, priante nourrie du sens du sacré et de la Vérité, telle est la messe dite de saint Pie V.

Parmi bien des raisons justifiant la nécessité du maintien de cette messe pour la préservation de la foi et la réaffirmation du caractère sacrificiel du rite célébré par l'Eglise, insistons sur l'importance fondamentale de l'usage du latin en raison de sa vocation à l'universalité et sa fonction de préservation et conservation du dogme : "L'emploi de la langue latine, en usage dans une grande partie de l'Eglise, est un signe manifeste et éclatant, et une protection efficace contre toute corruption de la doctrine originale." (Pie XII, Mediator Dei, 20 nov. 1947).

Il y a donc un préjugé à combattre, à savoir que la fixité, l’immutabilité de la liturgie seraient l’opposé du progrès, - qui est d’aller, comme nous le savons, de changement en changement,  et sans doute d’un bien relatif au mieux. Or, le mot de progrès  a pris de nos jours une signification magique. Le progrès semble être arrivé aux proportions d’un culte qui menace de remplacer tout autre culte. Par conséquence, la messe traditionnelle, ce signe d’une religion immuable, ne paraît plus possible, puisque son immobilité magistrale au milieu du mouvement ne peut qu’enrayer le « char » de l’avenir…

Cependant le vrai progrès, le progrès de l’homme, c’est de réaliser sa sanctification, soleil de l’âme qui est un « centre » fixe autour duquel doit graviter l’existence ici-bas.

On le voit, si le caractère sacrificiel de l’office est écarté, la nécessité de l’expiation ouverte par l’abîme créé par la prévarication d’Adam n’est plus comblé par le sang de Jésus-Christ versé sur la Croix – et il fallait rien moins que le sang du Seigneur pour opérer cette grande réparation !
Si la messe a un sens, c’est qu’elle est, et reste selon le rite traditionnel, le monument de la suprême préoccupation depuis l’origine des jours, c’est qu’elle est un monument qui remonte au berceau de l’humanité et nous révèle sa faute et le prix de son rachat. La messe de saint Pie V est le monument de l’expiation : elle est la clef qui ferme l’abîme et ouvre le port du Salut éternel.




Benoît Fulbert
 
 

 

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samedi, 16 février 2008

Nos évêques et le Motu Proprio

 

 

 

 

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Présentation du Motu proprio Summorum Pontificum

 

par
 
 
Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux,
 
 
président de la Conférence épiscopale

 

Le 7 juillet dernier, le pape Benoît XVI a promulgué le Motu proprio Summorum Pontificum et l’a accompagné d’une lettre aux évêques qui explicite les raison profondes de ses décisions. Ce Motu proprio traite de l’élargissement de la possibilité d’utiliser les livres liturgiques de 1962, année de la dernière édition par le bienheureux pape Jean XXIII des livres de la liturgie dite « tridentine » ou de « Saint Pie V ». Ce sont ces livres que l’Eglise a utilisés avant la réforme liturgique voulue par le Concile Vatican II et mise en place à partir de 1970.

 

 

Le contenu du Motu proprio
 
 
 


Que trouvons-nous dans ce Motu proprio qui touche plus directement à la vie de nos paroisses?
- Pour la célébration de la messe sans assemblée, tout prêtre peut célébrer selon la forme « ordinaire » du rite (missel de 1970) ou selon sa forme « extraordinaire » (missel de 1962). Quelques personnes qui le demandent peuvent y participer.

- Un groupe stable de paroissiens peut demander au curé la célébration de la messe selon le missel de 1962. Si cela lui semble souhaitable et possible, compte tenu du contexte particulier de sa paroisse, le curé peut accéder à cette demande.

- Les sacrements de baptême, mariage, pénitence, onction des malades et confirmation peuvent être également célébrés, selon les livres liturgiques de 1962, ainsi que les funérailles ;

- Dans le cas où un curé ne peut accéder à la demande, il en réfère à l’évêque qui étudie à son tour cette demande. S’il ne peut pas, lui non plus, répondre positivement, le cas peut être soumis à la Commission pontificale Ecclesia Dei.
Qui est concerné ?

A la lecture de ce Motu proprio, nous voyons bien qui est concerné : tous ceux qui souhaitent pratiquer leur vie liturgique selon l’ancienne forme du rite. Il ne s’agit donc pas, comme certains journaux ont pu le titrer, d’un « retour de la messe en latin » qui s’imposerait à tous. Rien n’est changé dans les communautés chrétiennes pour la célébration de la messe et des sacrements. La liturgie issue du Concile reste la forme « ordinaire », habituelle de la célébration. La liturgie avec les livres de 1962 est une forme « extraordinaire » du même rite romain. Au moment de la réforme liturgique, on a pu penser que tout le monde passerait d’une liturgie à l’autre et que les seuls tenants de la liturgie ancienne seraient quelques personnes âgées. Or, trente ans après, le pape constate qu’il y a une demande insistante, même si elle est minoritaire, qui est formulée par des familles et qui trouve un écho chez des enfants et des jeunes. D’où sa volonté de répondre à cette demande.

 

 

 

La motivation profonde du pape
 
 
 


Dans sa lettre aux évêques qui accompagne le texte du Motu proprio, le pape explicite la motivation de sa décision : il veut promouvoir la réconciliation entre les catholiques, favoriser une plus grande communion entre eux. Pour le pape, une guerre des rites n’a pas lieu d’être. On ne saurait choisir un missel contre l’autre. C’est l’exclusion de l’autre que le pape refuse. Il propose à chacun de faire un pas de conversion vers l’autre. Celui qui dirait « nous avons gagné » ou « nous avons perdu la bataille » manifesterait par là qu’il n’est pas entré dans l’esprit du Motu proprio et n’en a pas lu le texte avec précision.

 

 

 

Les conditions mises et le rappel de certains principes
 
 
 
 
 


L’élargissement de l’usage des livres liturgiques anciens est soumis à certaines conditions. Un prêtre peut choisir de célébrer avec le missel de 1962 ou avec celui de 1970, mais seulement quand il n’y a pas d’assemblée. Il ne peut donc pas imposer le choix du missel de 1962 à une assemblée qui se trouverait ainsi devant le fait accompli. De plus, quand une demande est faite au curé pour avoir une célébration de la messe avec la forme ancienne de la messe, elle doit provenir d’un groupe stable de personnes qui habitent sur la paroisse et non d’un groupe de pression de gens qui viendraient de tout le diocèse. A ceux qui sont attachés à la liturgie de 1962, le pape leur demande de reconnaître l’autorité du Concile et le bien-fondé de sa réforme liturgique. Il rappelle aux prêtres que les livres liturgiques issus de la réforme conciliaire sont la forme « ordinaire » du rite romain et qu’ils ne peuvent pas exclure une célébration selon le missel de Paul VI.

 

 

 

Ne pas penser la tradition liturgique en termes de rupture
 
 
 
 


A ceux qui ont promu la réforme liturgique et continuent de la promouvoir, car la « réception » du Concile par le peuple chrétien est encore à poursuivre, le pape demande d’accepter que certains catholiques puissent célébrer selon l’ancienne forme du rite. Pour lui, l’événement du Concile et son enseignement ne peuvent se comprendre en termes de rupture mais en termes de croissance et d’approfondissement. On ne peut pas dire « du passé faisons table rase ». On ne saurait tracer une croix sur une tradition liturgique qui a nourri pendant des siècles la foi et la vie liturgique de générations de fidèles et qui a été celle du Concile lui-même. D’où l’invitation que le pape fait d’accueillir généreusement les demandes des fidèles qui demandent cette forme « extraordinaire » du rite romain, demandes qui à ses yeux ne devraient pas être très nombreuses. Le pape rappelle également aux prêtres qu’ils ont à célébrer selon les normes liturgiques, attentifs à ne pas faire perdre une certaine sacralité à la célébration.

 

 

 

Concrètement, que va-t-il se passer ?
 
 
 
 


Il nous faudra voir comment concrètement ce Motu proprio peut se mettre en œuvre dans le diocèse. Certains curés pourront répondre aux demandes qui seront faites, d’autres auront plus de mal à y répondre eux-mêmes ou à trouver un prêtre qui puisse y répondre. C’est donc à l’évêque qu’ils renverront ces demandes et nous verrons au niveau du diocèse comment une solution pourra être trouvée. La présence de lieux où la forme « extraordinaire » du rite est déjà célébrée (chapelles du Christ rédempteur et de saint Germain d’Auros, églises de Saint Eloi et de saint Bruno) peut faciliter la réponse à ces questions dans le diocèse. La mise en application du Motu proprio est fixée au 14 septembre. Nous aurons le temps de nous concerter d’ici là sur notre manière de le mettre en œuvre dans le diocèse. Ce qui est important pour l’instant, c’est d’entrer dans la compréhension de ce désir du pape d’ouvrir aujourd’hui dans notre Eglise un chemin de réconciliation et de communion.

X Jean-Pierre Cardinal Ricard

Source : Diocèse de Bordeaux

 

 

 

 

 ***

 

 

 

13 juillet : Texte du Cardinal Barbarin pour France Catholique
 
 
 

 

Pour comprendre la décision du Pape, à propos du rite de la Messe, souvenons-nous de ce qu’il partageait aux cardinaux, juste après son élection. Alors que les portes de la chapelle Sixtine étaient encore closes, Benoît XVI a expliqué le choix de son prénom. Se référant à Benoît XV, grand artisan de paix, il a dit : "Je voudrais vivre d’abord un pontificat de réconciliation et de paix". Aujourd’hui, le Pape pense que, si nous ne faisons pas maintenant un geste, la division avec les traditionalistes deviendra un schisme irrémédiable. Il confirme donc les dispositions de Jean-Paul II à leur égard : s’ils veulent rester fidèles à Rome, qu’ils sachent que les portes leur sont ouvertes et que leur attachement à la liturgie ancienne n’est pas un obstacle.

La seule vraie nouveauté de ce Motu Proprio, c’est que la décision d’accéder aux souhaits des fidèles dans ce domaine dépend désormais de l’autorité des curés. Comme Jean-Paul II l’avait fait pour les évêques en 1988, Benoît XVI invite les curés à accueillir "volontiers les demandes de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962".

Le Pape invite les traditionalistes à reconnaître la valeur et la sainteté du Missel romain institué par Paul VI. Les prêtres attachés à la liturgie d’avant Vatican II, qu’ils soient du Bon Pasteur, de la Fraternité Saint Pierre ou dans la mouvance d’Ecône, seront certainement touchés par cette forte exigence de Benoît XVI. Mgr Felley, lui-même, responsable de la Fraternité Saint Pie X, a dit qu’il était impossible d’être catholique en continuant d’être séparé de Rome. Ce sera donc un vrai progrès pour l’unité s’ils acceptent de reconnaître "la valeur et la sainteté" du Missel de Paul VI avec lequel je célèbre la messe chaque jour depuis mon ordination et s’ils cessent aussi d’"exclure par principe la célébration selon les nouveaux livres".

Notons que Benoît XVI demande à tous de se pénétrer de la dimension divine et sacrée de l’Eucharistie. Pour ma part, je souhaite que, tous, nous relisions attentivement la constitution de Vatican II sur la liturgie. Ce sera le meilleur chemin pour refaire l’unité, toujours fragile dans l’Eglise.

En effet la liturgie est une expression essentielle de la foi de l’Eglise selon le principe bien connu "lex orandi, lex credendi" (notre prière exprime notre foi). La célébration de l’Eucharistie rassemble tout le mystère pascal. Elle nous dépassera toujours, car elle est à la fois la joie du Jeudi Saint (communion), le drame du Vendredi saint (sacrifice) et le Mystère de la Résurrection au matin de Pâques (présence). Elle résume l’essentiel de notre foi.

Quant à une éventuelle mise en cause du Concile, il n’y a ni question ni doute possible. Benoît XVI écrit en effet : "La crainte d’amenuiser l’autorité du Concile Vatican II et de voir mettre en doute une de ses décisions essentielles n’est pas fondée".

Mon espoir est que ce geste clair du Saint-Père amène ceux qui seraient encore réticents à reprendre les textes du Concile, à les accepter intérieurement dans la foi et à s’y conformer dans toute leur vie chrétienne, et spécialement dans leur ministère sacerdotal.

Nous avons tous besoin de nous replonger dans cet enseignement que je regarde comme la source du renouveau et de l’unité dans l’Eglise.


Cardinal Philippe Barbarin
Archevêque de Lyon



Source : France Catholique

 

 

 

 
 ***
 
 
 
 

 

17 juillet : Commentaire de Mgr Robert Le Gall

ACCUEILLIR L’INITIATIVE DU SAINT-PERE
 
 
 

 

Un Motu proprio – littéralement « d’un mouvement propre » est un document d’un pape relevant d’une initiative personnelle. On nous l’annonçait depuis plus d’une année ; diverses réactions se sont fait jour face à ce projet ; nous nous sommes exprimés, comme cela se fait dans l’Eglise, avec respect. Le Saint Père a décidé, comme il l’écrit aux évêques après « de longues réflexions, de multiples consultations » ; il est aussi le fruit « de la prière ». Il convient donc d’accueillir son initiative, de la comprendre, pour entrer pratiquement dans le sens de ce qu’il nous demande.

Le motif positif qu’il présente est la volonté « d’obtenir une réconciliation interne au sein de l’Eglise ». Il veut tout faire « pour conserver ou conquérir la réconciliation et l’unité ». Il nous invite pour cela à ouvrir généreusement notre cœur pour rester dans cette unité ou pour la retrouver « avec tous ceux qui la désirent réellement » : tout ceci a une authentique saveur évangélique.

Il s’agit de faire du Missel du bienheureux Jean XXIII de 1962 – et aussi des Rituels ou du Bréviaire anciens – la « forme extraordinaire » du rite latin pour les personnes ou les groupes façonnés « par une familiarité profonde et intime avec la forme antérieure de la célébration liturgique ». Le pape précise : « Evidemment, pour vivre la pleine communion, les prêtres des communautés qui adhèrent à l’usage ancien ne peuvent pas exclure la célébration selon les nouveaux livres. L’exclusion totale du nouveau rite ne serait pas cohérente avec la reconnaissance de sa valeur et de sa sainteté ».

Pour autant, le Saint-Père ne demande aucunement le retour au latin comme les médias le prétendent, car le latin reste normatif actuellement dans notre Eglise romaine et tous les livres liturgiques issus de la rénovation liturgique de Vatican II sont d’abord édités en latin. Il ne met aucunement en cause cette rénovation, car, souligne-t-il en termes forts, « il faut dire avant tout que le Missel, publié par Paul VI et réédité ensuite à deux reprises par Jean Paul II, est et demeure évidemment la forme normale – « ordinaire » de la liturgie eucharistique ». Il nous faut donc continuer à faire connaître et appliquer cette liturgie rénovée, reçue largement dans l’Eglise universelle, en refusant « les déformations arbitraires qui ont profondément blessé des personnes » : une longue et belle tâche de formation à tous niveaux est à poursuivre, comme aussi de traduction plus précise des livres liturgiques. Nos commissions française et francophone de liturgie, dont j’ai la charge, s’y attellent avec compétence avec les services nationaux et internationaux appropriés, en lien étroit avec la Congrégation romaine pour le culte divin et la discipline des sacrements : c’est un gros travail de fond.

Le Pape appelle de ses vœux « un enrichissement réciproque des deux formes d’usage du Rite romain », pour éviter toute rupture, mais continuer l’histoire de la liturgie « faite de croissance et de progrès ». Cette perspective d’avancer ensemble est source d’espérance pour tous.

Pour l’application de cette décision du Souverain Pontife, prévue dès le 14 septembre de cette année, les évêques auront à prendre des mesures en lien avec leur presbyterium pour leur Eglise locale. Les autorisations et permissions à donner par les curés suite aux demandes légitimes n’infirment pas la responsabilité des évêques, comme le rappelle le Saint Père avec le Concile Vatican II. D’une part, ils auront à donner des directives pour appliquer le Motu proprio « en évitant la discorde et en favorisant l’unité de toute l’Eglise » (art. 5 § 1) ; d’autre part, le principe de subsidiarité invite à régler les questions au niveau où elles se posent ; le recours aux niveaux supérieurs vient après comme prévu. Nous ne nous dissimulons pas non plus les difficultés qui pourront se présenter aux curés ; nous les soutiendrons dans leur tâche de discernement dans l’ouverture cordiale.

Il importe aussi de rappeler que le Motu proprio se situe dans le contexte de documents du Magistère de grande importance, comme les Lettres encyclique ou apostolique de Jean-Paul II sur l’Eucharistie et l’Exhortation apostolique de Benoît XVI sur le même mystère. Le juste souci des formes – ordinaire et extraordinaire – doit nous conduire à une meilleure intelligence du fond auquel achemine la mystagogie du « Mystère de la foi ». La célébration de l’Eucharistie, nous ont dit récemment les papes de façon nouvelle, demande un équilibre entre la table de la Parole (largement ouverte depuis la rénovation liturgique) et celle du Corps et du Sang du Christ, de même qu’un lien étroit entre l’adoration et l’engagement de solidarité envers les démunis de toute sorte. Voilà jusqu’où il nous faut aller pour « rendre visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique » de nos Missels.


+ fr. Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse
Président de la Commission épiscopale
pour la liturgie et la pastorale sacramentelle

Source : C.E.F.

 

 

 

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vendredi, 15 février 2008

‘Summorum pontificum’


 
 
Lettre Apostolique
 

EN FORME DE MOTU PROPRIO

Du Souverain Pontife

BENOÎT XVI

 

 

Sur l’usage de la Liturgie romaine

 

antérieure à la réforme de 1970

 

                  

 

                   Les Souverains Pontifes ont toujours veillé jusqu’à nos jours à ce que l’Église du Christ offre à la divine Majesté un culte digne, « à la louange et à la gloire de son nom » et « pour le bien de toute sa sainte Église ».

 

                   Depuis des temps immémoriaux et aussi à l’avenir, le principe à observer est que « chaque Église particulière doit être en accord avec l’Église universelle, non seulement quant à la doctrine de la foi et aux signes sacramentels, mais aussi quant aux usages reçus universellement de la tradition apostolique ininterrompue, qui sont à observer non seulement pour éviter des erreurs, mais pour transmettre l’intégrité de la foi, parce que la lex orandi de l’Église correspond à sa lex credendi ».

 

                   Parmi les Pontifes qui ont eu ce soin se distingue le nom de saint Grégoire le Grand qui fut attentif à transmettre aux nouveaux peuples de l’Europe tant la foi catholique que les trésors du culte et de la culture accumulés par les Romains au cours des siècles précédents. Il ordonna de déterminer et de conserver la forme de la liturgie sacrée, aussi bien du Sacrifice de la Messe que de l’Office divin, telle qu’elle était célébrée à Rome. Il encouragea vivement les moines et les moniales qui, vivant sous la Règle de saint Benoît, firent partout resplendir par leur vie, en même temps que l’annonce de l’Évangile, cette très salutaire manière de vivre de la Règle, « à ne rien mettre au-dessus de l’œuvre de Dieu » (chap. 43). Ainsi, la liturgie selon les coutumes de Rome féconda non seulement la foi et la piété mais aussi la culture de nombreux peuples. C’est un fait en tout cas que la liturgie latine de l’Église sous ses diverses formes, au cours des siècles de l’ère chrétienne, a été un stimulant pour la vie spirituelle d’innombrables saints et qu’elle a affermi beaucoup de peuples par la religion et fécondé leur piété.

 

                   Au cours des siècles, beaucoup d’autres Pontifes romains se sont particulièrement employés à ce que la liturgie accomplisse plus efficacement cette tâche ; parmi eux se distingue saint Pie V, qui, avec un grand zèle pastoral, suivant l’exhortation du Concile de Trente, renouvela tout le culte de l’Église, fit éditer des livres liturgiques corrigés et « réformés selon la volonté des Pères », et les donna à l’Église latine pour son usage.

 

                   Parmi les livres liturgiques du Rite romain, la première place revient évidemment au Missel romain, qui se répandit dans la ville de Rome puis, les siècles suivants, prit peu à peu des formes qui ont des similitudes avec la forme en vigueur dans les générations récentes.

 

                   C’est le même objectif qu’ont poursuivi les Pontifes romains au cours des siècles suivants en assurant la mise à jour des rites et des livres liturgiques ou en les précisant, et ensuite, depuis le début de ce siècle, en entreprenant une réforme plus générale » Ainsi firent mes prédécesseurs Clément VIII, Urbain VIII, saint Pie X, Benoît XV et le bienheureux Jean XXIII.

 

                   Plus récemment, le Concile Vatican II exprima le désir que l’observance et le respect dus au culte divin soient de nouveau réformés et adaptés aux nécessités de notre temps. Poussé par ce désir, mon prédécesseur le Souverain Pontife Paul VI approuva en 1970 des livres liturgiques restaurés et partiellement rénovés de l’Église latine ; ceux-ci, traduits partout dans le monde en de nombreuses langues modernes, ont été accueillis avec plaisir par les Évêques comme par les prêtres et les fidèles. Jean-Paul II reconnut la troisième édition type du Missel romain. Ainsi, les Pontifes romains se sont employés à ce que « cet édifice liturgique, pour ainsi dire, […] apparaisse de nouveau dans la splendeur de sa dignité et de son harmonie ».

 

                   Dans certaines régions, toutefois, de nombreux fidèles se sont attachés et continuent à être attachés avec un tel amour et une telle passion aux formes liturgiques précédentes, qui avaient profondément imprégné leur culture et leur esprit, que le Souverain Pontife Jean-Paul II, poussé par la sollicitude pastorale pour ces fidèles, accorda en 1984, par un indult spécial Quattuor abhinc annos de la Congrégation pour le Culte divin, la faculté d’utiliser le Missel romain publié en 1962 par Jean XXIII ; puis de nouveau en 1988, par la lettre apostolique Ecclesia Dei en forme de motu proprio, Jean-Paul II exhorta les Évêques à utiliser largement et généreusement cette faculté en faveur de tous les fidèles qui en feraient la demande.

 

                   Les prières instantes de ces fidèles ayant déjà été longuement pesées par mon prédécesseur Jean-Paul II, ayant moi-même entendu les Pères Cardinaux au consistoire qui s’est tenu le 23 mars 2006, tout bien considéré, après avoir invoqué l’Esprit Saint et l’aide de Dieu, par la présente Lettre apostolique je décide ce qui suit :

 

Art. 1. Le Missel romain promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la « lex orandi » de l’Église catholique de rite latin. Le Missel romain promulgué par S. Pie V et réédité par le B. Jean XXIII doit être considéré comme l’expression extraordinaire de la même « lex orandi » de l’Église et être honoré en raison de son usage vénérable et antique. Ces deux expressions de la « lex orandi » de l’Église n’induisent aucune division de la « lex credendi » de l’Église ; ce sont en effet deux mises en œuvre de l’unique rite romain.

 

                   Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l’édition type du Missel romain promulgué par le B. Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en tant que forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église. Mais les conditions établies par les documents précédents Quattuor abhinc annos et Ecclesia Dei pour l’usage de ce Missel sont remplacées par ce qui suit :

 

Art. 2. Aux Messes célébrées sans peuple, tout prêtre catholique de rite latin, qu’il soit séculier ou religieux, peut utiliser le Missel romain publié en 1962 par le bienheureux Pape Jean XXIII ou le Missel romain promulgué en 1970 par le Souverain Pontife Paul VI, et cela quel que soit le jour, sauf le Triduum sacré. Pour célébrer ainsi selon l’un ou l’autre Missel, le prêtre n’a besoin d’aucune autorisation, ni du Siège apostolique ni de son Ordinaire.

 

Art. 3. Si des communautés d’Instituts de vie consacrée et de Sociétés de vie apostolique de droit pontifical ou de droit diocésain désirent, pour la célébration conventuelle ou « communautaire », célébrer dans leurs oratoires propres la Messe selon l’édition du Missel romain promulgué en 1962, cela leur est permis. Si une communauté particulière ou tout l’Institut ou Société veut avoir de telles célébrations souvent ou habituellement ou de façon permanente, cette façon de faire doit être déterminée par les Supérieurs majeurs selon les règles du droit et les lois et statuts particuliers.

 

Art. 4. Aux célébrations de la Messe dont il est question ci-dessus à l’art. 2 peuvent être admis, en observant les règles du droit, des fidèles qui le demandent spontanément.

 

Art. 5, § 1. Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962. Il appréciera lui-même ce qui convient pour le bien de ces fidèles en harmonie avec la sollicitude pastorale de la paroisse, sous le gouvernement de l’Évêque selon les normes du canon 392, en évitant la discorde et en favorisant l’unité de toute l’Église.

§ 2. La célébration selon le Missel du bienheureux Jean XXIII peut avoir lieu les jours ordinaires ; mais les dimanches et les jours de fêtes, une Messe sous cette forme peut aussi être célébrée.

§ 3. Le curé peut aussi autoriser aux fidèles ou au prêtre qui le demandent, la célébration sous cette forme extraordinaire dans des cas particuliers comme des mariages, des obsèques ou  des célébrations occasionnelles, par exemple des pèlerinages.

§ 4. Les prêtres utilisant le Missel du bienheureux Jean XXIII doivent être idoines et non empêchés par le droit.

§ 5. Dans les églises qui ne sont ni paroissiales ni conventuelles, il appartient au Recteur de l’église d’autoriser ce qui est indiqué ci-dessus.

 

Art. 6. Dans les Messes selon le Missel du B. Jean XXIII célébrées avec le peuple, les lectures peuvent aussi être proclamées en langue vernaculaire, utilisant des éditions reconnues par le Siège apostolique.

 

Art. 7. Si un groupe de fidèles laïcs dont il est question à l’article 5 § 1 n’obtient pas du curé ce qu’ils lui ont demandé, ils en informeront l’Évêque diocésain. L’Évêque est instamment prié d’exaucer leur désir. S’il ne peut pas pourvoir à cette forme de célébration, il en sera référé à la Commission pontificale Ecclesia Dei.

 

Art. 8. L’Évêque qui souhaite pourvoir à une telle demande de fidèles laïcs, mais qui, pour différentes raisons, en est empêché, peut en référer à la Commission pontificale Ecclesia Dei, qui lui fournira conseil et aide.

 

Art. 9, § 1. De même, le curé, tout bien considéré, peut concéder l’utilisation du rituel ancien pour l’administration des sacrements du Baptême, du Mariage, de la Pénitence et de l’Onction des Malades, s’il juge que le bien des âmes le réclame.

§ 2. Aux Ordinaires est accordée la faculté de célébrer le sacrement de la Confirmation en utilisant le Pontifical romain ancien, s’il juge que le bien des âmes le réclame.

§ 3. Tout clerc dans les ordres sacrés a le droit d’utiliser aussi le Bréviaire romain promulgué par le bienheureux Pape Jean XXIII en 1962.

 

Art. 10. S’il le juge opportun, l’Ordinaire du lieu a le droit d’ériger une paroisse personnelle au titre du canon 518, pour les célébrations selon la forme ancienne du rite romain, ou de nommer soit un recteur soit un chapelain, en observant les règles du droit.

 

Art. 11. La Commission pontificale Ecclesia Dei, érigée par le Pape Jean-Paul II en 1988, continue à exercer sa mission.

Cette commission aura la forme, la charge et les normes que le Pontife romain lui-même voudra lui attribuer.

 

Art. 12. Cette commission, outre les facultés dont elle jouit déjà, exercera l’autorité du Saint-Siège, veillant à l’observance et à l’application de ces dispositions.

 

Tout ce que j’ai établi par la présente Lettre apostolique en forme de Motu proprio, j’ordonne que cela ait une valeur pleine et stable, et soit observé à compter du 14 septembre de cette année, nonobstant toutes choses contraires.

 

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 7 juillet de l’an du Seigneur 2007, en la troisième année de mon pontificat.

 

BENEDICTUS Pp. XVI

 

 

 

 

 

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  Chers frères dans l’Episcopat,

 

C’est avec beaucoup de confiance et d’espérance que je remets entre vos mains de Pasteurs le texte d’une nouvelle Lettre Apostolique « Motu Proprio data », sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970. Ce document est le fruit de longues réflexions, de multiples consultations, et de la prière.

 

Des nouvelles et des jugements formulés sans information suffisante, ont suscité beaucoup de confusion. On trouve des réactions très diverses les unes des autres, qui vont de l’acceptation joyeuse à une dure opposition, à propos d’un projet dont le contenu n’était, en réalité, pas connu.

 

Deux craintes s’opposaient plus directement à ce document, et je voudrais les examiner d’un peu plus près dans cette lettre.

 

En premier lieu il y a la crainte d’amenuiser ainsi l’Autorité du Concile Vatican II, et de voir mettre en doute une de ses décisions essentielles – la réforme liturgique.

 

Cette crainte n’est pas fondée. A ce propos, il faut dire avant tout que le Missel, publié par Paul VI et réédité ensuite à deux reprises par Jean-Paul II, est et demeure évidemment la Forme normale – la Forma ordinaria – de la liturgie Eucharistique. La dernière version du Missale Romanum, antérieure au Concile, qui a été publiée sous l’autorité du Pape Jean XXIII en 1962 et qui a été utilisée durant le Concile, pourra en revanche être utilisée comme Forma extraordinaria de la Célébration liturgique. Il n’est pas convenable de parler de ces deux versions du Missel Romain comme s’il s’agissait de « deux Rites ». Il s’agit plutôt d’un double usage de l’unique et même Rite.

 

Quant à l’usage du Missel de 1962, comme Forma extraordinaria de la Liturgie de la Messe, je voudrais attirer l’attention sur le fait que ce Missel n’a jamais été juridiquement abrogé, et que par conséquent, en principe, il est toujours resté autorisé. Lors de l’introduction du nouveau Missel, il n’a pas semblé nécessaire de publier des normes propres concernant la possibilité d’utiliser le Missel antérieur. On a probablement supposé que cela ne concernerait que quelques cas particuliers, que l’on résoudrait localement, au cas par cas. Mais, par la suite, il s’est vite avéré que beaucoup de personnes restaient fortement attachées à cet usage du Rite romain, qui leur était devenu familier depuis l’enfance. Ceci s’est produit avant tout dans les pays où le mouvement liturgique avait donné à de nombreuses de personnes une remarquable formation liturgique, ainsi qu’une familiarité profonde et intime avec la Forme antérieure de la Célébration liturgique. Nous savons tous qu’au sein du mouvement conduit par l’Archevêque Mgr Lefebvre, la fidélité au Missel ancien est devenue un signe distinctif extérieur ; mais les raisons de la fracture qui naissait sur ce point étaient à rechercher plus en profondeur. Beaucoup de personnes qui acceptaient clairement le caractère contraignant du Concile Vatican II, et qui étaient fidèles au Pape et aux Evêques, désiraient cependant retrouver également la forme de la sainte Liturgie qui leur était chère ; cela s’est produit avant tout parce qu’en de nombreux endroits on ne célébrait pas fidèlement selon les prescriptions du nouveau Missel ; au contraire, celui-ci finissait par être interprété comme une autorisation, voire même une obligation de créativité ; cette créativité a souvent porté à des déformations de la Liturgie à la limite du supportable. Je parle d’expérience, parce que j’ai vécu moi aussi cette période, avec toutes ses attentes et ses confusions. Et j’ai constaté combien les déformations arbitraires de la Liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l’Eglise.

 

C’est pour ce motif que le Pape Jean-Paul II s’est vu dans l’obligation de donner, avec le Motu Proprio « Ecclesia Dei » du 2 juillet 1988, un cadre normatif pour l’usage du Missel de 1962; ce cadre ne contenait cependant pas de prescriptions détaillées, mais faisait appel de manière plus générale à la générosité des Evêques envers les « justes aspirations » des fidèles qui réclamaient cet usage du Rite romain. A cette époque, le Pape voulait ainsi aider surtout la Fraternité Saint Pie X à retrouver la pleine unité avec le successeur de Pierre, en cherchant à guérir une blessure perçue de façon toujours plus douloureuse. Cette réconciliation n’a malheureusement pas encore réussi; cependant, une série de communautés a profité avec gratitude des possibilités offertes par ce Motu Proprio. Par contre, en dehors de ces groupes, pour lesquels manquaient des normes juridiques précises, la question de l’usage du Missel de 1962 est restée difficile, avant tout parce que les Evêques craignaient, dans ces situations, que l’on mette en doute l’autorité du Concile. Aussitôt après le Concile Vatican II, on pouvait supposer que la demande de l’usage du Missel de 1962 aurait été limitée à la génération plus âgée, celle qui avait grandi avec lui, mais entretemps il est apparu clairement que des personnes jeunes découvraient également cette forme liturgique, se sentaient attirées par elle et y trouvaient une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convenait particulièrement. C’est ainsi qu’est né le besoin d’un règlement juridique plus clair, que l’on ne pouvait pas prévoir à l’époque du Motu Proprio de 1988; ces Normes entendent également délivrer les Evêques de la nécessité de réévaluer sans cesse la façon de répondre aux diverses situations.

 

En second lieu, au cours des discussions sur ce Motu Proprio attendu, a été exprimée la crainte qu’une plus large possibilité d’utiliser le Missel de 1962 puisse porter à des désordres, voire à des fractures dans les communautés paroissiales. Cette crainte ne me paraît pas non plus réellement fondée. L’usage de l’ancien Missel présuppose un minimum de formation liturgique et un accès à la langue latine; ni l’un ni l’autre ne sont tellement fréquents. De ces éléments préalables concrets découle clairement le fait que le nouveau Missel restera certainement la Forme ordinaire du Rite Romain, non seulement en raison des normes juridiques, mais aussi à cause de la situation réelle dans lesquelles se trouvent les communautés de fidèles.

 

Il est vrai que les exagérations ne manquent pas, ni parfois des aspects sociaux indûment liés à l’attitude de certains fidèles liés à l’ancienne tradition liturgique latine. Votre charité et votre prudence pastorale serviront de stimulant et de guide pour perfectionner les choses. D’ailleurs, les deux Formes d’usage du Rite Romain peuvent s’enrichir réciproquement: dans l’ancien Missel pourront être et devront être insérés les nouveaux saints, et quelques-unes des nouvelles préfaces. La Commission « Ecclesia Dei », en lien avec les diverses entités dédiées à l’usus antiquior, étudiera quelles sont les possibilités pratiques. Dans la célébration de la Messe selon le Missel de Paul VI, pourra être manifestée de façon plus forte que cela ne l’a été souvent fait jusqu’à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien. La meilleure garantie pour que le Missel de Paul VI puisse unir les communautés paroissiales et être aimé de leur part est de célébrer avec beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions; c’est ce qui rend visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique de ce Missel.

 

J’en arrive ainsi à la raison positive qui est le motif qui me fait actualiser par ce Motu Proprio celui de 1988. Il s’agit de parvenir à une réconciliation interne au sein de l’Eglise. En regardant le passé, les divisions qui ont lacéré le corps du Christ au cours des siècles, on a continuellement l’impression qu’aux moments critiques où la division commençait à naître, les responsables de l’Eglise n’ont pas fait suffisamment pour conserver ou conquérir la réconciliation et l’unité ; on a l’impression que les omissions dans l’Eglise ont eu leur part de culpabilité dans le fait que ces divisions aient réussi à se consolider. Ce regard vers le passé nous impose aujourd’hui une obligation : faire tous les efforts afin que tous ceux qui désirent réellement l’unité aient la possibilité de rester dans cette unité ou de la retrouver à nouveau. Il me vient à l’esprit une phrase de la seconde épître aux Corinthiens, où Saint Paul écrit: « Nous vous avons parlé en toute liberté, Corinthiens; notre cœur s''est grand ouvert. Vous n''êtes pas à l''étroit chez nous; c''est dans vos cœurs que vous êtes à l''étroit. Payez-nous donc de retour ; … ouvrez tout grand votre cœur, vous aussi ! » (2Co 6,11-13). Paul le dit évidemment dans un autre contexte, mais son invitation peut et doit aussi nous toucher, précisément sur ce thème. Ouvrons généreusement notre cœur et laissons entrer tout ce à quoi la foi elle-même fait place.

 

Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Eglise, et de leur donner leur juste place. Evidemment, pour vivre la pleine communion, les prêtres des communautés qui adhèrent à l’usage ancien ne peuvent pas non plus, par principe, exclure la célébration selon les nouveaux livres. L’exclusion totale du nouveau rite ne serait pas cohérente avec la reconnaissance de sa valeur et de sa sainteté.

 

Pour conclure, chers Confrères, il me tient à cœur de souligner que ces nouvelles normes ne diminuent aucunement votre autorité et votre responsabilité, ni sur la liturgie, ni sur la pastorale de vos fidèles. Chaque Evêque est en effet le « modérateur » de la liturgie dans son propre diocèse (cf. Sacrosanctum Concilium, n. 22 : « Sacrae liturgiae moderatio ab Ecclesiae auctoritate unice pendet : quae quidem est apud Apostolicam Sedem et, ad normam iuris, apud Episcopum »).

 

Rien n’est donc retiré à l’autorité de l’Evêque dont le rôle demeurera de toute façon celui de veiller à ce que tout se passe dans la paix et la sérénité. Si quelque problème devait surgir et que le curé ne puisse pas le résoudre, l’Ordinaire local pourra toujours intervenir, en pleine harmonie cependant avec ce qu’établissent les nouvelles normes du Motu Proprio.

 

Je vous invite en outre, chers Confrères, à bien vouloir écrire au Saint-Siège un compte-rendu de vos expériences, trois ans après l’entrée en vigueur de ce Motu Proprio. Si de sérieuses difficultés étaient vraiment apparues, on pourrait alors chercher des voies pour y porter remède.

 

Chers Frères, c’est en esprit de reconnaissance et de confiance que je confie à votre cœur de Pasteurs ces pages et les normes du Motu Proprio. Souvenons-nous toujours des paroles de l’Apôtre Paul, adressées aux prêtres d’Ephèse : « Soyez attentifs à vous-mêmes, et à tout le troupeau dont l''Esprit-Saint vous a établis gardiens, pour paître l''Eglise de Dieu, qu''il s''est acquise par le sang de son propre Fils » (Ac 20,28).

 

Je confie à la puissante intercession de Marie, Mère de l’Eglise, ces nouvelles normes, et j’accorde de tout mon cœur ma Bénédiction Apostolique à vous, chers Confrères, aux curés de vos diocèses, et à tous les prêtres vos collaborateurs ainsi qu’à tous vos fidèles.

 

Fait auprès de Saint-Pierre, le 7 juillet 2007.

 

 

 

 

 

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