samedi, 16 février 2008
Nos évêques et le Motu Proprio
Que trouvons-nous dans ce Motu proprio qui touche plus directement à la vie de nos paroisses?
- Pour la célébration de la messe sans assemblée, tout prêtre peut célébrer selon la forme « ordinaire » du rite (missel de 1970) ou selon sa forme « extraordinaire » (missel de 1962). Quelques personnes qui le demandent peuvent y participer.
- Un groupe stable de paroissiens peut demander au curé la célébration de la messe selon le missel de 1962. Si cela lui semble souhaitable et possible, compte tenu du contexte particulier de sa paroisse, le curé peut accéder à cette demande.
- Les sacrements de baptême, mariage, pénitence, onction des malades et confirmation peuvent être également célébrés, selon les livres liturgiques de 1962, ainsi que les funérailles ;
- Dans le cas où un curé ne peut accéder à la demande, il en réfère à l’évêque qui étudie à son tour cette demande. S’il ne peut pas, lui non plus, répondre positivement, le cas peut être soumis à la Commission pontificale Ecclesia Dei.
Qui est concerné ?
A la lecture de ce Motu proprio, nous voyons bien qui est concerné : tous ceux qui souhaitent pratiquer leur vie liturgique selon l’ancienne forme du rite. Il ne s’agit donc pas, comme certains journaux ont pu le titrer, d’un « retour de la messe en latin » qui s’imposerait à tous. Rien n’est changé dans les communautés chrétiennes pour la célébration de la messe et des sacrements. La liturgie issue du Concile reste la forme « ordinaire », habituelle de la célébration. La liturgie avec les livres de 1962 est une forme « extraordinaire » du même rite romain. Au moment de la réforme liturgique, on a pu penser que tout le monde passerait d’une liturgie à l’autre et que les seuls tenants de la liturgie ancienne seraient quelques personnes âgées. Or, trente ans après, le pape constate qu’il y a une demande insistante, même si elle est minoritaire, qui est formulée par des familles et qui trouve un écho chez des enfants et des jeunes. D’où sa volonté de répondre à cette demande.
Dans sa lettre aux évêques qui accompagne le texte du Motu proprio, le pape explicite la motivation de sa décision : il veut promouvoir la réconciliation entre les catholiques, favoriser une plus grande communion entre eux. Pour le pape, une guerre des rites n’a pas lieu d’être. On ne saurait choisir un missel contre l’autre. C’est l’exclusion de l’autre que le pape refuse. Il propose à chacun de faire un pas de conversion vers l’autre. Celui qui dirait « nous avons gagné » ou « nous avons perdu la bataille » manifesterait par là qu’il n’est pas entré dans l’esprit du Motu proprio et n’en a pas lu le texte avec précision.
L’élargissement de l’usage des livres liturgiques anciens est soumis à certaines conditions. Un prêtre peut choisir de célébrer avec le missel de 1962 ou avec celui de 1970, mais seulement quand il n’y a pas d’assemblée. Il ne peut donc pas imposer le choix du missel de 1962 à une assemblée qui se trouverait ainsi devant le fait accompli. De plus, quand une demande est faite au curé pour avoir une célébration de la messe avec la forme ancienne de la messe, elle doit provenir d’un groupe stable de personnes qui habitent sur la paroisse et non d’un groupe de pression de gens qui viendraient de tout le diocèse. A ceux qui sont attachés à la liturgie de 1962, le pape leur demande de reconnaître l’autorité du Concile et le bien-fondé de sa réforme liturgique. Il rappelle aux prêtres que les livres liturgiques issus de la réforme conciliaire sont la forme « ordinaire » du rite romain et qu’ils ne peuvent pas exclure une célébration selon le missel de Paul VI.
A ceux qui ont promu la réforme liturgique et continuent de la promouvoir, car la « réception » du Concile par le peuple chrétien est encore à poursuivre, le pape demande d’accepter que certains catholiques puissent célébrer selon l’ancienne forme du rite. Pour lui, l’événement du Concile et son enseignement ne peuvent se comprendre en termes de rupture mais en termes de croissance et d’approfondissement. On ne peut pas dire « du passé faisons table rase ». On ne saurait tracer une croix sur une tradition liturgique qui a nourri pendant des siècles la foi et la vie liturgique de générations de fidèles et qui a été celle du Concile lui-même. D’où l’invitation que le pape fait d’accueillir généreusement les demandes des fidèles qui demandent cette forme « extraordinaire » du rite romain, demandes qui à ses yeux ne devraient pas être très nombreuses. Le pape rappelle également aux prêtres qu’ils ont à célébrer selon les normes liturgiques, attentifs à ne pas faire perdre une certaine sacralité à la célébration.
Il nous faudra voir comment concrètement ce Motu proprio peut se mettre en œuvre dans le diocèse. Certains curés pourront répondre aux demandes qui seront faites, d’autres auront plus de mal à y répondre eux-mêmes ou à trouver un prêtre qui puisse y répondre. C’est donc à l’évêque qu’ils renverront ces demandes et nous verrons au niveau du diocèse comment une solution pourra être trouvée. La présence de lieux où la forme « extraordinaire » du rite est déjà célébrée (chapelles du Christ rédempteur et de saint Germain d’Auros, églises de Saint Eloi et de saint Bruno) peut faciliter la réponse à ces questions dans le diocèse. La mise en application du Motu proprio est fixée au 14 septembre. Nous aurons le temps de nous concerter d’ici là sur notre manière de le mettre en œuvre dans le diocèse. Ce qui est important pour l’instant, c’est d’entrer dans la compréhension de ce désir du pape d’ouvrir aujourd’hui dans notre Eglise un chemin de réconciliation et de communion.
X Jean-Pierre Cardinal Ricard
Source : Diocèse de Bordeaux
La seule vraie nouveauté de ce Motu Proprio, c’est que la décision d’accéder aux souhaits des fidèles dans ce domaine dépend désormais de l’autorité des curés. Comme Jean-Paul II l’avait fait pour les évêques en 1988, Benoît XVI invite les curés à accueillir "volontiers les demandes de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962".
Le Pape invite les traditionalistes à reconnaître la valeur et la sainteté du Missel romain institué par Paul VI. Les prêtres attachés à la liturgie d’avant Vatican II, qu’ils soient du Bon Pasteur, de la Fraternité Saint Pierre ou dans la mouvance d’Ecône, seront certainement touchés par cette forte exigence de Benoît XVI. Mgr Felley, lui-même, responsable de la Fraternité Saint Pie X, a dit qu’il était impossible d’être catholique en continuant d’être séparé de Rome. Ce sera donc un vrai progrès pour l’unité s’ils acceptent de reconnaître "la valeur et la sainteté" du Missel de Paul VI avec lequel je célèbre la messe chaque jour depuis mon ordination et s’ils cessent aussi d’"exclure par principe la célébration selon les nouveaux livres".
Notons que Benoît XVI demande à tous de se pénétrer de la dimension divine et sacrée de l’Eucharistie. Pour ma part, je souhaite que, tous, nous relisions attentivement la constitution de Vatican II sur la liturgie. Ce sera le meilleur chemin pour refaire l’unité, toujours fragile dans l’Eglise.
En effet la liturgie est une expression essentielle de la foi de l’Eglise selon le principe bien connu "lex orandi, lex credendi" (notre prière exprime notre foi). La célébration de l’Eucharistie rassemble tout le mystère pascal. Elle nous dépassera toujours, car elle est à la fois la joie du Jeudi Saint (communion), le drame du Vendredi saint (sacrifice) et le Mystère de la Résurrection au matin de Pâques (présence). Elle résume l’essentiel de notre foi.
Quant à une éventuelle mise en cause du Concile, il n’y a ni question ni doute possible. Benoît XVI écrit en effet : "La crainte d’amenuiser l’autorité du Concile Vatican II et de voir mettre en doute une de ses décisions essentielles n’est pas fondée".
Mon espoir est que ce geste clair du Saint-Père amène ceux qui seraient encore réticents à reprendre les textes du Concile, à les accepter intérieurement dans la foi et à s’y conformer dans toute leur vie chrétienne, et spécialement dans leur ministère sacerdotal.
Nous avons tous besoin de nous replonger dans cet enseignement que je regarde comme la source du renouveau et de l’unité dans l’Eglise.
Cardinal Philippe Barbarin
Archevêque de Lyon
Source : France Catholique
ACCUEILLIR L’INITIATIVE DU SAINT-PERE
Le motif positif qu’il présente est la volonté « d’obtenir une réconciliation interne au sein de l’Eglise ». Il veut tout faire « pour conserver ou conquérir la réconciliation et l’unité ». Il nous invite pour cela à ouvrir généreusement notre cœur pour rester dans cette unité ou pour la retrouver « avec tous ceux qui la désirent réellement » : tout ceci a une authentique saveur évangélique.
Il s’agit de faire du Missel du bienheureux Jean XXIII de 1962 – et aussi des Rituels ou du Bréviaire anciens – la « forme extraordinaire » du rite latin pour les personnes ou les groupes façonnés « par une familiarité profonde et intime avec la forme antérieure de la célébration liturgique ». Le pape précise : « Evidemment, pour vivre la pleine communion, les prêtres des communautés qui adhèrent à l’usage ancien ne peuvent pas exclure la célébration selon les nouveaux livres. L’exclusion totale du nouveau rite ne serait pas cohérente avec la reconnaissance de sa valeur et de sa sainteté ».
Pour autant, le Saint-Père ne demande aucunement le retour au latin comme les médias le prétendent, car le latin reste normatif actuellement dans notre Eglise romaine et tous les livres liturgiques issus de la rénovation liturgique de Vatican II sont d’abord édités en latin. Il ne met aucunement en cause cette rénovation, car, souligne-t-il en termes forts, « il faut dire avant tout que le Missel, publié par Paul VI et réédité ensuite à deux reprises par Jean Paul II, est et demeure évidemment la forme normale – « ordinaire » de la liturgie eucharistique ». Il nous faut donc continuer à faire connaître et appliquer cette liturgie rénovée, reçue largement dans l’Eglise universelle, en refusant « les déformations arbitraires qui ont profondément blessé des personnes » : une longue et belle tâche de formation à tous niveaux est à poursuivre, comme aussi de traduction plus précise des livres liturgiques. Nos commissions française et francophone de liturgie, dont j’ai la charge, s’y attellent avec compétence avec les services nationaux et internationaux appropriés, en lien étroit avec la Congrégation romaine pour le culte divin et la discipline des sacrements : c’est un gros travail de fond.
Le Pape appelle de ses vœux « un enrichissement réciproque des deux formes d’usage du Rite romain », pour éviter toute rupture, mais continuer l’histoire de la liturgie « faite de croissance et de progrès ». Cette perspective d’avancer ensemble est source d’espérance pour tous.
Pour l’application de cette décision du Souverain Pontife, prévue dès le 14 septembre de cette année, les évêques auront à prendre des mesures en lien avec leur presbyterium pour leur Eglise locale. Les autorisations et permissions à donner par les curés suite aux demandes légitimes n’infirment pas la responsabilité des évêques, comme le rappelle le Saint Père avec le Concile Vatican II. D’une part, ils auront à donner des directives pour appliquer le Motu proprio « en évitant la discorde et en favorisant l’unité de toute l’Eglise » (art. 5 § 1) ; d’autre part, le principe de subsidiarité invite à régler les questions au niveau où elles se posent ; le recours aux niveaux supérieurs vient après comme prévu. Nous ne nous dissimulons pas non plus les difficultés qui pourront se présenter aux curés ; nous les soutiendrons dans leur tâche de discernement dans l’ouverture cordiale.
Il importe aussi de rappeler que le Motu proprio se situe dans le contexte de documents du Magistère de grande importance, comme les Lettres encyclique ou apostolique de Jean-Paul II sur l’Eucharistie et l’Exhortation apostolique de Benoît XVI sur le même mystère. Le juste souci des formes – ordinaire et extraordinaire – doit nous conduire à une meilleure intelligence du fond auquel achemine la mystagogie du « Mystère de la foi ». La célébration de l’Eucharistie, nous ont dit récemment les papes de façon nouvelle, demande un équilibre entre la table de la Parole (largement ouverte depuis la rénovation liturgique) et celle du Corps et du Sang du Christ, de même qu’un lien étroit entre l’adoration et l’engagement de solidarité envers les démunis de toute sorte. Voilà jusqu’où il nous faut aller pour « rendre visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique » de nos Missels.
+ fr. Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse
Président de la Commission épiscopale
pour la liturgie et la pastorale sacramentelle
Source : C.E.F.
19:00 Publié dans Motu Proprio | Lien permanent | Commentaires (3) | | Imprimer | | del.icio.us | Digg | Facebook | | |
Commentaires
Notre souhait est fort simple, et très humble : pour prier Dieu nous voulons la messe en latin et une "église" pour qu'elle soit célébrée...
Écrit par : Jean | dimanche, 17 février 2008
Pour prier Dieu il faut le faire en donnant tout ce que l'on a de plus beau !
http://fr.youtube.com/watch?v=lDR2k3H-Ruc&feature=related
Écrit par : Gérald | dimanche, 17 février 2008
Nous découvrons votre blog avec plaisir!
Où en sont vos démarches avec le prêtre de la paroisse?
Écrit par : L V | jeudi, 21 février 2008
Les commentaires sont fermés.